Histoire

Une poupée égyptienne d’époque romaine


Une poupée égyptienne d’époque romaine




Une poupée de chiffon en lin et rembourrée d'un matériau flexible (chiffon ?), portant des vêtements en lin. Ses cheveux sont faits de cheveux humains. Les yeux, les sourcils et la bouche sont peints. La poupée est l'une des plus élaborées de son genre et appartenait vraisemblablement à un enfant d'une famille aisée : elle porte des boucles d'oreilles en or, une bague et des bracelets en cuir doré.
Égypte, période romaine, IIe s. après JC

Photo de : Ägyptisches Museum und Papyrussammlung der Staatlichen Museen Berlin

Une poupée âgée de 2000 ans

Cette poupée romaine en os a presque deux mille ans.

Datée du 4e siècle, elle a probablement appartenu à une enfant morte prématurément.

Un objet émouvant à découvrir au musée de la BnF

Voir la notice de l'objet :

https://medaillesetantiques.bnf.fr/ws/catalogue/app/collection/record/ark:/12148/c33gb1cjt8

La jeune fille, la mort et la poupée

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Cérémonie religieuse à Athènes


Il était de coutume dans l’Antiquité, à Athènes comme plus tard à Rome, que la jeune fille devenue pubère déposât sur l’autel d’Arthémis ou d’Aphrodite les poupées qui avaient été les compagnes de son enfance.

Becq de Fouquières cite un fragment de l'invocation que la poétesse Sapho adresse à Aphrodite au VIIsiècle:

"Ne méprise pas le voile pourpre de mes poupées (plaggonôn); c'est moi Sapho qui te consacre ces précieuses offrandes."

Cette cérémonie donnait lieu à des dédicaces dont certaines ont été retrouvées, dont celle-ci, d'auteur inconnu, d'époque hellénistique, qui évoque également ce rite:

« Au moment de se marier [pro gamoio], Timarèta, déesse de Limnes, [a dédié ses poupées], comme il convenait, elle vierge, à la déesse vierge, avec les vêtements de ces petites vierges. En retour, fille de Lêto, étends la main sur la fille de Timarètos et veille pieusement sur cette jeune fille pieuse. »

Adaptation en français moderne:

«Timarète, avant son mariage, consacre à Arthémis Lymnète son tambour, son ballon, la résille qui enveloppait ses cheveux. Elle, vierge, consacre encore à la déesse vierge ses poupées vierges aussi et les toilettes de ses poupées.
Ô fille de Latone, étends la main sur la jeune Timarète et que cette pieuse enfant soit par toi protégée ».

Poupées romaines


À Rome, les poupées en os découvertes dans les catacombes du IVsiècle sont nues; le modelé suggère la poitrine, et les incisions indiquent le sexe.

À l'extrémité de la jambe est modelée une chaussure, qui finit élégamment la poupée.

Dans ces catacombes ont également été découvertes des poupées en ébène du II
siècle, et des poupées en ivoire des 2e et IIIsiècles.

Toutes ces poupées disposaient d'accessoires. Outre les vêtements et les bijoux, découverts directement sur la poupée, les fouilles menées en Grèce, en Italie ou en Gaule romaine ont mis au jour des dînettes et du mobilier en terre cuite, fabriqués par les coroplastes.

Petits plats, vases, paniers, cuisinière remplie de vaisselle, petit four, tables, chaises, lits avec coussins, berceaux… sont autant d'éléments énumérés par Anita Klein dans son ouvrage
Child Life in Greek Art
(Columbia University Press, 1932).



Jeux dans l'Antiquité

Louis Becq de Foucquières nous enseigne, dans ses Jeux des Anciens (1869), que « dès que l'enfant vient au monde, c'est avec des cadeaux qu'on l'accueille dans la vie ».

Aristophane nous dit, dans
Les Nuées (vers 861-864), que déjà au Vsiècle avant J.-C., le commerce des jouets existait: les coroplastes grecs vendaient dans leurs ateliers les objets en terre cuite qu'ils modelaient.

