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Chalamov

Éphéméride 18 juin 1907 naissance de Varlam Chalamov

Ephéméride 18 juin 1907 : naissance de Varlam Tikhonovitch Chalamov (en russe : Варлам Тихонович Шаламов) écrivain soviétique, né le 5 juin 1907 (18 juin 1907 dans le calendrier grégorien) à Vologda, mort le 17 janvier 1982 à Moscou.
Il passa 22 ans de sa vie au goulag dont il tira de terribles récits.

Varlam est né dans une famille aisée ruinée par la révolution de 1917. Il est le dernier des cinq enfants d'un ecclésiastique privé de ses fonctions par le nouveau régime. Après ses études secondaires, en 1924, il fuit la misère et trouve du travail près de Moscou. En 1926, devenu ouvrier, il a accès à l'université. À Moscou, il fréquente les bibliothèques, les cercles futuristes et constructivistes. Il commence à écrire.

En 1929, il est arrêté dans une imprimerie clandestine qui diffusait le Testament de Lénine. Il passe deux ans dans un camp de travail à Vichéra, nord de l’Oural. En 1931, à Moscou, il publie ses premières œuvres.

En 1937, Varlam Chalamov est condamné à cinq ans de bagne pour « activité contre-révolutionnaire trotskiste ». Il est envoyé en Kolyma, dans cet Extrême-Orient soviétique. Dans des conditions inhumaines, il travaille dans différentes mines. Il n'est en fait libéré de sa peine qu'en 1951, mais reste assigné à résidence à Kolyma. Il écrit de la poésie.

Quand il rentre à Moscou en 1954, après une absence de dix-sept ans, il se fait chasser par sa femme et par sa fille, qui l'accuse d'être « un ennemi du peuple ». L'année suivant, Varlam Chalamov entreprend la rédaction des "
Récits de Kolyma". Dès sa libération, Chalamov rencontre Pasternak qui lui confie en 1954 et 1955, en deux fois, le manuscrit de "Docteur Jivago", il en est l'un des premiers lecteurs.

Varlam Chalamov est officiellement réhabilité en 1956, il s’installe à Moscou, rompt avec Pasternak. "Les Récits de Kolyma", refusés en URSS, paraissent à l'étranger en 1960, mais il ne perçoit aucun droit d'auteur. En 1972, Chalamov doit renier ses "
Récits", très probablement forcé par les pressions de l'État. Le livre paraît en URSS en 1987.

Isolé et malade, Varlam Chalamov meurt aveugle et sourd, dans un hôpital psychiatrique où il a été transféré contre son gré. De son vivant, il n'a publié dans son pays que quelques recueils de poèmes.

«
Il ne faut pas avoir honte de se souvenir qu'on a été un « crevard », un squelette, qu'on a couru dans tous les sens et qu'on a fouillé dans les fosses à ordures [...]. Les prisonniers étaient des ennemis imaginaires et inventés avec lesquels le gouvernement réglait ses comptes comme avec de véritables ennemis qu'il fusillait, tuait et faisait mourir de faim. La faux mortelle de Staline fauchait tout le monde sans distinction, en nivelant selon des répartitions, des listes et un plan à réaliser. Il y avait le même pourcentage de vauriens et de lâches parmi les hommes qui ont péri au camp qu'au sein des gens en liberté. Tous étaient des gens pris au hasard parmi les indifférents, les lâches, les bourgeois et même les bourreaux. Et ils sont devenus des victimes par hasard. »
— Varlam Chalamov, Récits de la Kolyma, 1978