Jean Genet ou le miracle du nom

Jean Genet ou le miracle du nom

L’opération magnifiante de la nomination

Par FABRIZIO IMPELLIZZERI

[…] de l’enfant truqué nous avons fait un poète; il est hanté par un mot, un seul mot qu’il contemple à l’envers et qui contient son âme. Il cherche à s’y mirer comme en une glace sans tain, il passera sa vie à méditer sur un mot1.
« Le premier miracle de la légende genétienne est celui du nom. Genet est le nom de sa mère, Gabrielle Genet, qu’il n’a jamais connue et qui l’a abandonné à l’âge de sept mois. Son seul héritage, et surtout la seule trace de cette présence maternelle est ainsi renfermé en un mot, son nom: Genet, suivi d’un simple prénom: Jean. Le nom du père est resté malheureusement inconnu. Orphelin, abandonné, seul au monde et sans aucun souvenir, Jean Genet ne porte de vrai et de concret que son nom. Un nom qui, pour qui n’a rien d’autre, est tout. Ce nom, qui peut paraître banal, est l’unique preuve de son existence et le seul patrimoine qu’on lui a laissé. Il renferme en lui, toutes les sonorités de la naissance, il est l’écho sourd de sa mère, et un lien phonétique indélébile qui l’unit aux sept mois de son seul « bonheur maternel ». Voilà comment, Jean Genet vint au monde: […] »

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