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Théâtre

Éphéméride 26 octobre 1887 naissance d’Edouard Bourdet


Édouard Bourdet (1887-1945) est un auteur dramatique, journaliste, administrateur de la Comédie-Française. Il se marie en janvier 1909 avec Catherine Pozzi, poéte et écrivain. Ils ont un fils, Claude, qui sera un grand journaliste et un grand résistant.
Édouard Bourdet voit jouer sa première pièce de théâtre en 1910,
Le Rubicon, et il deviendra l'un des principaux fournisseurs du théâtre de boulevard de l'entre-deux-guerres. En 1927, dans la pièce Vient de paraître, il n'est pas tendre avec les prix littéraires, le choix par les écrivains de sujets dans un but commercial et le lancement publicitaire d'un livre et d'un auteur. Dans Le Sexe faible (1929), Édouard Bourdet fait le portrait d’hommes à la recherche de femmes qui les entretiennent. Fric-Frac est une pièce de théâtre jouée en 1936 et adaptée au cinéma en 1939. C'est un grand succès commercial. Avant la Seconde Guerre mondiale, il se bat en duel avec Henri Bernstein, son rival dans le même genre théâtral. Duel qui permet à Henri Bernstein de connaître un regain d'intérêt de la part du public. Édouard Bourdet est également l'ami de Paul Claudel et de Jean Giraudoux et il tient un salon littéraire avec sa seconde femme Denise. Édouard Bourdet eut aussi une activité tout à fait novatrice en tant qu'administrateur de la Comédie-Française de 1936 à 1940. Il est décédé en 1945.

Éphéméride 17 octobre 1915 naissance d'Arthur Miller

Arthur Miller est né à New York dans une famille juive. Son père, tailleur pour dames, s'est ruiné pendant la Grande Dépression. Arthur a fait ses études à l'université de Michigan et a travaillé à l'usine.
En 1949 il reçoit le
Pulitzer Prize et le Drama Critics Circle Award pour Mort d'un commis voyageur. Quatre ans plus tard il reçoit le Tony Award pour Vu du pont (pièce inspirée de son expérience à l'usine), Souvenir de deux lundis, Le prix, Après la chute, Incident à Vichy, The American Clock, The Archbishop's Ceiling. Il écrit également des romans et des nouvelles. Il écrit des scénarios de films dont The Misfits (Les Désaxés) joué par Marilyn Monroe (sa deuxième femme) et dirigé par John Huston, avec Clark Gable et Montgomery Clift. Comme une histoire d'amour a inspiré le film Everybody wins de Karel Reisz. En 1990 Les Sorcières de Salem et Après la chute sont joués au National Theatre à Londres. Son autobiographie, Timebends, est publiée en 1987.
En octobre 1995 il reçoit la décoration Honorary Doctorate in Letters de l'université d'Oxford et en juin 1997 il est fait Honorary Doctorate de l'University de Harvard.
Resurrection Blues, sa dernière pièce, a été jouée au Guthrie Theater en août 2002.
Arthur Miller meurt le 10 février 2005.

Éphéméride 6 octobre 1669 Molière fait jouer Monsieur de Pourceaugnac

6 octobre 1669 Molière fait jouer Monsieur de Pourceaugnac à Chambord.

Cette comédie-ballet jouée à Chambord, pour le divertissement du Roi, au mois de septembre 1669, est représentée en public à Paris, pour la première fois, sur le théâtre du Palais-Royal, le 15 novembre 1669, par la Troupe du Roi.
Dans l'œuvre de Molière, Monsieur de Pourceaugnac se situe chronologiquement après L'Avare, écrit en 1668. C'est l'une des deux comédies de ballets de Molière, sur une musique de Lulli, et l'une des quatre pièces produites pour la cour du Roi.
Monsieur de Pourceaugnac met en scène un jeune couple d'amoureux aux projets contrariés par Oronte, le père de la jeune fille qui la destine à Pourceaugnac, un provincial ridicule échappé de Limoges. Le malheureux va connaître bien des déboires : on le fait passer pour fou avant de le rendre totalement insensé.
La pièce
Monsieur de Pourceaugnac constitue un précieux exemple de l’esthétique de la comédie-ballet, car Molière s’efforce ici d’intégrer les ballets à l’action de la pièce grâce aux hallucinations dont le héros est victime. Cette œuvre, qui obtint un très vif succès, sera représentée quarante-neuf fois du vivant de son auteur.

Éphéméride 3 octobre 1987 décès de Jean Anouilh


Jean Anouilh est né en 1910 à Bordeaux (France). Son père est tailleur et sa mère est musicienne et professeur de piano. En 1923, Anouilh se découvre une passion pour le théâtre alors qu'il étudie à Paris au lycée Chaptal. Il est ensuite frappé par deux œuvres marquantes : Les Mariés de la tour Eiffel de Cocteau en 1921, et Siegfried de Giraudoux en 1928.
Après des études de droit à Paris puis deux ans de travail dans une agence de publicité, il devient le secrétaire de Louis Jouvet en 1929. Les relations entre les deux hommes sont difficiles. En 1931, il se marie avec la comédienne Monelle Valentin, qui incarnera notamment Antigone en 1944. Ils ont une fille en 1934, qui sera elle aussi comédienne, et créera la pièce que son père a tout spécialement écrite pour elle,
Cécile ou l'École des pères (1954).
En 1932, la première pièce d'Anouilh connaît un échec : il s'agit d'
Humulus le muet. Quelques mois plus tard sort L'Hermine qui lui offre un succès d’estime. Il faut attendre 1937 pour qu’il connaisse son premier grand succès avec Le Voyageur sans bagages. L’année suivante le succès de sa pièce La Sauvage confirme sa notoriété et met fin à ses difficultés matérielles.
Il monte
Le Bal des voleurs en 1938.

Puis éclate la seconde guerre mondiale. Pendant l’occupation, Jean Anouilh continue d’écrire (
Eurydice, en 1942). Il ne prend position ni pour la collaboration, ni pour la résistance. Ce non-engagement lui sera reproché.

En 1944 est créée
Antigone. Cette pièce connaît un immense succès public mais engendre une polémique. Certains reprochent à Anouilh de défendre l’ordre établi en faisant la part belle à Créon. En 1945, il s’engage en vain pour essayer de sauver l’écrivain collaborateur Robert Brasillach de la peine de mort. Cette exécution le marque profondément.

Après la guerre, Jean Anouilh poursuit sa création à un rythme soutenu. En 1947 il écrit
L’invitation au château, une des premières «pièces brillantes». L’année suivante, Ardèle ou la Marguerite révèle une nouvelle facette du style de Jean Anouilh : les «pièces grinçantes».

En 1953, le succès de
L’Alouette («pièce costumée») rivalise avec celui d’Antigone. La même année, Jean et Monelle divorcent. Anouilh se remarie avec Nicole Lançon, une autre comédienne. Ils travaillent ensemble, et auront trois enfants.
Après une période de répit, trois nouvelles pièces sont publiées en 1959 :
L’Hurluberlu ou le réactionnaire amoureux, Le petit Molière et Becket ou l’honneur de Dieu, cette dernière obtenant immédiatement le succès.

Après l’échec de
La grotte (1961), Jean Anouilh se tourne vers la mise en scène. Il monte successivement Tartuffe (Molière), Victor ou les enfants au pouvoir (Roger Vitrac), L’Acheteuse (Steve Pasteur), et Richard III (William Shakespeare). Le rythme de ses publications personnelles diminue donc : seules trois pièces verront le jour d’ici à 1968. Mais en 1969, un de ses chefs-d’œuvre réaffirme son talent : Cher Antoine ou l’amour raté («pièce baroque»).

Il écrira encore plusieurs pièces dans les années soixante-dix, dont certaines lui vaudront le qualificatif «d’auteur de théâtre de distraction». Son œuvre, avec le temps, révèle un pessimisme profond.

Anouilh meurt le 3 octobre 1987 à Lausanne.

Éphéméride 1er octobre 1684 décès de Pierre Corneille


Pierre Corneille est originaire d'une famille de magistrats et il est l'aîné de cinq frères et sœurs. Son père est maître des eaux et forêts et sa mère est la fille d'un avocat. Il accomplit ses études secondaires chez les Jésuites et se destine à une carrière d'avocat. Son père lui achète deux modestes charges, mais timide et peu éloquent, Corneille renonce à plaider. Il propose une première comédie,
Mélite (1629) à une troupe d'acteurs itinérants, qui fonderont plus tard le théâtre du Marais. Cette troupe présente la pièce à Paris. Le succès est suffisant pour décider Corneille, qui n'a alors que vingt-trois ans, à entreprendre une carrière théâtrale et à s'installer à Paris.
Pierre Corneille devient célèbre avec une tragi-comédie,
Le Cid (1637), qui provoque une querelle littéraire (la jeune Académie française lui reproche notamment de ne pas respecter les lois du théâtre classique, de faire tenir trop d'événements en vingt-quatre heures, et de bousculer la bienséance avec une Chimène amoureuse de l'assassin de son père). Le roi Louis XIII l'anoblit. Il se marie en 1640. Sensible aux critiques, il se consacre alors à la tragédie « régulière ». Corneille connaît avec Pertharite (1651) un échec qui l'éloigne du théâtre pendant sept ans. Il traduit en vers l'Imitation de Jésus-Christ (1651-1656) et s'occupe de l'édition de son théâtre, dont il définit les principes dans les Examens de ses pièces et trois Discours (1660). Revenu à la scène (Œdipe, 1659 ; Sertorius, 1662 ; Sophonisbe, 1663 ; Attila, 1667), il voit le public lui préférer Racine (Tite et Bérénice, 1670). Corneille peint des héros « généreux » pour qui l'honneur et la gloire méritent tous les sacrifices : l'époque en était sans doute passée…

Éphéméride 4 septembre 1896 naissance d’Antonin Artaud


Antoine Marie Joseph Artaud, dit Antonin, naît à Marseille. Son père, Antoine Roi Artaud, est capitaine au long cours et possède une petite compagnie maritime. Sa mère, Euphrasie Nalpas, est originaire de Smyrne. Ses deux grands-mères, Catherine Artaud et Marie Nalpas, sont sœurs.
1910-1921 : il publie ses premiers poèmes dans la revue de son collège sous le pseudonyme de Louis des Attides. Après plusieurs séjours dans des maisons de santé (dépressions, troubles nerveux), il s'installe à Paris, confié par sa famille au docteur Toulouse, qui le nomme co-secrétaire de sa revue
Demain. Il rencontre Lugné-Poe et devient figurant de théâtre.
Engagé dans la compagnie de Charles Dullin, qui deviendra plus tard l'Atelier, il publie de très nombreux écrits sur le théâtre.
En octobre 1932, le premier manifeste du
Théâtre de la Cruauté paraît dans la N.R.F. Exclu du groupe surréaliste, il séjourne au Mexique avant d’être soigné à l’hôpital psychiatrique de Rodez (1943-1946).
Le 4 mars 1948, il est trouvé mort, assis au pied de son lit, par le personnel de la maison de santé d’Ivry où il séjourne. Son ultime cahier, inachevé, porte ces derniers mots :
de continuer à/faire de moi/cet envoûté éternel/etc etc.

Éphéméride 27 août 1635  décès de Lope de Vega


Félix Lope de Vega y Carpio, dramaturge, né en 1562 est l'un des plus grands écrivains du Siècle d'Or espagnol, une période de rayonnement culturel et d'essor économique extraordinaires.
Avant même de savoir écrire, il dit des vers à cinq ans
et écrit sa première comédie à douze ans. Il a une vie extrêmement aventureuse avec l'Invincible Armada contre l'Angleterre, secrétaire du duc d’Albe, exilé, amoureux, prêtre, compagnon de son oncle Inquisiteur…
Extrêmement prolifique, il aurait écrit quelque huit cents pièces de théâtre (dont 314 attribuées sans conteste ; la plus célèbre est
Fuenteovejuna - 1612-1614) et au moins trois mille sonnets.
Il est le père de la Comédie Nouvelle ou tragi-comédie à l'espagnole et publie son œuvre théorique majeure :
Arte nuevo de hacer comedias en 1609.
C'est le troisième art théâtral inventé en Europe, avec la tragédie française classique et le drame élisabéthain, au moment où le théâtre devient un phénomène culturel de masse…
Ami de Quevedo et de Alarcòn, ennemi de Gongora et envié de Cervantès, Lope de Vega a eu une vie aussi extrême que son œuvre.

