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Voltaire et l’Infâme
«Écrasons l'infâme»
Voltaire signait ses lettres en abrégé : Ecr. L'inf.
La lutte contre cet « infâme » qu'il faut écraser a été la grande affaire de Voltaire qui y a mis toute sa pugnacité, tout son génie.
Mais il ne faut pas oublier qu’elle est le fait aussi de l'ensemble des Philosophes des Lumières, à des degrés divers.
Cependant qui est l'« infâme » ?
« Objet de sa haine, écrit R. Pomeau, l'infâme est de ces réalités émotionnelles qui n'ont pas besoin d'être définies par qui les éprouve.
Voltaire répète que l'infâme est un « fantôme hideux », « un monstre abominable », « l'hydre abominable qui empeste et qui tue ».
Si l'on cherche à préciser le contenu de cette notion un peu vague, on s'aperçoit que l'infâme, ce n'est qu'épisodiquement le jansénisme ; c'est tout aussi bien le calvinisme que le catholicisme.
« L'infâme est donc l'intolérance, pratiquée par des Églises organisées, et inspirée par des dogmes chrétiens.
En fin de compte, l'infâme, c'est le christianisme. II faut faire à Voltaire la justice de reconnaître son audace, quelque jugement qu'on en porte : il voulut abattre l'imposant édifice, vieux de dix-huit siècles. Voltaire signait Christmoque : il ne s'agit pas seulement d'amender ou de réformer le christianisme, il s'agit d'en retrancher tout ce qu'il a de chrétien. L'opération faite, il restera une « religion pure » qui peut s'accommoder encore d'une admiration pour un Christ tout humain »
R. Pomeau, La religion de Voltaire, Nizet, 1956 ; nouv. éd. 1969, pp. 309-310.