Savoir raisonner
Fiche 2.
Donner son opinion


Donner son opinion sur un sujet, que cette opinion soit positive ou négative, permet d'apporter des arguments et des exemples pour étayer sa façon de penser, la développer et se faire comprendre.

Mais il ne s'agit pas encore d'écrire un texte argumentatif, car celui-ci présente généralement deux thèses en les opposant.


Texte 1. Être adulte


Si un adulte est un être vivant parvenu au terme de sa croissance, comme l'indique le dictionnaire, j'ai atteint ma taille adulte depuis l'âge de treize ans
! Pour le reste, j'espère n'atteindre jamais ce terme. Néanmoins, si être adulte, c'est être parvenu à un bon degré de connaissance de soi-même, de ses possibilités et de ses limites, personnellement et socialement, alors je me sens adulte. J'ai déterminé mon champ de travail, je sais ce qui m'intéresse ou ne m'intéresse pas et ce que je cherche dans la vie. Je suis à coup sûr dans la période la plus passionnante de mon travail et la plus heureuse affectivement.

L'âge adulte est, pour moi, le moment où toutes les richesses accumulées dans l'enfance, forces autrefois désordonnées, ont décanté. Si on les a respectées, elles se mettent au service d'un travail de l'esprit et du cœur pour produire l'œuvre d'une vie. Cela peut être de la poésie, de la créativité mathématique ou tout simplement de belles relations humaines. On parle souvent péjorativement de ce qui est raisonnable, parce que cela évoque des raisonnements purement intellectuels. Mais l'intelligence humaine, libre, fonctionne magnifiquement. Il arrive souvent que des gens socialement adultes soient affectivement immatures. Ils jouent à l'adulte, au travail comme à la maison. Mais cela sonne faux et contraint. Car ils sont encore narcissiquement tournés vers eux-mêmes. Ils ont besoin d'être reconnus, valorisés, reconstruits, par le regard de l'autre. Ils ne savent pas donner et recevoir l'amour, nouer des liens qui apportent du bonheur. Au fond, je crois que c'est cela le plus important
: oser faire ce que l'on a à faire malgré la souffrance que peut parfois apporter le regard des autres.

Il me semble qu'être adulte, sur le plan psychique, c'est la capacité de donner, de tolérer, de respecter, d'éprouver un intérêt pour l'autre. Je crois qu'on devient adulte à travers un objet d'amour
: un être humain, Dieu, les autres, en fait, tout ce qui vous sort de vous-même. C'est pour cela que je trouve amusant que vous interrogiez des gens sur ce point, en leur demandant une appréciation qu'ils sont assez mal placés pour donner… En fait, il faudrait interroger les autres, l'entourage.

Heureusement que mon métier m'oblige à changer d'âge plusieurs fois par jour
: pour comprendre ce qui fait souffrir un fœtus, un enfant de trois mois, de quatre ans ou de douze ans, il faut, d'une certaine façon, éprouver ce qu'il éprouve. Cette gymnastique-là est très vivifiante!

Catherine Dolto-Tolitch, médecin pédo-psychiatre,
La Vie, N° 2437, 14 mai 1992.



Texte 2. Être adulte


Un adulte est quelqu'un qui a terminé son adolescence… et ça peut arriver à n'importe quel âge
! J'ai retenu deux notions: la liberté et la responsabilité. Chacun vit une histoire particulière mais j'ai l'impression d'avoir atteint l'état adulte en deux étapes.

La première fois, c'est lorsque j'ai quitté ma famille pour aller étudier aux États-Unis. Enfin, j'étais dans une certaine mesure libre et responsable de mes décisions. De l'autre côté de l'Atlantique je n'avais plus à ma disposition un guide permanent en la personne de mes parents. Mais tout cela était relatif. Quand je suis rentré, j'ai retrouvé la famille. Riche d'un peu plus de maturité, j'avais pris goût à la responsabilité et à la liberté. Ce qui n'a pas été sans quelques frictions. Mais entre parents et enfants, c'est chose naturelle sinon nécessaire.

La deuxième étape fut atteinte ce jour de 1945 où j'ai appris la disparition de mes parents. Ils ne reviendraient plus. Ils avaient été emmenés à Auschwitz. Parmi le flot des émotions très fortes ressenties à l'époque
: un sentiment inéluctable, celui que je disposais de mon destin. J'étais tout seul.

On ne peut pas dire que l'on devient de plus en plus adulte. Ce n'est pas un processus, c'est un état. Cela entraîne nécessairement des confrontations, des épreuves positives ou négatives qui enrichissent une personnalité ou l'appauvrissent. On essaie de comprendre ce qui se passe au cœur de soi-même, chez les autres. Et compte tenu de ce qui a été accumulé de sentiments, d'expériences, mais aussi des inclinations du moment, on prend des décisions, on fait des choix.

S'engager est un choix, mais pas forcément le signe de l'état adulte. Peut-être l'engagement est il un comportement qui amène un individu à essayer de se rapprocher de ce que lui dictent son rêve, son imagination et l'utopie qu'il peut nourrir. Alors c'est un engagement vis-à-vis de soi et plus généralement vis-à-vis des autres.

