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Le sapin de Noël

L’usage de dresser un arbre décoré a précédé la coutume des crèches, comme coutume de solstice.

L’arbre est dans toutes les mythologies la représentation la plus répandue du renouveau de la vie. Un arbre sacré est présent dans toutes les religions.

Les Germains connaissaient l’arbre sacré Yggdrasil, les Mayas un arbre sacré qui poussait au centre du monde. Pour les Égyptiens, l‘arbre sacré allaite le pharaon, garantit la vie dans l’au-delà. La déesse égyptienne Hathor est représentée par un arbre qui dispense la nourriture, donc la survie. L’arbre bouddhique que l’on décore pour la fête des morts est un symbole de renaissance.

La
Légende dorée du dominicain Jacques de Voragine, reprenant l’évangile apocryphe de Nicodème, rapporte qu’un surgeon de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, dans le Paradis, a donné le bois de la Croix.

En fonction de tous ces antécédents, on comprend que l’arbre de Noël fut bien accueilli en Europe.

Curieusement, il est perçu comme alternative « laïque » à la crèche, alors qu’il est tout autant chargé de symboles religieux, et se rattache à tous les mystères.

Isaïe (11, 1) évoque le « rejeton qui sortira de l’arbre de Jessé » pour désigner la venue du Christ. Cependant, ce n’est pas cette image qui est à l’origine de l’arbre de Noël.

C’est en examinant les décorations traditionnelles de l’arbre que l’on peut émettre des hypothèses vraisemblables.



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Le symbolisme de l’arbre de Noël


Pendant toute la nuit de Noël, on évoquait l’histoire de la Rédemption, en commençant par la Chute.


En Rhénanie, les sapins, arbre le plus courant et demeuré vert en hiver, étaient décorés de pommes, fruits de la Tentation, en référence à Adam et Ève chassés du Paradis terrestre. En Alsace, la veille de Noël était consacrée à Adam et
Ève.

C’est en Alsace que l’arbre de Noël apparaît véritablement. L’arbre de la Faute était orné de pommes rouges.
Si la tradition rapporte que dès 1521 on décorait avec des branches coupées trois jours avant Noël, on n’avait pas encore recours au sapin entier. En 1546, la ville de Sélestat autorise à couper des arbres verts pour Noël, au cours de la nuit de la Saint Thomas (21 décembre).

Dans un retable alsacien aujourd’hui disparu, on voyait un arbre décoré d’un côté de pommes, de l’autre d’hosties : l’arbre du Péché devient l’arbre du Salut, et c’est lui qui fournira le bois de la Croix, instrument de la Rédemption.


Petit à petit d’autres ornements s’ajoutent : bougies et friandises. les bougies allumées dans l’arbre sont le symbole du Christ. Ultérieurement, des oublies ou des
bretele remplacent les hosties.

Nous trouvons la plus ancienne mention de l’arbre de Noël comme sapin entier dans une description des usages de la ville de Strasbourg, en 1605.

On y lit le passage suivant :
« Pour Noël, il est d’usage, à Strasbourg, d’élever des sapins dans les maisons ; on y attache des roses en papier de diverses couleurs, des pommes, des hosties coloriées, du sucre, etc. ».

La Réforme avait contribué à répandre la coutume de l’arbre de Noël, les Protestants préférant le sapin aux représentations des personnages bibliques de la Nativité. Ils refusaient la crèche en raison de dangers d’idolâtrie, et ils ont donc contribué au développement de l’arbre de Noël, dont la symbolique, liée à la Chute et à la Rédemption, était plus abstraite.

Dans
l’Essence du Catéchisme que publia en 1642-1646 le pasteur protestant Dannhauer, de Strasbourg, l’auteur constate que depuis quelque temps, en Alsace, on suspend, à la Noël, pour la récréation des enfants, des bonbons et des jouets aux branches d’un sapin. Il déclare qu’il ignore d’où cet usage, qu’il blâme fortement, a pu tirer son origine.


En terre germanique on ajoutait des gâteaux à l’effigie d’Adam et Ève. Pour embellir le tout et ajouter lumières et bruits, des « ors vibrants », petites rondelles de métal très mince, diffusent lumière et doux tintement sonore au moindre souffle.


