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Vialatte

Éphéméride 3 mai 1971 décès d'Alexandre Vialatte

3 mai 1971 : décès d'Alexandre Vialatte, écrivain français (° 22 avril 1901).

Né dans un village de la Haute-Loire et chroniqueur à
La Montagne, quotidien local auvergnat, Vialatte a longtemps été considéré, au mieux comme un journaliste doué, au pire comme un écrivain régionaliste, dans tous les cas comme un dilettante de la littérature.
Ceux qui le connaissent mieux savent que c'est à lui que revient le mérite d'avoir introduit Kafka en France en traduisant
Le Procès (1933), Le Château (1938), L'Amérique (1946), ainsi que les nouvelles qui composent La Métamorphose (1938), La Colonie pénitentiaire (1948) et La Muraille de Chine (1950).

Vialatte a traduit aussi Thomas Mann, Nietzsche et d'autres auteurs allemands. Cette activité au service d'autres écrivains a parfois fait oublier ses grandes qualités de romancier.

Battling le Ténébreux (1928) est, dans la lignée d'Alain-Fournier, un des grands romans sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Son sous-titre, La Mue périlleuse, en résume le thème : l'adolescence y est montrée comme un âge à la fois merveilleux — celui du rêve — et terrifiant ; les héros du roman, tous fragiles, quels que soient les masques dont ils s'affublent, se heurtent douloureusement et ne parviennent pas indemnes à l'âge d'homme.
Magnifique hymne à l'amitié, écrit dans une langue dense et souple,
Battling est un poème noir sur lequel plane l'ombre de la mort et du vieillissement.
Le Fidèle Berger (1942) est un roman moins personnel. Vialatte y parle de son expérience de combattant en 1940.

C'est avec
Les Fruits du Congo (1951) que Vialatte atteindra une sorte de célébrité. Ce gros roman reprend, avec plus d'ampleur, les thèmes de Battling. La jeunesse y est l'âge durant lequel la réalité apparaît travestie par les délires de l'imaginaire. Vialatte y donne libre cours à son imagination, à son humour, souvent noir, et à une ironie qui n'est pas sans évoquer les romans de Maurice Fourré et les œuvres surréalistes.
Ce nouvel hymne à l'adolescence est encore un livre sur la mort, profondément pessimiste. Les derniers chapitres rappellent
L'Éducation sentimentale : on y ressent la même impression poignante de vieillissement et de solitude, mais ici la plainte est constamment déguisée en jeu, ce qui a fait dire de Vialatte, romancier de la mort et de la désillusion, qu'il était un romancier rose !
Vialatte a écrit plus d'un millier de chroniques (publiées dans
La Montagne, Le Spectacle du monde, etc.) réunies depuis dans Dernières Nouvelles de l'homme (1978), Et c'est ainsi qu'Allah est grand (1979), L'éléphant est irréfutable (1980), Almanach des quatre saisons (1981).

Toujours à la recherche du mot précis et de la pointe, le style est proche de celui de Giraudoux et de Morand. L'œuvre de Vialatte a fait l'admiration de Nimier et de Blondin : c'est dire dans quelle famille littéraire elle se situe.


Encyclopédia Universalis



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Éphéméride 22 avril 1901 naissance d'Alexandre Vialatte

Auteur de centaines de chroniques publiées dans La Montagne et Le Spectacle du monde, Alexandre Vialatte (1901-1971) fut journaliste régional, écrivain et le premier traducteur en France de Franz Kafka (Le Procès, 1933).

Alexandre Vialatte, né le 22 avril 1901 à Magnac-Laval (Haute-Vienne) et mort le 3 mai 1971 à Paris, est un écrivain français.

Installé une première fois à Ambert (Puy-de-Dôme) avec sa famille en 1915, il rencontre en 1916 les frères Paul et Henri Pourrat, auxquels le liera une longue amitié, surtout avec le dernier. Cette amitié, ponctuée de nombreuses randonnées pédestres dans les monts du Livradois et du Forez, et d'une abondante correspondance, sera un peu de nature « filiale ».
Germanophone, il est de 1922 à 1928 secrétaire de rédaction de La Revue Rhénane en Allemagne, dans la zone occupée par les forces françaises. En 1938, il est professeur de français au lycée franco-égyptien d'Héliopolis, près du Caire.

Il s'engage en 1939 et est fait prisonnier en Alsace en juin 1940, ce qui provoque en lui un effondrement psychologique qui le conduit à l'hôpital psychiatrique de Saint-Ylie, près de Dole. Après avoir tenté de s'y suicider, il en sort en 1941. Cette expérience est relatée dans Le Fidèle Berger, roman du soldat qui sombre dans la folie à force de marcher et sera sauvé en pensant à la femme aimée. Son ami Henri Pourrat mentionne[1] « ce bourg où Vialatte, en se retrempant chaque jour dans le limpide étang des Escures, écrivit en trois semaines Le Fidèle Berger, et, c'est le plus étonnant des livres de guerre parus durant la guerre, le plus profond. Celui où la colère, l'humour, la simplicité, la fidélité nous parle de plus près ».

En 1948, il retourne à Ambert, puis s'installe à Paris (en face de la prison de la Santé). Il écrit, de 1952 jusqu'à sa mort, les 898 Chroniques publiées (sauf 10) dans le journal quotidien auvergnat
La Montagne.