Éphéméride 23 août 1908 naissance d'Arthur Adamov



Arthur Adamov est un écrivain et auteur dramatique français d'origine russo-arménienne, né le 23 août 1908 à Kislovodsk, et mort le 15 mars 1970 à Paris, des suites d'un suicide dû à une overdose de barbituriques.
Issu d'une famille fortunée du Caucase (elle exploitait des puits de pétrole à Bakou), d'origine arménienne, ruinée et expropriée en 1917, il connaît l'amertume d'un exil précoce, et des années de misère en Suisse, en Allemagne puis en France, tandis que sa famille se défait tragiquement. À Paris, il fréquente le milieu des Surréalistes et se lie à Antonin Artaud. Cette période est marquée par l'épreuve de l'internement dans les camps d'Argelès et de Rivesaltes.
Son théâtre, d'abord influencé par le Surréalisme, a été rattaché au courant du théâtre de l'absurde.
Subissant ensuite l'influence de Bertold Brecht, il écrit des œuvres ouvertement politisées. Il y exorcise ses répulsions, ses angoisses, et les effets dévastateurs de la guerre. Il remet en cause les catégories dramatiques traditionnelles (intrigue, personnages, psychologie), au profit d'un théâtre abstrait, allégorique et onirique, fait de violence et de désespoir métaphysique
la Parodie (1947) l'Invasion (1950) le Sens de la marche (1953) la Grande et la Petite ManœuvreTous contre tousle Professeur Taranne (1953), Comme nous avons été.
Adamov publia également de nombreuses traductions et adaptations
: Gogol (le Revizor, 1958ainsi que les récits), Dostoïevski (Crime et Châtiment), Gorki (la Mère, les Ennemis, les Petits Bourgeois), Tchekhov (l'Esprit des boiset les grandes pièces), Strindberg (le Pélican, 1956Père, 1958), Kleist (la Ruche cassée), Büchner (traduction de son Théâtre complet en collaboration avec Marthe Robert), Kleist, Kafka, Max Frisch, Piscator (le Théâtre politique), Jung, Rilke.

Éphéméride 14 août 1956 décès de Bertold Brecht



Bertold Brecht, dramaturge, metteur en scène, critique théâtral et poète allemand, né le 10 février 1898 à Augsbourg en Bavière, est décédé le 14 août 1956 à Berlin-Est.
En 1918, à vingt ans, il est mobilisé à la fin de la Première guerre mondiale comme infirmier. L'horreur de la guerre aura une grande influence sur lui. Ses premières pièces sont
Baal, Tambours dans la nuit en 1919 qui lui vaut le Prix Kleist en 1922, Spartacus et Dans la jungle des villes.
Viennent ensuite
Homme pour homme (1927) et Grandeur et décadence de la ville de Mahagony. Ces pièces provoquent une polémique, jusqu'en 1928, où il crée L’Opéra de quat’sous (musique de Kurt Weill).
Chassé par les Nazis qui brûlent ses œuvres, il s’exile au Danemark à partir de 1933. Il s'installe en Californie en 1941. Durant cette période, il écrit une grande partie de son œuvre dont
La Vie de Galilée, Mère Courage, La Bonne Âme de Se-Tchouan, La Résistible ascension d’Arturo Ui (attaque contre Hitler ), Le Cercle de craie caucasien, et Petit Organon pour le théâtre, dans laquelle il exprime sa théorie du théâtre épique et de la distanciation.
Chassé des États-Unis en 1947 en raison du maccarthysme, il se rend alors en Suisse. En 1949, il s'installe définitivement à Berlin-Est et fonde avec sa femme le
Berliner Ensemble où il exprime ses prises de position marxistes. En 1950, il a obtenu la nationalité autrichienne (il était apatride depuis 1935).

Éphéméride 26 juillet 1856 naissance de G. B. Shaw


Après avoir tenté en vain de publier cinq romans, c’est à partir de 1892 que George Bernard Shaw s'intéresse au théâtre pour lequel il écrit plus de cinquante pièces. Il développe alors un style où sa verve humoristique, bien mise en valeur, va faire de lui faire un maître incontesté du théâtre anglais. Son talent et sa renommée sont récompensés par le Prix Nobel de littérature en 1925.
Resté toujours très actif tout au long de sa vie, il meurt des suites d'une chute à l'âge de 94 ans.
Provocateur et anticonformiste, George Bernard Shaw dénonce le puritanisme étroit, la hiérarchie et l’hypocrisie religieuse. Sa pièce la plus connue est
Pygmalion (1912).

Éphéméride 15 juillet 1904 décès d'Anton Tchekhov

15 juillet 1904 : décès d'Anton Tchekhov, écrivain russe, principalement nouvelliste et dramaturge. (° 29 janvier 1860)

Anton Tchekhov, né le 29 janvier 1860 à Taganrog (Russie) est mort le 15 juillet 1904. Il publie entre 1880 et 1903 plus de 600 œuvres littéraires...La Steppe, La Mouette, Oncle Vania, La Dame au petit chien, Les Trois Sœurs, La Cerisaie, Le Portefeuille...

Tout en exerçant sa profession de médecin, il publie entre 1880 et 1903 plus de 600 œuvres littéraires ; certaines pièces souvent mises en scène à l'heure actuelle —
La Mouette, La Cerisaie, Oncle Vania — font de lui l’un des auteurs les plus connus de la littérature russe, notamment pour sa façon de décrire la vie dans la province russe à la fin du XIXe siècle.

Apprécié à sa juste valeur de son vivant, il reçut le prix Pouchkine en octobre 1888, et fut élu membre d'honneur de la section Belles-Lettres de l'Académie des sciences en 1900, honneur auquel il renonça deux ans plus tard en signe de protestation à l'annulation de l'élection de Maxime Gorki.

Il est décédé en juillet 1904 à Badenweiler en Allemagne, probablement le 15, même si le 2 est parfois avancé.

Éphéméride 18 mai 1799 décès de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

18 mai 1799 : décès de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, écrivain et inventeur français (° 24 janvier 1732).

Biographie de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais

Ce fils d'un honorable horloger parisien connaît une ascension sociale foudroyante. Anobli sous le nom de Beaumarchais, il incarne mieux que quiconque l'Ancien Régime finissant, avec ses vices, son amoralisme, sa vanité, sa sociabilité et sa joie de vivre.

Génial touche-à-tout, il acquiert une immense fortune et la perd, spécule et vend des armes aux Insurgents américains, mène des missions secrètes au service du roi et écope de la prison, s'attire les faveurs du public avec ses deux écrits majeurs :
Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro, et échappe de peu à la guillotine sous la Révolution, tout cela sans jamais se départir de sa gaieté.

https://www.sculfort.fr/.../18e/beaumarchais/biographie.html

Éphéméride 23 avril 1616 décès de William Shakespeare




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Éphéméride 21 avril 1699 décès de Jean Racine

Jean Racine est un écrivain français né à La Ferté-Milon où il fut baptisé le 22 décembre 1639, mort à Paris le 21 avril 1699.

