Les dix questions à se poser avant d'acheter une poupée
Si vous avez décidé de devenir raisonnable, voici dix questions à vous poser avant d’acheter une poupée.
1. Est-ce que j’aime cette poupée ; ai-je envie de l’acheter seulement parce que c’est une bonne affaire ?
2. Mon expérience est-elle suffisante pour évaluer cette poupée ? Dois-je consulter plutôt un professionnel ?
3. Le corps va-t-il avec la tête de la poupée ? Est-ce que je connais bien les caractéristiques de chaque fabricant ?
4. Le prix est-il justifié ?
5. La perruque et le corps sont-ils d’origine ou ont-ils été remplacés ? (les éléments d’origine sont toujours préférables).
6. La poupée a-t-elle été restaurée ? La tête est-elle intacte ? Faites ôter la perruque et examinez la porcelaine avec une lampe de poche.
7. Les vêtements sont-ils d’origine ? Correspondent-ils à la date de la poupée ? Sont-ce des vêtements refaits ? Dans ce cas, dans des tissus anciens ?
8. La poupée a-t-elle une histoire ? Peut-on vous renseigner à ce sujet ?
9. La poupée est-elle représentative de son fabricant ? De sa catégorie ?
10. Avez-vous la place de l’exposer ?
Cérémonie religieuse à Athènes
Il était de coutume dans l’Antiquité, à Athènes comme plus tard à Rome, que la jeune fille devenue pubère déposât sur l’autel d’Arthémis ou d’Aphrodite les poupées qui avaient été les compagnes de son enfance.
Becq de Fouquières cite un fragment de l'invocation que la poétesse Sapho adresse à Aphrodite au VIIe siècle :
"Ne méprise pas le voile pourpre de mes poupées (plaggonôn) ; c'est moi Sapho qui te consacre ces précieuses offrandes."
Cette cérémonie donnait lieu à des dédicaces dont certaines ont été retrouvées, dont celle-ci, d'auteur inconnu, d'époque hellénistique, qui évoque également ce rite :
« Au moment de se marier [pro gamoio], Timarèta, déesse de Limnes, [a dédié ses poupées], comme il convenait, elle vierge, à la déesse vierge, avec les vêtements de ces petites vierges. En retour, fille de Lêto, étends la main sur la fille de Timarètos et veille pieusement sur cette jeune fille pieuse. »
Adaptation en français moderne :
«Timarète, avant son mariage, consacre à Arthémis Lymnète son tambour, son ballon, la résille qui enveloppait ses cheveux. Elle, vierge, consacre encore à la déesse vierge ses poupées vierges aussi et les toilettes de ses poupées.
Ô fille de Latone, étends la main sur la jeune Timarète et que cette pieuse enfant soit par toi protégée ».
Conseils pour un achat
Lorsque vous trouvez une poupée de porcelaine chez un marchand, vous devez lui demander de décoller la perruque pour vous assurer de l’état de la porcelaine et pour lire les indications qui sont gravées dans la nuque : le numéro correspondant à la taille, les initiales ou le nom du fabricant.
Si la porcelaine est sale, et que vous soupçonnez un accident, placez une fine torche électrique à l’intérieur de la tête pour observer si la tête présente un “cheveu” ou un “fêle”.
Si celui-ci est récent, il est assez difficile à remarquer.
On peut aussi faire délicatement tinter la porcelaine avec un objet métallique - une bague par exemple ; le son produit vous indiquera si la porcelaine est ou non en bon état.
Un marchand spécialisé et sérieux vous présentera toujours une porcelaine propre et une perruque non fixée.
Poupées romaines
À Rome, les poupées en os découvertes dans les catacombes du IVe siècle sont nues ; le modelé suggère la poitrine, et les incisions indiquent le sexe.
À l'extrémité de la jambe est modelée une chaussure, qui finit élégamment la poupée.
Dans ces catacombes ont également été découvertes des poupées en ébène du IIe siècle, et des poupées en ivoire des 2e et IIIe siècles.
Toutes ces poupées disposaient d'accessoires. Outre les vêtements et les bijoux, découverts directement sur la poupée, les fouilles menées en Grèce, en Italie ou en Gaule romaine ont mis au jour des dînettes et du mobilier en terre cuite, fabriqués par les coroplastes.
Petits plats, vases, paniers, cuisinière remplie de vaisselle, petit four, tables, chaises, lits avec coussins, berceaux… sont autant d'éléments énumérés par Anita Klein dans son ouvrage Child Life in Greek Art
(Columbia University Press, 1932).
Jeux dans l'Antiquité
Louis Becq de Foucquières nous enseigne, dans ses Jeux des Anciens (1869), que « dès que l'enfant vient au monde, c'est avec des cadeaux qu'on l'accueille dans la vie ».
Aristophane nous dit, dans Les Nuées (vers 861-864), que déjà au Ve siècle avant J.-C., le commerce des jouets existait : les coroplastes grecs vendaient dans leurs ateliers les objets en terre cuite qu'ils modelaient.
Sous l'Antiquité grecque et romaine, les enfants reçoivent des cadeaux dès leur naissance ; ceux-ci sont joliment dits « du premier regard ».
Le cinquième jour, pendant lequel l'enfant est initié à la religion de la famille, le jour où les parents lui donnent un nom, le jour de son anniversaire, le premier de l'an sont autant de nouvelles occasions de cadeaux.
