Passion Lettres Deux
Anouilh

Éphéméride 3 octobre 1987 décès de Jean Anouilh


Jean Anouilh est né en 1910 à Bordeaux (France). Son père est tailleur et sa mère est musicienne et professeur de piano. En 1923, Anouilh se découvre une passion pour le théâtre alors qu'il étudie à Paris au lycée Chaptal. Il est ensuite frappé par deux œuvres marquantes : Les Mariés de la tour Eiffel de Cocteau en 1921, et Siegfried de Giraudoux en 1928.
Après des études de droit à Paris puis deux ans de travail dans une agence de publicité, il devient le secrétaire de Louis Jouvet en 1929. Les relations entre les deux hommes sont difficiles. En 1931, il se marie avec la comédienne Monelle Valentin, qui incarnera notamment Antigone en 1944. Ils ont une fille en 1934, qui sera elle aussi comédienne, et créera la pièce que son père a tout spécialement écrite pour elle,
Cécile ou l'École des pères (1954).
En 1932, la première pièce d'Anouilh connaît un échec : il s'agit d'
Humulus le muet. Quelques mois plus tard sort L'Hermine qui lui offre un succès d’estime. Il faut attendre 1937 pour qu’il connaisse son premier grand succès avec Le Voyageur sans bagages. L’année suivante le succès de sa pièce La Sauvage confirme sa notoriété et met fin à ses difficultés matérielles.
Il monte
Le Bal des voleurs en 1938.

Puis éclate la seconde guerre mondiale. Pendant l’occupation, Jean Anouilh continue d’écrire (
Eurydice, en 1942). Il ne prend position ni pour la collaboration, ni pour la résistance. Ce non-engagement lui sera reproché.

En 1944 est créée
Antigone. Cette pièce connaît un immense succès public mais engendre une polémique. Certains reprochent à Anouilh de défendre l’ordre établi en faisant la part belle à Créon. En 1945, il s’engage en vain pour essayer de sauver l’écrivain collaborateur Robert Brasillach de la peine de mort. Cette exécution le marque profondément.

Après la guerre, Jean Anouilh poursuit sa création à un rythme soutenu. En 1947 il écrit
L’invitation au château, une des premières «pièces brillantes». L’année suivante, Ardèle ou la Marguerite révèle une nouvelle facette du style de Jean Anouilh : les «pièces grinçantes».

En 1953, le succès de
L’Alouette («pièce costumée») rivalise avec celui d’Antigone. La même année, Jean et Monelle divorcent. Anouilh se remarie avec Nicole Lançon, une autre comédienne. Ils travaillent ensemble, et auront trois enfants.
Après une période de répit, trois nouvelles pièces sont publiées en 1959 :
L’Hurluberlu ou le réactionnaire amoureux, Le petit Molière et Becket ou l’honneur de Dieu, cette dernière obtenant immédiatement le succès.

Après l’échec de
La grotte (1961), Jean Anouilh se tourne vers la mise en scène. Il monte successivement Tartuffe (Molière), Victor ou les enfants au pouvoir (Roger Vitrac), L’Acheteuse (Steve Pasteur), et Richard III (William Shakespeare). Le rythme de ses publications personnelles diminue donc : seules trois pièces verront le jour d’ici à 1968. Mais en 1969, un de ses chefs-d’œuvre réaffirme son talent : Cher Antoine ou l’amour raté («pièce baroque»).

Il écrira encore plusieurs pièces dans les années soixante-dix, dont certaines lui vaudront le qualificatif «d’auteur de théâtre de distraction». Son œuvre, avec le temps, révèle un pessimisme profond.

Anouilh meurt le 3 octobre 1987 à Lausanne.