Biographie de Racine (Gustave Lanson, «La Grande Encyclopédie», 1885-1902)
«Il était fils de Jean Racine, contrôleur au grenier à sel ou procureur au bailliage, et de Jeanne Sconin, qui mourut le 28 janv. 1641 en donnant le jour à une fille. Jean Racine mourut le 6 févr. 1643. Les deux orphelins furent recueillis par les grands parents, le petit Jean par la grand-mère Racine, née Marie Desmoulins, et la petite Marie par le grand-père Sconin. Marie Desmoulins, veuve en 1649, se retira bientôt après à Port-Royal. La famille était de longue date attachée aux jansénistes. En 1638 et 1639, dans un temps de persécutions, Lancelot, Antoine Lemaistre et Lemaistre de Séricourt avaient trouvé asile chez Mme Vitart, soeur de Marie Desmoulins : puis les Vitart s’étaient installés aux portes mêmes de Port-Royal des Champs, où leurs fils avaient été élevés. Une autre soeur de Marie Desmoulins avait été religieuse à Port-Royal : sa fille, tante de Racine, y était encore et devait y être abbesse, c'est la mère Agnès de Sainte-Thècle. En se retirant à Port-Royal, Marie Desmoulins mit son petit-fils au collège de la ville de Beauvais, maison janséniste. De là, en 1655, Racine passe à l'école des Granges, sous la direction de Lancelot et de Nicole. M. Hamon et Antoine Lemaistre s'occupèrent aussi du petit Racine qu'ils voulaient pousser vers le barreau. Racine fit alors ses premiers vers, les sept odes du Paysage de Port-Royal, etl'ébauche des Hymnes du bréviaire romain. Il rimait aussi de petits vers et des madrigaux, et s'égayait assez dans ses lettres à son cousin Antoine Vitart. Il aimait les romans et relisait sans se lasser Les Amours de Théagène et de Chariclée. En 1658, Racine alla faire sa philosophie au collège d'Harcourt; puis il s'installa à l'hôtel de Luynes, chez son cousin Nicolas Vitart, intendant du duc. Il commence à voir le monde ; il se lie avec de beaux esprits, l’abbé galant Le Vasseur et l'épicurien La Fontaine. Il écrit une ode, La Nymphe de la Seine, en l’honneur du mariage du roi (1660). Perrault et Chapelain louèrent la pièce, et Chapelain fit donner une gratification à l'auteur. Mais le théâtre attirait Racine : il fit en 1660 une pièce intitulée Amasie, que les comédiens du Marais, après hésitation, refusèrent; puis il écrivit pour l'Hôtel de Bourgogne le plan d'une tragédie des amours d'Ovide. Port-Royal et surtout la tante Agnès de Sainte-Thècle s'attristaient de ces essais. Racine recevait mal les reproches et les conseils. Cependant, pour complaire à sa famille, il se laissa envoyer à Uzès, auprès de son oncle, Antoine Sconin, vicaire général et prieur des chanoines réformés de la cathédrale (nov. 1661). Racine étudia la théologie avec l’espérance de succéder à son oncle dans quelqu'un de ses bénéfices. Mais il continuait de lire Virgile, Homère et Pindare ; il entretenait une correspondance très profane et libre avec Vitart, Le Vasseur et La Fontaine. Il rentra à Paris en 1663, décidé à suivre sa vocation poétique. Il est probable qu'il tint de son oncle Sconin les bénéfices dont on le voit plus tard en possession, le prieuré de Sainte-Madeleine de l'Epinay en 1664, 1667 et 1668; celui de Saint-Jacques de La Ferté en 1671, 1672 et en 1674, et celui de Saint-Nicolas de Chésy en 1673. A peine de retour à Paris, il perdit sa grand-mère (12 août 1663). Une ode sur La Convalescence du roi, qui avait eu la rougeole, lui valut 600 livres de gratification, dont il fit son remerciement par l'ode intitulée la Renommée aux Muses. Cette pièce plut au duc de Saint-Aignan qui introduisit l'auteur à la cour. Elle lui procura aussi la connaissance de Boileau, avec qui il se lia d'une étroite amitié. Il fut aussi en relations amicales avec Molière qui joua en 1664 sa tragédie La Thébaïde. Les relations se refroidirent par un mauvais procédé de Racine : Molière avait reçu sa seconde pièce, Alexandre le Grand, qui eut un grand succès et consolait Saint-Evremond de la vieillesse de Corneille ; mais Racine, mécontent de l'interprétation de sa tragédie, la porta à l'Hôtel de Bourgogne, si bien qu'on la vit en même temps sur les deux scènes (1665). Il menait alors une fort libre et joyeuse vie avec ses amis Boileau et La Fontaine. L'épicurien Chapelle, les courtisans Vivonne et Nantouillet étaient de leur société et lui donnaient une couleur assez libertine. Racine, avec eux, hanta les cabarets, le Mouton blanc, la Pomme du Pin, la Croix de Lorraine. Ilacheva d'y perdre sa pureté janséniste. Puis il aima des comédiennes, la Duparc qui mourut en 1668 et qui paraît avoir été la grande passion de sa vie, la Champmeslé ensuite, qu'il ne quitta qu'en renonçant au théâtre. On entrevoit par Mme de Sévigné (1er avr. 1671, à Mme de Grignan) l'existence de Racine à cette époque : elle nous parle de ces parties où Racine et la Champmeslé, avec Despréaux, font vis-à-vis à Charles de Sévigné et Ninon : ce sont « des soupers délicieux, c.-à-d. des diableries » (Sévigné, t. II, p. 137). Tout cela pénétrait Port-Royal d'horreur, et ils confondaient dans leurs anathèmes la création poétique et la fréquentation des comédiennes. Racine, trop bien instruit par eux pour ne pas leur donner un peu raison contre lui au fond de son coeur, n'en portait que plus impatiemment leurs censures. Il se fâcha tout à fait quand il se crut désigné par un passage des Visionnaires que Nicole écrivit contre Desmarets de Saint-Sorlin. Au lieu de défendre le théâtre, il fit contre Port-Royal une lettre fort méchante, où M. Lemaistre et la Mère Angélique, qui étaient morts, n'étaient pas épargnés (janv. 1666). Port-Royal répliqua : sur quoi Racine écrivit une seconde lettre que Boileau l'empêcha de publier. Cet endroit de sa vie, où la vivacité de son humeur l'avait fait glisser jusqu'à l'ingratitude, lui fit plus tard beaucoup de peine. Cependant il continuait de travailler; et, en nov. 1667, il donna Andromaque à l'Hôtel de Bourgogne : il y avait attiré la Duparc. La Thébaïde se ressentait de Corneille et de Rotrou; Alexandre révélait l'étude de Corneille et de Quinault. Dans Andromaque éclatait, avec le goût de l'antiquité, l'originalité de Racine. Le succès fut très vif; les critiques furent vives aussi (1ère Préface de Racine; Saint-Evremond, Oeuvres mêlées, t. I, pp. 286 et 320). Perdou de Subligny fit jouer le 18 mai 1668 par Moliére une parodie d'Andromaque, La Folle Querelle ou la critique d'Andromaque qu'il fit précéder ensuite d'une très sévère préface; les remarques de style de Subligny ne furent pas inutiles à Racine. Après Andromaque vinrent Les Plaideurs, farce écrite par un poète qui sentait la poésie d'Aristophane (Les Guêpes). Furetière et Boileau, qui connaissaient bien le Palais, fournirent des traits à l'auteur, qu'un récent procès avait initié à la chicane. La comédie, d'abord composée pour Scaramouche, fut jouée à l'Hôtel de Bourgogne en nov. 1668 : reçue froidement à la ville, elle se releva à la cour. Britannicus parut à la scène le 13 déc. 1669 : Boursault nous a conservé le souvenir de la première représentation (dans la nouvelle d'Artémise et Poliante). La pièce fut très discutée : on n'en épargna que le style. Racine, fâché d'avoir toujours contre lui les amis de Corneille (par ex., Saint-Evremond, Oeuvres mêlées, II, 325), s'en prit aigrement dans la première Préface de sa tragédie à Corneille même, qui peut-être avait regardé son oeuvre avec peu de bienveillance. Bérénice fut jouée à l'Hôtel de Bourgogne le 21 nov. 1670, huit jours avant que Molière donnât le Tite et Bérénice de Corneille. C'était, dit-on, la duchesse d'Orléans, Madame Henriette, qui avait donné le sujet et mis les deux poètes aux prises. L'abbé Montfaucon de Villars publia en 1671 une critique de Bérénice; mais il fut ensuite plus sévère encore pour Corneille qu'il n'avait été pour Racine. Une réponse à l'abbé de Villars a été attribuée à Subligny ou à l'abbé de Saint-Ussans. En 1673 parut à Utrecht une comédie anonyme en prose intitulée Tite et Titus, ou Critique sur les Bérénice : on y donnait l'avantage à Racine. Bérénice fut le premier rôle confié par Racine à la Champmeslé. En janv. 1672 eut lieu la première représentation de Bajazet. La pièce réussit, malgré les partisans de Corneille qui, comme toujours, n'y trouvaient pas assez d'exactitude historique (cf. Segraisiana; le Mercure galant du 9 janv. 1672; Mme de Sévigné, Lettres du 13 et du 15 janv. et du 16 mars 1672). Racine devait son sujet à M. de Césy qui avait été ambassadeur à Constantinople, dont les récits lui avaient été rapportés, semble-t-il, par le chevalier de Nantouillet. Il est difficile pourtant d'admettre qu'il ait ignoré la nouvelle de Segrais, Floridon ou l'Amour imprudent (dans les Nouvelles françaises ou Divertissements de la princesse Amélie, 2 vol., 1656-57), où l'aventure de Bajazet avait été traitée. Les sujets modernes et contemporains, assez fréquents dans la tragédie du XVIe siècle, et au début du XVIIe, étaient devenus rares : depuis l'Osman de Tristan, on n'avait eu aucune tragédie turque, ni moderne. Bajazet ramena la tradition ; mais Racine eut à justifier sa hardiesse dans sa Préface. Racine fut reçu à l'Académie française le 12 janv. 1673 : le même mois, peut-être la veille, Mithridate fut joué. L'applaudissement fut général : on crut retrouver le sublime de Corneille joint cette fois à la tendresse de Racine. Cependant on reprocha encore à l'auteur d'avoir « changé la vérité des histoires anciennes » (De Visé). Iphigénie en Aulide fut représentée d'abord à Versailles le 18 août 1674, puis à l'Hôtel de Bourgogne en janv. 1675. Racine s'était inspiré surtout d'Euripide, mais il devait aussi quelque chose à Rotrou. Le succès fut immense et incontesté. Mais une cabale de beaux esprits et d'auteurs jaloux essaya de l'entraver. Le Clerc, s'aidant de Rotrou, et aidé par Coras, brocha une Iphigénie, qui, pronée deux mois à l'avance, fut jouée cinq fois à l'hôtel de Guénégaud, à partir du 26 mai 1675. Pour appuyer la manoeuvre, un anonyme publia le 26 mai des Remarques sur l'Iphigénie de M. Coras, très flatteuses, et des Remarques sur l'Iphigénie de M. Racine, très sévères. Après Iphigénie, une édition qui parut des neuf tragédies écrites par Racine donna lieu au janséniste Barbier d'Aucour de manifester l'hostilité de sa secte par une méchante satire en vers, Apollon vendeur de Mithridate, ou Apollon charlatan (1676); ce ramas de tout ce qui s'était dit de malveillant sur Racine eut un certain succès. Les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne jouèrent la Phèdre et Hippolyte de Racine le 1er janv. 1677; et le 3, la troupe de l'Hôtel de Guénégaud jouait une tragédie de Pradon, de même sujet et de même titre. Pradon, sur le bruit que Racine travaillait au sujet de Phèdre, et peut-être même ayant eu connaissance du plan de l'ouvrage, écrivit sa pièce en trois mois. L'hôtel de Bouillon l'appuyait : c.-à-d. la duchesse de Bouillon, nièce de Mazarin, son frère le duc de Nevers, Mme Deshoulières, etc. La duchesse de Bouillon loua les deux salles, ou au moins les loges, pour six représentations. Le succès de l'ouvrage de Racine n'en fut que retardé : pour la pièce de Pradon, elle alla d'abord aux nues, et la curiosité du public la maintint encore assez longtemps sur la scène. La querelle s'envenima, Pradon accusa Racine et Boileau d'avoir empêché les deux meilleures artistes de Guénégaud de jouer dans sa tragédie; il leur reprocha d'avoir fait interdire une critique de l'oeuvre de son rival, en forme de comédie, Le Jugement d'Apollon sur la Phèdre des anciens, qu'il lut à l'hôtel de Bouillon. Sur cette affaire se greffa celle des sonnets : Mme Deshoulières, aidée de quelques amis de la cabale, avait fait un sonnet injurieux sur la Phèdre de Racine. Le poète et son fidèle Despréaux, attribuant le morceau au duc de Nevers, ripostèrent sur les mêmes rimes par des vérités fort indécentes : sur quoi le duc renvoya, encore par les mêmes rimes, des menaces de coups de bâton pour les deux écrivains. M. le prince dut intervenir et leur offrit un asile à l'hôtel de Condé : ce qui n'empêcha pas un quatrième sonnet d'affirmer que Boileau « fut hier bien frotté ». On attribue à Subligny une Dissertation sur les tragédies de Phèdre et Hippolyte qui parut en 1677. On y donnait la supériorité à Racine pour le style, à Pradon pour l'intrigue : ce jugement représente assez bien le goût général du public. Le récit de Théramène fut très critiqué (Subligny; Lamotte, Discours sur la poésie en général et sur l'ode en particulier, 1701, réfuté par Boileau, 11e Réflexion sur Longin; Fénelon, Lettre à l'Académie; Ch. De la Tragédie); Louis Racine défendit son père dans une Comparaison de l'Hippolyte d'Euripide avec la tragédie de Racine sur le même sujet, lue en 1728 à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Après Phèdre, Racine se retira du théâtre, laissant inachevée une Iphigénie en Tauride, dont il avait dressé le plan, et une Alceste qui était écrite en partie : on a fait bien des hypothèses pour expliquer cette retraite, à trente-sept ans, en pleine gloire, en pleine vigueur du génie. Racine n'a pas fait ses confidences à la postérité : il faut s'en tenir aux conjectures. Est-ce le dégoût produit en lui par la cabale qui fit quelque temps échec à Phèdre? Depuis dix ans, les critiques le faisaient souffrir, l'irritaient; mais s'il avait cédé seulement à sa sensibilité, on conçoit qu'il eût fait serment de ne plus écrire pour le théâtre, on ne conçoit pas qu'il ait tenu son serment peu dans plus de vingt ans. Il est certain que ce fut le jansénisme qui arracha Racine à la poésie dramatique : il s'était réconcilié un peu avant Phèdre avec ses anciens maîtres. Il entra dans leurs sentiments sur l'impossibilité de concilier la vie chrétienne avec le théâtre. Son retour à la foi de son enfance détermina sa retraite. Quelle part curent dans sa détermination et dans sa persévérance les procès de la Brinvilliers et de la Voisin? Il est impossible de le dire, ni, au cas où ces événements le touchèrent, s'il fit des réflexions sur l'immoralité d'un théâtre d'amour et la séduction contagieuse des crimes de passion, ou s'il fit un retour plus profond sur lui-même et sur quelque ancienne aventure de sa vie amoureuse (Funck-Brentano, l'Affaire des poisons, 1899, in-18). Toujours est-il qu'il prit en telle horreur le monde qu'il voulut se faire chartreux (si toutefois Louis Racine n'a pas attribué