Je pense à l'engagement politique. Il y a aussi l'engagement religieux, mais c'est autre chose. Je ne me sens pas capable d'en parler parce que je ne l'ai pas ressenti. En tout cas, pas jusqu'à maintenant.

Cependant, le rêve, l'imagination, l'utopie ne sont pas l'apanage de l'adulte. Les enfants les possèdent aussi. Nous sommes plutôt là au cœur de l'humain. Cela dit, en ce qui me concerne, ça serait un peu inquiétant si, à soixante-dix-huit ans, je ne me sentais pas un peu adulte.


Raymond Aubrac, grande figure de la Résistance, ancien directeur à l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture, La Vie, N° 2449, 6 août 1992.




Texte 3. Critique de film

La petite voleuse, film français de Claude Miller (1988). Scénario: F. Truffaut et Claude de Givray. Interprètes: Charlotte Gainsbourg, Didier Bezace, Simon de la Brosse, Clothilde de Bayser.

Le genre
Portrait-parcours d'une adolescente dévoyée.

L'histoire
Janine Castang, une adolescente farouche, vit dans un coin de la France profonde, chez son oncle et sa tante, sa mère l'ayant jadis abandonnée pour vivre sa vie. Janine l'idéalise et croit qu'un jour elle reviendra. En attendant, elle se morfond et attise la hargne de ses proches. On la soupçonne de voler. A juste titre. Janine va faire l'apprentissage de la vie, de la délinquance, de l'amour, de la prison, de la liberté, au cours d'une longue errance que le film conte en détail.

Ce que j'en pense
C'est un film qui, malgré son humour, se reçoit la gorge serrée. On sait que le scénario est tiré d'un synopsis qu'avait écrit François Truffaut, en collaboration avec Claude de Givray, et qu'il projetait de réaliser. Claude Miller a eu la bonne idée de reprendre ce projet. C'est un hommage, bien sûr, mais pas une oraison funèbre. L'ombre de François Truffaut est sensible dans la façon affectueuse d'appréhender la démarche. Elle est présente aussi dans les portraits des comparses, chaleureux ou ambigus, lâches et pitoyables. Aucune leçon de morale dans la description de l'itinéraire de cette enfant qui vole; aucune volonté, non plus, d'écraser le spectateur sous un discours sur la société corruptrice. Miller a bien retenu les leçons de son ex-patron. Il regarde les gens, intensément. Il restitue leur charme, leur grâce, leur désarroi, leurs moments de bonheur. Il nous fait le cadeau de ne pas commenter… Charlotte Gainsbourg est une comédienne exceptionnelle: fragile, gauche (mais lumineuse, par accès), elle semble jouer d'instinct et comprendre, pour les restituer aussitôt, les cent nuances d'un personnage contradictoire et complexe dont la seule présence sur l'écran nous bouleverse.

Gilbert Salachas, Télérama N° 2248, 10 février 1993.


QUESTIONNAIRES SUR LES TEXTES

Texte 1
Dans le texte de Catherine Dolto-Tolitch, distinguez les différentes opérations de l'auteur en remplissant le tableau suivant
:




Texte 2
Procédez de même pour le texte de Raymond Aubrac en remplissant le tableau suivant
:





Synthèse des deux textes

1. Les deux textes donnent-ils une vision positive ou négative de l'âge adulte
? Justifiez votre réponse.
2. Dans le texte de Catherine Dolto, relevez les mots-clefs, et les mots qui vous paraissent, personnellement, les plus importants.
3. Quels sont les deux mots qui définissent l'âge adulte, pour Raymond Aubrac
? Où sont-ils placés dans le texte?
4. Renseignez-vous sur la vie de R. Aubrac
: en quoi sa propre vie éclaire-t-elle la définition qu'il donne de l'âge adulte?
5. Relevez, dans chaque texte, tous les mots et expressions qui marquent l'attitude de l'auteur par rapport à son texte (nuances, certitudes, doutes, hésitations, affirmations, négations, etc…)
6. Les deux textes s'opposent-ils
? Ont-ils des points communs? Si oui, lesquels?
7. Chacun des deux textes oppose-t-il deux thèses contraires, ou développe-t-il une seule opinion
?

Texte 3: La fiche de film

1. Quelles sont les rubriques de la fiche? Dans quel ordre se présentent-elles?
2. Précisez le contenu de chaque rubrique. Quelles informations donnent-elles successivement au lecteur
?
3. Relevez le vocabulaire technique et cherchez-en les définitions exactes.
4. Dans la dernière rubrique, relevez les expressions valorisantes, les mots et expressions qui manifestent des nuances, ainsi que ceux qui expriment l'émotion de l'auteur.
5. À quelle catégorie de lecteur s'adresse cette fiche, selon vous
?

Exercices d'écriture

1. À votre tour, répondez à la question
: qu'est-ce qu'être adulte, selon vous?
2. Présentez une fiche pour un film que vous avez particulièrement aimé, donnez des informations précises avant de développer la rubrique « Ce que j'en pense ».


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