Source principale : « Jeux et jouets de l'enfance en Grèce et à Rome », Agnès DURAND. In Les dossiers d'archéologie, n° 168, février 1992. "Jeux et jouets dans l'antiquité et au Moyen-Âge".
La poupée est l'un des principaux jouets avec lesquels s'amusaient les enfants dans l'Antiquité, comme en attestent les fouilles archéologiques et les textes antiques.
Leur description, leur taille maniable par des enfants, leur découverte dans des tombes d'enfants permettent d'affirmer que ces poupées étaient bien des jouets d’enfant.
Source principale : « Les poupées antiques », Michel MANSON. In Les dossiers d'archéologie, n° 168, février 1992. « Jeux et jouets dans l'antiquité et au Moyen-Âge »
Les premières poupées d'enfants remontent, en Grèce, au Ve siècle avant Jésus-Christ. Elles sont dites poupées corinthiennes.
Leur corps, en terre cuite, est obtenu à l'aide d'un moule unique ; le dos est donc plat. Les membres sont modelés isolément. Deux fils permettent leur articulation : l'un traverse les épaules ; le second traverse trois tenons entre lesquels se situent les jambes.
Ces poupées de 10 à 15 cm sont coiffées d'un haut polos, et sont vêtues d'une tunique ajustée, moulée, assez courte, dont les trois tenons, au niveau des hanches, représentent l'extrémité. Elles tiennent généralement dans leurs mains des crotales ou des castagnettes.
Les poupées corinthiennes ont été souvent imitées, exportées et copiées par surmoulage sur les rives de la Mer Noire, en Afrique du Nord, en Italie méridionale, en Espagne, sur les routes du commerce corinthien.
Un deuxième type de poupées apparaît à Athènes vers 440-430, et s’est répandu jusqu'au milieu du IVe siècle avant Jésus-Christ.
Ces figurines, ou poupées classiques attiques, de 13 à 18 cm sont articulées au niveau des genoux, et sont fabriquées à l'aide de deux moules.
L'articulation évolue à nouveau sur le troisième type de poupées de la Grèce classique : la jambe est emboîtée dans un genou creux, et non plus entre des tenons. La figurine gagne alors esthétiquement, sans perdre sa liberté de mouvement. Elle mesure de 20 à 25 cm.
La poupée de Grèce, telle qu'elle apparaît sur les stèles funéraires attiques des fillettes, présente au terme de ces évolutions des membres fixes ; les bras sont collés au corps, coupés aux coudes ; les jambes sont quant à elles coupées aux genoux.
Jean-Jacques Rousseau
« Les garçons cherchent le mouvement et le bruit : des tambours, des sabots, de petits carrosses ; les filles aiment mieux ce qui donne dans la vue et sert à l'ornement : des miroirs, des bijoux, des chiffons, surtout des poupées. (...)
Voyez une petite fille passer la journée autour de sa poupée, lui changer sans cesse d'ajustement, l'habiller, la déshabiller cent et cent fois, chercher continuellement de nouvelles combinaisons d'ornements bien ou mal assortis, il n'importe ; les doigts manquent d'adresse, le goût n'est pas formé, mais déjà le penchant se montre. (...) Elle est toute dans sa poupée, elle y met toute sa coquetterie. Elle ne l'y laissera pas toujours, elle attend le moment d'être sa poupée elle-même.
Voila donc un premier goût bien décidé : vous n'avez qu'à le suivre et le régler. Il est sûr que la petite voudrait de tout son cœur savoir orner sa poupée (...). Ainsi vient la raison des premières leçons qu'on lui donne : ce ne sont pas des tâches qu'on lui prescrit, mais des bontés qu'on a pour elle. Et en effet, presque toutes les petites filles apprennent avec répugnance à lire et à écrire ; mais, quant à tenir l'aiguille, c'est ce qu'elles apprennent toujours volontiers. Elles s'imaginent d'avance être grandes, et songent avec plaisir que ces talents pourront un jour leur servir à se parer.
Cette première route ouverte est facile à suivre : la couture, la broderie, la dentelle viennent d'elles-mêmes. (...)
Ces progrès volontaires s'étendront aisément jusqu'au dessin, car cet art n'est pas indifférent à celui de se mettre avec goût : mais je ne voudrais point qu'on les appliquât au paysage, encore moins à la figure. Des feuillages, des fruits, des fleurs, des draperies, tout ce qui peut servir à donner un contour élégant aux ajustements, et à faire soi-même un patron de broderie quand on n’en trouve pas à son gré, cela leur suffit. »
Jean-Jacques ROUSSEAU, "Émile ou de l'éducation", Édition de Michel Launay, Paris, 1966, pages 478-480.
Musées de la poupée
La Duchesse de Rohan fut la première grande collectionneuse de poupées, à la fin du XIXe siècle.
Il faut attendre les années 1930 pour que les premiers clubs voient le jour, tel celui de Madame Consuelo Fould (1862-1927), qui créa le Musée Roybet-Fould à Courbevoie.
Créé en 1927 par la petite fille du banquier Achille Fould qui fut ministre des finances sous Napoléon III, le musée Roybet Fould occupe la villa atelier de la fondatrice.
Les autres musées en France :
• Le musée du château de Josselin expose la collection d’Antoinette de Rohan.
