Monzie les Veuves abusives

Anatole de Monzie, Les Veuves abusives

avec une préface d'Emmanuel Pierrat


Les grands hommes ont quelquefois de petites femmes. Thérèse Levasseur partagea trente-trois années durant la vie de Jean-Jacques Rousseau — quoiqu'elle n'ait jamais appris à lire —, et, à la mort de l'écrivain, courut se jeter dans les bras d'un valet d'écurie; Caroline Massin, entrée au lit du philosophe Auguste Comte en sa qualité de prostituée, se piqua de mathématiques pour y rester; Athénaïs Michelet, Cosima Wagner, Sophie Tolstoï… elles sont huit, mesquines entre toutes, à avoir été choisies par Anatole de Monzie, huit «femmes de» dont le mérite n'est jamais allé plus loin. Elles ont «assassiné leur mari après sa mort». Elles sont les Veuves abusives.
(extrait, Thérèse Levasseur, veuve de Jean-Jacques Rousseau) « Thérèse n’a pas tué Jean-Jacques, lequel succomba dans un accident d’artériosclérose, alors qu’il venait de ramasser à travers la campagne du mouron pour les petits oiseaux. Mais il arrive qu’on assassine les grands hommes après leur mort. On les assassine dans leur nom, leur renommée et le confiant espoir de leurs suprêmes tendresses. Il y a des trahisons instantanées qui affectent le caractère d’infamies rétroactives. La veuve qui n’attend pas d’avoir posé son voile pour courir au rendez-vous du mâle, découvre d’un geste la turpitude et la duperie des jours anciens. »

Ouvrage de 1936 réédité dans la collection des
Cahiers Rouges de Grasset