Max Jacob et le poème en prose

Un article de Jiří Látal sur Le poème en prose selon Max Jacob, dont voici la conclusion:


« Notre analyse, quoique macroscopique et rapide, nous autorise cependant à situer
Max Jacob, auteur du
Cornet à dés, par rapport aux autres représentants du même
genre poétique. Nos points de repère seront Baudelaire et Rimbaud.
À l’instar de Baudelaire, Jacob est un citadin, un promeneur nullement solitaire
: en
observant les gens, il s’observe lui-même, en parlant avec eux, en parlant d’eux – et
avec quelle volubilité
! – il nous livre son moi: voilà le manège de son lyrisme intellectualisé,
tendu vers l’inconnu, car ce causer agréable et poli se heurte aux mystères.
Ce qui le rapproche de Baudelaire, l’éloigne de Rimbaud
: la solitude infernale n’a
jamais été son lot.
Il y a pourtant un point où Jacob et Rimbaud se touchent
: leur méfiance envers la
métaphore. Ils préfèrent une approche directe du mystère de la réalité, un discours
bien charpenté, sobre, fonctionnel.
Les titres des textes dans
Le Cornet à dés sont leurs clés sémantiques; ils résument
leur contenu et orientent notre lecture.
Jacob réfléchit sur les données objectives de son existence. Il pré-médite l’aboutissement de son existence.
Les critiques mettent l’accent sur ses jeux de mots, ses écholalies, ses énormités
provoquant le rire. La qualité ludique et l’humour sont la conséquence de sa civilité et
le contre-point de son angoisse existentielle (germe d’une angoisse religieuse
?). À elle
seule, cette qualité ludique et humoristique ne constitue pas l’élément essentiel du
petit poème en prose selon Max Jacob.
 »