Place de la Congrégation 56120 Josselin - tél 02 97 22 45 Fax 02 97 75 68 16
• Le musée de la marque Petitcollin
Jouets Petitcollin Zone Industrielle 55400 Étain Tel : +33 (0)3 29 87 22 71 - Fax : +33 (0)3 29 87 00 65
• Le Musée des poupées et des jouets anciens à Wambrechies, dans le cadre exceptionnel du Château de Robersart, 59110 WAMBRECHIES - Au nord-ouest de Lille (à 10 min).
Fillettes et poupées en Afrique
« Les petites filles ne chassent pas ; mais volontiers elles pilent le mtama, elles vont chercher de l’eau, et plus volontiers encore elles emmaillotent une calebasse dans un peu de linge, et la soignent, et lui parlent, et l’habillent, et la grondent, et l’embrassent, et la frappent comme une mère fait de son enfant. La calebasse se prête à tout : elle a une tête et un ventre. Or une tête et un ventre, c’est presque tout l’homme…
Ce qui m’étonna surtout, ce qui me jeta tout un soir dans un océan de considérations intérieures toutes plus philosophiques les unes que les autres, ce fut la calebasse, ce fut la poupée. Une poupée ! Le voilà donc en pleine Afrique, cet éternel jouet de la nature humaine ! Une poupée ! Saint Jérôme en parle dans ses lettres, et parfois, dans les fouilles des environs de Rome, lorsque l’on découvre un tombeau, on en trouve une entre les mains d’un squelette d’enfant : ainsi la poupée est de tous les temps ; elle est aussi de tous les pays ».
Père Le Roy, missionnaire en Tanzanie,
in PP. Baur et Le Roy, À travers le Zanguebar. Voyage dans l’Oudoé, l’Ouzigoua, l’Oukwéré, l’Oukami et l’Ousagara, Tours, 1886, p. 206-207.
Bouche ouverte, bouche fermée
Cela relève d’une simplification des marchands pour dater les poupées.
La réalité est plus complexe : on voit des poupées avec une denture en paille ou en émail dès 1849.
Jules-Nicolas Steiner crée en 1855 une poupée mécanique avec une bouche ouverte.
En 1888, la firme Jumeau fabrique des poupées avec une « bouche à dents ».
Certains fabricants proposent simultanément, pour le même modèle, le choix entre une bouche fermée et une bouche ouverte. Ces dernières, qui nécessitaient du travail supplémentaire, étaient plus chères.
Maintenant, c’est l’inverse : pour les collectionneurs, les poupées à bouche fermée, plus anciennes, sont plus chères.
Quoi qu’il en soit, après 1900, toutes les poupées ont la bouche ouverte.
Dans certaines marques, les poupées possèdent deux rangées de dents : Steiner, Thuillier, Gaultier. Pour un modèle, on parle de « bébé requin » !
Certains bébés de caractère possèdent une bouche fermée, c’est-à-dire sans espace entre les lèvres, mais avec deux dents dessinées.
Girodet, Fillette et sa poupée
Petite Paysanne à la poupée, huile sur toile 40,3 X 32,3 cm (collection particulière)
Anne-Louis Girodet-Trioson est un peintre français (1767-1824), mieux connu pour son célèbre portrait de Chateaubriand et sa représentation des Funérailles d’Atala. Il se situe au croisement de la peinture classique (c’est un admirateur de David) et de la peinture romantique.
Les poupées en deuil de Catherine de Médicis
Parmi celles-ci, seize poupées dont huit portaient le deuil.
On ne sait pas de qui ces poupées portaient le deuil : sans doute celui du roi son époux.
Pour les enfants
« Qu’on donne aux enfants toutes les douceurs les plus exquises, ce qu’il y a de plus suave au goût, de plus frais dans les fleurs, de plus radieux dans les pierreries, de plus charmant dans les poupées ».
Saint Jérôme
Les poupées à la Révolution
Pour les petites filles des sans-culottes, on fabrique des guillotines en miniature, servant à décapiter des poupées à l’effigie des aristocrates !
Une école « éducative » qui néglige pour un temps l’enseignement de la tendresse et du rôle maternel et charge les jouets d’alimenter la haine de classe chez les fillettes.
Cette « invention » horrifie la mère de Goethe qui avait reçu une lettre de son illustre fils lui demandant de lui en procurer une, pour faire un cadeau !…
Denise Zola et ses poupées
Une photographie faite par Émile Zola (1840-1902) : Denise assise, deux poupées serrées dans les bras
(entre 1900 et 1902)
Épreuve argentique
H. 22,5 ; L. 16,5 cm
Paris, musée d'Orsay
© RMN (Musée d'Orsay) / Jean-Jacques Sauciat Détails ici
Dans le bras gauche de Denise, vraisemblablement une poupée Jumeau. L’autre poupée est plus difficile à identifier. Il s’agit d’un remontage. Le corps est Jumeau à poignets fixes, mais la tête a dû être remplacée par une autre de facture Simon & Halbig, probablement issue du moule 1078 ou 1079 au tournant du siècle (Merci à Samy Odin, du Musée de la Poupée de Paris, pour son expertise.)
Entretien du celluloïd
Pour entretenir les poupées et baigneurs, il est bon de les enduire d’une crème grasse, du type crème Nivéa, une ou deux fois par an. Ne pas oublier l’intérieur des articulations.