Sous l'Antiquité grecque et romaine, les enfants reçoivent des cadeaux dès leur naissance
; ceux-ci sont joliment dits « du premier regard ».
Le cinquième jour, pendant lequel l'enfant est initié à la religion de la famille, le jour où les parents lui donnent un nom, le jour de son anniversaire, le premier de l'an sont autant de nouvelles occasions de cadeaux.



Source principale
: « Jeux et jouets de l'enfance en Grèce et à Rome », Agnès DURAND. In Les dossiers d'archéologie, n° 168, février 1992. "Jeux et jouets dans l'antiquité et au Moyen-Âge".

La poupée est l'un des principaux jouets avec lesquels s'amusaient les enfants dans l'Antiquité, comme en attestent les fouilles archéologiques et les textes antiques.
Leur description, leur taille maniable par des enfants, leur découverte dans des tombes d'enfants permettent d'affirmer que ces poupées étaient bien des jouets d’enfant.

Source principale: « Les poupées antiques », Michel MANSON. In Les dossiers d'archéologie, n° 168, février 1992. « Jeux et jouets dans l'antiquité et au Moyen-Âge »

Les premières poupées d'enfants remontent, en Grèce, au Vsiècle avant Jésus-Christ. Elles sont dites poupées corinthiennes.
Leur corps, en terre cuite, est obtenu à l'aide d'un moule unique
; le dos est donc plat. Les membres sont modelés isolément. Deux fils permettent leur articulation: l'un traverse les épaules; le second traverse trois tenons entre lesquels se situent les jambes.
Ces poupées de 10 à 15 cm sont coiffées d'un haut
polos, et sont vêtues d'une tunique ajustée, moulée, assez courte, dont les trois tenons, au niveau des hanches, représentent l'extrémité. Elles tiennent généralement dans leurs mains des crotales ou des castagnettes.
Les poupées corinthiennes ont été souvent imitées, exportées et copiées par surmoulage sur les rives de la Mer Noire, en Afrique du Nord, en Italie méridionale, en Espagne, sur les routes du commerce corinthien.

Un
deuxième type de poupées apparaît à Athènes vers 440-430, et s’est répandu jusqu'au milieu du IVsiècle avant Jésus-Christ.
Ces figurines, ou
poupées classiques attiques, de 13 à 18 cm sont articulées au niveau des genoux, et sont fabriquées à l'aide de deux moules.

L'articulation évolue à nouveau sur le
troisième type de poupées de la Grèce classique: la jambe est emboîtée dans un genou creux, et non plus entre des tenons. La figurine gagne alors esthétiquement, sans perdre sa liberté de mouvement. Elle mesure de 20 à 25 cm.

La poupée de Grèce, telle qu'elle apparaît sur les stèles funéraires attiques des fillettes, présente au terme de ces évolutions des membres fixes
; les bras sont collés au corps, coupés aux coudes; les jambes sont quant à elles coupées aux genoux.

Fillettes et poupées en Afrique



« Les petites filles ne chassent pas; mais volontiers elles pilent le mtama, elles vont chercher de l’eau, et plus volontiers encore elles emmaillotent une calebasse dans un peu de linge, et la soignent, et lui parlent, et l’habillent, et la grondent, et l’embrassent, et la frappent comme une mère fait de son enfant. La calebasse se prête à tout: elle a une tête et un ventre. Or une tête et un ventre, c’est presque tout l’homme…


Ce qui m’étonna surtout, ce qui me jeta tout un soir dans un océan de considérations intérieures toutes plus philosophiques les unes que les autres, ce fut la calebasse, ce fut la poupée. Une poupée
! Le voilà donc en pleine Afrique, cet éternel jouet de la nature humaine! Une poupée! Saint Jérôme en parle dans ses lettres, et parfois, dans les fouilles des environs de Rome, lorsque l’on découvre un tombeau, on en trouve une entre les mains d’un squelette d’enfant: ainsi la poupée est de tous les temps; elle est aussi de tous les pays ».


Père Le Roy, missionnaire en Tanzanie,
in PP. Baur et Le Roy,
À travers le Zanguebar. Voyage dans l’Oudoé, l’Ouzigoua, l’Oukwéré, l’Oukami et l’Ousagara, Tours, 1886, p. 206-207.

