Passion Lettres Deux
April 2013

Éphéméride 17 avril 1911 naissance d’Hervé Bazin


Né à Angers, le 17 avril 1911, Hervé Bazin (Jean Hervé-Bazin à l'état-civil), petit-neveu de l'académicien catholique René Bazin, a vécu une enfance troublée très tôt par le départ de ses parents en Chine, et plus tard par son renvoi de plusieurs collèges religieux. Bachelier, premier au Concours général de sciences naturelles, licencié ès-lettres ; mais de multiples conflits familiaux perturbent sa santé et le conduisent plusieurs fois en maison de repos. Il se réfugie dans la poésie, à laquelle Paul Valéry lui conseille de renoncer. En 1934, l’auteur du
Cimetière marin l’encourage à se tourner vers la prose. En dix ans, Hervé Bazin, vivant de divers métiers, écrit alors quatre romans qu'il ne publiera jamais.
En 1946, il fonde avec un petit groupe d'amis une revue poétique,
La Coquille et reçoit l'année suivante le prix Apollinaire pour son recueil de poèmes : Jour. Il publie son premier roman, Vipère au poing en 1948 qui lui vaut le Prix des lecteurs et le révèle d'emblée au grand public. Sa vie est jalonnée de nombreux voyages (Afrique du Nord, Europe Centrale, Canada, U R. S S.), de désordres familiaux (trois mariages) et d'importants succès littéraires.
En 1949, il obtient le Prix de la Presse latine ; en 1956, l'année de
Qui j'ose aimer, un référendum des Nouvelles littéraires le consacre "meilleur romancier des dix dernières années" ; en 1957, il reçoit le Grand Prix de Littérature de Monaco ; en 1958, il est élu membre de l'Académie Goncourt au siège de Francis Carco ; en 1960, il succède à La Varende à la présidence de l'Association des écrivains de l’Ouest ; en 1967, il reçoit le Grand Prix de l'humour noir.
Il a été élu président de l'Académie Goncourt en 1973.
Il est décédé le 17 février 1996.

Éphéméride 16 avril 1844 naissance d’Anatole France


Anatole France, de son vrai nom François-Anatole Thibault, est un écrivain français, né le 16 avril 1844 à Paris, décédé le 12 octobre 1924 à Saint-Cyr-sur-Loire. Il est considéré comme l'un des plus grands écrivains de la Troisième République, dont il fut également l'un des plus importants critiques littéraires, et comme l'une des consciences les plus significatives de son temps, s'engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XXe siècle.
            Son père, Noël France, d'abord sous-officier légitimiste, démissionna au lendemain de la Révolution de 1830. Il tint sur le quai Malaquais, à Paris, une librairie spécialisée dans la Révolution française. La période révolutionnaire constitue l’arrière-plan de plusieurs des romans et nouvelles d’Anatole France, dont
Les Dieux ont soif, qui est considéré comme son chef-d’œuvre.
             De 1853 à 1862, Anatole France fait ses études à l'institution Sainte-Marie et au collège Stanislas. Il obtient son baccalauréat en 1864.               
À partir du début des années soixante, il travaille pour diverses libraires et revues, mais refuse de prendre la suite de son père. Sa carrière littéraire commence par la poésie. Il est disciple de Leconte de Lisle, avec qui il travaillera quelque temps comme bibliothécaire au Sénat. Il fait partie du groupe du Parnasse à partir de 1867.
              En 1876, il publie
Les Noces corinthiennes chez Lemerre. La même année, il devient commis-surveillant à la Bibliothèque du Sénat.
            Anatole France se marie en 1877 avec Valérie Guérin de Sauville dont il aura une fille, Suzanne, née en 1881 et qui mourra en 1918. En 1888, il engage une liaison avec Madame Arman de Caillavet, qui tient un célèbre salon littéraire de la Troisième République ; cette liaison durera jusqu'à la mort de celle-ci en 1910. Madame Arman de Cavaillet lui inspire
Thaïs (1890) et Le Lys rouge (1894). France divorce en 1892.              
Anatole France s'est orienté tardivement vers le roman ; il connaît son premier succès public à trente-huit ans, en 1881, avec
Le Crime de Sylvestre Bonnard, couronné par l'Académie française. Cette œuvre tranche avec le naturalisme qui règne alors.
Il devint en 1887 critique littéraire du prestigieux journal
Le Temps.
Anatole France est élu à l'Académie française le 23 janvier 1896, au fauteuil 38, où il succède à Ferdinand de Lesseps. Il y est reçu le 24 décembre 1896.
           Anatole France s'engage en faveur de nombreuses causes. Il tient plusieurs discours dénonçant le génocide arménien et soutient Archag Tchobanian, rejoint Émile Zola, avec qui il s'est réconcilié, lors de l'affaire Dreyfus ; au lendemain de la publication de
J'accuse, il signe, quasiment seul à l'Académie française, la pétition demandant la révision du procès. Il rend sa Légion d'honneur après qu'on l'eut retirée à Zola et refuse longtemps de siéger sous la Coupole. Il participe à la fondation de la Ligue des droits de l'homme. Son engagement dreyfusard se retrouve dans les quatre tomes de son Histoire Contemporaine (1897 - 1901), chronique des mesquineries et des ridicules d'une préfecture de province au temps de l'Affaire. C'est dans cette œuvre qu'il forge le terme xénophobe. Il fait un très beau discours aux funérailles de Zola : « il fut un moment de la conscience humaine » dit-il.
            France s'engage pour la séparation de l'Église et de l'État, pour les droits syndicaux, contre les bagnes militaires. Au début de la Première guerre mondiale, il écrit des textes guerriers et patriotes, qu'il regrettera par la suite, mais milite en faveur d'une paix d'amitié entre Français et Allemands, ce qui suscitera l'indignation et l'hostilité, et lui vaudra des lettres d'insultes et des menaces de mort. Il prend position en 1919 contre le Traité de Versailles, signant la protestation du groupe Clarté intitulée « Contre une paix injuste », et publiée dans
l'Humanité, 22 juillet 1919.
            Ami de Jaurès et de Pressensé, il collabore dès sa création à l'
Humanité. Proche de la SFIO, il est plus tard critique envers le PCF. S'il écrit un Salut aux Soviets, dans L'Humanité de novembre 1922, il proteste contre les premiers procès faits aux socialistes révolutionnaires. À partir de décembre 1922, il est exclu de toute collaboration aux journaux communistes. Anatole France, tout en adhérant aux idées socialistes, s'est ainsi tenu à l'écart des partis politiques, ce dont témoignent ses romans pessimistes sur la nature humaine, tels que L'Île des pingouins et surtout Les Dieux ont soif (publié en 1912) qui, à cause de sa critique du climat de Terreur des idéaux utopistes, fut mal reçu par la gauche.
            Il se marie en 1920 avec Emma Laprévotte. Il est lauréat en 1921 du prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre, et le reçoit à Stockholm le 10 décembre.
         En 1922, l'ensemble de ses œuvres (
opera omnia) fait l'objet d'une condamnation papale (décret du 31 mai 1922).
           Pour son 80e anniversaire, au lendemain de la victoire du Cartel des gauches, il assiste à une manifestation publique donnée en son honneur le 24 mai 1924 au palais du Trocadéro. Il meurt le 12 octobre à La Béchellerie (Indre et Loire) et des funérailles nationales sont célébrées le 18 octobre 1924.