Le lendemain, quand ils sont secs, on les essuie avec un délicat chiffon de laine.
Bien entendu, il convient de leur éviter le soleil, la lumière directe, et les écarts de température.
Les Grands Magasins
En 1852, Aristide Boucicaut ouvre le magasin « Au Bon Marché ».
En 1855, Alfred Chauchard ouvre le magasin du « Louvre » et Ruel le « Bazar de l'Hôtel de Ville ».
En 1865, Jules Jaluzot crée « Le Printemps ».
En 1870, M. et Mme Cognacq-Jay ouvrent le magasin « La Samaritaine ».
En 1895, Théophile Bader ouvre « Les Galeries Lafayette ».
Ensuite, les magasins à succursales multiples, tels «Les Dames de France» et «Le Soldat Laboureur», et les catalogues de vente par correspondance vont faire pénétrer les poupées des grandes marques dans toutes les provinces françaises.
Les rayons consacrés aux jouets sont particulièrement fournis à l'approche des fêtes de fin d'année. Pour les étrennes, chaque grand magasin publie un catalogue de jouets proposés à la vente.
Ces catalogues ne présentent que quelques modèles de chaque jouet.
Quelquefois les poupées restent proposées sous le nom de leur fabricant, d'autres reçoivent un label propre au magasin. Ainsi, la maison Jumeau fabrique le « Bébé Louvre » vendu par les Grands Magasins du Louvre. Cette poupée ne présente pas de différence avec le Bébé Jumeau mais elle présente les lettres « B. L. » derrière la tête.
Le magasin du Printemps vend un « Bébé Printemps » fabriqué spécialement pour lui. II y a eu également le « Bébé du Bon Marché », le « Bébé Samaritaine ». Rien de particulier pour les distinguer des poupées Jumeau sinon les vêtements et l'étiquette qui mentionne leur nom.
Installer sa collection
Le collectionneur qui n'a pas les moyens financiers, ou pas la place disponible, peut disposer ses poupées dans son salon, ce qui lui permet de « vivre » avec elles.
Cette solution implique toutefois que les poupées seront non seulement exposées à la poussière et à la lumière, mais qu'elles seront accessibles aux enfants, aux animaux domestiques et à tous les visiteurs.
Dans une telle éventualité, on ne doit pas hésiter à demander aux visiteurs de s'abstenir de toucher les poupées.
Quant à la solution qui consiste à les cantonner dans une pièce réservée à cet effet, derrière une moustiquaire et bourrée d’antimite, pouah !…
Avec un peu d’imagination, on peut présenter ses poupées avec art. Un petit jouet avec un bébé de caractère, un mobilier, un petit fauteuil, une table, un livre miniature, de la vaisselle… Les poupées ne sont pas obligées d’être alignées dans leur vitrine comme des soldats à la parade.
Laissez parler votre imagination, en faisant attention de ne pas mélanger les époques.
Supports pour poupées
Par ailleurs, pour les poupées de porcelaine, quand il est impossible de visser le support sur l’étagère, il est indispensable de les lester avec des plaques de plomb, afin d’éviter tout accident.
Poupées et santons
La plus ancienne crèche connue fut érigée à Prague en 1562. En France, c’est à Chaource (Aube) que l’on admire la plus ancienne du pays, constituée de vingt-deux statuettes de bois doré sculptées par des artistes de l’école troyenne. Elle date du XVIe siècle.
C’est au XVIIe siècle que l’art de la crèche se développe en Italie, particulièrement à Naples.
Entre les mains des artisans napolitains, la frontière est floue entre les poupées et les figurines de la crèche. Il est possible que de nombreuses poupées avec lesquelles les enfants napolitains jouaient aient été des personnages de crèche.
De nombreux perfectionnements ont été introduits dans la fabrication de ces figurines, et ils ont été repris par l’industrie de la poupée au XIXe siècle.
liens :
https://www.sculfort.fr/patrimoine/tradnoel/santonsdevineau.html
https://www.sculfort.fr/patrimoine/tradnoel.html
Greuze L'Enfant à la poupée
Anne-Geneviève Greuze 1762-1842, fille de Jean-Baptiste Greuze) , L’Enfant à la poupée (avant 1795)
Musée du Louvre.
Conservation de la collection
Tout collectionneur sérieux qui expose ses poupées sans abri doit les épousseter et les nettoyer régulièrement, au minimum tous les six mois. Les habits peuvent être lavés soigneusement avec un savon doux.
Les visages et les membres recevront le traitement qui convient à leur matériau. En principe, on peut laver à l'eau tiède et savonneuse la porcelaine émaillée, tout en prenant beaucoup de précautions.
On lave les têtes et les membres en biscuit à l'eau tiède, à laquelle on ajoute un peu de savon de Marseille. Une brosse à dents très souple est très utile : ne pas laver les yeux !
Pour les poupées en papier mâché, on ôte la poussière avec un pinceau souple. On peut enlever les grosses saletés avec un peu d'eau tiède et un peu de savon de Marseille. Cependant, la plus grande prudence est recommandée.
Le papier mâché peut être craquelé ou fêlé, ou bien il peut avoir perdu sa couche protectrice de laque. Dans ces cas, il absorbe l'eau et la poupée est gâchée pour toujours.
On doit également traiter les poupées de porcelaine avec précaution. Mieux vaut enlever la crasse superficielle avec un coton-tige.
