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Nicolas-Edme Restif de la Bretonne, Le Pied de Fanchette

1769


PRÉSENTATION DU DOSSIER

INTRODUCTION


Biographie de Nicolas Rétif de la Bretonne (1734-1806)

Rétif est né à Sacy, petit village de Bourgogne proche d'Auxerre, le 23 octobre 1734, dans une famille paysanne. Son père était laboureur et possédait la ferme de la Bretonne. Il fut élevé un peu à la diable. Deux de ses demi-frères aînés, prêtres jansénistes, dont l’un fut curé de Bicêtre à Paris puis de Courgis, lui enseignèrent un peu de français et de latin.

À dix-sept ans, Nicolas fut mis en apprentissage chez Michel-François Fournier, maître imprimeur à Auxerre. Quatre ans plus tard, il devint compagnon imprimeur et quitta alors la province pour Paris, où les possibilités de travail étaient beaucoup plus nombreuses. Il fut admis comme ouvrier compositeur à l’Imprimerie Royale.

Travailler au milieu des livres et contribuer à leur fabrication déterminèrent Rétif, au bout d'une dizaine d'années, à entrer lui aussi dans la carrière littéraire. Il composait directement à la presse certains de ses ouvrages. Il rêve de réformes : l’orthographe, la prostitution, la famille, le théâtre… Vers 1760, il se rêve écrivain. Rousseau n’a pas encore publié
Les Confessions, mais Restif est déjà hanté par l’écriture autobiographique : lutte contre la fuite du temps, la mort, désir de ressusciter le passé pour supporter le présent… Il quitte le métier de typographe en 1767.

Il commence par écrire des romans dans le goût du temps : forme épistolaire, vernis anglais, moralisme, tout cela est réuni dans son premier roman, écrit à trente-trois ans dont le titre,
La Famille vertueuse (1767), est significatif. L'on y discerne déjà cette inspiration autobiographique qui ne cessera ensuite de s'affirmer. Le Pied de Fanchette (1769) eut du succès. Il est impossible de rendre compte ici de la cinquantaine de titres publiés par Rétif, totalisant près de deux cents volumes, ni même de les citer tous. Il a écrit dans tous les domaines de la littérature : roman, nouvelles, théâtre, traités de réforme sociale, autobiographie. Il n'y a que la poésie qui soit absente de son œuvre (encore qu'il ait glissé çà et là quelques poèmes de jeunesse). La presse du temps n'ignore pas ses premières productions. En 1769, Le Pornographe, où il propose une réglementation étatique de la prostitution, lui vaut d'être remarqué, ainsi que Le Pied de Fanchette, roman alerte, d'inspiration parodique, qui aura plusieurs rééditions au XVIIIe siècle.

Écriture et publication du Pied de Fanchette

La première édition porte le titre : Le Pied de Fanchette ou l’Orpheline française, histoire intéressante et morale. Elle comporte deux parties en 1769. En 1776, le titre devient Le Pied de Fanchette ou le soulier couleur de rose.

La Famille vertueuse ne se vendait pas. Restif, malheureux en ménage, vit dans une misère noire. Il écrit en cinq jours les deux cents pages de Lucile ou les progrès de la vertu, dont il ne tire que trois louis (soixante-douze livres).
« Je buvais de l’eau ; je mesurais les morceaux de mon pain de six livres de façon qu’il me fît la semaine ».
Ce régime dura quatre mois – la durée des trois louis - pendant lesquels il écrivit
Le Pied de Fanchette, le premier de ses ouvrages qui eut l’audience du public.

« Je passais au coin de la rue Montorgueil ; j’aperçus une jolie fille en bas de soie, avec des souliers roses à talons hauts et minces. Je fus enchanté ; je m’arrêtai, la bouche béante, à la considérer. Elle me regarda en rougissant. En chemin je fis le premier chapitre de l’ouvrage : »je suis l’historien véridique des conquêtes brillantes du pied mignon d’une belle… » Je mis la main à la plume dès le lendemain ».

Il reprend même son travail de typographe chez Quillau pour composer le texte. Deux censeurs, Crébillon fils et Collé, autorisent la publication du manuscrit. L’impression commença en août 1769, l’imprimeur se payant sur les gages qu’il devait encore à son ancien ouvrier.

Le livre paraît sans nom d’auteur avec la rubrique « Imprimé à La Haie, et se trouve à Paris, chez Humblot, libraire. »

Les mentions « imprimé à la Haye, Leipsick, à Londres, à Québec », ne veulent rien dire, un privilège tacite de police étant reconnus aux livres portant ces mentions d’impression étrangère.

La première édition de 500 pages fut tirée à 1000 exemplaires. Succès de mode dans les galeries du Palais-Royal, épuisée en quinze jours, elle se vendit bien, mais sans grand profit pour Restif. Il en fut profondément découragé.