Éphéméride 15 avril 1980 décès de Jean-Paul Sartre

Jean-Paul Sartre est né le 21 juin 1905 à Paris. Fils unique d’une famille bourgeoise, il ne connaît pas son père, qui meurt un an après sa naissance. Il passe son enfance avec sa mère et ses grands-parents, les Schweitzer, et découvre la littérature dans l’imposante bibliothèque familiale. En 1917, sa mère se remarie et la famille déménage à La Rochelle. Malade, Sartre retourne à Paris en 1920 et y poursuit sa scolarité.
Il intègre le lycée Henri-IV à seize ans et retrouve celui qui deviendra son ami le plus proche, Paul Nizan. Tous deux préparent le concours d’entrée à l’École normale supérieure au lycée Louis-le-Grand et écrivent leurs premiers textes.
Ils entrent ensuite à l’ENS. Grand travailleur, il échoue pourtant au concours d’agrégation de philosophie en 1928. L’année suivante, il est reçu premier au concours ; Simone de Beauvoir, qu’il vient de rencontrer, se classe deuxième. Les concours ne sont pas mixtes à l’époque.
En 1931, il est nommé professeur au lycée du Havre. Il dirige ensuite l’Institut français à Berlin avant d’être muté au lycée Pasteur de Neuilly. Après plusieurs refus d’éditeurs, son roman philosophique
La Nausée est publié chez Gallimard en 1938.
Pacifiste, Sartre est mobilisé à Nancy au début de la Deuxième Guerre mondiale, en tant que soldat météorologiste. En 1940, il est fait prisonnier et transféré dans un camp en Allemagne. En mars 1941, il est libéré et retourne à Paris.
En 1943, il publie
L’Être et le Néant puis rencontre le succès l’année suivante avec sa pièce Huis clos. Il rejoint Camus dans le journal Combat et y décrit la libération de Paris. Il acquiert une renommée importante en tant qu’intellectuel engagé.
À la Libération, Sartre fonde à Paris la revue
Les Temps modernes où il développe sa pensée existentialiste. Elle devient l’une des revues françaises les plus connues, avec des plumes célèbres comme Simone de Beauvoir et Raymond Aron.
Sartre devient membre du Parti communiste de 1952 à 1956, ce qui entraîne sa rupture avec Camus. Figure de proue de la littérature française, il voit son influence décliner au cours des années 1960, tout comme sa santé. Il reste célèbre pour avoir refusé, en 1964, le Prix Nobel de littérature.

Opposé à la guerre d’Indochine et à l’Algérie française, Sartre n’hésite pas à prendre partie politiquement dans Les Temps modernes. Il soutient la révolution cubaine dès 1960 et encourage les événements de mai 1968.
En 1971, à l’âge de 66 ans, une première attaque laisse Sartre très affaibli. Il perd presque totalement la vue lors d’un second AVC. En 1973, il lance avec Serge July le quotidien
Libération.
À la fin de sa vie, Sartre se penche sur le conflit israélo-palestinien, souhaitant aider à créer une liaison entre les deux peuples. Il participe encore à des réunions politiques, comme en 1977 à Paris en compagnie de dissidents soviétiques.
Jean-Paul Sartre meurt le 15 avril 1980 d’un œdème pulmonaire. Sa mort entraîne des réactions considérables dans le monde. À Paris, cinquante mille personnes accompagnent son cortège lors de son enterrement au cimetière du Montparnasse.

(1938) Le Mur (1939) Les Mouches (1943) L'Être et le Néant (1943) Huis clos (1945) L'âge de raison (1945) L'existentialisme est un humanisme (1945) Morts sans sépulture (1946) La Putain respectueuse (1946) Réflexions sur la question juive (1947) Les Mains Sales (1948) Le Diable et le Bon Dieu (1951) Les Séquestrés d'Altona (1959) Critique de la raison dialectique (1960) Les Mots (1964)
La Nausée

Éphéméride 14 avril 1930 décès de Vladimir Maïakovski

Vladimir Maïakovski est un écrivain russe né le 7 juillet 1893 à Bagdadi, en Géorgie.
À la mort de son père, sa famille, dans la misère, s'installe à Moscou.
Militant actif du parti bolchevik auquel il adhère à quinze ans, il fera quelques mois de prison. C’est au cours de cette période qu’il découvre la poésie. Il commence à écrire en prison, à Boutyrskaïa en 1909, il a seize ans.

À l'automne 1911, il entre à l'école de peinture, sculpture et architecture de Moscou, et commence son œuvre de dramaturge par une pièce de théâtre intitulé
Vladimir Maïakovski.
Les premiers vers de Maïakovski sont publiés dans les recueils futuristes en 1912.
Il utilise un vocabulaire provocant qui détourne les règles de classicisme.
Il publie ensuite plusieurs recueils :
- 1915:
Un nuage en pantalons.
- 1916:
la Flûte-colonne vertébrale.
- 1917:
la Guerre et l'univers.
- 1918:
l'Homme.
Il va révolutionner les codes mêmes de la poésie en écrivant
La flûte en colonne vertébrale (1915), authentique manifeste du futurisme russe. Ce livre de poésies est aussi inspiré par sa relation à Lili Brik, la sœur d’Elsa Triolet. Ils forment le triangle amoureux classique avec le mari Ossip Brik, écrivain russe qui lui fera connaître le monde avant-gardiste russe. Lili sera sa muse et son mari Ossip, son ami et éditeur.
Rejoint par Serge Tretiakov ils créeront ensemble le journal LEF (
Levyi Front Iskusstv –Front de Gauche des Arts, en français) qui inspirera toute une génération d’artistes d’avant-gardes : l’écrivain Nikolai Aseev, Le cinéaste Eisenstein, le metteur en scène Meyerhold…
Il sera aussi l’amant d’Elsa Kagan connue en France sous le nom d’Elsa Triolet.
Il réalise pendant une longue période des légendes d'affiches publicitaires, des caricatures satiriques.
Après avoir participé activement à la révolution d’Octobre en 1917, il se met au service de Lénine auquel il dédie l’un de ses plus beaux poèmes
Lénine. Il écrit sur la révolution, en particulier une pièce Mystère-Bouffe dans laquelle sa manière satirique et épique de parler la révolution commence à lui attirer des ennuis. C’est le début d’un conflit incessant avec les instances du parti, ce qui le mine et le déprime, alors qu’il parcourt le monde comme ambassadeur de la révolution russe à Londres et à Paris.

En 1923, Maïakovski fonde la LEF (« Front de gauche de l'art ») où il prône une position fonctionnaliste de l'art. Néanmoins au cœur même de la LEF, il rencontre de farouches opposants, qui finissent par le pousser à continuer son chemin autrement (Création du REF).

Il adhère à la RAPP, organisation littéraire révolutionnaire, où il ne sera jamais considéré suffisamment à son goût .
En 1924, c’est la rupture définitive avec Lilli. Il part aux États-Unis pour une série de conférence et rencontre à New York une jeune émigrée russe Elly Jones, dont il aura une fille, Patricia Jones Thompson.


Il poursuit une vie sentimentale compliquée, il s’y use… Sa dernière compagne Veronika Polonskaïa assistera à ses ultimes moments, impuissante à contrer les sentiments de Maïakovski qui va de désillusions en désillusions sentimentales, mais surtout politiques. Les bolcheviks ne lui font aucun cadeau. Il voit la révolution, sa révolution sombrer dans une dictature infaillible et inhumaine.
Le 14 avril 1930, à 10h15, à l’^age de trente-sept ans, il se tire une balle en plein cœur, lui qui appelait la jeunesse à vivre à la mort de Sergueï Essenine, le 28 décembre 1925, suicidé par désespoir et qui se pend dans la chambre n°5 de l’Hôtel d’Angleterre à Leningrad, après avoir laissé un dernier poème écrit avec son sang.
Ses funérailles furent nationales à la demande de Staline. Pas sûr que Maïakovski eut apprécié.



Quelques œuvres de Maïakovski :

  • ¥ Poèmes 1913-1917, traduction de Claude Frioux, Éditions Messidor, 1984

  • ¥ Théâtre, traduction de Michel Wassiltchikov, Éditions Grasset, 1989

  • ¥ Le Nuage en pantalon, trad. Wladimir Berelowitch, Mille et une nuits, 1998

  • ¥ Écoutez si on allume les étoiles..., choix et traduction de Simone Pirez et Francis Combes, préface de Francis Combes, Le Temps des cerises, 2005.



