Villiers
Livre du jour Villiers de l'Isle Adam Contes cruels
25/09/15 21:19 Classé dans : Littérature
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Il y a quelques années, florissait, orgueil de nos boulevards, certain vaste et lumineux café, situé presque en face d'un de nos théâtres de genre, dont le fronton rappelle celui d'un temple païen. Là, se réunissait quotidiennement l'élite de ces jeunes gens qui se sont distingués depuis, soit par leur valeur artistique, soit parleur incapacité, soit par leur attitude dans les jours troubles que nous avons traversés. Parmi ces derniers, il en est même qui ont tenu les rênes du char de l'Etat. Comme on le voit, ce n'était pas de la petite bière que l'on trouvait dans ce café des Mille et une nuits. Le bourgeois de Paris ne parlait dece pandémonium qu'en baissant le ton. Souventes fois, le préfet de la ville y jetait négligemment, en manière de carte de visite, une touffe choisie, un bouquet inopiné de sergents de ville ; ceux−ci, de cet air distrait et souriant qui les distingue, y époussetaient alors, en se jouant, du bout de leurs sorties−de−bal, les têtes espiègles et mutines. C'était une attention qui, pour être délicate, n'en n'était pas moins sensible. Le lendemain, il n'y paraissait plus.
VILLIERS DE LISLE-ADAM , AUGUSTE : Contes cruels - Nouveaux contes cruels
Il y a quelques années, florissait, orgueil de nos boulevards, certain vaste et lumineux café, situé presque en face d'un de nos théâtres de genre, dont le fronton rappelle celui d'un temple païen. Là, se réunissait quotidiennement l'élite de ces jeunes gens qui se sont distingués depuis, soit par leur valeur artistique, soit parleur incapacité, soit par leur attitude dans les jours troubles que nous avons traversés. Parmi ces derniers, il en est même qui ont tenu les rênes du char de l'Etat. Comme on le voit, ce n'était pas de la petite bière que l'on trouvait dans ce café des Mille et une nuits. Le bourgeois de Paris ne parlait dece pandémonium qu'en baissant le ton. Souventes fois, le préfet de la ville y jetait négligemment, en manière de carte de visite, une touffe choisie, un bouquet inopiné de sergents de ville ; ceux−ci, de cet air distrait et souriant qui les distingue, y époussetaient alors, en se jouant, du bout de leurs sorties−de−bal, les têtes espiègles et mutines. C'était une attention qui, pour être délicate, n'en n'était pas moins sensible. Le lendemain, il n'y paraissait plus.
VILLIERS DE LISLE-ADAM , AUGUSTE : Contes cruels - Nouveaux contes cruels