à son père une intention qui appartient à son frère Jean-Baptiste). Sur le conseil (le son confesseur, il se maria. Il épousa le 1er juin 1677 Catherine de Romanes, femme pieuse et indifférente à la poésie; il en eut cinq filles, dont deux se firent religieuses, et deux fils, Jean-Baptiste, qui après avoir servi dans les ambassades, vécut longtemps retiré dans la piété et dans l'étude, et Louis qui fut poète, ou crut l'être. Les lettres de Racine le montrent fort occupé de l'éducation de ses enfants qu'il dirigeait avec une tendresse inquiète et une dévotion scrupuleuse. Dans son acte de mariage, Racine est qualifié conseiller du roi et trésorier de France en la généralité de Moulins : en mai 1677, il fut nommé avec Boileau historiographe du roi. Louis XIV leur commanda de tout quitter pour se consacrer au récit de sa vie. Cette charge attacha Racine à la cour, où il réussit par sa noble physionomie, sa parole élégante et son tact délicat. Les deux historiographes suivirent le roi aux sièges de Gand et d'Ypres en 1678, et au voyage d'Alsace en 1683. Racine seul alla à Luxembourg, en 1687, et assista aux dernières campagnes du roi en Flandre en 1691, 1692 et 1693. Il prenait sa tâche très au sérieux, quêtant partout des informations et des mémoires. Par malheur, l'oeuvre inachevée des deux amis périt en 1728 dans l'incendie de la maison de M. de Valincour. Malgré l'aversion du roi pour les jansénistes, Racine restait très attaché à Port-Royal. Il visitait Nicole ; il correspondait avec Arnauld; il osa, seul des amis du dehors, assister au service funèbre d'Arnauld qui fut célébré à Port-Royal. Il servit les religieuses dans leurs affaires et leurs peines, rédigeant des mémoires, négociant avec les archevêques de Paris, Harlay et Nouilles. Pendant longtemps, cette conduite ferme et modérée ne lui fit point de tort. Le roi l'aimait, l'appelait volontiers pour le faire causer ou lire. Auprès de Mme de Maintenon aussi, il était en faveur. Elle le chargea avec Boileau de revoir le style des Constitutions de Saint-Cyr. Puis, lorsqu'elle se résolut à ne plus laisser jouer de pièces profanes, comme Andromaque, par les demoiselles, elle chargea Racine de composer des ouvrages religieux. Il reprit le sujet sauvent traité d'Esther. Les représentations eurent beaucoup d'éclat : la première eut lieu à Saint-Cyr le 26 janv. 1689; il s'en donna cinq autres jusqu'au 19 févr. (Cf. Sévigné, lettre du 2 févr. à Mme de Grignan). On joua encore la pièce en 1690, puis en 1697, pour la duchesse de Bourgogne, mais cette fois sans éclat et sans pompe, dans une classe de Saint-Cyr ou dans une chambre de Versailles. Les courtisans se plurent à reconnaître Mme de Maintenon dans Esther, Mme de Montespan dans Vasthi et Louvois dans Aman. Le succès d'Esther engagea Racine à composer Athalie. Mais dans l'intervalle l'évêque de Chartres, Godet Desmarais, éveilla les scrupules de Mme de Maintenon, qui fit jouer Athalie sans décorations et sans costumes dans une classe. Il y eut trois répétitions, les 5, 8 et 22 janv. 1691; quelques autres à Versailles, dans la chambre de Mme de Maintenon, en 1691, 1692 et 1693; enfin en 1699 et 1702 pour la duchesse de Bourgogne. Le peu de bruit de ces représentations fit croire dans le public que la pièce était manquée; seul Boileau soutint que c'était le chef-d'oeuvre de son ami. Athalie ne parut à la Comédie-Française qu'en 1796, et Esther en 1724. Excepté ces deux drames qui montrent que Racine n'avait rien perdu de son génie dans sa retraite, il ne manqua guère à la promesse qu'il avait faite de renoncer à la poésie. Un prologue d'opéra, où il mit la main avec Boileau, une Idylle à la paix, composée en 1683 pour une fête que le marquis de Seignelay donnait au roi dans sa maison de Sceaux, et plusieurs épigrammes mordantes contre de méchants auteurs et de mauvaises tragédies, voilà à peu près toutes les rechutes de son talent poétique en vingt ans : je ne compte pas les quatre beaux cantiques spirituels, publiés en 1694, qui sont d'un chrétien autant que d'un poète. On conte que Racine mourut de chagrin, disgracié, pour avoir remis à Mme de Maintenon un mémoire sur la misère du peuple que le roi surprit. C'est une légende. Le mémoire que fit Racine pour être déchargé d'une taxe extraordinaire imposée aux secrétaires du roi (il en avait acheté l'office en 1696) ne fut pour rien dans les chagrins de ses derniers jours : il n'y était pas question de la misère du peuple. Si Racine déplut à Louis XIV, c'est par son jansénisme, dont il se justifiait par une lettre adressée à Mme de Maintenon. Il ne tomba point publiquement en disgrâce : il fut toujours des voyages de Fontainebleau et de Marly. Mais il sentit que le roi s'était refroidi, et il en souffrit. Il mourut le 21 avril 1699, d'un abcès au foie. Il demanda à être inhumé à Port-Royal des Champs, au pied de la fosse de son ancien maître, M. Hamon. Quand Port-Royal fut détruit, et le cimetière violé, les restes de Racine furent rapportés à Saint-Étienne du Mont. Une enfance grave, dans la sérénité triste de Port-Royal, une jeunesse orageuse, dans les compagnies les plus libres, des passions et des plaisirs sans retenue, puis tout d'un coup la vie de famille, modeste et recueillie, tous les soins d'un père chrétien, et en même temps, par une conciliation qui ne pouvait se faire qu'en ce temps-là, l'assiduité auprès du roi, la gloire de la faveur et l'art de la flatterie délicate dans le noble décor de Versailles et de Marly, à la fin les amertumes secrètes, la disgrâce sourde qui conduisent aux désillusions dernières et rendent le chrétien tout à son Dieu : voilà la vie inégale, tourmentée et pourtant harmonieuse de Racine, où se succèdent et se rapprochent les aspects les plus opposés. Dans cette vie se déploient une âme passionnée, tendre, et qui savait goûter la douceur des larmes, une imagination ardente, active, qui grossissait les peines et les inquiétudes, un amour-propre inquiet, endolori, irritable, que la moindre piqûre affolait, des vivacités d'humeur et des duretés, lorsqu'il était blessé, qui voilaient la bonté intime de cette nature ; et sur tout cela, un esprit vaste, puissant, fin, exquis, capable également de juger la vérité des choses avec précision, et de sentir la beauté des choses avec ravissement. A Port-Royal, chez les comédiennes, à l'Académie, au foyer domestique, chez le roi, partout il paraît à sa place, égal à tous les emplois, d'amoureux ou de courtisan, de bel esprit ou de chrétien, s'acquittant de tout avec la même grâce aisée et, délicate. Mais surtout c'est un poète, par cette délicatesse toujours vibrante de sentiments et d'impressions. Les traits caractéristiques du génie de Racine doivent se chercher dans les neuf tragédies qu'il adonnées à partir d'Andromaque. En les publiant, il les a fait précéder de préfaces intéressantes, mais où l'on aurait tort de chercher toute une poétique : en général, Racine se contente de discuter les objections qu'on lui a faites, ou qu'il prévoit. il n'explique point en détail la théorie de son art. Au reste, il ne prétendait pas à changer ni à renouveler la technique. Il accepte la forme et les règles de la tragédie, qu'il trouve établies; il se plie aux unités sans les discuter. Il prend le genre tel que Corneille et d'Aubignac l'ont constitué : il saura y faire apparaître son originalité, qui est moins dans la nouveauté des formules techniques que dans la vérité, le pathétique et la poésie de l'invention morale. Il prend ses sujets dans la légende ou l'histoire antiques : il va où la matière est riche et parle à l'imagination, déjà élaborée par de grands esprits de poètes et d'historiens; ses sources sont les tragiques grecs, Virgile, Sénèque, Tacite, Plutarque, et la Bible. La Grèce fabuleuse, l'histoire romaine, et enfin l'histoire juive, voilà le domaine où il s'enferme, évitant les annales sèches et vagues des peuples mal connus. Une fois, il se hasarde à traiter un sujet moderne, dans Bajazet, estimant que « l'éloignement des lieux répare la trop grande proximité des temps», et que ces Turcs, si distants de nous par les moeurs, sont capables de grandeur et de noblesse tragiques. Jamais il ne tente de sujets fictifs : pour lui, comme pour Corneille, la réalité historique, ou son équivalent, la légende reçue dans la croyance des hommes, garantissent la justesse des enchaînements psychologiques. Aussi s'est-il piqué de garder la vérité de l'histoire, et c'est le point sur lequel il revient le plus constamment dans ses Préfaces. Les contemporains pourtant lui disputèrent ce mérite : si l'on fait la part de la malignité et de l'envie, leurs critiques attestent l'étonnement qu'ils éprouvent à voir prendre pour ressort de la tragédie historique, non plus la politique comme chez Corneille, mais l'amour. Puis, dans cette peinture de l'amour, on lui a reproché de donner aux anciens et aux Turcs l'air et le ton français. Tabac, après Voltaire, voit des courtisans français dans les amoureux de Racine. Il faut reconnaître que certaines nuances nobles et délicates du dialogue racinien révèlent le grand siècle et le voisinage de Versailles; mais la critique tombe surtout sur les caractères secondaires : si Xipharès ou Hippolyte sont deux Français, il y a bien autre chose dans Néron, Mithridate et Athalie. Si l'on considère en quel état étaient alors les sciences historiques, on verra sans peine que Racine a fait tout ce qui se pouvait faire en son temps: Il a senti en poète les temps fabuleux de la Grèce ; en historien et en poète, l'empire romain, l'Asie hellénisée, l'âme judaïque. Il s'est efforcé d'évoquer ta représentation des milieux légendaires ou historiques, d'en faire comme la toile de fond devant laquelle se développe son action et évoluent ses personnages. Il a peint aussi avec curiosité des individus historiques, leur gardant, jusque dans leur réduction à un type général, certains traits caractéristiques de leur personnalité: on le comprendra en comparant Mithridate et Nicomède. L'imitation artistique est le but de Racine dans l'usage de l'histoire : il ne vise qu'à exprimer poétiquement certaines civilisations et certains individus. Mais l'histoire, au théâtre, se décompose aisément en tableaux à peine liés, et fournit matière à des portraits strictement individuels : il s'agissait pour Racine d'y introduire une liaison rigoureuse et des types généraux. L'amour lui a fourni le moyen tout à la fois d'enchaîner et d'humaniser la matière historique. Par l'amour, passion universelle, il a généralisé les caractères individuels; par l'amour, passion extrême et furieuse, il a serré et précipité l'action. Voilà comment il a fait de l'amour le ressort de son théâtre. Cela convenait au public. Le temps des conspirations était passé; le roi gouvernait seul avec quelques commis. Les générations nouvelles, désintéressées de la politique, jouissaient de l'abandon des grandes ambitions et des nobles intérêts; dans la paix magnifique que procurait le despotisme royal, les plaisirs de la société et de la cour, les conversations, la galanterie les occupaient. A ce public, Corneille ne convenait plus : il se retrouvait dans Quinault, et Racine avait de quoi l'enchanter en le dépassant. Voilà donc comment se construisit la tragédie de Racine: une intrigue d'amour enserra étroitement l'évocation légendaire ou historique. Rien ne fut donné à la curiosité du passé: Racine ne fait pas de tableaux. Tous les détails évocateurs se coulent dans les dialogues, parmi les accents de passion; le milieu se peint par l'action même. Des individus héroïques sont ranimés en leur singularité touchante ou monstrueuse ; mais leur caractère singulier est employé rigoureusement à nuancer une passion générale, l'amour le plus souvent, dont les effets s'inscrivent dans l'action. Point de reconstitution des époques, point de résurrection des individus qui se fasse au détriment de la continuité de l'action, en la suspendant ou la retardant, Racine a gardé la loi essentielle du théâtre classique, que Corneille avait dégagée: la poésie dramatique est action, et tout ce qui n'est pas action n'est pas du théâtre. Et l'on entend par action, non pas la réalisation scénique des faits, mais la chaîne continue des effets, le passage incessant d'un état à un autre jusqu'à l'état définitif qu'on appelle dénouement. Conformément à cette conception, une tragédie de Racine est la recherche d'un dénouement : un problème est posé dans l'exposition, et la solution, tour à tour attirée et écartée par l'effort des personnages,. se détermine au cinquième acte. Rien d'oiseux n'est admis. Il n'y a pas une scène qui ne concoure à la production du dénouement ou qui n'y fasse obstacle. On a souvent loué la simplicité de l'intrigue chez Racine : et c'est justice. Il a rejeté les complications et les moyens extraordinaires. Andromaque se ressentait encore de l'art cornélien; dans les autres pièces, Racine abandonne les histoires à deux fils, et réduit le sujet d'amour à la forme la plus simple, une femme aimée de deux hommes, un homme disputé entre deux femmes (Britannicus, Bérénice, Mithridate; Bajazet, Iphigénie, Phèdre). Pour nouer et dénouer son intrigue, il use des moyens les moins cherchés et les plus naturels, les plus rapprochés parfois de la vie ordinaire, sans crainte de manquer à la dignité tragique. On lui a fait honneur d'avoir tiré toute l'action des caractères, d'avoir pris dans les passions des personnages tous les moyens qui meuvent l'intrigue. Ce n'est pas tout à fait vrai. Et du reste, dans la vie, le hasard et les coïncidences ont leur part : rien ne parait plus artificiel qu'un drame où la volonté humaine conduit tout. Racine a gardé la juste mesure : sans exclure les coups de fortune et de fatalité, il a voulu surtout étudier les effets de passion, et ainsi il a présenté le plus souvent les faits qui étaient en relation avec les passions, il a suivi les prolongements des émotions de l'âme dans la réalité extérieure. Toute son intrigue est bâtie de façon à donner du jeu aux passions. Comme il excluait les développements purements pittoresques qui ne contribuaient pas à nouer ou dénouer l'intrigue, il s'est interdit les tirades pathétiques dont l'action ne profitait pas. Sa psychologie est une psychologie de l'action; elle est l'analyse des mobiles qui possèdent une vertu de production ou d'inhibition relativement à de certains actes. Ce qu'il a