Éphéméride 13 avril 1906 naissance de Samuel Beckett

Samuel Beckett naît le 13 avril 1906 à Foxrock, dans la banlieue de Dublin.
Son père était métreur vérificateur. Sa mère, profondément croyante, était protestante en pays catholique. Il avait un frère aîné, Frank.
Il mène une enfance classique de petit protestant irlandais, entre hymnes et psaumes. Sportif et studieux, il s'attelle à l'apprentissage du français. En 1926, il est lecteur d'anglais à Paris, où il fait la connaissance de James Joyce.

En 1929, Beckett publie son premier ouvrage, essai critique destiné à prendre la défense de la démarche et du style de James Joyce.
E
n 1930, il est assistant de français à Dublin.
En 1931, il publie un essai sur Proust.
Il cesse d'enseigner en 1932 pour se consacrer à l'écriture.
En 1934, le Dublin Magazine publie son poème Gnome, inspiré par une lecture de Goethe.

En 1938, il commence à fréquenter Suzanne Dechevaux-Dumesnil, qu'il épouse en 1961. Ils n'auront pas d'enfant.

Il s'installe définitivement à Paris, à la veille de la Seconde guerre mondiale. Après avoir essuyé plus de trente-cinq refus, son roman Murphy trouve enfin un éditeur.
Beckett est en Irlande lorsque la guerre éclate. Il se dépêche alors de revenir en France, déclarant préférer « la France en guerre à l'Irlande en paix ». Il participe d'ailleurs à la Résistance contre le nazisme.
Après la guerre, définitivement fixé à Paris, Beckett décide d'écrire en français.

Ses débuts d'écrivain sont difficiles : personne ne veut le publier. Murphy est son premier roman. Il s'attache ensuite à l'écriture de trois romans qui convainquent l'éditeur Jérôme Lindon, aux éditions de Minuit : Molloy (1951), Malone meurt (id.) et l'Innommable (1953).

Le succès arrive avec le théâtre, et en particulier sa pièce la plus célèbre aujourd'hui : En attendant Godot, parue en 1953. Ses travaux, quoique de plus en plus espacés dans le temps, seront poussés jusqu'à l'extrême recherche du néant du langage, et couronnés par un prix Nobel en 1969, qu'il ne refuse pas mais qu'il ne va pas chercher lui-même.
Il décède le 22 décembre 1989 à Paris.

Éphéméride 12 avril 1704 décès de Jacques-Bénigne Bossuet

Jacques-Bénigne Bossuet est né à Dijon, le 27 septembre 1627, d’une famille « parlementaire ». Il fit ses études d’abord chez les Jésuites de sa ville natale, puis à Paris au collège de Navarre, et il se distingua de bonne heure à la fois par son intelligence et par sa puissance de travail. Ordonné prêtre en 1630, il alla résider à Metz, avec le titre d’archidiacre de Sarrebourg ; et jusqu’en 1659 il y prononça de nombreux sermons et panégyriques. Là aussi il commença à rédiger des ouvrages de controverse, pour ramener à l’Église les nombreux protestants et Israélites qui habitaient la Lorraine. En 1659, il vient s’établir à Paris, et jusqu’en 1670, il y prêche des Avents et des Carêmes. En 1669, il avait été nommé évêque de Condom (Gers), mais il s’était démis de son évêché pour accepter la place de précepteur du Dauphin, fils de Louis XIV. Absorbé par ce préceptorat, Bossuet ne prêche plus que rarement ; mais il prononce plusieurs oraisons funèbres. En 1681, il devient évêque de Meaux. Il publie en 1688 l’Histoire des variations des églises protestantes et les Avertissements aux protestants (1689-1691). De 1694 à 1699, son activité est presque entièrement absorbée par l’affaire du quiétisme. Il meurt le 12 avril 1704.

Éphéméride 11 avril 1922 naissance d'Antoine Blondin

Antoine Blondin, né le 11 avril 1922 à Paris, mort le 7 juin 1991 à Paris, est un écrivain français. Romancier et journaliste, il est connu également sous le pseudonyme de Tenorio et reste associé au mouvement des Hussards.

Fils de la poétesse Germaine Blondin et d’un père correcteur d’imprimerie, il est un brillant sujet à l’école, collectionnant les prix et les récompenses.

Après des études aux lycées Louis-le-Grand à Paris et Corneille à Rouen, il obtient une licence en lettres à la Sorbonne.

Sous l’Occupation, il est envoyé en Allemagne dans le cadre du STO, expérience qui lui inspire
L’Europe buissonnière (1949).

Avec ce premier roman, il capte l’attention d’auteurs comme Marcel Aymé et Roger Nimier qui lui accordent aussitôt leur amitié. Le livre obtient le Prix des Deux-Magots.

D’autres romans suivent (
Les Enfants du bon Dieu, L’Humeur vagabonde), qui confirment son talent de plume et la singularité d’un style se situant entre Stendhal et Jules Renard.

Journaliste engagé, il collabore à de nombreux journaux et notamment à la presse de droite et même d’extrême-droite
: Aspects de la France, La Nation française et Rivarol. Il est aussi lié au groupe des Hussards. Il participe à l’aventure de La Table ronde.

Journaliste sportif également, il est l’auteur de nombreux articles parus notamment dans
L’Équipe. Il suivra pour ce journal vingt-sept éditions du Tour de France et sept Jeux olympiques, et obtiendra le Prix Henri Desgrange de l’Académie des sports en 1972.

Ses chroniques sur le tour de France ont contribué à forger la légende de l’épreuve phare du sport cycliste.

Buvant souvent plus que de raison, il a évoqué avec des accents céliniens la passion de l’alcool dans
Un singe en hiver (1959), que Henri Verneuil a adapté pour le cinéma sous le même titre.

Il a marqué le quartier de Saint-Germain-des-Prés de ses frasques, jouant à la « corrida » avec les voitures, multipliant les visites dans les bars et collectionnant les arrestations dans un état d’ébriété avancée (cf. son roman autobiographique
Monsieur Jadis ou L’École du soir). À la fin, il n’avait presque plus d’amis, ni de famille.

Éphéméride 10 avril 1931 décès de Gibran Khalil Gibran

Gibran Khalil Gibran est un poète et peintre libanais, né le 6 janvier 1883 à Bcharré au Liban et mort le 10 avril 1931 à New York.


Khalil Gibran est né le 6 janvier 1883 à Bécharré au Liban alors province ottomane de la Grande Syrie dans une famille Maronite. En raison de la pauvreté de sa famille, Gibran ne reçoit pas d’éducation formelle au cours de son enfance. Toutefois, les prêtres qui rendent visite régulièrement à sa famille lui apprennent la langue arabe et ainsi que la langue syriaque aussi bien que l’étude de la Bible.


En 1895, C’est l’exil et le départ de la famille de Khalil Gibran pour Boston; le père n’est pas du voyage. La famille Gibran s’installe dans le South End de Boston, à l’époque la deuxième plus grande communauté syro-libanaise des États-Unis.

Sa mère commence à travailler comme couturière itinérante, vendant de la dentelle et du lin qu’elle transporte de porte en porte.

Gibran commence l’école le 30 septembre 1895. Il est placé dans une classe spéciale pour les immigrants par l’administration de son école pour mieux apprendre l’anglais. Gibran est aussi inscrit dans une école d’art. Grâce à ses enseignants, il est présenté à l’avant-garde artistique de Boston, à des artistes, à des photographes et à l’éditeur Fred Holland Day, qui l’ont encouragé et soutenu dans ses efforts de création.


