Passion Lettres Deux
Chateaubriand

Livre du jour François-René de Chateaubriand Voyage au Mont-Blanc


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Parti de Lyon en mai 1803, Chateaubriand franchit les Alpes par le mont Cenis, fait étape à Turin, qu’il trouve belle mais un peu triste, puis à Milan, où le gothique de la cathédrale lui semble «jurer avec le soleil et les mœurs de l’Italie ». Sa froideur s’évanouit en traversant la Toscane et en arrivant à Rome, le 27 juin 1803. Dans l’émerveillement des premiers jours, il se précipite au Colisée, au Panthéon, au château Saint-Ange, à Saint-Pierre. Le 2 juillet, avant même l’arrivée de son ambassadeur, il obtient une audience privée avec le Saint-Père. Le cardinal en prend ombrage et aura bien d’autres occasions de se plaindre de son encombrant secrétaire…

Chateaubriand François-René de – Voyage en Italie, suivi des voyages en Auvergne et au Mont-Blanc

Livre du jour François-René de Chateaubriand Mémoires d'outre-tombe

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Chapitre 1

La Vallée-aux-Loups, près d’Aulnay,
ce 4 octobre 1811.

Il y a quatre ans qu’à mon retour de la Terre-Sainte j’achetai près du hameau d’Aulnay, dans le voisinage de Sceaux et de Chatenay une maison de jardinier cachée parmi des collines couvertes de bois. Le terrain inégal et sablonneux dépendant de cette maison, n’était qu’un verger sauvage au bout duquel se trouvait une ravine et un taillis de châtaigniers. Cet étroit espace me parut propre à renfermer mes longues espérances
; spatio brevi spem longam reseces. Les arbres que j’y ai plantés prospèrent, ils sont encore si petits que je leur donne de l’ombre quand je me place entre eux et le soleil. Un jour, en me rendant cette ombre, ils protégeront mes vieux ans comme j’ai protégé leur jeunesse. Je les ai choisis autant que je l’ai pu des divers climats où j’ai erré, ils rappellent mes voyages et nourrissent au fond de mon cœur d’autres illusions.

Si jamais les Bourbons remontent sur le trône, je ne leur demanderai, en récompense de ma fidélité, que de me rendre assez riche pour joindre à mon héritage la lisière des bois qui l’environnent
: l’ambition m’est venue; je voudrais accroître ma promenade de quelques arpents: tout chevalier errant que je suis, j’ai les goûts sédentaires d’un moine: depuis que j’habite cette retraite, je ne crois pas avoir mis trois fois les pieds hors de mon enclos. Mes pins, mes sapins, mes mélèzes, mes cèdres tenant jamais ce qu’ils promettent, la Vallée-aux-Loups deviendra une véritable chartreuse.

François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe

Livre du jour François-René de Chateaubriand Vie de Rancé


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Extrait:

« Sociétés depuis longtemps évanouies, combien d’autres vous ont succédé! les danses s’établissent sur la poussière des morts, et les tombeaux poussent sous les pas de la joie. Nous rions et nous chantons sur les lieux arrosés du sang de nos amis. Où sont aujourd’hui les maux d’hier? Où seront demain les félicités d’aujourd’hui? Quelle importance pourrions-nous attacher aux choses de ce monde? L’amitié? Elle disparaît quand celui qui est aimé tombe dans le malheur, ou quand celui qui aime devient puissant. L’amour? Il est trompé, fugitif ou coupable. La renommée? Vous la partagez avec la médiocrité ou le crime. La fortune? Pourrait-on compter comme un bien cette frivolité?
Restent ces jours, dits heureux, qui coulent ignorés dans l’obscurité des soins domestiques, et qui ne laissent à l’homme ni l’envie de perdre ni de recommencer la vie. »

Chateaubriand, Vie de Rancé

Livre du jour François-René de Chateaubriand Atala

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«Les deux rives du Meschacebé présentent le tableau le plus extraordinaire. Sur le bord occidental, des savanes se déroulent à perte de vue ; leurs flots de verdure, en s'éloignant, semblent monter dans l'azur du ciel, où ils s'évanouissent. On voit dans ces prairies sans bornes errer à l'aventure des troupeaux de trois ou quatre buffles sauvages. Quelquefois un bison chargé d'années, fendant les flots à la nage, se vient coucher, parmi de hautes herbes, dans une île du Meschacebé. A son front orné de deux croissants, à sa barbe antique et limoneuse, vous le prendriez pour le dieu du fleuve, qui jette un oeil satisfait sur la grandeur de ses ondes et la sauvage abondance de ses rives.
Telle est la scène sur le bord occidental ; mais elle change sur le bord opposé, et forme avec la première un admirable contraste. Suspendus sur le cours des eaux, groupés sur les rochers et sur les montagnes, dispersés dans les vallées, des arbres de toutes les formes, de toutes les couleurs, de tous les parfums, se mêlent, croissent ensemble, montent dans les airs à des hauteurs qui fatiguent les regards. Les vignes sauvages, les bignonias, les coloquintes, s'entrelacent au pied de ces arbres, escaladent leurs rameaux, grimpent à l'extrémité des branches, s'élancent de l'érable au tulipier, du tulipier à l'alcée, en formant mille grottes, mille voûtes, mille portiques. Souvent, égarées d'arbre en arbre, ces lianes traversent des bras de rivière sur lesquels elles jettent des ponts de fleurs. Du sein de ces massifs le magnolia élève son cône immobile ; surmonté de ses larges roses blanches, il domine toute la forêt, et n'a d'autre rival que le palmier, qui balance légèrement auprès de lui ses éventails de verdure. (…)»

François-René de Chateaubriand, Atala