cherché dans les caractères, c'est la genèse et les causes des faits constituant la matière historique ou légendaire. De là le pathétique saisissant des analyses de Racine : toutes ces déductions de sentiments se résolvent rapidement en actes, en résolutions violentes ou criminelles, en coups de théâtre effrayants et pitoyables. Cette psychologie est admirable, unique de vérité et de finesse. Nul n'a mieux démêlé les enchaînements des états passionnels et la secrète logique des orages du coeur. Racine n'a pas de parti pris étroit, de système exclusif sur l'âme humaine. Il ne nie pas la volonté; il lui accorde presque toujours le combat, parfois la victoire. Mais il croit (et son éducation janséniste y est pour quelque chose sans doute) que l'humanité est ordinairement faible, et que, même chez les héros, les passions ont plus d'empire que la raison. Il ne donne pas non plus une formule unique de l'amour. Il ne refuse pas de le fonder sur l'estime, sur l'idée de la perfection, comme Corneille : mais il voit là une exception. Dans la vie, l'origine de l'amour est le plus souvent l'appétit sensuel, ou la curiosité, ou même la pitié, enfin une disposition de la sensibilité plutôt qu'une connaissance de l'esprit. Et surtout aimer, c'est aimer : on ne sait pas d'ordinaire pourquoi l'on aime, on ne le sait ni de soi-même ni d'autrui. Aussi Racine n'imposera-t-il pas à ses personnages une façon uniforme d'aimer : chacun d'eux aimera selon son caractère, avec son accent et son humeur propres. Ce qu'il a distingué par une vue d'une vérité saisissante, ce sont deux qualités d'amour : une affection tendre et douce, faite pour se dévouer et se sacrifier, et une passion dominatrice et violente, qui souffre aussi, mais qui surtout fait souffrir, qui va jusqu'à tuer. Les contemporains sentirent mieux la grâce du premier amour que la vérité du second : tant de fureur les gêna, les attrista, et, domptés qu'ils étaient déjà ou glacés par la politesse, leur parut médiocrement vraisemblable et tout à fait brutal. Racine dut se justifier d'avoir fait Néron méchant, quoique amoureux. Mme de Sévigné croyait Racine incapable de peindre une autre passion que l'amour : elle se trompait. S'il a préféré l'amour pour sa vertu dramatique, il a montré pourtant qu'il était capable d'analyser aussi exactement l'amour maternel, l'amitié, l'ambition, l'envie, l'orgueil, l'enthousiasme religieux et national: Il a su faire à l'amour une place très réduite dans Iphigénie, l'éliminer entièrement d'Esther et d'Athalie :et nulle part sa psychologie n'a été plus sûre et plus fine. Comme il ne s’asservissait qu'à la vie, ses caractères, même quand ils semblent des exemplaires d'une même passion, se différencient par des traits délicats : ils offrent une étonnante variété. Il a peint en perfection des caractères virils, Oreste, Néron, Mithridate, Joad : mais il est vrai que, tandis que Corneille a réussi à exprimer la raison de l'homme, Racine a été surtout le peintre de la passion féminine. Presque dans toutes ses oeuvres, la femme est au premier plan: Andromaque et Hermione, Bérénice, Roxane, Phèdre, Esther. Agrippine et Athalie ne s'effacent pas à côté de Néron et de Joad, ni Clytemnestre auprès d'Agamemnon. Dès que l'amour est le ressort principal de la tragédie, la femme naturellement devient le personnage principal. Aussi a-t-on fait dater de Racine l'empire de la femme sur la littérature. Mais il y a avant lui les romans, depuis l'Astrée, et au théâtre, Quinault : et dans la société, par l'apaisement des passions politiques et l'épanouissement de la vie mondaine, le règne de la femme avait commencé; la tragédie de Racine a suivi l'évolution des moeurs. Pourtant Racine s'est séparé des contemporains, et a été véritablement inventeur en trois choses : par delà la galanterie, il a retrouvé l'amour, tendresse ou fureur ; à la place de l'amour-vertu, source d'héroïsme, il a vu l'amour-faiblesse, cause de défaillances et de crimes; et enfin il a pour un siècle et demi fixé la formule de la femme, être de passion, sans moralité ni raison assez fortes pour faire échec à la passion, n'existant que par et pour l'amour, et capable en le suivant de toutes les incohérences et de toutes les contradictions. Avant lui, dans le théâtre, comme dans le roman, la femme n'avait pas de traits distincts de ceux de l'homme; il faudrait aller aux fabliaux et aux farces de l'ancienne littérature pour trouver une ébauche de psychologie féminine. On a disputé sur la vérité du théâtre de Racine: Taine l'estime surtout locale et particulière; c'est la vérité des moeurs françaises, de la vie de cour et de salon. M. Brunetière l'estime surtout générale et humaine : c'est la vie de tous les hommes et de tous les jours. La juste formule serait celle qui combinerait les deux jugements qu'on vient de lire. Racine a peint l'humanité, mais il l'a peinte dans des formes, avec un goût et un style qui appartiennent à son siècle. Il nous offre bien plus que la vie de cour, mais il nous offre autre chose aussi que la réalité commune. A des amours dont la brutalité ou la fureur ne s'exprime guère en réalité que par le geste ou le cri, il prête toutes les délicatesses de l'analyse et l'abondance du raisonnement. Ces passions, rares ou inconnues dans les salons, et dont on cherche les exemples dans la rudesse populaire; sont chez Racine idéalisées, transposées par la condition héroïque ou royale des personnages et aussi par le recul dans des siècles lointains, ou par la différence des moeurs étrangères. Il nous offre ainsi une vérité d'un caractère tout spécial, très éloignée de tous les réalismes et qui a pourtant une saveur exquise de réalité. Avec le pathétique et la vérité, Racine a la poésie. Il a la poésie qui naît de l'histoire, de la représentation du passé en sa beauté et en son étrangeté : il accuse, d'accord avec le goût de son temps, plutôt la beauté que l'étrangeté. Cela apparaît dans la façon dont il imite Euripide ou Homère. Il a aussi la poésie qui naît des sentiments, de leur valeur propre, indépendante de leurs effets et des actions qu'elles produisent, en un mot la poésie lyrique. II a mis tout son art à fondre ces deux sortes de poésie dans l'action dramatique, de façon que chaque tableau évocateur, chaque émotion lyrique fussent des ressorts d'action, intervinssent comme mobiles ou obstacles dans les délibérations ou les conflits des personnages. La tragédie avec Corneille se perdait dans l'analyse, sacrifiait le pathétique et la poésie à la vérité, à la logique. L'originalité de Racine a été, en gardant la formule cornélienne de la tragédie, l'intrigue serrée, l'action rapide, la psychologie exacte, d'y faire rentrer le pathétique et la poésie. Il a choisi ses sujets et ses personnages de telle sorte que les sentiments par lesquels l'intrigue se développe et va à son dénouement, eussent par eux-mêmes une force pathétique et une beauté poétique. L'individu qui agit ou examine les raisons d'agir, souffre, et dans son raisonnement, il fait passer les visions des objets qui l'émeuvent, il fait entendre le chant de la passion qui le travaille. Voilà comment dans une forme dramatique si opposée à celle des Grecs, Racine a ramené le pathétique puissant et la poésie exquise des Grecs. Il est au reste un des rares écrivains de la France qui aient eu une connaissance approfondie et un sentiment vif de la littérature grecque. C'est ce qui lui a permis de juger d'un si juste coup d'oeil ce qu'elle avait d'admirable et de propre, et ce qui s'en pouvait transporter dans notre tragédie classique. A un public indifférent à l'art grec, et qui n'en aurait pas eu l'intelligence, s'il y avait fait attention, Racine fit goûter quelques-uns des plus purs mérites de l'art grec. Il ne chercha pas à faire violence au goût de ce public, et il ne prit que ce qu'il pouvait espérer de faire passer, tant qu'il travailla pour les comédiens. Lorsqu'il composa pour les demoiselles de Saint-Cyr ses deux dernières tragédies, asservi qu'il était à des convenances morales dont le respect ne lui coûtait rien, il se sentit plus libre du côté de l'art. Il prit sa matière dans la Bible et rapprocha sa forme de la tragédie grecque. Il desserra l'intrigue dans sa délicieuse élégie d'Esther; il osa parler aux yeux et aux sens par la composition scénique et la mise en scène dans Athalie : dans les deux pièces, il mit des choeurs, et même dans le dialogue il dégagea l'accent lyrique. Son influence fut immense. Sa tragédie fut pendant cent cinquante ans le modèle de la tragédie. Si Corneille ou Quinault fournirent des procédés, c'est par l'impuissance où l'on fut d'égaler la simplicité, la nudité, la vérité de Racine : on ne songea pas à nier que là fut l'idéal. De Racine on garda la construction de l'intrigue, l'habitude de réduire tous les sujets à l'amour; on s'efforça de reproduire la noblesse harmonieuse de son style. On en copia l'élégance sans en voir et sans en prendre l'énergie ni la précision, ni la poésie. On ne sut jamais l'imiter, et en ce sens il n'eut pas de disciples. Voltaire, pas plus que Campistron, ne lui ressemble. Mais les romantiques ne se trompaient pas quand, voulant détruire la tragédie, et en cherchant l'idéal, le type parfait et incontesté, ils remontaient jusqu'à Racine. Outre ses tragédies, Racine a laissé diverses poésies: lo des poésies lyriques dont les principales sont le Paysage ou Promenade de Port-Royal des Champs,document intéressant sur la jeunesse et la formation du talent de Racine, et les Cantiques spirituels, qui sont, avec les choeurs d'Esther et d'Athalie, les chefs-d'oeuvre du lyrisme français dans la seconde moitié du XVIIe siècle; 2° des épigrammes, en général spirituelles et mordantes, et même malignes. L'oeuvre en prose comprend: 1° La Lettre à l'auteur des hérésies imaginaires et la Lettre aux deux apologistes de Port-Royal, la première imprimée en 1666 (in-4, s.d.), la seconde publiée seulement en 1722 dans une édition de Boileau donnée à La Haye. - 2° Deux Discours prononcés par Racine à l'Académie française, l'un à la réception de l'abbé Colbert en 1678, et l'autre à la réception de Thomas Corneille et Bergeret en 1685 : c'est dans celui-ci que Racine rendit une justice éclatante au grand Corneille. La harangue que prononça Racine, lorsqu'il fut reçu lui-même, est perdue. - 3° L'Abrégé de l'histoire de Port-Royal, publiée partiellement en 1742, et complètement en 1767. Boileau a peut-être collaboré en quelque mesure avec Racine pour cet ouvrage, ou tout au moins a révisé la rédaction première. Il est probable que Racine fit cette histoire dans les derniers temps de sa vie ; il n'eut pas le temps de l'achever. Outre le mérite du style, elle vaut par les souvenirs que l'auteur a pu recueillir de première main. - 4° Diverses particularités concernant Port-Royal, recueillies par Racine dans ses conversations avec Nicole. C'est un petit écrit de quelques pages, de simples notes. Imprimé en 1807. - 5° Un Mémoire pour les religieuses de Port-Royal des Champs, présenté au cardinal de Noailles, archevêque de Paris, quand les religieuses de Port-Royal de Paris réclamèrent contre le partage des biens fait en 1669, lors de la séparation des deux maisons. - 6° Des fragments et notes historiques, matériaux pour l'histoire du roi, de date et de provenance diverses, de rédaction souvent incomplète et sommaire. - 7° Cinq explications de médaillés dans l'Histoire métallique de Louis XIV, composée par l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et publiée en 1702. - 8° Des traductions, la Vie de Diogène le Cynique, de Diogène Laerte, et divers morceaux d'auteurs ecclésiastiques, exercices de jeunesse, qui remontent sans doute au séjour de Racine à Uzès; des extraits de Lucien et de Denys d'Halicarnasse sur la manière d'écrire l'histoire, qui datent du temps où Racine devint historiographe et réfléchit aux devoirs de sa charge; une partie du Banquet de Platon, version entreprise entre 1678 et 1686 pour Mme de Rochechouart, abbesse de Fontevrault, qui traduisit le reste; ce travail fut publié en 1732. En outre, quelques passages de la Poétique d'Aristote ont été traduits par Racine, en marge d'un exemplaire du Commentaire de Victorius (Vettori). Il est à remarquer que tous ces essais et fragments de traductions se rapportent à des textes grecs. La culture de Racine est hellénique autant que latine : c'est une marque rare en ce siècle. On possède aussi certaines notes de Racine, parmi lesquelles un certain nombre concernant les passages de la Bible relatifs au sujet d’Athalie. Mais il faut signaler surtout comme étant d'un intérêt considérable les remarques faites par Racine au cours de ses lectures. Il a fait dès le temps de son séjour à Port-Royal des extraits de saint Basile, de Virgile, d'Horace, de Tacite, de Quintilien; à diverses époques de sa vie, des extraits de Cicéron, de Tite-Live, de Quinte Curce, de Vaugelas. A Uzès, il remplit des cahiers de remarques sur les Olympiques de Pindare, et sur les dix premiers livres de l'Odyssée. Enfin, on connaît beaucoup de livres ayant appartenu à Racine (cf. l'éd. P. Mesnard, t. VI, p. 167 ; P. Bonnefon, la Bibliothèque de Racine, dans la Revue d'histoire littéraire de la France, 1898) ; beaucoup de ces livres portent des annotations marginales; il y en a sur le livre de Job, l'Iliade, Pindare, Eschyle, Sophocle, Euripide, Platon, Aristote, Plutarque, Lucien, Cicéron, Pline le Jeune, l'historien moderne La Barde, qui a écrit en latin, l'abbé d'Aubignac. On remarquera encore la place que tiennent les auteurs grecs dans les lectures de Racine. Les lettres de Racine sont en assez grand nombre; les parties les plus importantes sont sa correspondance avec Boileau et sa correspondance avec son fils aîné Jean-Baptiste. L'esprit et le coeur du poète s'y peignent. On lui a attribué un certain nombre de pièces en vers et en prose, parmi lesquelles une Relation du siège de Namur, et une Réponse de Mgr l'archevêque de Paris aux quatre lettres de Mgr l'archevêque de Cambrai. Les oeuvres de Racine ont été publiées par lui-même chez Claude Barbin en 2 vol. in-12, 1676, 1687 et 1697. Des éditions données depuis la mort du poète, la principale, et qui abolit toutes les précédentes, est celle qu'a publiée M. Paul Mesnard, 8 vol. in-8 et deux albums, 1865-70." GUSTAVE LANSON, article "Jean Racine" de La Grande Encyclopédie (publiée entre 1885 et 1902)