L’usage de placer une étoile au sommet du sapin et la crèche au pied de l’arbre remonte au XVIIIe siècle. L’arbre est donc un signe du Christ, et il va de la Terre au Ciel, comme
axis mundi.


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Les décorations de l’arbre de Noël


En 1858 les souffleurs de verre de Meissen accrochèrent aux sapins des boules de verre soufflé, à la suite d’un hiver particulièrement rigoureux, qui avait eu pour conséquence d’affecter les récoltes.


À Strasbourg en 1605 un arbre très décoré porte des roses de papier multicolore. La rose renvoie à Isaïe (11, 1 et ss.) ; une légende parle de la rose de Jéricho qui fleurit quand Marie la toucha du pied.


La coutume du sapin se répandit dans toute l’Europe au XIXe siècle. Elle fut apportée en Angleterre par l’époux de la reine Victoria en 1841. Le prince Albert, originaire d’Allemagne fit dresser un arbre de Noël au château de Windsor.


En France, un sapin fut dressé en 1837 aux Tuileries, sous les ordres d’Hélène de Mecklembourg, duchesse d’Orléans, princesse luthérienne.


La coutume devint stable après 1870, sous l’influence des familles alsaciennes réfugiées à la suite de la guerre de la guerre de 1870 et l’annexion de l’Alsace-Lorraine à l’empire allemand.

(voir ici l’histoire du premier « arbre de Noël » parisien)

Il faut attendre 1880 pour que les premières décorations électriques apparaissent, aux États-Unis.

Jusqu'en 1950, c'est en majorité en Allemagne et en Europe de l'Est que sont produites les décorations de Noël. Les personnages sont généralement fabriqués en coton et les cheveux d'anges en fibres métalliques. Maintenant, les décorations viennent de Chine.



Le romancier anglais Charles Dickens (1812-1870) décrit ainsi l’arbre de Noël  :


« Je viens de passer la soirée avec une joyeuse compagnie d’enfants réunis autour de ce charmant jouet venu d’Allemagne qu’est un arbre de Noël. Cet arbre, planté au milieu d’une large table ronde et s’élevant au-dessus de leurs têtes, était magnifiquement illuminé par une multitude de petites bougies et tout garni d’objets étincelants. Il y avait des poupées aux joues roses qui se cachaient derrière les feuilles vertes ; il y avait des montres, de vraies montres, ou du moins avec les aiguilles mobiles, de ces montres qu’on peut remonter continuellement ; il y avait de petites tables vernies, de petites chaises, de petits lits, de petites armoires et autres meubles en miniature, fabriqués à Wolverhampton, qui semblaient préparés pour le nouveau ménage d’une fée ; il y avait de petits hommes à la face réjouie, beaucoup plus agréables à voir que bien des hommes réels, — car si vous leur ôtiez la tête, vous les trouviez pleins de dragées ; — il y avait des violons et des tambours ; il y avait des tambourins, des livres, des boîtes à ouvrage, des boîtes de peinture, des boîtes de bonbons, toutes sortes de boîtes ; il y avait, pour les filles aînées de la maison, des bijoux bien plus brillants que des bijoux en or et en diamants des grandes demoiselles ; il y avait des corbeilles et des pelotes à épingles ; il y avait des fusils, des sabres et des drapeaux ; il y avait des sorcières en carton, qui se tenaient par la main pour danser la ronde du sabbat ; il y avait des totons, des sabots, des toupies, des étuis à aiguilles, des essuie-plumes, des flacons de sels, des carnets de bal, des porte-briquets, des fruits naturels artificiellement convertis en fruits d’or, et des imitations de pommes, de poires et de noix, contenant des surprises ; bref, comme le disait tout bas devant moi un charmant enfant à un autre charmant enfant, son meilleur ami : « Il y avait de tout, et plus encore. »

Les contes de Charles Dickens, 1853.

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L’Arbre de Noël un symbole laïc de la fête ? si l’on veut… parce que nous avons oublié qu’il est à la fois l’image du Péché et de la Rédemption.