Les poupées en deuil de Catherine de Médicis

À la mort de Catherine de Médicis, en 1589, on dressa un inventaire de ses possessions personnelles.
Parmi celles-ci, seize poupées dont huit portaient le deuil.
On ne sait pas de qui ces poupées portaient le deuil
: sans doute celui du roi son époux.

Les poupées à la Révolution

L’Histoire peut parfois nous surprendre: le monde des poupées a été touché par la grande vague révolutionnaire.

Pour les petites filles des sans-culottes, on fabrique des guillotines en miniature, servant à décapiter des poupées à l’effigie des aristocrates
!
Une école « éducative » qui néglige pour un temps l’enseignement de la tendresse et du rôle maternel et charge les jouets d’alimenter la haine de classe chez les fillettes.

Cette « invention » horrifie la mère de Goethe qui avait reçu une lettre de son illustre fils lui demandant de lui en procurer une, pour faire un cadeau
!…

Les Grands Magasins

Parmi les nouvelles méthodes de commercialisation imaginées pour la vente des poupées, les Grands Magasins vont jouer un rôle important.

En 1852, Aristide Boucicaut ouvre le magasin « Au Bon Marché ».
En 1855, Alfred Chauchard ouvre le magasin du « Louvre » et Ruel le « Bazar de l'Hôtel de Ville ».
En 1865, Jules Jaluzot crée « Le Printemps ».
En 1870, M. et Mme Cognacq-Jay ouvrent le magasin « La Samaritaine ».
En 1895, Théophile Bader ouvre « Les Galeries Lafayette ».

Ensuite, les magasins à succursales multiples, tels «Les Dames de France» et «Le Soldat Laboureur», et les catalogues de vente par correspondance vont faire pénétrer les poupées des grandes marques dans toutes les provinces françaises.

Les rayons consacrés aux jouets sont particulièrement fournis à l'approche des fêtes de fin d'année. Pour les étrennes, chaque grand magasin publie un catalogue de jouets proposés à la vente.

Ces catalogues ne présentent que quelques modèles de chaque jouet.
Quelquefois les poupées restent proposées sous le nom de leur fabricant, d'autres reçoivent un label propre au magasin. Ainsi, la maison Jumeau fabrique le « Bébé Louvre » vendu par les Grands Magasins du Louvre. Cette poupée ne présente pas de différence avec le Bébé Jumeau mais elle présente les lettres « B. L. » derrière la tête.

Le magasin du Printemps vend un « Bébé Printemps » fabriqué spécialement pour lui. II y a eu également le « Bébé du Bon Marché », le « Bébé Samaritaine ». Rien de particulier pour les distinguer des poupées Jumeau sinon les vêtements et l'étiquette qui mentionne leur nom.

Poupées et santons

Bien que de nombreux auteurs attribuent à saint François d’Assise l’invention de la première crèche, il semble qu’il ne s’agisse que d’une légende: le Poverello s’étant borné à célébrer l’office sur une mangeoire garnie de paille, en compagnie d’un âne et d’un bœuf vivants.

La plus ancienne crèche connue fut érigée à Prague en 1562. En France, c’est à Chaource (Aube) que l’on admire la plus ancienne du pays, constituée de vingt-deux statuettes de bois doré sculptées par des artistes de l’école troyenne. Elle date du XVIe siècle.

C’est au XVIIe siècle que l’art de la crèche se développe en Italie, particulièrement à Naples.
Entre les mains des artisans napolitains, la frontière est floue entre les poupées et les figurines de la crèche. Il est possible que de nombreuses poupées avec lesquelles les enfants napolitains jouaient aient été des personnages de crèche.

De nombreux perfectionnements ont été introduits dans la fabrication de ces figurines, et ils ont été repris par l’industrie de la poupée au XIXe siècle.

liens :
https://www.sculfort.fr/patrimoine/tradnoel/santonsdevineau.html
https://www.sculfort.fr/patrimoine/tradnoel.html

Les poupées au XVIIIe siècle


Pendant la Régence, l’ambassadeur de France à Londres, Guillaume Dubois, devenu cardinal par la suite, écrivit à une couturière parisienne, Mademoiselle Filon, pour lui demander un grand mannequin qui puisse montrer aux Londoniennes comment on s'habillait à Paris, sans oublier les détails des dessous les plus intimes.

