2015

Tardi-Manchette Ô dingos, ô châteaux

Après Le Petit Bleu de la côte Ouest et La Position du tireur couché, Jacques Tardi a poursuivi sa mise en images des polars de Jean-Patrick Manchette par le surprenant Ô dingos, ô châteaux ! (Futuropolis). Noir à souhait, ce nouvel album nous saisit comme une grenade à fragmentation. Éclaboussures de sang comprises…
Troisième œuvre de Manchette, Ô dingos, ô châteaux ! se montre parfois maladroite, selon François Guérif (qui signe une belle préface), mais elle installe pour la première fois l'auteur dans le sacro-saint univers des polars. Le coup d'essai se transforme en coup de maître car Manchette obtient le Grand Prix de la littérature policière 1973 avec ce titre. Amateur du genre mais version US, il en a repris les codes et signait ici un road movie atypique, cinglant et déjanté. 
Avant de se terminer dans un bain de sang quasi apocalyptique et décapant, l'histoire prend sa source d'hémoglobine dans le rapt d'un enfant, Peter, et de sa nurse, Julie. Cette dernière sort d'un institut psychiatrique et a été embauchée par Michel Hartog, un puissant industriel philanthrope, pour garder son jeune neveu. Tout dérape quand Thompson, tueur à gages plus torturé par son estomac que par ses victimes, les kidnappe. Mais Julie n'est pas aussi bête qu'on peut le croire et va défendre le petit bec et ongles.
Pour sa troisième adaptation, Tardi maîtrise son sujet et colle à la peau de ce polar violent. Son road movie est un modèle du genre. Grâce à son sens du rythme, on arrive déjà bien amoché avant le grand final dans le «château» du Massif Central. La suite est une orgie de sang, de chair et d'os à l'ombre des vieilles pierres. Du grand art !

Marcel Proust le musicien

Marcel Proust Le Musicien
(Livre+ 2 CD)
interprètes: Sandra Moubarak (piano), Anthony Leroy (violoncelle) label: Decca Proust était un vrai fanatique de musique. A tel point qu'elle transparaît dans toute son oeuvre littéraire. On connait bien la célèbre Sonate de Vinteuil qui revient tout au long d' A la recherche du temps perdu, sonate qui serait en fait l'oeuvre de César Franck... Mais la passion de Proust pour la musique ne se résume pas à cette seule sonate. Dans sa Recherche, il développe véritablement une esthétique et une philosophie de la musique. Ses livres sont emplis des noms des musiciens qu'il aime - Saint-Saëns, Debussy, Fauré dont il se dit amoureux. C'est cet amour de la musique que le violoncelliste Anthony Leroy et la pianiste Sandra Moubarak ont voulu nous montrer... Les deux disques alternent des extraits de livres, lus par Romane Bohringer ou Michael Lonsdale, et différentes pièces musicales joués par les deux musiciens rejoints par Magalie Léger et Tedi Pappavrami.

Calasso La Folie Baudelaire

Présentation de l'éditeur:

C’est « la vague Baudelaire » et ses effets dans l’art et la littérature que Roberto Calasso analyse et raconte ici avec l’érudition et le talent narratif qui sont les siens. S’appuyant sur un réseau enchevêtré de citations et de rapprochements, le grand écrivain italien nous propose de déambuler dans un Salon imprévisible où seraient exposées des images de toutes sortes, il nous fait circuler dans les méandres de ce système nerveux qui s’appelait Baudelaire, il nous introduit, enfin, dans un monde réel ou fantasmé peuplé par des personnages comme Ingres, Delacroix, Manet, Courbet, Sainte-Beuve, Flaubert, Rimbaud, Mallarmé, Lautréamont, Degas, Valéry…
La Folie Baudelaire se constitue autour d’un emblème qui remonte à Sainte-Beuve
:

« M.
 Baudelaire a trouvé moyen de se bâtir, à l’extrémité d’une langue de terre réputée inhabitable et par-delà les confins du romantisme connu, un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux, où on lit de l’Edgar Poe, où l’on récite des sonnets exquis, où l’on s’enivre avec le haschisch pour en raisonner après, où l’on prend de l’opium et mille drogues abominables dans des tasses d’une porcelaine achevée. Ce singulier kiosque, fait en marqueterie, d’une originalité concertée et composite, qui, depuis quelque temps, attire les regards à la pointe extrême du Kamtchatka romantique, j’appelle cela la Folie Baudelaire.
L’auteur est content d’avoir fait quelque chose d’impossible, là où on ne croyait pas que personne pût aller
 ».