Résumé

L’intrigue de ces cinq cents pages est complexe.
L’action se déroule à Paris dans le milieu de la petite bourgeoisie commerçante. Fanchette, jeune orpheline sans appui, possède un pied si mignon que sa chaussure rend les hommes fous de désir : de jeunes boutiquiers, un jeune peintre de retour de Rome, des aristocrates corrompus, plusieurs vieillards lubriques, dont un terrible Tartuffe.

Après force enlèvements, séquestrations, fuites, poursuites et tentatives de viol, la jeune orpheline est sauvée par sa vertu ; elle finira par trouver un bon mari, qu’elle aime et qui l’aime, faisant en outre le bonheur de ses amies.

Structure du récit

Le Pied de Fanchette comporte trois parties et 53 chapitres. Si les premières éditions comportent artificiellement deux parties, Restif revient en 1800 à trois parties pour l’édition définitive.

Le roman présente des narrateurs multiples mais indifférenciés : nulle couleur différente dans les enchaînements. L’auteur se sert des motifs à la mode du manuscrit perdu et retrouvé, du thème de la reconnaissance mis à la mode par les romans anglais. Chaque partie se termine généralement par une fuite et une évasion, aussitôt remise en cause dans la partie suivante.

Tous les épisodes sont liés par la présence ou l’absence d’une mule délicate perdue et retrouvée. Fanchette n’existe que par ses pieds. Ceux-ci rendent fous ou criminels tous les hommes qui croisent son chemin. Mais plus que d’elle et de son pied, c’est de sa chaussure dont ils sont amoureux.

Le roman est donc en partie une réécriture de
Cendrillon et du Tartuffe de Molière. En outre, Restif s’inspire largement des Heureux orphelins de Crébillon, paru en 1754, qui s’inspirait lui-même d’un roman anglais.

Fétichisme ?

On a beaucoup écrit sur le fétichisme du pied de Restif… Louis Barras a soutenu une thèse fort documentée en 1913 devant la faculté de Montpellier. Restif n’a pas inventé le fétichisme et il l’a certainement beaucoup moins pratiqué qu’il ne le prétend dans Monsieur Nicolas.

On sait depuis les contes de Grimm et de Perrault que la pantoufle est un symbole du sexe féminin. De Rabelais à Octave Mirbeau (Le Journal d’une femme de chambre) en passant par Brantôme, Lesage et Vivan Denon, les allusions érotiques au pied féminin sont nombreuses, particulièrement au XVIIIe siècle. L’art pictural n’est pas en reste avec Les Hasards heureux de l’escarpolette de Jean-Honoré Fragonard (1767). Depuis les commentaires de Freud sur la Gradiva de Jensen, les psychanalystes ont multiplié les études.

Adolphe Tabarant n’est pas du tout convaincu :
« On a consacré plusieurs études fort savantes à cette passion spéciale, dans laquelle on a voulu discerner une forme de fétichisme, d’un fétichisme se définissant comme un instinct sexuel morbidement dévié […] p. 147.
« Fétichiste, l’obsession de Rétif pour les petits pieds ? Nullement. Tandis que le fétichiste obéit à des impulsions qui échappent à son contrôle, Rétif, lui, énonce et commente les raisons qui l’agenouillent devant les petits pieds. Le pied annonce la jambe, qui achemine vers les plus secrets charmes. Un petit pied, sur un talon haut, donne à la marche une allure voluptueuse, l’allure même que Rétif va décrire en parlant de Fanchette […]» p. 148.
« Mais son goût pour les petits souliers hauts, si exclusif, qui “excitait immanquablement ses désirs et l’aurait fait passer sur la laideur“, ce goût qui le rendait incapable de résister à une jolie femme bien chaussée, il le justifie par sa conformation virile même, qu’il définit cyniquement, l’opposant à celle du gros Parangon-Fournier. C’est elle surtout qui le conduit à rechercher de préférence les femmes aux petits pieds, l’indication de certain proverbe n’étant pas mensongère : Parvus pes, barathrum grande. Il conseille aux jeunes gens de ne pas l’oublier, ce véridique proverbe, pour la commodité de leur plaisir et pour la génération. En tout cela, peut-on voir la moindre apparence d’un fétichisme ? » p 148.

On ne saurait mieux dire…



Le dossier de cette édition critique du
Pied de Fanchette comprend :
Le dossier téléchargeable de 278 pages en pdf contient:
- cette introduction
;
- le texte intégral du roman avec l'orthographe et la ponctuation actuelles
;
- les variantes du texte au fil des différentes éditions, ainsi que les notes de l'auteur commentées par nos soins en bleu ;
- 100 notes de bas de page expliquant les noms propres, les lieux évoqués, les mots ayant changé de sens, les termes érotiques, les mots difficiles
, certaines allusions à la biographie de Restif.



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