Passion Lettres Deux

Éphéméride 2 janvier 1884 naissance de Jacques Chardonne

Jacques Boutelleau, en littérature Jacques Chardonne, naît à Barbezieux le 2 janvier 1884. Son grand-père maternel est l’industriel américain David Haviland, fondateur de la fameuse manufacture de porcelaine de Limoges. Son père, Charentais de vieille souche, dirige une importante maison de cognac.

Jacques Chardonne a dix-huit ans lorsque ses parents, subitement ruinés, quittent la province pour Paris. Il s’inscrit à la faculté de droit et à l’École de sciences politiques. Ses études terminées, il accomplit son service militaire au Havre mais atteint de tuberculose il est réformé.
Il devient le collaborateur et le commanditaire de l’éditeur P.V. Stock chez qui il fera publier Apollinaire et Géraldy.
La guerre éclate. Chardonne est versé dans l’armée auxiliaire puis réformé définitivement. Il s’installe en Suisse, dans le village de Chardonne-sur-Vevey dont il prend le nom. En 1921, il publie l’
Épithalame chez Stock dont il vient de prendre la direction. En 1927, Chardonne publie son second roman, le Chant du bienheureux. Éva et Claire, qui paraissent en 1930 et 1931, établissent la réputation de Chardonne, romancier du couple.
Suit un silence de six années, marquées par des péripéties intimes, divorce, nouvelle rechute de santé, remariage et installation à la Frette (1925).
Avec les
Destinées sentimentales, Chardonne fait le portrait de la bourgeoisie de manufacturiers et de négociants en cognac qu’il a connue dans sa prime jeunesse. Romanesques (1936) marque la fin de sa première période.
Pendant plusieurs années, il abandonne le roman pour faire œuvre d’essayiste. Se situant dans la tradition d’un conservatisme libéral, il se veut défenseur des valeurs traditionnelles dans
Chronique privée de l’an 40, publié en 1941, où quelques pages ayant trait aux causes de la défaite provoquent le scandale. Voir la figure, troisième volet de ses réflexions, envisage l’éventualité d’une Europe unifiée sous l’égide de l’Allemagne. Bien que Chardonne, dès 1942, revienne nettement sur ses positions en supprimant dans une nouvelle édition les pages qui prêtaient à polémique, il sera arrêté et emprisonné à la Libération puis remis en liberté sur ordonnance d’un non-lieu.
Chimériques (1948) et surtout Vivre à Madère (1953) marquent son retour au roman. Il publiera encore le Ciel dans la fenêtre (1959) et Demi-jour (1964), chefs-d’œuvre de prose musicale qui mêlent librement les souvenirs et les réflexions, avant de mourir à La Frette (Val d’Oise), âgé de quatre-vingt-quatre ans, le 29 mai 1968.

Collaborateur jusqu'au bout, Chardonne a davantage dénoncé les crimes de l'épuration que la barbarie nazie. Pourtant son fils Gérard Bouttelleau, résistant, avait été interné au camp d'Oranienbourg.