En 1898, la mère de Gibran, ainsi que son frère aîné, Boutros, veulent l’imprégner de son patrimoine culturel d’origine plutôt que de l’esthétique de la culture occidentale qu’il préfère; ainsi, à quinze ans, Gibran est renvoyé dans son pays natal pour étudier à l’école préparatoire et à l’institut d’enseignement supérieur à Beyrouth gérés par les maronites. à Beyrouth, il s’inscrit au collège de la Sagesse. Il y passe quatre ans.

En 1902, il retourne à Boston
: deux semaines avant son retour, sa sœur Sultana meurt de la tuberculose à l’âge de quatorze ans. L’année suivante, Boutros décède de la même maladie et sa mère meurt d’un cancer. Seule, sa sœur Marianna subvient à ses besoins matériels grâce à un emploi de couturière de boutique. Il peint et il écrit; son talent artistique s’affirme.

En 1904 Gibran rencontre une directrice d’école, Marie Haskel, qui le protège. Elle le soutient dans ses travaux d’écriture en langue Anglaise. Il engage avec elle une correspondance que seule la mort interrompra.

En 1905. Parution de
La musique, le premier livre de Gibran, suivi des Nymphes des Vallées (1907)
En 1908 Publication des
Esprits Rebelles. L’église maronite juge l’ouvrage hérétique et le pouvoir ottoman décide de le brûler en place publique. Gibran part pour Paris où il étudiera les Beaux-arts.

En 1910, il s’installe définitivement à New-York où il se consacre à la peinture et à la poésie.

En 1918 Publication du
Fou. Alors que la plupart des premiers écrits de Gibran sont en arabe (La Musique, Les Ailes brisés, Les Nymphes des vallées, Les Tempêtes…), la majeure partie de son travail après 1918 a été écrite et publiée en anglais.

E
n 1923: Parution du Prophète.

En 1926
: Parution du Sable et de L’écume.
En 1928
: Parution de Jésus, Fils de l’Homme suivi des Dieux de la Terre, de l’Errant et du Jardin des Prophètes.

En 1931 il meurt à New-york. Son corps est ramené au Liban, où il repose désormais dans la crypte du monastère de Mar Sarkis, à Bécharré.

La mystique de Gibran se trouve au confluent de plusieurs influences
: le christianisme, l’islam, le soufisme (le concept d’union avec Dieu et l’unicité de l’existence), les grandes religions de l’Inde, la théosophie…

Sa poésie est remarquable pour son utilisation de la langue officielle, ainsi que des idées sur la vie exprimées par des termes spirituels.

L’ouvrage le plus connu de Gibran s’intitule
Le Prophète, un livre composé de vingt-six textes poétiques.
Le livre est devenu particulièrement populaire pendant les années 1960 dans le courant de la contre-culture et les mouvements New Age.
Depuis qu’il a été publié pour la première fois en 1923,
Le Prophète n’a jamais été épuisé. Après avoir été traduit dans plus de vingt langues, il est devenu l’un des best-sellers des livres du xxe siècle aux États-Unis.

Éphéméride 9 avril 1553 décès de Rabelais

François Rabelais est un moine puis prêtre catholique évangélique, médecin et écrivain humaniste français de la Renaissance, né à La Devinière à Seuilly, près de Chinon , à une date indéterminée entre 1483 et 1495, et mort à Paris le 9 avril 1553.


      François Rabelais naît à La Devinière, près de Chinon vers 1494 (date controversée). Son père est avocat et sénéchal de Lerné. On ne sait rien de son enfance ni de sa jeunesse. Il reçoit une éducation qui le conduit, sans vocation, à l’état monastique.


Le jeune François commence ses études à l’abbaye des bénédictins de Seuilly. En 1510, il devient novice au couvent de la Baumette, près d'Angers. Il y rencontre le jeune rejeton d'une vieille souche tourangelle, Geoffroy d'Estissac, qui devint évêque de Maillezais à vingt-trois ans, et deux des frères du Bellay, dont l'un est évêque et l'autre capitaine.


Rabelais rejoint plus tard le couvent franciscain du Puy-Saint-Martin à Fontenay-le-Comte, où il devient novice vers octobre 1520. Rabelais achève son noviciat chez les Cordeliers de Fontenay-le-Comte, passe par les ordres mineurs vers 1520, comme en atteste sa lettre rédigée le 4 mars 1521 à Guillaume Budé, premier texte connu de Rabelais.


Épuisé par la règle franciscaine et voyant ses études en grec entravées (cette langue est considérée comme hérétique par la Sorbonne et les Franciscains), il obtient un indult du pape Clément VII qui l’autorise à passer dans l’ordre bénédictin de l'abbaye de Maillezais dirigée par l'évêque de Maillezais Geoffroy d'Estissac. Il s'attache à la personne de ce dignitaire ecclésiastique et devient son secrétaire. Il l'accompagne ainsi au cours des tournées d'inspection de ses terres et abbayes.


Il se livre à l’étude approfondie des langues anciennes : latin, grec et hébreu. Rabelais constitue avec quelques érudits locaux un petit groupe d’humanistes, qui lisent les textes anciens et sont en correspondance avec Guillaume Budé.

Rabelais va d'abord étudier, probablement le droit, à l'Université de Poitiers à vingt-huit ans, puis s'en va dans nombre d'autres villes pour arriver ensuite à Paris, entre 1524 et 1530, pour y commencer ses études de médecine.

Il quitte alors la vie monastique et sera condamné pour apostasie. De son séjour à Paris, il aura deux enfants d'une femme veuve.


      À l’encontre des préceptes chrétiens, Rabelais suit donc des études de médecine à la faculté de Montpellier et devient médecin en 1532 à Lyon, grand centre culturel où fleurit le commerce de la librairie. Le 1er novembre, il est nommé médecin de l'Hôtel-Dieu de Notre-Dame de la Pitié du Pont-du-Rhône.

Il y enseigne également la médecine et publie des critiques de traités médicaux antiques. Ses proches Étienne Dolet (1509-1546), Mellin de Saint-Gelais (1491-1558), Jean Salmon Macrin (1490-1557) sont protégés par l'évêque de Paris, Jean du Bellay — oncle du poète Joachim du Bellay — qui devient aussi le protecteur de Rabelais.

Cependant, trop peu présent auprès des malades, il fut congédié par l'Hôtel-Dieu en 1535.

En 1532 paraissent à Lyon les
Grandes et inévitables chroniques de l'énorme géant Gargantua, un recueil anonyme de contes populaires à la fois épiques et comiques. Ces contes tirent eux-mêmes leurs sources des romans de chevalerie du Moyen Âge, et en particulier du cycle arthurien. Ce recueil obtient un grand succès.

Rabelais se met alors à écrire un texte qui reprend la trame narrative des
Chroniques. Il raconte l'histoire de Pantagruel, fils du Gargantua des Chroniques. Pantagruel est donc très marqué par ses sources populaires.

Rabelais publie
Pantagruel en 1532 sous le pseudonyme d'Alcofribas Nasier (anagramme de François Rabelais). Ce pseudonyme, qu'il utilisera aussi pour Gargantua (1534), souligne son désir de ne pas confondre ses ouvrages savants et ses fantaisies gigantales.


En 1533,
Pantagruel est condamné par la Sorbonne, faculté de théologie de Paris. Sa réputation de médecin lui vaut la protection de l’évêque de Paris, Jean Du Bellay, futur cardinal.

 
Rabelais quitte Lyon pour Rome en Italie en 1534 avec Jean du Bellay. Il fait des recherches en botanique, en pharmaceutique, en archéologie.

De retour en France, il reprend ses fonctions à l’hôtel-dieu et publie,
La Vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel.

L’ouvrage condamné, Rabelais mène à nouveau une vie errante. Il retourne en Italie en juillet 1535 avec Jean du Bellay. Il parvient alors à faire régulariser sa situation auprès du pape, ce qui lui permet de poursuivre en même temps son activité de médecin et sa fonction de prêtre (l'Église interdisant aux prêtres l'exercice de la médecine). Il obtient son affectation au monastère bénédictin de St-Maur-des-Fossés.


