Anglicismes

Développer


Certains emplois du verbe « développer », venus de l’anglais, et qui étaient il y a peu considérés comme des anglicismes, sont maintenant acceptés en français.

Ainsi, il était jugé fautif de dire « 
DÉVELOPPER de nouvelles techniques »; il fallait plutôt dire CRÉER, METTRE AU POINT de nouvelles techniques.

En médecine, il était incorrect de dire
DÉVELOPPER une maladie. Les puristes recommandent encore de dire: CONTRACTER une maladie, ÊTRE ATTEINT d’une maladie.

Actuellement, les dictionnaires considèrent ces emplois comme corrects et l’on peut dire
: « C’est notre société qui a développé cette technique ».

Feeling


Le mot anglais « feeling » est tout à fait superflu en français, même s’il figure dans le dictionnaire Le Robert.
Les noms français ne manquent pas
: SENTIMENT, ÉMOTION, SENSATION, INTUITION.
Au lieu de dire « 
Je ressens un bon feeling », il vaut mieux dire: « J’ai une bonne sensation ».
Au lieu de dire « 
Il avait un bon feeling à son endroit » on dira: « Il avait une bonne intuition à son endroit ».

Affecter

Affecter est un anglicisme quand on l’emploie au sens de « concerner », « toucher ».
Ainsi, il est fautif de dire
: « *Cette mesure affecte tous les élèves nouvellement inscrits »

La formule correcte est
: « Cette mesure concerne - ou touche tous les élèves nouvellement inscrits ».

Le sens le plus courant et le plus correct de « 
affecter » est celui de « avoir un effet négatif sur la santé, sur le moral »:
Exemples
:
« 
Son diabète l’a beaucoup affecté »; « la maladie de sa femme l’a beaucoup affecté ».

Trivial et Trivialité


Les mots TRIVIAL et TRIVIALITÉ s’emploient en français et en anglais, mais avec des sens très sensiblement différents.

TRIVIAL en français signifie “
vulgaire, choquant, grossier, de mauvais goût”.

Exemple
: Je déteste la trivialité de certains comiques, qui croient faire rire en adoptant un langage vulgaire (trivial).

En anglais, l’adjectif TRIVIAL signifie “
banal, ordinaire, sans intérêt”. Le nom correspondant est TRIVIALITY.

Usages de la préposition SUR

La préposition SUR est utilisée intensément dans l’usage actuel, la plupart du temps de façon fautive.
Que de gens planent actuellement, en « 
venant sur Paris » ou en « travaillant sur Tours »!
C’est un anglicisme syntaxique, un de plus… alors que la langue française est si riche en prépositions.

Voici une petite liste d’emplois fautifs, accompagnés de la formulation correcte
:

Usage fautif// Correction

travailler sur Tours // travailler
à Tours
se diriger sur Lyon // se diriger
vers Lyon
être sur le chômage // être
en chômage
être sur l’aide sociale //
recevoir l’aide sociale
traverser sur un feu rouge // traverser
à un feu rouge; ou griller, brûler un feu rouge
un verre sur pied // un verre
à pied
être sur le piquet de grève // être
au piquet de grève
habiter sur le même étage // habiter
au même étage, habiter le même étage
travailler sur un laboratoire // travailler
dans un laboratoire
recevoir la télévision sur le câble // recevoir la télévision
par le câble
trouver une information sur l’internet // trouver une information
dans l’internet
lire une information sur le journal // lire une information
dans le journal…

Portable et Portatif

Ces deux adjectifs n’ont pas exactement le même sens.

Portable signifie: «qui peut être porté ou transporté», d’une façon générale.
Portatif signifie: «fait pour être porté avec soi, sur soi».

Voltaire appelait son
Dictionnaire philosophique «portatif».

Pour les ordinateurs et les téléphones, le terme exact serait «
portatif»; «portable» devrait s’employer pour un téléviseur, une machine à coudre, une machine à écrire.

C’est sous l’influence de l’anglais que «portable» a progressivement remplacé «portatif».

En pratique, pour les objets que nous portons avec nous (ordinateur, téléphone), nous avons le choix entre «portatif», au sens strict et «portable», utilisé désormais par la majorité des francophones.

Apprécier

Le verbe APPRÉCIER est employé correctement au sens d’« aimer, goûter, juger favorablement ».
Exemple
: Il apprécie votre bonne humeur.

En revanche, APPRÉCIER QUE est un anglicisme.
Au lieu de dire « *
J’apprécierai que vous soyez à l’heure », on dira correctement: « J’aimerais que vous soyez à l’heure », ou « Je vous saurais gré d’être ponctuel. »

APPRÉCIER suivi d’un infinitif est également incorrect
: ne dites pas « *j’apprécierai recevoir votre visite », mais dites: « J’aimerais recevoir votre visite », ou «Je vous serais reconnaissant de venir me voir ».

Deadline et échéance

Le mot DEADLINE que, dans le domaine de l’édition, du journalisme, de la publicité, certains emploient, est à remplacer par HEURE LIMITE, DATE LIMITE, ÉCHÉANCE.

Exemples
: « Quelle est l’heure limite pour terminer ce travail? »
« Le gouvernement devra bientôt affronter l’
échéance électorale. »

Dans le domaine journalistique, on utilise l’expression HEURE DE TOMBÉE, ou la TOMBÉE: le journaliste doit toujours connaître l’heure de tombée de l’article qu’il prépare.

Challenge



Le mot « challenge » désigne en anglais une difficulté à surmonter. C’est un anglicisme parfaitement inutile, car il n’apporte rien de plus que le mot français « 
DÉFI ».

Dans le langage du sport, les mots CHALLENGE et CHALLENGER sont parfois utilisés.

On prononce indifféremment « 
tchalendje » ou « chalange ».

En matière de sport « 
challenge » désigne une épreuve qui met en jeu un prix, un titre, un trophée.
Dans le domaine de la boxe, « 
challenger » désigne celui qui veut arracher son titre au champion de sa catégorie.

Donc, à part dans le domaine du sport, et pour un sens restreint, voici un mot à oublier
: c’est un beau défi!