Éphéméride 3 avril 1862 publication des «Misérables» de V. Hugo

Victor Hugo a déjà fêté ses soixante ans lorsque sont publiés simultanément, le 3 avril 1862, à Bruxelles, chez Lacroix, Verboeckhoven et Cie, à Paris chez Michel Lévy et Pagnerre, les deux premiers volumes des Misérables.

Commencée en 1845, sous le titre
Les Misères, cette somme hugolienne, œuvre immense, classée au patrimoine littéraire national, jouit dès le début de sa publication d’un succès considérable.

Avec
Les Misérables, sa gloire va atteindre une dimension planétaire inconnue jusque-là dans le domaine littéraire. Et, plus important encore, une nouvelle conscience sociale va émerger dans la société occidentale.

Roman phare de Victor Hugo,
Les Misérables sont le fruit d’une longue gestation. Dès 1828, le jeune écrivain, tout royaliste qu’il est, envisage un grand roman sur le thème de la misère. Commence la période de la documentation avec collecte de coupures de presse, visite des lieux (bagnes, usines ou champ de bataille de Waterloo), et recueil de témoignages.

L’écriture elle-même commence le 7 novembre 1845, pour un premier jet se déroulant jusqu’en 1848.

Mais la politique interrompt l’œuvre de création d’Hugo qui assiste indigné à l’abdication de Louis-Philippe et plus tard au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte.

Avant d’être obligé de fuir, il court de barricade en barricade, expérience qui deviendra un des temps forts de son roman où il met en scène le petit Gavroche, tout droit sorti de
La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix, peint en 1830. L’exil lui offre le calme pour reprendre la plume, de 1860 à 1862.

Entre-temps, le projet a évolué, ses idées sociales étant devenues plus claires. Il ne s’agit plus des
Misères, abstraction de l’état de pauvreté d’une partie de la population, mais des Misérables, incarnation du peuple souffrant à travers quelques personnages types.

Il faut trois mois, d’avril à juin 1862, pour publier les dix volumes des
Misérables. Le peuple est séduit. On dit que dans les ateliers, les ouvriers se cotisent pour acheter les ouvrages et se les passer de main en main.

Mais les lettrés font la grimace. Peut-être parce que l’attente était énorme, la désillusion se révèle cruelle. Les critiques consternées se multiplient
: contre le style tout d’abord, « intentionnellement incorrect et bas » (Gustave Flaubert) censé plagier le parler populaire. Puis contre le fond, qui dérange: ne risque-t-il pas de donner de faux espoirs au peuple, de lui faire miroiter cette « passion de l’impossible […]: l’extinction de toutes les misères » (Alphonse de Lamartine)? Baudelaire confesse dans une lettre à sa mère: « Ce livre est immonde et inepte » (11 août 1862).
Les républicains lui reprochent de donner en exemple un prêtre (Monseigneur Bienvenu), les catholiques d’accuser Dieu d’être à l’origine de la misère. Voici Hugo vilipendé pour avoir engendré
« le livre le plus dangereux de ce temps » (Jules Barbey d’Aurevilly). Mais n’était-ce pas son but?

Les Misérables est un des premiers romans centré sur le peuple, non pour faire peur aux lecteurs, mais pour dénoncer les conditions de vie des plus humbles. Il n’a été précédé dans cette voie que par Les Mystères de Paris et en Angleterre par David Copperfield (1849, Charles Dickens).

À travers ses personnages, c’est l’homme dans sa diversité et sa fragilité qu’il dépeint
: Jean Valjean (Jean « V’la Jean ») le courageux, Fantine (« l’enfant ») la victime, Cosette (« la petite chose ») et Gavroche, les enfants martyrs, les Thénardier et Javert, la cruauté et l’acharnement.

Éphéméride 21 mars 1925 naissance de Peter Brook

Peter Brook, né le 21 mars 1925 à Londres, est un metteur en scène, acteur, réalisateur et écrivain britannique.

Il est le fils d’une famille russe qui a immigré en Angleterre lors de la Révolution russe. Il fait ses études à l’Université d’Oxford où il étudie la littérature comparée.

Il débute sa carrière théâtrale en 1942 par une adaptation du
The Tragical History of Docteur Faustus de Christopher Marlowe. Il monte à la fois des classiques, dont Shakespeare, et des pièces d’auteurs contemporains comme Jean Anouilh, Jean-Paul Sartre, Genet, Roussin et des auteurs d’avant-garde tel Peter Weiss. Il veut rapprocher le cinéma et le théâtre. Peter Brook s’inscrit, comme Giorgio Strehler ou Jean Vilar, dans le nouveau courant du théâtre, influencé par Brecht ou l’héritage de Jacques Copeau et Gordon Craig.

En 1962, il crée à Londres
le Roi Lear de Shakespeare, avec la Royal Shakespeare Company, et décide alors de renoncer au décor pour œuvrer dans ce qu’il appellera L’Espace vide, lequel doit développer l’imagination du spectateur. Peter Brook travaillera plusieurs fois avec la Royal Shakespeare Company entre 1945 et 1979.

En 1968, Peter Brook est invité par Jean-Louis Barrault à Paris pour participer à un atelier théâtral d’échange culturel.

En 1971, Peter Brook et la productrice Micheline Rozan vont découvrir dans Paris, un théâtre à l’italienne sur le point d’être démoli
: le théâtre des Bouffes du Nord. Peter Brook s’y installe avec le CIRT. En 1974, le théâtre est rouvert avec la représentation de Timon d’Athènes de Shakespeare. La salle est désormais un lieu important de la création théâtrale européenne.

Aujourd’hui, Peter Brook est vu comme un véritable maître et chacune de ses créations est attendue. Il semble avoir transmis sa passion à ses deux enfants Simon et Irina Brook.

Éphéméride 20 mars 1828 naissance d'Henrik Ibsen

Henrik Ibsen est un poète et auteur dramatique norvégien (Skien 1828-Christiania 1906).

Il naît le 20 mars 1828 à Skien, petite ville de la côte norvégienne près d’Oslo. Lorsque Henrik eut huit ans, son père dut vendre ses biens. La famille s’exila à la campagne. Henrik s’isole avec ses livres, dessine, rêve.

Envoyé à Grimstad faire son apprentissage chez un pharmacien, il y reste six ans (1844-1850). Son esprit satirique s’exerce à l’encontre de la bourgeoisie de la petite ville de province. Il écrit des poèmes romantiques. Il croit à la solidarité scandinave, à la volonté du peuple de se sacrifier pour une idée
; aussi, lorsque, plus tard, en 1864, la Norvège refusera d’aider le Danemark en guerre contre la Prusse, il sera amèrement déçu.

En 1850, il part pour Christiania et passe son baccalauréat
; il connaît la misère, noue des contacts avec un mouvement d’émancipation ouvrière, fonde le journal Andhrimner, qui ne survivra que quelques mois.

En 1851, Ole Bull, qui venait de fonder le Théâtre national à Bergen, lui offre la régie du théâtre. S’il ne deviendra jamais un bon metteur en scène, Ibsen fera, pendant les cinq années passées au théâtre de Bergen, son apprentissage de dramaturge.

Chaque année, il donnera une pièce. Il étudie les sagas
; dans ce monde héroïque, il retrouve ses idéaux.

En 1857, il prend à Christiania la direction artistique du Théâtre national, qui doit contrebalancer le « Christiania Theater », de tradition danoise. C’est le temps de l’espoir et des déceptions. Ibsen connaît des difficultés dans la gestion de son théâtre
; ses pièces sont mal reçues, et il perd son poste.

En 1861, malade, il est en proie à des idées de suicide. Déçu dans ses espoirs esthétiques et politiques, Ibsen rompt avec son pays et part pour l’Italie en 1864. Il y vivra pendant de nombreuses années, ainsi qu’en Allemagne, et ne sera de retour en Norvège de façon définitive qu’en 1891.

Le poème dramatique
Brand (1866) est écrit sous le coup de ses déboires et de son indignation.
Après
Brand, qui connaît un succès en Scandinavie, vient Peer Gynt (1867).

En 1869 paraît l
’Union des jeunes, satire des partis politiques, puis Ibsen termine Empereur et Galiléen (1873). Cette œuvre, conçue à une époque où Ibsen est sous l’impression de la guerre franco-allemande et de la Commune, porte la trace des influences de Schopenhauer, des critiques bibliques de Renan.

Après les
Piliers de la société (1877), Maison de poupée (1879) provoque des discussions passionnées. La pièce est une dénonciation du mariage et de l’inégalité des époux. Les Revenants (1881) soulève également des protestations indignées. Cette pièce est une attaque contre le mariage conventionnel sans amour et, en cela, elle est liée à Maison de poupée.

Cette pièce soulève une telle tempête d’indignation qu’Ibsen écrit
Un ennemi du peuple (1882), tragi-comédie qui est en quelque sorte un commentaire sur ses relations avec la société.

Dans
Rosmersholm (1886), on retrouve les fortes oppositions d’Empereur et Galiléen. Ibsen se sent alors attiré par le mysticisme et les mouvements inconscients de l’âme (la Dame de la mer, 1888).

Dans
Hedda Gabler (1890), l’exigence de l’action héroïque, la sexualité anormale, la peur du scandale social provoquent chez l’héroïne un état permanent de violence.

En 1891, Ibsen quitte l’Allemagne
: il s’y est familiarisé avec l’œuvre de Nietzsche, et Solness le Constructeur (1892) aussi bien que John Gabriel Borkman (1896) rendent compte de sa réaction à la théorie du surhomme.

Après
le Petit Eyolf (1894), qui a pour thème l’amour égoïste des parents qui exclut l’enfant, la dernière œuvre d’Ibsen, Quand nous nous réveillerons d’entre les morts (1899), porte le sous-titre: « Un épilogue dramatique ».

Henrik Ibsen meurt le 23 mai 1906.

Éphéméride 26 février 1802 naissance de Victor Hugo

Victor Hugo est l’un des plus grands poètes et écrivains français de tous les temps. Il s’est illustré dans tous les genres : poésie, théâtre, roman, essai, journalisme.

Il naît à Besançon (son père est comte et général d’empire) et fait ses études au lycée Louis-Le-Grand à Paris. Dès 1816, il affirme sa vocation littéraire
: « Je veux être Chateaubriand ou rien! »


Victor Hugo est, à ses débuts, poète et monarchiste. Mais les événements de 1830 et sa liaison avec Juliette Drouet provoquent en lui de profonds changements d’idées et en font le chef de file du mouvement romantique. Son appartement devient le siège du « Cénacle », regroupant de jeunes auteurs. Il gagne avec Gérard de Nerval et Théophile Gauthier la « bataille d’Hernani », contre les partisans du théâtre classique.

Écrivain de génie, il voit sa notoriété se transformer rapidement en célébrité. Victor Hugo est élu à l’Académie Française en 1841 et nommé Pair de France en 1845. Il perd sa fille aînée Léopoldine en 1845 et semble chercher dans la politique un apaisement à son immense douleur.

Ému par les souffrances du peuple en 1848, Victor Hugo devient républicain et affiche son hostilité à Napoléon III qui le fait exiler à Jersey, puis à Guernesey. En 1859, il refuse l’amnistie de l’Empereur. Pendant cet exil qui dure près de vingt ans, il produit la partie la plus riche de son œuvre.