Des informations plus intéressantes encore nous parviennent du précieux « 
Dictionnaire du Commerce » de Jacques Savary, dont la première édition date de 1772; au mot poupée, on peut lire en effet:

«...
se dit en général de tous les jouets d'enfants que font les Bimblotiers, lorsque ces jouets ont une figure humaine; c'est de ces jouets dont il se fait un si grand négoce à Paris et particulièrement au Palais. Ce terme s'entend néanmoins plus ordinairement de ces figures proprement habillées et coefées, soit d'homme, soit de femme, qu'on envoye dans les Pais étrangers pour y apprendre les modes de la Cour de France, ou qu'on donne aux enfants d'un moyen âge pour les amuser », ou encore:
«...
et non seulement la consommation en est très grande à Paris et dans les Provinces, mais il s'en fait encore des envois au dehors et jusques dans l'Amérique espagnole, sur lesquels il se fait d'assez grands profits…».

C'est ce mécanisme commercial, déjà bien en place à l'époque, qui permettra à l'industrie des poupées d'être l'un des secteurs les plus prospères de l'économie française au XIXe siècle.

Poupées à Versailles

Indissolublement liée à la mode, dans un univers féminin qui l’y associe, la poupée s’acquitte de diverses fonctions; elle tient compagnie à Marie-Antoinette qui fait habiller les siennes par la couturière de la cour, Rose Bertin; ou bien elle devient un patient mannequin: on essaie sur elle des toilettes, des bijoux, des coiffures.

Rose Bertin fut chargée de réaliser une poupée pour la fille de Madame Dillon, dont on a retrouvé cette description dans ses livres de compte
:

« 
C’était une grande poupée, munie de ressorts, d’un socle très bien fait, d’une excellente perruque, d’une fine chemise de toile de lin, de bas de soie et d’un long corset à baleines ».

La liste des habits de bal de la poupée suivait
: des jupons de voile et de brocart, de dentelle et de mousseline, des bonnets, des coiffures.

Les Pandores


Le mariage de la poupée et de la mode est consommé en France au début du XVIIIe siècle. On donne le nom de « Pandores » à ces grandes poupées mannequin, ambassadrices du goût français.

Dans la mythologie grecque, “Pandora” est le nom de la première femme, créée par Hephaïstos sur l’ordre de Zeus
: elle était pourvue de tous les dons qui pouvaient séduire les hommes.

Les élégantes Pandores, luxueusement vêtues, voyagent inlassablement à travers l’Europe, munies non seulement de leurs somptueuses toilettes, mais également de laisser-passer qui leur permettent de se jouer des pires hostilités.

L’abbé Prévost affirme qu’en 1704, pendant la guerre de succession espagnole, « 
par une galanterie qui n’est pas indigne de tenir une place dans l’Histoire, les ministres des deux cours de Versailles et de Saint-James accordaient, en faveur des dames, un passeport inviolable à la grande poupée. Au milieu des hostilités furieuses qui s’exerçaient de part et d’autre, cette poupée était la seule chose qui fût respectée par les armes ».

En 1712, en pleine guerre, cette annonce paraît dans les journaux anglais
:

«
Samedi dernier, la poupée française de l’année 1712 est arrivée chez moi, King Street, Covent Garden ».

Des poupées pour les princesses

Lors de la visite officielle du roi d'Angleterre à Paris en 1938, le gouvernement français offrit deux poupées, « France » et « Marianne », aux princesses Elizabeth (aujourd'hui reine d'Angleterre) et Margaret.
Les deux poupées coûtaient 1,5 million d'anciens Francs.

Elles étaient chacune dotées de 365 robes, provenant des plus célèbres maisons de haute couture parisiennes. Et chaque robe était accompagnée d'accessoires assortis, par exemple lingeries, chaussures, bijoux, sacs à mains et chapeaux.

Les poupées avaient une hauteur de 80 cm et leurs trousseaux étaient rangés dans quinze malles différentes.

