Livre du jour A. de Musset Lorenzaccio
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La scène est à Florence.
ACTE PREMIER
SCENE PREMIERE
Un jardin. - Clair de lune; un pavillon dans le fond, un autre sur le devant.
Entrent LE DUC et LORENZO, couverts de leurs manteaux;
GIOMO, une lanterne à la main.
LE DUC
Qu'elle se fasse attendre encore un quart d'heure, et je m'en vais. Il fait un froid de tous les diables.
LORENZO
Patience, Altesse, patience.
LE DUC
Elle devait sortir de chez sa mère à minuit; il est minuit, et elle ne vient pourtant pas.
LORENZO
Si elle ne vient pas, dites que je suis un sot, et que la vieille mère est une honnête femme.
LE DUC
Entrailles du pape! avec tout cela je suis volé d'un millier de ducats.
LORENZO
Nous n'avons avancé que moitié. Je réponds de la petite. Deux grands yeux languissants, cela ne trompe pas. Quoi de plus curieux pour le connaisseur que la débauche à la mamelle? Voir dans une enfant de quinze ans la rouée à venir; étudier, ensemencer, infiltrer paternellement le filon mystérieux du vice dans un conseil d'ami, dans une caresse au menton; tout dire et ne rien dire, selon le caractère des parents; - habituer doucement l'imagination qui se développe à donner des corps à ses fantômes, à toucher ce qui l'effraye, à mépriser ce qui la protège! Cela va plus vite qu'on ne pense; le vrai mérite est de frapper juste.
Alfred de Musset, Lorenzaccio
Livre du jour Alfred de Musset Caprices de Marianne
INCIPIT
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Scène première
Une rue devant la maison de Claudio.
Marianne, sortant de chez elle un livre de messe à la main.
Ciuta, l’abordant.
CIUTA. – Ma belle dame, puis-je vous dire un mot ?
MARIANNE. – Que me voulez-vous ?
CIUTA. – Un jeune homme de cette ville est éperdument amoureux de vous ; depuis un mois entier, il cherche vainement l’occasion de vous l’apprendre ; son nom est Coelio ; il est d’une noble famille et d’une figure distinguée.
MARIANNE. – En voilà assez. Dites à celui qui vous envoie qu’il perd son temps et sa peine et que s’il a l’audace de me faire entendre une seconde fois un pareil langage j’en instruirai mon mari. (Elle sort.)
Alfred de Musset Les caprices de Marianne
Comédie en deux actes
Publiée en 1833, représentée pour la première fois à Paris, le 14 juin 1851, à la Comédie-Française.
Livre du jour Alfred de Musset On ne badine pas…
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«Doucement bercé sur sa mule fringante, maître Blazius s’avance dans les
bluets fleuris, vêtu de neuf, l’écritoire au côté. Comme un poupon sur
l’oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et les yeux à demi fermés, il
marmotte un Pater noster dans son triple menton. Salut, maître Blazius ;
vous arrivez au temps de la vendange, pareil à une amphore antique.»
Musset, On ne badine pas avec l’amour