   En 1537 il est docteur en médecine. De 1539 à 1541 il serait à Turin avec Guillaume du Bellay, seigneur de Langeais ; en 1540, François et Junie, les enfants bâtards de frère Rabelais, sont légitimés par le pape Paul III. Un troisième enfant, le petit Théodule, est mort en bas âge.


Rabelais retourne à Rome en 1542 et rentre, accompagnant la dépouille de Du Bellay, en 1543.

En 1546 le
Tiers Livre est publié à Paris, chez Christian Wechel. Rabelais le signe de son propre nom. Le livre est aussitôt censuré par les théologiens de la Sorbonne pour hérésie. Cependant le privilège royal le protège.

En mars 1546, Rabelais se retire à Metz, ville de l'Empire, chez Étienne Laurens, et est nommé médecin de la ville de Metz.

Envoyé à Metz pour préparer l'annexion française de 1552, François Rabelais, agent du roi Henri II, y séjourne de 1545 à 1547. Il y écrit en 1548
le Quart Livre dont la première version paraît le 1548 ; la version intégrale ne paraîtra qu'en 1552.

Rabelais est à Rome au début de cette même année (il décrit dans
la Sciomachie de 1549 la fête donnée à Rome en l'honneur de la naissance du dauphin Louis d'Orléans).

En 1551 il obtient la cure de Meudon (cette même année ses ouvrages figurent sur la liste des livres condamnés par la Sorbonne).
Le
Quart livre est censuré par les théologiens de la Sorbonne, et la publication en est suspendue par un arrêt du Parlement en date du 1er mars 1552.

Malade, Rabelais résigne ses deux cures, Saint Martin de Meudon et Saint Christophe du Jambet (diocèse du Mans). Il meurt le 9 avril 1553 à Paris. Il est enterré au cimetière Saint-Paul.


Neuf ans après sa mort, seize chapitres d'un
Cinquième Livre sont publiés (L'Isle Sonnante, première partie du Cinquième Livre, paraît en 1562) , puis une publication intégrale en 1564, sans indication de lieu ni de librairie. Attribuée par son éditeur à Rabelais, cette publication sera par la suite contestée par de nombreux commentateurs.

Éphéméride 8 avril 1911 naissance d'E.M. Cioran

Emil Michel Cioran, né le 8 avril 1911 à Rasinari en Roumanie, mort le 20 juin 1995 à Paris, est un philosophe et écrivain roumain, d’expression roumaine initialement, puis française à partir de 1949.


Né dans un petit village de Roumanie d’un père pope orthodoxe et d’une mère
athée, Emil Michel Cioran suit dès dix-sept ans des études de philosophie à Bucarest. Bien que ses premiers travaux portent sur Nietzsche, Schopenhauer ou encore Spengler, il choisit de faire une thèse sur Bergson avant de poursuivre ses études à Berlin.


À vingt-deux ans, il publie son premier ouvrage,
Sur les cimes du désespoir, qui le propulse immédiatement parmi les références de la littérature roumaine. Après deux années de formation à Berlin, il rentre en Roumanie, où il devient professeur de philosophie au lycée de Brasov pendant l’année scolaire 1936-1937.
Comme tous les intellectuels de sa génération, il assiste, en compagnie de Mircea Eliade, à l’ascension du mouvement fasciste et antisémite de la Garde de fer, combattu par les armes et effectifs de la police du régime parlementaire.

C’est une période trouble pour Cioran qui côtoie un temps les jeunesses fascistes. En 1937, la publication de son troisième ouvrage,
Des larmes et des saints, fera scandale dans son pays.


Installé à Paris dès 1937 comme boursier de l’Institut français de Bucarest, il renonce quelques années plus tard à sa langue maternelle pour écrire en français. Il est interdit de séjour dans son pays d’origine à partir de 1946, pendant le régime communiste. À partir de 1947, les communistes interdisent ses œuvres.


Ayant terminé sa thèse sur Bergson, il consacre sa vie à l’écriture et à quelques traductions. À travers des ouvrages comme
Les syllogismes de l’amertume ou Le mauvais démiurge, il développe une pensée empreinte de scepticisme et fortement influencée par le nihilisme.


Reconnu au sein des milieux intellectuels, il fréquente notamment Eugène Ionesco, Samuel Beckett, Gabriel Marcel et Mircea Eliade. Il est toutefois inconnu du grand public, ce qui, faute de travail, le condamne à vivre chichement dans un hôtel puis une chambre de bonne. Symbole de cette existence précaire, il mange au restaurant universitaire jusqu’à ses quarante ans, âge à partir duquel l’entrée lui fut refusée.


Cioran publie en 1973
De l’inconvénient d’être né, son ouvrage le plus diffusé en France. Il poursuit la construction d’une pensée exprimée dans des textes cours et des aphorismes, à la frontière de la philosophie et de la poésie. Son œuvre est parfois critiquée pour son pessimisme, jugé exubérant et proche de la « pose intellectuelle ». En fait, penseur du tragique de l’existence humaine, Cioran place les « misères du moi » au cœur de ses réflexions, les considérant comme le moteur de la véritable recherche philosophique.

Il meurt en 1995 à Paris de la maladie d’Alzheimer sans avoir mis à exécution son projet de suicide, huit ans après avoir publié son ultime ouvrage,
Aveux et anathèmes.

Éphéméride 7 avril 1979 décès de Marcel Jouhandeau


Marcel Jouhandeau, né à Guéret (Creuse) le 26 juillet 1888 et mort à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) le 7 avril 1979, est un écrivain français, connu également sous son pseudonyme Marcel Jouand.

Né dans une famille commerçante de Guéret, marqué au visage par une malformation labiale, il grandit dans un monde de femmes, notamment sa grand-mère. Marcel Jouhandeau se tourne, dès ses jeunes années – sous l’influence d’une jeune femme sortie du Carmel de Limoges – vers un catholicisme mystique et outré et il envisage dans un premier temps d’entrer dans les ordres.

À la suite d’une lecture, en 1908, il comprend qu’il est homosexuel. Il part pour Paris la même année et étudie au Lycée Henri-IV, puis à la faculté des lettres de l’université de Paris, où il commence à écrire. Il devient professeur dans un collège de Passy à partir de 1912.

Ses premiers émois homosexuels sont vécus dans une culpabilité extrême, dans l’outrage de Dieu. Pour autant, ce sentiment de honte ne l’empêche pas de se livrer à de nombreux « passages à l’acte » et toute sa vie oscillera entre la célébration du corps masculin et le vécu mortifère de la sexualité au point qu’en 1914, dans un élan mystique, Marcel Jouhandeau brûle ses manuscrits et tente de se suicider. La crise passée, il se remet progressivement à l’écriture par le truchement de chroniques villageoises qui sont l’occasion de premiers succès.

Durant la Première Guerre mondiale, il est, dans un premier temps, réformé, avant d’être affecté à l’arrière comme secrétaire à Guéret.

Il publie en 1924
Les Pincengrain, une chronique à peine déguisée des habitants de Guéret.

Les voyages sont pour lui l’occasion de se livrer aux amours masculines narrées dans l
’Amateur d’imprudences. Il se marie, à quarante ans, en 1929, avec une danseuse, Élisabeth Toulemont, dite Caryathis « Elyse », ex-maîtresse de Charles Dullin et familière de Jean Cocteau et de Max Jacob.

Durant cette période, il entame une œuvre de moraliste chrétien (
De l’abjection) avant de retomber dans les bras d’hommes, épisodes narrés dans Chronique d’une passion et Eloge de la volupté.

Élise espère détourner son mari de ses penchants pour les garçons mais, au cours des années trente, sa nature homosexuelle l’emportera à nouveau. À la fin de sa vie il assumera son homosexualité. Il en parle ouvertement dans divers ouvrages comme Chronique d’une passion, Du pur amour, Tirésias. Les Jouhandeau habitent à Paris près de la porte Maillot. Ses livres sont publiés aux éditions Gallimard (sept titres chez Grasset à la suite d’une brouille avec Gaston). Il enseigne jusqu’en juillet 1949.