De retour en France en 1870, Victor Hugo est accueilli comme le symbole de la résistance républicaine au Second Empire. Il est élu député de Paris, puis sénateur. Sa production littéraire cède alors le pas à la politique. Il publie essentiellement des œuvres commencées pendant son exil.

Ses funérailles nationales et civiles à Paris sont grandioses, car il a été, de son vivant, le plus populaire des écrivains et un grand défenseur de la République.

Ses œuvres
:
Odes (Poésies, 1822), Cromwell (Théâtre, 1827), Les Orientales (Théâtre, 1829), Marion de Lorme (Théâtre, 1829), Hernani (Théâtre, 1830), Les Feuilles d’automne (Poésies, 1831), Notre-Dame de Paris (roman historique, 1831), Le roi s’amuse (Théâtre, 1832), Marie Tudor (Théâtre, 1833), Lucrèce Borgia (Théâtre, 1833), Les Chants du Crépuscule (Poésies, 1835), Les Voix intérieures (Poésies, 1837), Ruy Blas (Théâtre, 1838), Les Rayons et les Ombres (Poésies, 1840), Les Châtiments (1853), Les Contemplations (1856), La Légende des Siècles (Poésie, 1859), Les Misérables (roman, 1862), William Shakespeare (essai 1864), Les Travailleurs de la mer (roman, 1866), l’Homme qui rit (roman, 1869), L’année terrible (1872), Quatre-vingt-treize (1874), l’Art d’être grand-père (1877), Religions et religion (1880), Les Quatre Vents de l’esprit (1881), Choses vues (1887).

Éphéméride 21 février 1885 naissance de Sacha Guitry

Sacha Guitry, dramaturge, metteur en scène et réalisateur, naît à Saint-Pétersbourg le 21 février 1885.

Fils du célèbre comédien Lucien Guitry, il suit rapidement les traces de son père, écrivant et jouant des pièces à succès.

Élève médiocre, il est expulsé de onze lycées différents comme il le rappelle dans son Discours de cent lignes, prononcé lors du banquet du centenaire du lycée Janson de Sailly.
Il vécut une vie conjugale mouvementée (cinq mariages : avec Charlotte Lysès, Yvonne Printemps, Jacqueline Delubac, Geneviève de Sereville, Lana Marconi).

Auteur dramatique prolifique, il a écrit 124 pièces de théâtre, dont beaucoup furent de grands succès. Il a également réalisé trente-six films (dont dix-sept adaptations de ses pièces), jouant dans la quasi-totalité d'entre eux.

Dès 1914 il s’est intéressé au cinéma et a tourné un reportage en amateur sur quelques célébrités de l'époque (Sarah Bernhardt, Degas, Rodin, Auguste Renoir, Anatole France, Monet, Lucien Guitry, etc.) intitulé
Ceux de chez nous. Mais c'est surtout à partir du Roman d’un tricheur (1936) qu'il s'affirme à l'écran.
Il se cessera plus de tourner, alternant fantaisies historiques à grand spectacle, vaudevilles intimistes et films à sketches.


Accusé de collaboration durant la Seconde Guerre mondiale, il est arrêté en 1944, et réhabilité dans les années 1950. Il meurt à Paris le 24 juillet 1957.

Éphéméride 17 février 1673 décès de Molière

Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris le 15 janvier 1622 à Paris. Fils d’un tapissier ordinaire du roi, il fait ses études au collège des Jésuites de Clermont (l’actuel lycée Louis-le-Grand).
À l’âge de dix ans, sa mère meurt. Il obtient une licence en droit à Orléans, mais trois ans plus tard, il renonce à reprendre la charge familiale et se tourne vers le théâtre.
Il fonde alors en 1643 « l’Illustre Théâtre » et se fixe comme objectif de « faire rire les honnêtes gens ».
En 1644, il en prend la direction sous le pseudonyme de « Molière », tandis qu’en 1665, la troupe devint la « Troupe du Roi « mais n’a pas encore de succès
: il lui est interdit de jouer Tartuffe pour cause de bonnes mœurs.

Molière est à la fois le directeur, l’auteur, le metteur en scène, et l’un des tout premiers acteurs de la troupe à laquelle le roi accorde protection et pension.

En 1668 sont représentés successivement Amphitryon le 13 janvier, George Dandin en juillet et L’Avare en septembre. La santé de Molière se détériore progressivement tant son rythme de travail est intense
: il monte jusqu’à sept spectacles par an!

Il est victime d’un malaise cardiaque et meurt le 17 février 1673 après la quatrième représentation du
Malade imaginaire (il jouait le rôle d’Argan). À sa mort, sa femme supplie le roi Louis XIV d’ordonner qu’on l’enterre en terre chrétienne, celui-ci consentira par la suite à cette requête. Molière sera enterré en cachette de nuit, car les comédiens étaient excommuniés par l’Église catholique.

Éphéméride 6 février 1793 décès de Carlo Goldoni

À l’instar de son rival, Carlo Gozzi, Carlo Goldoni est né à Venise, le 25 février 1707.
Il passa les quarante premières années de sa vie à voyager d’une ville à l’autre, changeant constamment d’emploi, devenant tour à tour, fonctionnaire de la justice criminelle ou avocat à Pise, consul de Venise à Gênes ou directeur de théâtre. Durant cette période, il écrivit peu (quelques canevas de commedia dell’arte et livrets d’opéra, ainsi qu’une tragédie,
Bélisaire, qui fit un peu parler de lui en tant qu’auteur).
Puis, à l’âge de quarante ans, il rencontra Medebac, directeur du théâtre Sant’Angelo de Venise, qui l’attacha à sa compagnie comme auteur attitré, et le sédentarisa dans sa vie natale contre quatre cents, puis six cents ducats. Goldoni fut alors plongé dans une véritable boulimie d’écriture
: en moins de vingt ans, il produisit près de deux cents vingt pièces, dont presque autant de chefs-d’œuvre.
Il eut tôt fait de découvrir son genre de prédilection
: la comédie. Ses pièces, purgées des traditionnelles grossièretés, se plaisent à caricaturer la vie quotidienne vénitienne et ne laissent pas de place à l’improvisation : il rédigeait entièrement les dialogues.
Au début de sa carrière, ses pièces participaient pleinement de la tradition de la
commedia dell’arte. Ainsi, Arlequin serviteur de deux maîtres, représenté en 1745, a recours aux personnages traditionnels qui jouent masqués.
Mais, les ambitions de Goldoni dépassaient nettement ce type de pièces
; il souhaitait réformer la comédie italienne pour la rendre comparable à celle du XVIIe siècle français, il se rêvait en Molière italien. Aussi, dès 1750, exposa-t-il les principes de sa « réforme » en une comédie des comédiens, intitulée Il Teatro comico, qui décrivait les tensions survenant au cours des répétitions entre comédiens attachés aux vieilles méthodes et partisans de la réforme.
Ses plus grandes comédies s’appuient sur le réalisme des situations et la peinture sociale
: Goldoni a beaucoup été inspiré par ses deux modèles, Molière et Marivaux.
Trois ans après
Il Teatro, il écrivit La Locanderia, l’histoire d’une aimable aubergiste courtisée par tous ses riches clients, bien évidemment ridicules. Plus tard, ce sera Il Campiello (1756), récit des mésaventures des habitants d’un groupe de maisons pauvres, La Villégiature (1761), présentation burlesque de la philosophie d’un gentilhomme qui, de retour d’un voyage, apporte dans sa campagne natale une conception nouvelle du comportement amoureux, et Baroufe à Chioggia (1762), histoire d’un jeune batelier semant le trouble parmi les habitants de modeste condition d’une ville portuaire italienne.
Trois mois après cette dernière pièce, Goldoni fut contraint à l’exil en France. En effet, il n’avait pas réussi à s’imposer en Italie et la « contre-réforme » théâtrale de Gozzi l’avait emporté.
Il demeura deux ans à la Comédie Italienne, avant d’obtenir une place de professeur d’italien à la cour de Louis XV, où il continua son écriture, mais en français désormais
: il produira non seulement une pièce au succès tardif, Le Bourru bienfaisant (1771), mais se consacrera également à la rédaction de ses Mémoires (1787), qui nous permettent aujourd’hui de connaître sa vie de façon assez précise.
Sa pension royale fut suspendue à la Révolution, et il périt dans la misère le 6 février 1793.

Éphéméride 4 février 1688 naissance de Marivaux

Né à Paris, baptisé le 4 février 1688 à Paris où il est mort le 12 février 1763, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux passe son enfance et son adolescence à Riom, où son père remplit la fonction de directeur de la Monnaie. Élevé au collège des Oratoriens de la ville, il est destiné à reprendre la charge de son père et entreprend à cet effet des études de droit à Paris à partir de 1710.

Peu après son arrivée dans la capitale il devient, par l’entremise de Fontenelle, l’un des familiers du salon de Mme de Lambert et reçoit l’approbation pour sa première pièce de théâtre,
le Père prudent et équitable ou Crispin l’heureux fourbe (1712). Cette prédilection qu’il attache à la vie de mondain, plus que le désir impérieux de répondre à sa vocation littéraire a vraisemblablement une très large part dans l’interruption de ses études en 1713. Il s’initie dans les salons à une forme de préciosité moderne qui donnera naissance au « marivaudage ».

Auteur de plusieurs romans, dont 
la Voiture embourbée en 1714, et d’une série d’essais publiés par le Mercure, les Lettres sur les habitants de Paris (1717), les Pensées sur la clarté du Discours (1719), il achève de prendre parti dans la seconde Querelle des Anciens et des Modernes en faisant paraître à la fin de 1716 l’Iliade travestie, roman parodique et burlesque.

Marié en 1717, il perd sa femme en 1723. Ruiné par la banqueroute de Law, débouté dans sa demande de succéder à la charge de son père, il fait mine de s’orienter vers la carrière littéraire alors que l’une de ses pièces (
la Mort d’Hannibal, 1720) vient d’être acceptée à la Comédie-Française et deux autres, l’Amour et la Vérité (1720) et Arlequin poli par l’amour (1720), au Théâtre des Italiens. Marivaux songe pourtant à une carrière d’avocat et reprend une inscription en droit en 1721. Fondateur du journal le Spectateur français (1721), il mène conjointement une brillante carrière de journaliste et de dramaturge. Il est élu à l’Académie Française en 1742 de préférence à Voltaire.

Marivaux a été un écrivain prolifique: de 1713 à 1755, il a publié pratiquement tous les ans. Une quarantaine de pièces de théâtre, en un ou trois actes le plus souvent, sept romans et récits parodiques, trois journaux et une quinzaine d’essais.

Marivaux a été l’auteur le plus joué de la première moitié du XVIIIe siècle, avec Voltaire.
Dans les années 1950-1960, redevenu à la mode, Marivaux permet à la nouvelle génération de metteurs en scène de s’essayer à de nouvelles interprétations
: Vitez, Vilar, Planchon, Chéreau, entre beaucoup d’autres.


Éphéméride 31 janvier 1944 décès de Jean Giraudoux

Hippolyte Jean Giraudoux est un écrivain et diplomate français, né le 29 octobre 1882 à Bellac en Haute-Vienne et mort le 31 janvier 1944 à Paris.

Né le 29 octobre 1882 à Bellac dans le Limousin, Jean Giraudoux entre à l’École Normale Supérieure en 1903 après un parcours scolaire remarquable et une khâgne à Lakanal. Être reçu à l’école de la rue d’Ulm représente peut-être l’étape la plus importante dans la construction de sa vie d’intellectuel, malgré son échec à l’agrégation d’allemand. L’École Normale lui permit de fréquenter les plus hautes sphères intellectuelles de son temps et lui ouvrit des portes importantes, pendant et après les quatre ans qu’il y passa. Il fit de nombreux voyages à cette époque, en Allemagne, en Italie, au Canada, ou à Harvard aux États-Unis où il passa un an (1906-1907) comme enseignant de français.

À son retour en France, Giraudoux devint secrétaire particulier de Maurice Bunau-Varilla, qui dirigeait le journal
Le Matin. C’est là qu’il commença à écrire des nouvelles et à s’insérer dans la scène littéraire parisienne. Il publie Provinciales (1909), recueil de nouvelles sur la vie dans les petites villes de province, et L’école des indifférents en 1910. À cette même époque, dans une atmosphère encore influencée par le symbolisme, il fréquenta Claudel ou Edmond Jaloux avec lesquels il passe ses soirées dans les cafés et les brasseries du quartier Latin.