Quant aux poupées de bois, il est préférable de les nettoyer au pinceau. On peut employer de l'eau tiède et savonneuse pour les incrustations mais là encore, le bois absorbe l'eau et la couleur peut changer énormément.
Tout collectionneur doit s'imposer les règles suivantes : ne jamais exposer ses poupées au soleil, les nettoyer aussi prudemment que possible, les remettre à un restaurateur qualifié en cas de besoin.
Les poupées au XVIIIe siècle
Pendant la Régence, l’ambassadeur de France à Londres, Guillaume Dubois, devenu cardinal par la suite, écrivit à une couturière parisienne, Mademoiselle Filon, pour lui demander un grand mannequin qui puisse montrer aux Londoniennes comment on s'habillait à Paris, sans oublier les détails des dessous les plus intimes.
Des informations plus intéressantes encore nous parviennent du précieux « Dictionnaire du Commerce » de Jacques Savary, dont la première édition date de 1772 ; au mot poupée, on peut lire en effet :
«...se dit en général de tous les jouets d'enfants que font les Bimblotiers, lorsque ces jouets ont une figure humaine ; c'est de ces jouets dont il se fait un si grand négoce à Paris et particulièrement au Palais. Ce terme s'entend néanmoins plus ordinairement de ces figures proprement habillées et coefées, soit d'homme, soit de femme, qu'on envoye dans les Pais étrangers pour y apprendre les modes de la Cour de France, ou qu'on donne aux enfants d'un moyen âge pour les amuser », ou encore :
«...et non seulement la consommation en est très grande à Paris et dans les Provinces, mais il s'en fait encore des envois au dehors et jusques dans l'Amérique espagnole, sur lesquels il se fait d'assez grands profits…».
C'est ce mécanisme commercial, déjà bien en place à l'époque, qui permettra à l'industrie des poupées d'être l'un des secteurs les plus prospères de l'économie française au XIXe siècle.
Voyage en dentelles
Un délicieux roman historique, fort bien écrit, nous transporte en plein XVIIIe siècle, quand les poupées mannequins destinées aux cours d’Europe, transportaient la mode française dans le plus grand secret. Au temps de la Grande et de la Petite Pandore et de leur somptueuse garde-robe…
Présentation de l’éditeur :
« Assise entre ses sœurs dans la diligence qui les emmène à travers l'Europe, Marie-Laure rêve à tout le bonheur quelle attend de ce voyage. Les jeunes filles ont pour compagnes les poupées mannequins qui vont leur permettre de présenter à l'impératrice Catherine les robes que celle-ci leur a commandées.
Bon accueil leur est assuré à la cour, mais la partie n'est pas gagnée pour autant. Elles ont en effet une terrible concurrente en la personne de Dame Lutèce qui essaie, elle aussi, de gagner la clientèle de l'impératrice et se trouve déjà sur la route de Saint-Pétersbourg.
Si les poupées mannequins ont de bien jolies robes, elles n'ont pas de cœur. Il n'en est pas de même pour Marie-Laure que la bonne mine du jeune docteur Salbris, son compagnon de diligence, a tendrement émue. Parviendra-t-elle à lui faire oublier sa belle cousine Tania, lectrice de la tsarine ? Et Dame Lutèce ne va-t-elle pas profiter de la rivalité des deux jeunes filles pour imposer ses robes à la cour de Russie ?…»
Poupées allemandes : trous dans la nuque
Ce sont des poupées qui, fabriquées en Allemagne, étaient destinées au marché français.
Pour faciliter le transport, ces deux trous laissaient passer un lien qui bloquait le système des yeux dormeurs.
Vieillir un corps de papier mâché
Pour donner un aspect vieilli à un corps de papier mâché un peu trop neuf, on peut :
- le frotter avec de la cendre de cigarette ;
- le vernir avec un vernis à l’alcool (dans les grandes surfaces de bricolage) : ce vernis, très difficile à appliquer, laisse des traces irrégulières, qui donnent un aspect patiné à l’ensemble ;
- à l’aide d’un mini-outil du type Dremel, ou du simple papier de verre moyen, on peut frotter les articulations de manière à ménager un peu d’usure aux endroits stratégiques.
Poupées à Versailles
Rose Bertin fut chargée de réaliser une poupée pour la fille de Madame Dillon, dont on a retrouvé cette description dans ses livres de compte :
« C’était une grande poupée, munie de ressorts, d’un socle très bien fait, d’une excellente perruque, d’une fine chemise de toile de lin, de bas de soie et d’un long corset à baleines ».
La liste des habits de bal de la poupée suivait : des jupons de voile et de brocart, de dentelle et de mousseline, des bonnets, des coiffures.
Taille de poupée pour un enfant
Pour choisir une poupée ou un poupon adapté à la taille d’un enfant, il existe un repère très simple : la coudée de l’enfant.
Mesurez la longueur du bout des doigts au coude de l’enfant, en lui faisant plier le bras : vous obtiendrez la taille de poupée que l’enfant pourra manipuler avec aisance.
Les Pandores
Le mariage de la poupée et de la mode est consommé en France au début du XVIIIe siècle. On donne le nom de « Pandores » à ces grandes poupées mannequin, ambassadrices du goût français.
Dans la mythologie grecque, “Pandora” est le nom de la première femme, créée par Hephaïstos sur l’ordre de Zeus : elle était pourvue de tous les dons qui pouvaient séduire les hommes.
