Passion Lettres Deux

Livre du jour Daudet la Belle Nivernaise

INCIPIT

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La rue des Enfants-Rouges, au quartier du Temple. Une rue étroite comme un égout, des ruisseaux stagnants, des flaques de boue noire, des odeurs de moisi et d’eau sale sortant des allées béantes.

De chaque côté, des maisons très hautes, avec des fenêtres de casernes, des vitres troubles, sans rideaux, des maisons de journaliers, d’ouvriers en chambre, des hôtels de maçons et des garnis à la nuit. Au rez-de-chaussée, des boutiques. Beaucoup de charcutiers, de marchands de marrons ; des boulangeries de gros pain, une boucherie de viandes violettes et jaunes. Pas d’équipages dans la rue, de falbalas, ni de flâneurs sur les trottoirs, – mais des marchands de quatre saisons criant le rebut des Halles, et une bousculade d’ouvriers sortant des fabriques, la blouse roulée sous le bras. C’est le huit du mois, jour où les pauvres payent leur terme, où les propriétaires, las d’attendre, mettent la misère à la porte.

DAUDET, ALPHONSE : La Belle-Nivernaise - Légendes et récits: Jarjaille chez le bon Dieu - La Figue et le paresseux - Premier habit - Les Trois Messes basses - Le Nouveau maitre - Nouvelles - Contes

Livre du jour Alphonse Daudet Jack

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ALPHONSE DAUDET, Jack

En décembre 1858, refusé par l’institution jésuite de Vaugirard, Jack, fils adultérin d’Ida de Barancy, une demi-mondaine, échoue dans le collège insalubre du mulâtre Moronval. Ida succombe au charme d’un des professeurs, le rimailleur d’Argenton, et quitte son riche amant pour son poète. Jack s’enfuit du collège et rejoint le couple après maintes tribulations. L’intelligence de l’enfant se développe au contact du docteur Rivals. Mais d’Argenton, qui ne l’aime pas, décrète qu’il sera ouvrier. Dans une île bretonne, Jack apprend son dur métier de fondeur chez les Roudic…

Roman noir, comme le
Petit Chose, inspiré par une histoire authentique, Jack reprend la trame d’une enfance malheureuse, alors à la mode. La narration se centre sur le destin de Jack et en souligne l’implacable et fatal développement.

ALPHONSE DAUDET, Jack


Livre du jour Alphonse Daudet La Doulou


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La Doulou d’Alphonse Daudet
« Qu’est-ce que vous faites en ce moment? — Je souffre. »
Alphonse Daudet contracta la syphilis très jeune, à l’âge de 18 ou 20 ans. Tout le monde en souffrait alors plus ou moins, selon le mot de Flaubert, en particulier les jeunes bourgeois et artistes comme Maupassant ou Jules de Goncourt. Ce qui nous vaut un extraordinaire et terrifiant témoignage de l’auteur du
Petit Chose et des Lettres de mon moulin sur l’atroce maladie qu’on appelle à l’époque tabes dorsalis ou tabès, littéralement consomption dorsale. Ses principales manifestations sont l’ataxie locomotrice (inaptitude à contrôler ses mouvements) puis la paralysie. Avant la pénicilline, on essaie de nombreux remèdes, exercices et palliatifs: laudanum, étirements de la colonne vertébrale, suspendu à la mâchoire, mercure. Daudet usa de toutes sortes de remèdes et cures, en particulier la morphine.
L’écriture fut une autre manière de réagir. Il envisage très vite un livre qui s’appellera
La Doulou, la douleur en provençal. Il s’agit d’une cinquantaine de pages sur les angoisses, les symptômes, et la vie sociale dans les établissements de cure: « En haut de la maladie nerveuse, son échelon suprême, son couronnement: la rage. » Dans ce texte rédigé de 1885 à 1895, resté longtemps secret – il ne fut publié qu’en 1930, alors que Daudet était mort en 1897 – l’écrivain décrit la progression du mal et note nombre de scènes tragi-comiques notées dans les stations dictante dolore, sous la dictée de la douleur. « Le drôle de petit vieux que je suis tout à coup devenu. Sauté de 45 ans à 65. Vingt ans que je n’ai pas vécus».
Texte intégral: ici