Charme, charmer, charmant

Dans la langue classique, tous ces mots possèdent un sens très fort.

1. Charme
du latin
carmen, chant magique, en particulier pour guérir une blessure)
désigne l’effet d’une magie ; un maléfice.

Au sens figuré : sortilège, enchantement, influence irrésistible qui paralyse la raison.
Très fréquent dans la langue amoureuse et galante, le mot charme traduit la fascination de l’amour, la puissance de séduction de l’être aimé :

« 
Un je ne sais quel charme encore vers vous m’emporte ».
(Corneille, Polyeucte, v. 505)

« 
Ne sentirai-je plus de charme qui m’arrête ?
Ai-je passé le temps d’aimer ? »

(La Fontaine,
Fable IX, 2)

Au pluriel,
charmes désigne les appas d’une femme, avec tous leurs pouvoirs mystérieux.
Trop utilisé dans le langage amoureux, le mot va perdre de sa force pour ne plus désigner que ce qui est attirant, mais le sens originel garde sa force aujourd’hui dans l’expression
charmeur de serpents.

2. Charmer signifie :
- calmer, comme par magie ; séduire
- envoûter, dans le langage amoureux.

3. Charmant a d’abord une valeur forte, liée à l’idée d’ensorcellement.
Mais l’utilisation de ces mots dans le langage de la politesse va les affaiblir peu à peu au cours du XVIIIe siècle. La même évolution concerne le verbe
enchanter et ses dérivés :

« 
Je suis, je vous assure, charmé de vous voir »
(Marivaux,
Le Jeu de l’amour et du hasard I,10).