Les élégantes Pandores, luxueusement vêtues, voyagent inlassablement à travers l’Europe, munies non seulement de leurs somptueuses toilettes, mais également de laisser-passer qui leur permettent de se jouer des pires hostilités.
L’abbé Prévost affirme qu’en 1704, pendant la guerre de succession espagnole, « par une galanterie qui n’est pas indigne de tenir une place dans l’Histoire, les ministres des deux cours de Versailles et de Saint-James accordaient, en faveur des dames, un passeport inviolable à la grande poupée. Au milieu des hostilités furieuses qui s’exerçaient de part et d’autre, cette poupée était la seule chose qui fût respectée par les armes ».
En 1712, en pleine guerre, cette annonce paraît dans les journaux anglais :
«Samedi dernier, la poupée française de l’année 1712 est arrivée chez moi, King Street, Covent Garden ».
Plutarque et Timoxène
Lors de la perte de sa petite fille de deux ans, Plutarque exprime sa douleur en contemplant ses poupées, en se rappelant les jeux de sa fille avec elles et les soins qu’elle leur prodiguait.
PLUTARQUE A SA FEMME, SALUT.
Le courrier que tu m'as expédié pour m'apprendre la mort de notre chère fille, s'est, à ce que je vois, trompé de route en se rendant à Athènes. C'est à Tanagre, où j'étais allé, que par ma nièce j'ai su cette nouvelle. Je suppose donc que ce qui regarde la sépulture est maintenant accompli. Puissent tous ces détails l'avoir été de façon à te laisser, pour le présent et pour l'avenir, le moins possible de regrets ! Peut-être te reste-t-il encore à cet égard d'autres intentions, pour lesquelles tu attends mon avis, et dont il te semble que l'accomplissement doive soulager ta douleur. En cela, comme dans le reste, tu te défendras de toute recherche exagérée, de toute superstition. Personne n'en est plus éloigné que toi.
Seulement, ma chère femme, conserve-toi, par amour de ton mari et de toi-même, dans l'état de calme qui nous convient en présence d'un tel malheur. Pour ma part, je sais et je mesure toute l'étendue de notre perte. Mais si je te trouve livrée à un trop grand désespoir, j'en serai plus peiné encore que du coup même qui nous a frappés. Non que je sois de chêne ou de pierre : tu le sais bien, toi qui m'as assisté dans les soins prodigués à notre famille, toi avec qui j'ai élevé un si grand nombre de nos enfants, avec qui nous les avons tous nourris nous-mêmes à la maison. Tu sais aussi combien cette fille, ardemment désirée par toi, que tu avais mise au monde après avoir eu quatre fils, et qui m'avait fourni l'occasion de lui donner ton nom, combien cette fille était tendrement chérie de moi. Un chagrin plus vif encore s'ajoute chez moi à l'amour que ressent un père pour des enfants de cet âge : c'est le souvenir de l'amabilité de cette petite fille, et de sa candeur naïve, qui ne savait ni s'irriter ni se plaindre. Elle était naturellement douée d'une égalité d'âme et d'une douceur merveilleuses ; et le retour dont elle payait notre tendresse nous faisait à la fois chérir et apprécier la bonté de son cœur. Ce n'était pas seulement aux autres enfants, mais encore à ses joujoux favoris, à ses poupées, qu'elle voulait que sa nourrice donnât à téter. À ce sein, qui était comme sa table particulière, son humanité conviait tous ceux qui la rendaient heureuse : elle aimait à partager avec eux ce qu'elle avait de plus beau.
Assurance
Lisez votre police d’assurance habitation pour savoir si vos poupées sont assurées.
Au-delà d’une certaine valeur de collection, il faut signaler leur existence à l’assureur.
Il faut donc garder toute trace de facture, et photographier vos poupées sous toutes les coutures.
Les livres, catalogues de vente indiquent le prix de vente de poupées similaires.
La valeur à assurer est la somme de remplacement en magasin et non le prix dans une vente aux enchères.
La compagnie d’assurances peut réclamer une évaluation par un professionnel.
Quoi qu’il en soit, il est important de garder tout document sur les poupées que vous possédez, pour vous et pour tout propriétaire ultérieur.
Faites un fichier avec le prix d’achat, le maximum de photos, les travaux effectués sur la poupée, y compris les changements de vêtement.
Gardez absolument tout, dans des sacs de plastique étiquetés : perruque d’origine, chaussures, vêtements mangés aux mites ou fusés, etc.
Des poupées pour les princesses
Les deux poupées coûtaient 1,5 million d'anciens Francs.
Elles étaient chacune dotées de 365 robes, provenant des plus célèbres maisons de haute couture parisiennes. Et chaque robe était accompagnée d'accessoires assortis, par exemple lingeries, chaussures, bijoux, sacs à mains et chapeaux.
Les poupées avaient une hauteur de 80 cm et leurs trousseaux étaient rangés dans quinze malles différentes.
C'est la Société Française de Fabrication des Bébés et Jouets qui fut l'auteur de ce présent exceptionnel.
Un corps pour une tête
Il est tout d’abord important de connaître les caractéristiques du fabricant de la tête que vous voulez apparier : vous faut-il un corps français ? allemand ? un corps de todler ? un corps de bébé ?