Vers 1949 les Jouhandeau recueillent une fillette, Céline. Son éducation est un échec. À sa majorité elle met au monde un garçon (le père est reparti en Italie abandonnant mère et enfant), Marc, que les Jouhandeau adopteront.


De 1936 à 1941, il écrit quatre articles antisémites dont trois seront réunis dans une plaquette
Le Péril juif édité par Sorlot (s.d.). En 1941, il participe au « congrès de Weimar » (organisé par Goebbels) sur l’invitation de Gerhardt Heller. Partent avec lui Abel Bonnard, Drieu La Rochelle, Brasillach, Fabre-Luce, Chardonne, Fraigneau, Fernandez.

En décembre 1941, Jouhandeau publie
Témoignage, un court article où il développe son admiration pour l’Allemagne, dans La NRF de Drieu.

À la Libération, son dossier sera classé sans suites. Dans ses
Journaliers, longue chronique de vingt-huit volumes, il reviendra à plusieurs reprises sur cette période de son œuvre.

Élise meurt en 1971. Ce couple infernal occupe une place importante dans l’œuvre. Atteint de cécité, Jouhandeau cesse d’écrire en 1974. Il consacre ses dernières années à son fils Marc et s’éteint en 1979 à Rueil-Malmaison, son domicile depuis 1960.

Éphéméride 6 avril 1741 naissance de Nicolas Chamfort

Sébastien-Roch Nicolas, dit Chamfort, est un auteur dramatique, publiciste, poète, moraliste et littérateur français.

Né à
Clermont-Ferrand, le 6 avril 1741, d’un père inconnu, il fit ses études comme boursier au collège des Grassins à Paris, et remporta en rhétorique les premiers prix de l’université. Il s’y montra un élève brillant et fantasque.

Il prit en entrant dans le monde le nom de Chamfort à la place du simple nom de Nicolas qu’il avait porté jusque-là, se fit connaître de bonne heure par des prix de poésie remportés à l’Académie, donna au Théâtre-Français quelques comédies qui réussirent, et s’attacha pour vivre à diverses entreprises littéraires.

Sa réputation le fit rechercher du prince de Condé, qui le nomma vers 1776 secrétaire de ses commandements
; il devint ensuite en 1784 secrétaire ordinaire et du Cabinet de Madame Elisabeth, sœur du roi Louis XVI.

Avant la Révolution, il fut un des écrivains les plus apprécié par les salons parisiens, brillant et spirituel, il écrivit des pièces de théâtre. Initié à la Franc-maçonnerie en 1778, il fut élu à l’Académie française en 1781 au fauteuil n° 6.

Il fit une carrière d’homme de lettres qui le conduisit à l’Académie, mais très tôt contracta une maladie vénérienne dont il ne guérit jamais véritablement et qui le tint dans un état de faiblesse tout le reste de sa vie.

À la Révolution, il embrassa avec ardeur les idées nouvelles, quoiqu’il fût personnellement attaché à la famille royale; il se démit de son emploi, suivit les États généraux à Versailles, et se lia avec Mirabeau comme rédacteur anonyme de son journal ; il assista au serment du Jeu de Paume et applaudit à la prise de la Bastille.

Éminence grise de Talleyrand et de Mirabeau, dont il rédigeait partiellement les discours et les rapports, il entra avec lui au Club des Trente. Lié à Sieyès, il trouva le titre de sa brochure
: Qu’est-ce que le tiers état? Par ailleurs, plusieurs journaux l’accueillaient dans leurs colonnes, en particulier le Mercure de France.

Jean-Marie Roland de La Platière le nomma en 1792 conservateur de la Bibiothèque nationale. Ayant osé blâmer les fautes et les violences du parti révolutionnaire, il fut arrêté et jeté en prison; il essaya inutilement de se suicider et fut sauvé par une intervention chirurgicale.
On le relâcha bientôt après, mais il mourut au bout de quelques semaines des suites des blessures qu’il s’était faites, le 13 avril 1794.


L’œuvre la plus célèbre et la seule lue de Chamfort a été publiée en 1795 par son ami Pierre Louis Ginguené: Maximes et pensées, caractères et anecdotes, tirée des notes manuscrites qu’il avait laissées de Maximes et Pensées et de Caractères et Anecdotes. L’amertume de ces écrits annonce déjà Ambrose Bierce ou George Bernard Shaw. Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort souhaitait les publier sous le nom de Produits de la civilisation perfectionnée.

Ses écrits les plus estimés sont: Éloge de Molière, couronné (1769), Éloge de La Fontaine, 1774; La jeune Indienne, le Marchand de Smyrne (1770), comédies; Mustapha et Zéangir (1776), tragédie, ses Maximes et Pensées, Maximes générales.

Plusieurs de ses ouvrages se sont perdus, entre autres un
Commentaire sur La Fontaine (il n’en a paru qu’une partie dans les Trois Fabulistes, 1796).

Ses œuvres ont été rassemblées par Ginguené, 1795, 4 vol. in-8, et par M. Aguis, 1824, 5 vol. in-8, et réimprimées en 1855 par E. Didier.

Éphéméride 5 avril 1929 naissance d'Hugo Claus

Hugo Claus, né le 5 avril 1929 à Bruges et mort le 19 mars 2008 à Anvers (euthanasié à sa demande à cause de sa maladie d’Alzenheimer), est romancier, poète, dramaturge, metteur en scène, réalisateur, peintre, belge néerlandophone.
Touche-à-tout de génie, visionnaire et provocateur, pourfendeur des conservatismes de tout bord, il est à plusieurs reprises pressenti pour le Prix Nobel.

Fils d’un imprimeur, Hugo Claus suit sa scolarité dans un internat. Vers 14 ans, il fait le mur, pratique une série de métiers (ouvrier saisonnier dans le Nord de la France, peintre en bâtiment) et se met à peindre et à écrire. À Paris, Antonin Artaud devient pour lui un second père
; sa rencontre avec le surréalisme (1948) le marque à tout jamais. Avec les surréalistes, Claus partage l’ambition de bouleverser les conditions de vie traditionnelles et de déclarer la guerre à tout ce qui empêche le libre développement de l’homme. Sa critique de la société est de coloration anarchiste: au centre se trouve l’individu freiné dans son développement par toutes sortes d’institutions: l’École, la Famille, l’Église, l’État…

De son intérêt pour le surréalisme, il a gardé une préférence pour des figures dissidentes telles qu’Antonin Artaud et Raymond Queneau.

En 1949, il s’engage dans le mouvement international CoBrA aux côtés de Christian Dotremont et Pierre Alechinsky. Après un séjour en Italie où il apprend à connaître le milieu cinématographique, il retourne en Flandre. À la fin des années 1960, Claus joue un rôle important dans le mouvement contestataire qui veut réformer la politique sociale et culturelle en Flandre.

Un de ses chefs-d’œuvre poétiques, le recueil
Poèmes d’Oostakker (De Oostakkerse gedichten, 1955), annonce déjà la couleur de l’œuvre entière. On y découvre les oppositions entre la nature et la culture, le vitalisme et l’érudition, la révélation et la dissimulation, la tradition et l’indépendance. Techniquement, l’auteur ne s’impose aucune contrainte. Il mélange le tragique et le burlesque, le sublime et le banal, le classique et l’obscène.

Dans le domaine du roman, il publie notamment
La Chasse aux canards (De Metsiers — 1950), L’Étonnement (De verwondering — 1962), longtemps considéré comme son chef-d’œuvre et Le Chagrin des Belges (Het verdriet van België — 1982), succès international de librairie. Profondément marqué par son enfance dans un internat catholique très strict, il a su évoquer dans Le Chagrin des Belges (1985, trad. de 1983 Het verdriet van België) le comportement de ses compatriotes pendant la dernière guerre et peindre le Flamand fricoteur, conformiste et profiteur avec un réalisme qui rappelle celui de Pieter Bruegel l'Ancien ou de James Ensor.