En 1910, il intègre le ministère des Affaires étrangères, où il fait carrière, seulement interrompu par une période pendant la première guerre pendant laquelle il fut mobilisé, blessé et obtint la Légion d’honneur. Sous la protection de Philippe Berthelot, il atteint le grade de vice-consul et se vit chargé de délivrer d’importants documents à l’étranger. Cette fréquentation des grands de ce monde se reflétera dans
Siegfried et le Limousin (1922) ou Bella (1926).

Dans le même temps, encouragé par la
Nouvelle Revue Française dirigée par André Gide, il continue à écrire et devint un contributeur régulier de cette même NRF.
Siegfried et le Limousin présente en arrière-plan de l’histoire l’hostilité entre la France et l’Allemagne, et Bella narre la rivalité de deux hommes d’État, un nationaliste et un internationaliste. Dans Amphitryon 38 (1929), les protagonistes seront l’homme et Dieu, le monde païen et le monde de l’Ancien testament dans Judith (1931) et l’homme et la femme dans Sodome et Gomorrhe (1943).

Jean Giraudoux était déjà consacré comme un écrivain important quand il rencontre Louis Jouvet
: il décide de se mettre à l’écriture de pièces de théâtre à l’âge de quarante-cinq ans. En 1928, Louis Jouvet le convainc d’adapter son célèbre roman Siegfried et le Limousin au théâtre. Giraudoux consacrera l’essentiel de sa carrière par la suite à l’expression théâtrale. Outre Amphitryon 38, seront ainsi autre autres écrites et jouées La guerre de Troie n’aura pas lieu (1935), Électre (1937) et La Folle de Chaillot (1945), qui sera montée après sa mort. Il écrit également deux scenarii pour le cinéma, La duchesse de Langeais (1942) et Les anges du péché (1944).

Peu après l’échec de son mariage avec Suzanne Boland, sa santé se dégrade, et il meurt à Paris en janvier 194
4, officiellement d’un empoisonnement ou d’une pancréatite. Il s’agit peut-être d’un suicide.
Il sera inhumé le 3 février, provisoirement, au cimetière de Montmartre (puis à Passy). Au café de Flore, Claude Roy fera courir le bruit qu’il a été empoisonné par la Gestapo, imité par Louis Aragon.

Jean Giraudoux a participé comme d’autres dramaturges des années 1930-1940 (Cocteau, Anouilh, Sartre, Camus par exemple) à la réécriture des mythes antiques éclairés par les mentalités modernes. Il a su allier fantaisie poétique et goût pour les images insolites et également associer le tragique et le léger dans une langue élégante et fine, parfois même poétique comme dans
Intermezzo ou Ondine.

Mon dossier sur Électre est ici

Éphéméride 24 janvier 1732 naissance de Beaumarchais

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, né le 24 janvier 1732 à Paris où il est mort le 18 mai 1799, est un écrivain, musicien, homme d’affaires et poète français, considéré comme l’une des figures emblématiques du Siècle des Lumières.
Né d’un père horloger, il refuse d’apprendre le métier paternel, puis se ravise, invente même un mécanisme d’horlogerie à échappement, devient horloger de la cour, puis maître de harpe des filles de Louis XV; il prend le nom de Beaumarchais, acquiert une charge à la table du roi, et se transforme en financier.

En 1764, il est à Madrid, y fait d’étonnants projets de commerce mêlés d’intrigues politiques, hérite en partie les biens du financier Pâris Duverney, ce qui l’entraîne dans un procès de huit ans. Il se défend avec acharnement, en utilisant sans scrupule tous les moyens possibles, et en rédigeant contre le conseiller Goezman, son adversaire, des Mémoires aussi brillants que vigoureux.
En 1775, il fait jouer 
le Barbier de Séville qui, après un premier échec, connaît bientôt le triomphe avec une légère modification de la composition. Sa vie est toujours aussi aventureuse et dispersée. Il vend des armes en Amérique, fonde la Société des Auteurs Dramatiques, se bat contre la censure, et fait jouer en 1784 le Mariage de Figaro qui connaît un très grand succès. Pendant la révolution, il compose un drame moralisateur, part pour l’étranger, revient à Paris, reconstitue sa fortune et meurt en 1799.

Éphéméride 17 janvier 1600 naissance de Calderòn de la Barca

Pedro Calderón de la Barca de Henao y Riaño, né à Madrid le 17 janvier 1600 et mort à Madrid le 25 mai 1681, est un poète et dramaturge espagnol. Extraordinairement prolifique, auteur de plus de deux cents textes dramatiques, il est en particulier connu pour sa pièce La Vie est un songe.
Pedro Calderón de la Barca naît au sein d’une famille noble où se mêle au sang castillan de la Montaña (près de Santander) le sang d’ancêtres wallons venus du Hainaut (autour de Mons). Il reçoit une éducation soutenue d’abord dirigée vers la théologie. Il est envoyé à l’université d’Alcalá de Henares (1614). À la mort de son père (1615), il passe à l’université de Salamanque, où il fait son droit canon.
Ce n’est que vers 1620 qu’il s’oriente vers la dramaturgie. En 1623, Calderón donne sa première comédie,
Amor, honor y poder (l’Amour, la puissance et l’honneur). Il écrit dès lors pour la scène du palais royal. Il commence une longue carrière de courtisan.

Vers ces mêmes années (1629), il « dépeint » dramatiquement la célèbre Rendición de Breda (siège et reddition de Breda, aux Pays-Bas), que Vélasquez avait déjà célébrée dans son tableau Les Lances.

De plus en plus populaire, il finit par mettre ses talents au service du roi Philippe IV. En 1635, le roi lui demande d’inaugurer, par une fête à grand spectacle, son nouveau palais du Buen Retiro. À cette occasion, Calderón brise les conventions de la comédie traditionnelle, celle de Lope de Vega, qui rappelait encore les tréteaux populaires. En effet, dans El mayor encanto, Amor (l’Amour magicien, 1635), la musique, les décors et les costumes jouent avec le texte pour faire un ensemble cohérent et une représentation complète, à la fois spectacle et littérature.
Particulièrement productif, il écrit de nombreuses
comedia dont la Dévotion à la croix et la Vie est un songe (1633). Ses compositions trouvent ainsi leur inspiration autant dans les thèmes religieux, moraux, historiques que philosophiques. Après avoir pris part à quelques campagnes militaires, il se fait prêtre en 1651 et poursuit ses productions théâtrales. Grand partisan de la Contre-Réforme, il écrit plus de 80 «autos sacramentales », dont le Grand Théâtre du monde. Dans les années 1660, il dévie plus particulièrement vers des sujets à caractère mythologique. Chapelain du roi dès 1663, il demeure à Madrid jusqu’à sa mort. Le 25 mai 1681, il meurt après avoir écrit d’une plume toujours alerte Hado y divisa de Leonido y Marfisa (Destin et devise de deux amants, 1680).

Éphéméride 15 janvier 1622 baptême de Molière

15 janvier 1622 : Baptême à Saint-Eustache de Jean Pouguelin (sic), le futur Molière, né sans doute le 13 ou le 14.
Son père est un marchand tapissier âgé de vingt-cinq ans ; sa mère, Marie Cresé (sic), qui a vingt ans, est fille de tapissier. La famille vit dans le quartier des Halles.
Jean-Baptiste Poquelin fonde L'Illustre-Théâtre le 30 juin 1643, au tout début du règne de Louis XIV, avec ses amis comédiens, Madeleine Béjart et Tiberio Fiorelli, dit Scaramouche, vedette de la comédie italienne. Lui-même adopte le pseudonyme de Molière (nom d'un romancier naguère à la mode).
La troupe de Madeleine Béjart triomphe enfin à Paris le 18 novembre 1659 avec
Les Précieuses ridicules.
Bénéficiant dès lors du soutien du roi, qui le protège contre les cabales et lui assure de confortables revenus, Molière assume une fonction équivalente à celle de bouffon du roi, avec le droit de tout dire et de tout jouer.
Il va donner dans les quatorze dernières années de sa vie la totalité de ses chefs-d'oeuvre.

Éphéméride 7 janvier 1873 naissance de Charles Péguy


Fils d’un menuisier et d’une rempailleuse de chaises, Charles Péguy entre à l’École Normale Supérieure. Militant socialiste, il prend fait et cause pour Dreyfus et ouvre une librairie socialiste dans le Quartier Latin à Paris.
Après le « coup de Tanger » (1905), il prend des positions politiques de plus en plus nationalistes et tente de concilier socialisme, nationalisme et christianisme mystique. Devenu un poète et écrivain renommé, il ne craint pas, à la veille de la Grande Guerre, de fustiger le pacifisme de son ancien ami Jean Jaurès.
Charles Péguy meurt au combat d’une balle en plein front le 5 septembre 1914 à Villeroy, pendant la Première bataille de la Marne.

Son œuvre, multiple, comprend des pièces de théâtre en vers libres, comme Le Porche du Mystère de la deuxième vertu (1912), et des recueils poétiques en vers réguliers, comme La Tapisserie de Notre-Dame (1913), d’inspiration mystique, et évoquant notamment Jeanne d’Arc. C’est aussi un intellectuel engagé: après avoir été militant socialiste, anticlérical puis dreyfusard au cours de ses études, il se rapproche du catholicisme à partir de 1908 et du conservatisme, et reste connu pour des essais où il exprime ses préoccupations sociales et son rejet de la modernité (L’Argent, 1913).

Éphéméride 26 décembre 1662 Molière crée L'Ecole des Femmes


Jean-Baptiste Poquelin achève la création de sa dernière comédie en cinq actes au Palais-Royal à Paris. L’École des femmes sera vite considérée comme la première comédie de la maturité pour Molière. La pièce, novatrice en ce qu’elle mêlait de manière alors inédite les ressources de la farce et de la grande comédie en vers, suscite une série de débats connus sous le nom de « Querelle de L’École des femmes. »
La morale et le comique de la pièce agaceront ses rivaux tels que Corneille et les consciences traditionnelles. Molière devra faire face à une vague de critiques qui alimenteront la polémique jusqu’en 1663.
Cette querelle, habilement exploitée par Molière, lui donna l’occasion de répondre aux critiques qui lui avaient été adressées et de préciser son projet dramatique dans une comédie intitulée la Critique de l’École des Femmes, représentée sur la scène du même théâtre au mois de juin de l’année suivante.

Éphéméride 22 décembre 1944 Première de La Folle de Chaillot


La Folle de Chaillot est une pièce de théâtre en 2 actes, l'une des plus célèbres de Jean Giraudoux, qu'il rédigea pendant l’Occupation.

La pièce est présentée pour la première fois en public au théâtre de l'Athénée à Paris, après la mort de Giraudoux, dans une mise en scène orchestrée par Louis Jouvet qui était revenu d’Amérique.
Marguerite Moreno interprète le rôle titre d'Aurélie, la Folle de Chaillot. Louis Jouvet joue le rôle du chiffonnier. La pièce reçoit un accueil triomphal et les critiques voient en elle “un thème pour tous les délires”. Elle
apparaît aujourd'hui comme une pièce prophétique : « Ce qu'on fait avec du pétrole. De la misère. De la guerre. De la laideur. Un monde misérable. »

Éphéméride 13 décembre 1669 Première de «Britannicus»


La tragédie romaine de Racine, en cinq actes et en vers, est présentée pour la première fois à l’Hôtel de Bourgogne. Le rival de Racine, Corneille, est présent dans la salle. Il fera l'éloge de la pièce à l'Académie quelques jours plus tard mais omettra de mentionner le nom de son auteur, ce qui provoquera une querelle entre les deux hommes.

Britannicus est la deuxième grande tragédie de Racine. Pour la première fois, l’auteur prend son sujet dans l’histoire romaine. L’empereur Claude a eu un fils, Britannicus,avant d’épouser Agrippine et d’adopter Néron, fils qu’Agrippine a eu d’un précédent mariage et qu’elle va pousser vers le trône au détriment de Britannicus, en empoisonnant Claude. Néron a donc succédé à Claude. Il gouverne l’Empire avec sagesse au moment où débute la tragédie. Racine raconte l’instant précis où la vraie nature de Néron se révèle : sa passion subite pour Junie, fiancée de Britannicus, le pousse à se libérer de la domination d’Agrippine et à assassiner son frère adoptif.
Bien que jouée 1 258 fois (jusqu'en septembre 1680), Britannicus n'aura qu'un succès mitigé, notamment à cause des partisans de Corneille qui monteront une cabale contre la pièce de Racine.