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L’Histoire de la vie et des mœurs de Mademoiselle Cronel
dite Frétillon



Pierre Alexandre Gaillard de la Bataille
1739-1743

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PRÉSENTATION DU DOSSIER



L’Histoire de la vie et des mœurs de Mademoiselle Cronel dite Frétillon est un violent pamphlet anonyme publié au XVIIIe siècle dans le but de nuire à une actrice célèbre de la Comédie-Française, Mademoiselle Clairon.

La première édition comporte deux parties (1739 et 1740) ; la deuxième (1742) en comporte trois, les suivantes en comptent quatre en 1743 et une cinquième en 1750, différente des autres, rédigée à la troisième personne et intitulée Mémoires pour servir à l’histoire de Mademoiselle Cronel.


Curieuse structure que celle de ce roman : la deuxième partie semble une pièce rapportée, reniée par l’auteur principal. Quoi qu’il en soit, c’est un récit alerte, plein de charme, d’élégance et de désinvolture.

Rédigé à la première personne par une voix féminine, c’est à la fois un roman et un pamphlet écrit contre Mademoiselle Clairon (1723-1805) dont le nom s’écrivait à l’époque
Cléron : l’anagramme Cronel est transparente.

Actrice de la Comédie de Rouen, elle entra à la Comédie Française en 1742. Le surnom de Frétillon lui fut attribué par ses détracteurs après qu’elle fut devenue célèbre.

L’auteur

Le roman fut attribué successivement à Pierre Alexandre Gaillard, dit Gaillard de la Bataille, au comte de Caylus et à un certain Baraguier, ces deux derniers étant écartés par Maurice Lever.
Mademoiselle Clairon, qui écrivit ses
Mémoires, désigna elle-même Pierre Alexandre Gaillard comme l’auteur du pamphlet. Selon elle, il s’agissait de la vengeance d’un amoureux éconduit.
Pierre Alexandre Gaillard de la Bataille est né le 18 mars 1708 à Rouen et décédé le 2 octobre 1779. Il était trésorier de France, c’est-à-dire chargé de l’administration du domaine royal. Selon certains biographes, c’était un comédien raté.
Outre
L’Histoire de la vie et des mœurs de Mademoiselle Cronel dite Frétillon, il publia deux autres ouvrages.

Résumé du récit

De naissance incertaine – elle est peut-être la fille d’un chanoine - la jeune Cronel a été destinée à la galanterie par sa propre mère. Poussée par son tempérament autant que par la volonté de sortir de la misère, elle a d’abord trois amants simultanés, ce qui la met en difficulté. Après un essai malheureux au théâtre à Paris, elle réussit à se faire engager à la Comédie de Rouen, comme son modèle réel. Là, elle a une foule d’amants, et une passion de cœur pour un jeune homme nommé Ridhilles – sans doute un nom à clef. C’est dans cette ville, nous dit l’auteur du pamphlet, qu’elle reçoit le surnom de Frétillon, dû à l’ardeur de son tempérament amoureux.
L’héroïne et sa mère vivent de leurs charmes. Les épisodes s’enchaînent avec vivacité, sans grande cohérence : un des personnages principaux meurt et réapparaît, parfois le récit renvoie à un épisode antérieur absent…

Biographie de Mademoiselle Clairon

Nous la limitons ici à la période évoquée dans le pamphlet.
Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de la Tude, plus connue sous le pseudonyme de Mademoiselle Clairon, est née le 25 janvier 1723 à Condé sur Escaut. Elle est la fille illégitime d’un sergent et d’une jeune couturière.
Elle débute à douze ans à la Comédie Italienne dans une comédie de Marivaux. Jugée trop jeune, elle est écartée et trouve un emploi à Rouen.
Après quelques séjours en province, elle rentre à Paris où elle débute à l’Opéra. Elle commence à la Comédie Française en 1743 dans le rôle de Phèdre : elle a vingt ans. C’est une actrice célèbre qui sera admirée de Voltaire dont elle jouera quelques pièces et qui l’accueillera à Ferney.
On peut consulter une biographie plus complète de Mlle Clairon extraite de Henri Lyonnet,
Dictionnaire des comédiens français, Bibliothèque de la Revue universelle internationale illustrée, 1904 - 1361 pages.

Caractéristiques du récit

Selon l’usage, c’est l’héroïne qui raconte son histoire. Le texte se présente comme une autobiographie écrite par une femme qui est censée raconter sa vie galante. Or, à l’époque, c’est absolument impensable : c’est un homme qui tient la plume.
Les auteurs du XVIIIe siècle présentent souvent leurs récits comme des « histoires véritables », c’est-à-dire authentiques. Cette mode va dans le sens du réalisme qui s’affirme petit à petit dès la fin du XVIIe siècle. Mais elle ne garantit ni la véracité des faits rapportés ni la peinture authentique des mœurs contemporaines.
L’Histoire de la vie de Mlle Cronel dite Frétillon répond au goût du scandale d’une grande partie des lecteurs : les fracassantes aventures des actrices de l’Opéra, plus ou moins véridiques, passionnent et émoustillent.
C’est un roman d’apprentissage : l’héroïne raconte l’évolution de sa carrière de courtisane sous l’égide de sa propre mère, qui n’hésite pas à payer de sa personne quand l’occasion se présente.

Ce qui paraissait scandaleux à l’époque nous semble singulièrement moderne : l’héroïne n’est pas mue par la passion amoureuse, mais par le goût du plaisir, comme les hommes. Elle choisit librement son destin et vit sa sexualité en pleine indépendance…


Le dossier téléchargeable de 366 pages en pdf contient
:
- l'introduction au roman ci-dessus
;
- le texte intégral du roman avec l'orthographe et la ponctuation actuelles
;
- 215 notes de bas de page expliquant les noms propres, les lieux évoqués, les mots ayant changé de sens, les termes érotiques, les mots difficiles
.



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