Hugo Claus est un dramaturge prolifique. Sa première pièce,
La Fiancée du matin (Een bruid in de morgen, 1955), créée en français par le comédien débutant Jean-Louis Trintignant, reçoit un accueil aussi favorable que la publication de son premier roman. Suivront d’autres pièces: La Chanson de l’assassin (Het lied van de moordenaar, 1957), Sucre (Suiker, 1958), Thyeste (Thyestes, 1966), Vendredi, jour de liberté (Vrijdag, 1969). Mort de chien (Het haar van de hond, 1982) est créée en français en 1987 au Théâtre National.

Tout comme les personnages de ses romans, ses héros dramatiques sont confrontés à des problèmes psychiques, sexuels et sociaux, en lien avec les difficultés qu’ils ont vécues durant leur jeunesse dans la maison parentale. Symbole de la dépendance fondamentale (psychologique, existentielle, sociale…) de l’homme et de son manque de liberté, la figure d’Oedipe, quoique souvent cachée ou déguisée, se trouve centrale dans l’œuvre de Claus. À cause de ces liens œdipiens les personnages restent d’éternels adolescents qui n’arrivent pas à assumer le rôle de père ou de héros et entretiennent des rapports difficiles avec la famille, la femme et la société.

Hugo Claus est encore réalisateur et scénariste. On lui doit les films
: De Vijanden (Les Ennemis — 1967), Vrijdag (Vendredi jour de liberté — 1980), Het Sacrament (Le Sacrement — 1989) ou De Verlossing (La Rédemption — 2001).

La diversité de l’œuvre plastique de Hugo Claus qui avait pour habitude de dire
: « Je suis un peintre dont j’aimerais qu’on dise qu’il a écrit de bons livres », se trouve illustrée dans l’ouvrage Hugo Claus. Imagier (1988).

Une cinquantaine de prix ont récompensé son œuvre dont le Prix Lugné-Poë en 1955, le Ford Foundation Grant en 1959, le prix Constantijn Huygens en 1979, le Prix des Lettres Néerlandaises en 1986, le Grand Prix de l’humour noir en 1989, le Prix International Pier Paolo Pasolini en 1997, le Prix de Littérature Aristeion en 1998, le Prix Nonino en 2000, et le Preis für Europäische Poesie en 2001.

Pendant une dizaine d’années, Hugo Claus fut le compagnon de l’actrice Sylvia Kristel. Ils ont eu un fils, Arthur, né le 10 février 1975, qui est comédien.

Éphéméride 4 avril 1902 naissance de Louise de Vilmorin

Louise Levêque de Vilmorin est un écrivain français, née le 4 avril 1902 à Verrières-le-Buisson (Essonne) où elle est morte le 26 décembre 1969.

Née dans le château familial d’une célèbre famille de botanistes et grainetiers, elle est la seconde fille de Philippe de Vilmorin et de son épouse, Mélanie de Gaufridy de Dortan. Elle se fiance en 1923 à Antoine de Saint-Exupéry mais épouse finalement en 1925 un Américain, Henry Leigh Hunt (1886 – 1972) et s’installe à Las Vegas, au Nevada. Trois filles naissent de ce mariage: Jessica, Alexandra et Elena.

Divorcée, elle épouse en 1938 en secondes noces le comte Paul Pálffy ab Erdöd (1890 – 1968), dont elle divorce en 1943. Ces années sont pour Louise « les plus belles de [sa] vie. »

Elle devient ensuite la maîtresse de Paul Esterházy de Galántha (1901 – 1964), à partir de 1942, puis de Duff Cooper, ambassadeur de Grande-Bretagne.

La femme de lettres voyage beaucoup et séjourne fréquemment en Suisse chez son ami le prince Sadruddin Aga Khan. En 1961 elle fait la connaissance à Genève, par le biais d’un de leurs amis communs Jean-Louis Mathieu, du peintre genevois Émile Chambon et se prend d’amitié pour lui. Le 10 mai 1962 se tient à son initiative le vernissage d’une grande exposition Chambon à la galerie Motte à Paris, dont elle préface le catalogue.

Elle termine sa vie avec un amour de jeunesse, André Malraux.

Louise de Vilmorin publie son premier roman,
Sainte-Unefois en 1934, sur les encouragements d’André Malraux, puis, entre autres, Fiançailles pour rire (1939), Julietta (1951) et Madame de… (1951).

Elle publie aussi plusieurs recueils de poèmes dont
Le Sable du Sablier (1945) et L’Alphabet des aveux (1954). Sa fantaisie se manifeste dans les figures de style dont elle est friande, notamment les holorimes (qu’elle écrit « olorime ») et les palindromes dont elle a écrit un grand nombre et de grande taille.

Francis Poulenc fait d’elle l’égale de Paul Éluard et de Max Jacob. Il trouve dans ses poèmes « une sorte d’impertinence sensible, de libertinage, de gourmandise qui prolongeait dans la mélodie ce que j’avais exprimé, très jeune, dans
Les Biches avec Marie Laurencin. »

Elle a travaillé également comme scénariste et dialoguiste pour plusieurs longs métrages,
Les Amants en 1957, La Française et l’Amour en 1960, et est apparue en tant qu’actrice dans Amélie ou le Temps d’aimer (1961) de Michel Drach et Teuf-teuf (1963) de Georges Folgoas.

Éphéméride 3 avril 1862 publication des «Misérables» de V. Hugo

Victor Hugo a déjà fêté ses soixante ans lorsque sont publiés simultanément, le 3 avril 1862, à Bruxelles, chez Lacroix, Verboeckhoven et Cie, à Paris chez Michel Lévy et Pagnerre, les deux premiers volumes des Misérables.

Commencée en 1845, sous le titre
Les Misères, cette somme hugolienne, œuvre immense, classée au patrimoine littéraire national, jouit dès le début de sa publication d’un succès considérable.

Avec
Les Misérables, sa gloire va atteindre une dimension planétaire inconnue jusque-là dans le domaine littéraire. Et, plus important encore, une nouvelle conscience sociale va émerger dans la société occidentale.

Roman phare de Victor Hugo,
Les Misérables sont le fruit d’une longue gestation. Dès 1828, le jeune écrivain, tout royaliste qu’il est, envisage un grand roman sur le thème de la misère. Commence la période de la documentation avec collecte de coupures de presse, visite des lieux (bagnes, usines ou champ de bataille de Waterloo), et recueil de témoignages.

L’écriture elle-même commence le 7 novembre 1845, pour un premier jet se déroulant jusqu’en 1848.

Mais la politique interrompt l’œuvre de création d’Hugo qui assiste indigné à l’abdication de Louis-Philippe et plus tard au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte.

Avant d’être obligé de fuir, il court de barricade en barricade, expérience qui deviendra un des temps forts de son roman où il met en scène le petit Gavroche, tout droit sorti de
La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix, peint en 1830. L’exil lui offre le calme pour reprendre la plume, de 1860 à 1862.

Entre-temps, le projet a évolué, ses idées sociales étant devenues plus claires. Il ne s’agit plus des
Misères, abstraction de l’état de pauvreté d’une partie de la population, mais des Misérables, incarnation du peuple souffrant à travers quelques personnages types.

Il faut trois mois, d’avril à juin 1862, pour publier les dix volumes des
Misérables. Le peuple est séduit. On dit que dans les ateliers, les ouvriers se cotisent pour acheter les ouvrages et se les passer de main en main.