L’inscription dans la nuque doit impérativement être décodée.
Partons du principe que vous possédez une poupée entière dont la tête est parfaitement proportionnée au corps.
Ce corps mesure 40 cm.
Vous possédez une tête plus grande ou plus petite et désirez trouver quel corps serait convenable pour cette tête.
Mesurez chaque tête : celle qui se trouve sur le corps de 40 cm et la tête orpheline
La tête sur le corps de 40 cm est l’originale à 100 %.
Faites la règle de trois comme indiqué pour obtenir la taille d’un patron.
Si la tête à apparier mesure 75 % de la tête qui se trouve sur le corps de 40 cm, le corps dont elle aura besoin sera de (40 cm : 100) X 75 = 30 cm.
Les perruques des poupées
La perruque de poupée est soit en peau de mouton - malheureusement, il est rare aujourd'hui d'en retrouver en bon état -, soit en thibet - poil de chèvre traité -, ou encore en véritables cheveux.
Léo Claretie, lors de sa visite à l'usine Jumeau, a dépeint le travail de l'atelier des friseuses :
« On apporte des ballots de thibet en bottillons. On les roule par minces mèches sur des bigoudis de bois entourés de papier, et on les fait ainsi bouillir, puis sécher dans une armoire de fer chauffée par des rampes de gaz. Quand le bigoudi en sort, les cheveux sont à la fois frisés et indéfrisables.
Ils passent alors aux couseuses qui les piquent par rangées serrées sur des calottes de toile, avec la frisure à la chien par-devant, et les nattes par-derrière. Cela fait de ravissantes perruques qui sont clouées sur le crâne des poupées, dont l'occiput est en liège, pour favoriser cette façon un peu brutale de planter les cheveux sur la tête. »
Léo Claretie, Les Jouets, histoire, fabrication, Librairies Imprimeries Réunies, 1894.
La perruque en cheveux naturels est d'un prix de revient plus élevé. On trouve davantage de poupées blondes que de poupées brunes (voir remarque sur les yeux)
Pieter Bruegel Les jeux d'enfant
Pieter Bruegel, Les Jeux d’enfants, 1560
Huile sur bois de chêne, 118 X 161 cm, Kunsthistorisches Museum de Vienne.
Près de deux cent cinqunte enfants sont représentés. Ils s’amusent avec des cerceaux, des tonneaux, des bouts de bois, des osselets ; au XVIe siècle, les jouets pour les enfants du peuple étaient rares…
Typologie des collectionneurs
Un jugement aussi sommaire ne peut rendre compte des diverses motivations des collectionneurs.
Certes, les femmes sont les plus nombreuses, mais il existe des collectionneurs masculins, des amateurs célibataires ou mariés, jeunes ou âgés, pourvus ou non d’enfants…
Chaque collectionneur constitue son ensemble selon une certaine vision. Au départ, le novice a tendance à réunir des pièces un peu au hasard ; plus tard, un peu plus avisé, le collectionneur se spécialise.
Certains s’intéressent uniquement aux poupées françaises, d’autres uniquement aux bébés de caractère, d’autres ont choisi un fabricant ou un matériau particulier.
La plupart sont conscients de préserver un patrimoine et, dans cette perspective, évitent les erreurs historiques en se documentant soigneusement.
Il existe sans doute des spéculateurs, mais nous nous permettrons, ici, de les ignorer.
Les collectionneurs sont des passionnés qui, avant tout, sont incapables de résister à la grâce et à l’émotion qui se dégagent de leur trouvaille.
Il existe tant de raisons de vouloir collectionner des poupées ! Se souvenir d’une enfance heureuse, ou au contraire découvrir un objet dont on a été privé. Aimer s’environner de beaux objets, de vêtements précieux que l’on aime coudre et reconstituer. Imaginer les enfants qui ont chéri ces objets, et parfois d’autres enfants qui les ont fabriqués sans avoir le droit de jouer avec eux…
Les poupées ont tant à raconter sur les goûts d’une époque, les mentalités, les modes changeantes, l’histoire des femmes, la contrainte des corps, et surtout la vision de l’enfance. Il est extraordinaire que tout ce patrimoine nous soit transmis. Transmettons-le à notre tour.
Taille des patrons
Beaucoup de corps de poupées possèdent le même type ; parfois les jambes et les bras varient alors que le torse demeure le même. Ce sont les mesures du torse qui importent pour que le vêtement aille bien.
Mesurez le corps de la poupée du bas de la nuque à la base des talons.
Faites la même mesure sur le corps plus petit.
Exemple : le patron est conçu pour un corps français de 62 cm.
Vous souhaitez le réduire pour que le vêtement convienne à un corps français de 46 cm
• 62 cm correspondent à 100 % (patron original)
• 1 cm = 100 : 62
• 46 cm = (100 : 62) X 46 = 74, 19 %
Dans la photocopieuse, réduisez à 74 % avant de photocopier le patron original, et le tour est joué !
Opération inverse :
Vous avez un patron qui correspond à un corps de 31 cm. Vous voulez obtenir un patron pour un corps de 46 cm, du même type.
• 31 cm = 100 %
• 1 cm = 100 : 31
• 46 cm = (100 : 31) X 46 = 148,38
Réglez la photocopieuse à 149 %.
Le processus est le même pour les chaussures, les chapeaux. La seule précaution à prendre, c’est d’effectuer les deux mesures exactement au même endroit du corps.
