Grèce

Jeux dans l'Antiquité

Louis Becq de Foucquières nous enseigne, dans ses Jeux des Anciens (1869), que « dès que l'enfant vient au monde, c'est avec des cadeaux qu'on l'accueille dans la vie ».

Aristophane nous dit, dans
Les Nuées (vers 861-864), que déjà au Vsiècle avant J.-C., le commerce des jouets existait: les coroplastes grecs vendaient dans leurs ateliers les objets en terre cuite qu'ils modelaient.

Sous l'Antiquité grecque et romaine, les enfants reçoivent des cadeaux dès leur naissance
; ceux-ci sont joliment dits « du premier regard ».
Le cinquième jour, pendant lequel l'enfant est initié à la religion de la famille, le jour où les parents lui donnent un nom, le jour de son anniversaire, le premier de l'an sont autant de nouvelles occasions de cadeaux.



Source principale
: « Jeux et jouets de l'enfance en Grèce et à Rome », Agnès DURAND. In Les dossiers d'archéologie, n° 168, février 1992. "Jeux et jouets dans l'antiquité et au Moyen-Âge".

La poupée est l'un des principaux jouets avec lesquels s'amusaient les enfants dans l'Antiquité, comme en attestent les fouilles archéologiques et les textes antiques.
Leur description, leur taille maniable par des enfants, leur découverte dans des tombes d'enfants permettent d'affirmer que ces poupées étaient bien des jouets d’enfant.

Source principale: « Les poupées antiques », Michel MANSON. In Les dossiers d'archéologie, n° 168, février 1992. « Jeux et jouets dans l'antiquité et au Moyen-Âge »

Les premières poupées d'enfants remontent, en Grèce, au Vsiècle avant Jésus-Christ. Elles sont dites poupées corinthiennes.
Leur corps, en terre cuite, est obtenu à l'aide d'un moule unique
; le dos est donc plat. Les membres sont modelés isolément. Deux fils permettent leur articulation: l'un traverse les épaules; le second traverse trois tenons entre lesquels se situent les jambes.
Ces poupées de 10 à 15 cm sont coiffées d'un haut
polos, et sont vêtues d'une tunique ajustée, moulée, assez courte, dont les trois tenons, au niveau des hanches, représentent l'extrémité. Elles tiennent généralement dans leurs mains des crotales ou des castagnettes.
Les poupées corinthiennes ont été souvent imitées, exportées et copiées par surmoulage sur les rives de la Mer Noire, en Afrique du Nord, en Italie méridionale, en Espagne, sur les routes du commerce corinthien.

Un
deuxième type de poupées apparaît à Athènes vers 440-430, et s’est répandu jusqu'au milieu du IVsiècle avant Jésus-Christ.
Ces figurines, ou
poupées classiques attiques, de 13 à 18 cm sont articulées au niveau des genoux, et sont fabriquées à l'aide de deux moules.

L'articulation évolue à nouveau sur le
troisième type de poupées de la Grèce classique: la jambe est emboîtée dans un genou creux, et non plus entre des tenons. La figurine gagne alors esthétiquement, sans perdre sa liberté de mouvement. Elle mesure de 20 à 25 cm.

La poupée de Grèce, telle qu'elle apparaît sur les stèles funéraires attiques des fillettes, présente au terme de ces évolutions des membres fixes
; les bras sont collés au corps, coupés aux coudes; les jambes sont quant à elles coupées aux genoux.

Cérémonie religieuse à Athènes


Il était de coutume dans l’Antiquité, à Athènes comme plus tard à Rome, que la jeune fille devenue pubère déposât sur l’autel d’Arthémis ou d’Aphrodite les poupées qui avaient été les compagnes de son enfance.

Becq de Fouquières cite un fragment de l'invocation que la poétesse Sapho adresse à Aphrodite au VIIsiècle:

"Ne méprise pas le voile pourpre de mes poupées (plaggonôn); c'est moi Sapho qui te consacre ces précieuses offrandes."

Cette cérémonie donnait lieu à des dédicaces dont certaines ont été retrouvées, dont celle-ci, d'auteur inconnu, d'époque hellénistique, qui évoque également ce rite:

« Au moment de se marier [pro gamoio], Timarèta, déesse de Limnes, [a dédié ses poupées], comme il convenait, elle vierge, à la déesse vierge, avec les vêtements de ces petites vierges. En retour, fille de Lêto, étends la main sur la fille de Timarètos et veille pieusement sur cette jeune fille pieuse. »

Adaptation en français moderne:

«Timarète, avant son mariage, consacre à Arthémis Lymnète son tambour, son ballon, la résille qui enveloppait ses cheveux. Elle, vierge, consacre encore à la déesse vierge ses poupées vierges aussi et les toilettes de ses poupées.
Ô fille de Latone, étends la main sur la jeune Timarète et que cette pieuse enfant soit par toi protégée ».