Mais les lettrés font la grimace. Peut-être parce que l’attente était énorme, la désillusion se révèle cruelle. Les critiques consternées se multiplient
: contre le style tout d’abord, « intentionnellement incorrect et bas » (Gustave Flaubert) censé plagier le parler populaire. Puis contre le fond, qui dérange: ne risque-t-il pas de donner de faux espoirs au peuple, de lui faire miroiter cette « passion de l’impossible […]: l’extinction de toutes les misères » (Alphonse de Lamartine)? Baudelaire confesse dans une lettre à sa mère: « Ce livre est immonde et inepte » (11 août 1862).
Les républicains lui reprochent de donner en exemple un prêtre (Monseigneur Bienvenu), les catholiques d’accuser Dieu d’être à l’origine de la misère. Voici Hugo vilipendé pour avoir engendré
« le livre le plus dangereux de ce temps » (Jules Barbey d’Aurevilly). Mais n’était-ce pas son but?

Les Misérables est un des premiers romans centré sur le peuple, non pour faire peur aux lecteurs, mais pour dénoncer les conditions de vie des plus humbles. Il n’a été précédé dans cette voie que par Les Mystères de Paris et en Angleterre par David Copperfield (1849, Charles Dickens).

À travers ses personnages, c’est l’homme dans sa diversité et sa fragilité qu’il dépeint
: Jean Valjean (Jean « V’la Jean ») le courageux, Fantine (« l’enfant ») la victime, Cosette (« la petite chose ») et Gavroche, les enfants martyrs, les Thénardier et Javert, la cruauté et l’acharnement.

Éphéméride 2 avril 1840 naissance d'Emile Zola

Né à Paris le 2 avril 1840, mort dans la nuit du 28 au 29 septembre 1902 à Paris, Émile Zola est le fils de Francesco Zola et d’Émilie Aubert.

D’origine italienne, son père Francesco Zola après avoir été officier d’artillerie devient ingénieur civil. À l’âge de quarante ans, il conçoit un projet de canal à Aix-en-Provence qui pourra ravitailler la ville en eau potable. C’est pendant ce chantier qu’il trouve la mort le 27 mars 1847.

Zola passe son enfance et son adolescence à Aix-en-Provence. Au collège Bourbon, il a pour meilleur camarade Paul Cézanne.
La mort de Francesco Zola laisse la mère d’Émile dans une situation très difficile. Elle va donc aller habiter chez ses parents en 1858. Émile Zola qui a dix-huit ans entre au lycée Saint-Louis en tant que boursier.

Après avoir passé les épreuves du bac à deux reprises sans succès, il prend un emploi de commis des Douanes qu’il ne conservera que trois mois. En 1862 Zola entre aux éditions Hachette en tant que manutentionnaire pour cent francs par mois.

Zola rêve de devenir écrivain, admirateur d’Alfred de Musset, il écrit des poèmes et va jusqu’à en proposer un à son patron. Ce dernier impressionné le fait passer au service de presse de Hachette où il côtoiera des gens tels qu’Ernest Renan, Hippolyte Taine et Edmond About. En quelques mois, il devient chef de la publicité chez Hachette.

À partir de 1863, Zola collabore à différents journaux. Cette activité de journaliste occupera toujours une place essentielle dans sa vie. En 1866, il anime dans « l’Événement » la chronique littéraire. À « l’Illustration », il donne deux contes. Il écrit dans un journal alors de gauche, le « Figaro », dans le « Globe », le « Gaulois » et la « Libre Pensée ». En 1871, il est journaliste parlementaire à la « Cloche » et collaborateur régulier du « Sémaphore de Marseille » et du « Messager de l’Europe ».

Zola a commencé à écrire des poèmes, mais très vite il se tourne vers le roman. Son premier livre « Contes à Ninon » inspiré des œuvres d’Alfred de Musset, parait en 1864. Après deux ou trois autres parutions, c’est en 1868 que la critique et le public commence à s’intéresser à Zola avec la parution de « Thérèse Raquin ».

Il a l’idée d’écrire un nouveau roman basé sur les lois de l’hérédité au sein de plusieurs générations d’une famille qui aura pour nom les Rougon-Macquart. Cette famille sera originaire d’Aix qui deviendra Plassans. L’éditeur Charpentier, lui faisant confiance pour ce projet, versera à Zola cinq cents francs chaque mois. Avec une régularité à toute épreuve, Zola va écrire trois pages chaque jour ce qui va représenter à la fin de l’année un roman en deux volumes.

La Fortune des Rougon, La Curée, Le Ventre de Paris, La Conquête de Plassans, La Faute de l’abbé Mouret et Son Excellence Eugène Rougon paraîtront ainsi de 1871 à 1876. Pourtant ce n’est pas encore le succès attendu.

Zola écrit
L’Assommoir qu’il publie en 1877. C’est le scandale et la gloire en même temps. On lui reproche en fait de décrire une dure réalité sans complaisance, avec un souci du détail propre à un homme extrêmement bien documenté. Les attaques contre Émile Zola, d’une très grande violence, se font de plus en plus nombreuses.

Il continue avec la série des Rougon en publiant
Une Page d’amour en 1878, puis Nana en 1879. C’est à nouveau un scandale avec ce livre qui parle des demi-mondaines. Les adversaires de Zola l’accusent d’être un écrivain pornographique tandis que Gustave Flaubert l’admire pour ce talent à facettes multiples. Le public va s’arracher les exemplaires de Nana.

Émile Zola publie de 1882 à 1884 cinq nouveaux romans : Pot-Bouille, Le Capitaine Bourle, Au Bonheur des Dames, La Joie de Vivre et Naïs Micoulin.

Puis en 1885 parait
Germinal. C’est très certainement le roman le plus documenté de Zola. Il est descendu dans la mine, a parlé avec les ouvriers et les ingénieurs. C’est un grand succès et ses ennemis de moins en moins nombreux sont bien obligés de reconnaître cet immense talent.

En 1888 Jeanne Rozerot, entre au service des Zola. C’est le coup de foudre. Émile conçoit pour elle un amour d’autant plus fort qu’elle lui donne deux enfants qu’il n’avait jamais pu avoir avec sa femme Alexandrine. Jeanne élève Denise et Jacques dans le culte de leur père. Pour autant, celui-ci n’abandonne pas la compagne de sa jeunesse mais cette double vie le désespère : « J’avais fait le rêve de rendre tout le monde heureux autour de moi, mais je vois bien que cela est impossible. »

Il publie en 1890
La Bête Humaine, et termine la série des Rougon qu’il avait commencée en 1871 en publiant le Docteur Pascal en 1893. De 1894 à 1898 il publie la série des Trois Villes, puis de 1899 à 1903 celle des Quatre Évangiles dont « Vérité » sera publié après sa mort et « Justice » qu’il n’aura pas eu le temps d’écrire.

Éclate alors l’affaire Dreyfus. Le capitaine Alfred Dreyfus est condamné à la déportation à l’Île du Diable pour haute trahison. Lors de la révision de son procès un certain nombre de personnalités telles que Jaurès et Clemenceau découvrent que le capitaine Dreyfus est innocent et tentent de le défendre. Peine perdue, le véritable coupable est acquitté.

Émile Zola étudie ce dossier de plus près ; il recoupe les faits et acquiert la certitude que le capitaine Alfred Dreyfus est innocent. Son premier article parait dans le Figaro le 25 novembre 1897. Zola va s’adresser directement au président Félix Faure dans une lettre ouverte intitulée « 
Lettre à Monsieur Félix Faure, Président de la République » que Clemenceau publie dans son journal L’Aurore sous le titre « J’accuse » le 13 janvier 1898.

Menacé d’arrestation, Émile Zola se réfugie en Angleterre où il restera onze mois.

Le 29 septembre 1902 Émile Zola meurt asphyxié dans sa chambre probablement assassiné par un membre de l’extrême droite à cause de son combat aux côtés de Dreyfus. Une foule immense assiste à ses funérailles. Ses cendres reposent au Panthéon.