L’enjeu de ce livre est de montrer, avec le maximum de précision possible, que cette Folie attrayante, désolée et dangereuse eut, après Baudelaire, bien d’autres visiteurs, puisque finalement ce lieu se révélera coïncider avec le territoire de la littérature absolue.


Biographie de l'auteur
Romancier, essayiste et éditeur, Roberto Calasso est né à Florence en 1941. Il vit à Milan, où il dirige les éditions Adelphi. Il a notamment publié aux Éditions Gallimard La ruine de Kasch (Du monde entier, 1987), Les noces de Cadmos et Harmonie (Du monde entier, 1991, Folio n° 2517), Ka (Du monde entier, 2000, Folio n° 4465), Le fou impur (Arcades, 2000), La littérature et les dieux (Du monde entier, 2002), K. (Du monde entier, 2005), Le rose Tiepolo (Du monde entier, 2009).

  • Broché: 485 pages
  • Éditeur: Éditions Gallimard (20 octobre 2011)
  • Collection: NRF Essais
  • Langue: Français
  • ISBN-10: 2070128806
  • ISBN-13: 978-2070128808

Aventures du baron de Münchhausen

Le (vrai) baron de Münchhausen est mort un 22 février. Relisez le récit (romancé...) de ses aventures sur Gallica, traduit par le bon Théo.


Aventures du baron de Münchhausen [par A. G. Bürger, Kärstner et Lichtenberg], traduction nouvelle
gallica.bnf.fr
Kästner, Abraham Gotthelf (01) - Aventures du baron de Münchhausen [par A. G. Bürger, Kärstner et Lichtenberg], traduction nouvelle par Théophile Gautier fils, illustrées par Gustave Doré - 1862 - monographies

Claude Simon Quatre conférences

Claude Simon, Quatre conférences
Les romans de Claude Simon éclairaient souvent sa réflexion d'écrivain, tout autant que ses lectures longuement méditées. À l'occasion de plusieurs conférences il a exprimé ce travail particulier, aussi distinct d'une théorie littéraire que d'une pensée philosophique dont il se défiait sans cesse. Chacune de ses « causeries » (disait-il) devenait la matière première de la suivante comme si l’écrivain affinait sans cesse un propos toujours inachevé à ses yeux. Les quatre conférences réunies dans ce livre, prononcées entre 1980 et 1993, sont ainsi des réécritures ultimes et marquent le point le plus abouti de considérations toujours très réfléchies à partir de quatre objets : La Recherche du temps perdu, la mémoire, la poétique et l’écriture. Entre elles, de nombreux échos ou des références récurrentes font choeur, assez pour faire entendre que leur auteur ne séparait pas des préoccupations que l’exercice de la conférence oblige à dissocier. Chacune est établie à partir de dactylogrammes annotés et numérotés, complétés parfois d’une feuille manuscrite où les sources, soigneusement recopiées, demeuraient ainsi à part. Les mentions orales indiquant une citation ont été supprimées : l’usage des guillemets renseigne assez le lecteur. Par souci de fidélité au dactylogramme, les notes font référence aux éditions citées par Claude Simon et nous avons indiqué, entre parenthèses, la correspondance avec une édition plus récente et plus accessible. Enfin, la bibliothèque de l’écrivain a parfois permis de préciser l’origine d’une citation choisie en dehors de son contexte original. Réa Simon a ouvert autant que nécessaire l’accès aux archives comme à la bibliothèque : je la remercie et plus encore d’avoir toujours soutenu et facilité le principe de cette édition.

Paris : Les Editions de Minuit, 2012 128 p. 13,50 € EAN 9782707322210