C'est la Société Française de Fabrication des Bébés et Jouets qui fut l'auteur de ce présent exceptionnel.

Les perruques des poupées


La perruque de poupée est soit en peau de mouton - malheureusement, il est rare aujourd'hui d'en retrouver en bon état -, soit en thibet - poil de chèvre traité -, ou encore en véritables cheveux.

Léo Claretie, lors de sa visite à l'usine Jumeau, a dépeint le travail de l'atelier des friseuses:


« 
On apporte des ballots de thibet en bottillons. On les roule par minces mèches sur des bigoudis de bois entourés de papier, et on les fait ainsi bouillir, puis sécher dans une armoire de fer chauffée par des rampes de gaz. Quand le bigoudi en sort, les cheveux sont à la fois frisés et indéfrisables.

Ils passent alors aux couseuses qui les piquent par rangées serrées sur des calottes de toile, avec la frisure à la chien par-devant, et les nattes par-derrière. Cela fait de ravissantes perruques qui sont clouées sur le crâne des poupées, dont l'occiput est en liège, pour favoriser cette façon un peu brutale de planter les cheveux sur la tête.
 »

Léo Claretie, Les Jouets, histoire, fabrication, Librairies Imprimeries Réunies, 1894.


La perruque en cheveux naturels est d'un prix de revient plus élevé. On trouve davantage de poupées blondes que de poupées brunes (voir remarque sur les yeux)

La fabrication des yeux

Poupées anciennes: La fabrication des yeux


Des ouvrières spécialisées travaillent au chalumeau la tige d'émail blanc, ou d'émail coloré, qui deviendra un œil. C'est un travail qui demande beaucoup de précision dans le geste. Des yeux de différentes tailles et de différentes couleurs sont fabriqués. La
Notice sur la fabrication des Bébés Jumeau décrit ce processus avec précision:


« 
La jeune ouvrière est assise devant un établi, elle a les pieds posés sur des pédales qu'elle agite à mouvements réguliers. Devant elle, sur l'établi, est placé un fourneau à gaz. Le fourneau a plusieurs robinets, les uns pour le gaz, les autres pour l'air. Un jet de feu plus ou moins intense selon qu'il est nécessaire, sert au chauffage des différentes substances qu'on emploie pour faire les yeux. L'ouvrière tient d'une main un chalumeau de verre, sorte de petit tube long de 25 cm environ, de l'autre un bâton de verre noir filé, avec lequel, en tournant légèrement au bout du chalumeau, elle forme un petit rond noir qui est la prunelle. Ensuite, elle prend un autre bâton de verre bleu, le passe autour de la prunelle, pour donner la couleur de l'œil. Cela se fait au feu du chalumeau. Après cela, elle forme, à l'aide d'un bâton très mince de verre blanc filé, de petits traits autour de la prunelle qui produisent l'œil à rayons. »

On a fabriqué davantage de poupées aux yeux bleus que de poupées aux yeux foncés.

Les jouets du petit Louis XIII


Au début du XVIIe siècle, le médecin Héroard, dans son journal relatif à la jeunesse du dauphin, le futur Louis XIII, relate au sujet de ce prince né le 27 septembre 1601 les détails suivants:

« Il a deux ans et sept mois quand Sully lui offre un petit carrosse rempli de poupées. »

Ailleurs, le chroniqueur raconte au sujet du petit prince âgé de quatre ans
:

« Il s'amuse avec des petits jouets et un “cabinet” venu d'Allemagne (il s'agit de petites miniatures en bois fabriquées par un artisan de Nuremberg). M. de Loménie lui a donné un petit gentilhomme à la collerette parfumée qui lui sied très bien… Il le coiffe et s'écrie
: Je veux le marier à la poupée de Madame (sa sœur). »

Une autre petite voiture est alors envoyée au petit dauphin, chargée de poupées représentant la reine, Madame et Mademoiselle de Guise, et enfin Madame de Guercheville
: un désir royal volontiers exaucé.

Ces notes de journal témoignent des débuts de la poupée comme jouet à la veille des temps modernes et illustrent aussi la renommée des jouets de Nuremberg, si florissante qu'elle franchissait déjà les frontières à l'époque.