Il est toujours intéressant, quand vous confectionnez des vêtements, de calculer de cette manière le métrage de tissu, de dentelle, de rubans, la taille des boutons qui vous seront nécessaires.
Une poupée dans un grenier
Si vous avez la chance de trouver une poupée dans un grenier, ayez le réflexe de la prendre par la tête, car l’élastique qui maintient les différentes parties du corps de la poupée est probablement distendu et cassant, et la tête pourrait se briser.
Les poupées françaises ont un corps « à boules » : deux boules par membre. Les poupées articulées, plus récentes, ont les bras en trois morceaux (la main, l’avant-bras et le haut du bras) et les jambes en deux morceaux.
Si la poupée est dans sa boîte d’origine, ne la jetez surtout pas ! d’abord, l’ensemble vaut plus cher, et surtout, la boîte vous donnera des indications précieuses sur le fabricant, la nature et la date du modèle.
Récupérez tous les accessoires et les vêtements, même s’ils sont en mauvais état : le trousseau servira de modèle pour coudre des vêtements neufs.
Ne lavez pas le corps en papier mâché ou en bois. En revanche, avec beaucoup de précautions, vous pouvez laver la tête de porcelaine, avec de l’eau, un peu de savon de Marseille et une brosse à dents. Posez la poupée sur une serviette éponge épaisse afin d’éviter toute chute fatale.
La fabrication des yeux
Des ouvrières spécialisées travaillent au chalumeau la tige d'émail blanc, ou d'émail coloré, qui deviendra un œil. C'est un travail qui demande beaucoup de précision dans le geste. Des yeux de différentes tailles et de différentes couleurs sont fabriqués. La Notice sur la fabrication des Bébés Jumeau décrit ce processus avec précision :
« La jeune ouvrière est assise devant un établi, elle a les pieds posés sur des pédales qu'elle agite à mouvements réguliers. Devant elle, sur l'établi, est placé un fourneau à gaz. Le fourneau a plusieurs robinets, les uns pour le gaz, les autres pour l'air. Un jet de feu plus ou moins intense selon qu'il est nécessaire, sert au chauffage des différentes substances qu'on emploie pour faire les yeux. L'ouvrière tient d'une main un chalumeau de verre, sorte de petit tube long de 25 cm environ, de l'autre un bâton de verre noir filé, avec lequel, en tournant légèrement au bout du chalumeau, elle forme un petit rond noir qui est la prunelle. Ensuite, elle prend un autre bâton de verre bleu, le passe autour de la prunelle, pour donner la couleur de l'œil. Cela se fait au feu du chalumeau. Après cela, elle forme, à l'aide d'un bâton très mince de verre blanc filé, de petits traits autour de la prunelle qui produisent l'œil à rayons. »
On a fabriqué davantage de poupées aux yeux bleus que de poupées aux yeux foncés.
Chère Bécassine
Joseph-Porphyre Pinchon fut directeur de l’Opéra de Paris, et camoufleur de sites durant la Première Guerre mondiale, avant de se lancer dans la bande dessinée, dont il est l’un des pionniers.
Bécassine, apparue en 1905 dans le journal pour fillettes La Semaine de Suzette, a immédiatement connu le succès.
De nombreux détails ici.
Bernard Lehembre prend la défense de la chère Bécassine, parfois si malmenée par des gens qui ne l’ont pas forcément lue.
Résumé de son livre : Bécassine : Une légende du siècle
1. Bécassine dans son siècle
- L’héroïne de BD
- La Semaine de Suzette
- Au cœur des grandes mutations de la société française
- Une pionnière de la libération de la femme
2.Un siècle avec Bécassine
- Bécassine fait école (dans le monde du dessin)
- L école de Bécassine (le roman d éducation)
- Icône de la patriote (en temps de guerre)
- La réception de Bécassine (la critique et le public)
- La culture Bécassine
- La vogue de Bécassine, à la radio, au cinéma, dans la chanson, dans la haute couture, à l’université, dans la grande presse, dans l'édition, au village de Clairoix dans l'Oise, qui la revendique.
Les jouets du petit Louis XIII
Au début du XVIIe siècle, le médecin Héroard, dans son journal relatif à la jeunesse du dauphin, le futur Louis XIII, relate au sujet de ce prince né le 27 septembre 1601 les détails suivants :
« Il a deux ans et sept mois quand Sully lui offre un petit carrosse rempli de poupées. »
Ailleurs, le chroniqueur raconte au sujet du petit prince âgé de quatre ans :
« Il s'amuse avec des petits jouets et un “cabinet” venu d'Allemagne (il s'agit de petites miniatures en bois fabriquées par un artisan de Nuremberg). M. de Loménie lui a donné un petit gentilhomme à la collerette parfumée qui lui sied très bien… Il le coiffe et s'écrie : Je veux le marier à la poupée de Madame (sa sœur). »
Une autre petite voiture est alors envoyée au petit dauphin, chargée de poupées représentant la reine, Madame et Mademoiselle de Guise, et enfin Madame de Guercheville : un désir royal volontiers exaucé.
Ces notes de journal témoignent des débuts de la poupée comme jouet à la veille des temps modernes et illustrent aussi la renommée des jouets de Nuremberg, si florissante qu'elle franchissait déjà les frontières à l'époque.