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L'Ecole des filles ou La Philosophie des Dames
ouvrage anonyme
1655


PRÉSENTATION DU DOSSIER


C’est la première œuvre vraiment scandaleuse du règne de Louis XIV. Il s’agit du premier ouvrage érotique français en prose, clandestin et condamné.

Bizarrement, alors que la production française de poésie licencieuse est la plus importante d’Europe – le grand Corneille et La Fontaine s’y illustrèrent — et que les fabliaux (écrits en vers cependant) expriment une verve gaillarde depuis au moins cinq siècles, « 
ce roman est la première mise en scène française d’ébats amoureux » écrit Jean-Jacques Pauvert.

Ce roman est exceptionnel car il devance son époque de plus d’un siècle : on y découvre de nombreux traits qui l’apparentent davantage au libertinage du XVIIIe siècle qu’à celui du XVIIe.

Toute l’édition française du livre était censée avoir été détruite après saisie. Toutefois, il ne tarda pas à circuler des contrefaçons hollandaises de l’ouvrage.

Une trentaine d’exemplaires au maximum, distribués à quelques amis des éditeurs avant l’intervention de la police, échappèrent à la destruction. Le poète Scarron en reçut huit exemplaires ; sa femme, la future Mme de Maintenon, fut évoquée dans les rumeurs.

Présentation générale

Le roman se présente sous la forme de deux dialogues, écrits en principe par Michel Millot l’aîné, contrôleur payeur des Gardes suisses. Jean L’Ange « gentilhomme servant le roi » en assura les frais d’impression et commanda un frontispice au célèbre graveur Chauveau.
Le livre, tiré à 300 exemplaires pour des gens de cour, fut saisi par ordre du Procureur du roi.
En 1661 on en trouva un exemplaire chez le surintendant Fouquet au moment de son arrestation.
Après les rééditions de 1665 et de 1668 le livre circula secrètement en France. Bussy-Rabutin raconte à Mme de Sévigné que l’on découvrit un exemplaire de
L’École des filles dans la chambre des filles d’honneur de la Dauphine ; Louis XIV en fut si furieux qu’il les renvoya toutes !
Samuel Pepys parle avec enthousiasme dans son
Journal de la traduction anglaise de ce livre.
Plus tard, le Régent Philippe d’Orléans fit graver vingt-quatre planches pour illustrer
L’École des filles, qu’il appréciait particulièrement.

Les auteurs présumés

Les érudits débattent encore sur les circonstances exactes de la publication de
L’École des filles et sur l’identité de son auteur.
Seules de vagues rumeurs circulaient quand Frédéric Lachèvre, en 1918 et 1920, produisit les pièces du dossier judiciaire. Ce qui n'éclaira presque rien…
D’après Pascal Pia :
« Les deux éditeurs de l’ouvrage, Jean L’Ange et Michel Millot, n’étaient pas des professionnels de la librairie, mais des lettrés en relations avec Scarron et avec d’autres auteurs. On ignore les origines de Jean L’Ange […] les procès‑verbaux des interrogatoires qu’il eut à subir le disent « escuyer » et gentilhomme servant de Sa Majesté […].
[…]
Les pièces du procès, qui devaient tout éclairer, ne font qu’obscurcir les circonstances de la publication du livre.
C’est un procès bizarre, où la police n’a pas exercé beaucoup de zèle. On ne fait pas les confrontations indispensables, celles que l’on fait ne peuvent rien apprendre ; Millot, qui n’est pas caché bien loin, n’est ps recherché ; L’Ange n’est condamné le 7 août 1655 qu’à une peine symbolique. Millot est brûlé en effigie avec les livres, mais il fait appel, ce qui suspend la sanction. On n’a aucune trace de la seconde condamnation. L’Ange et Millot semblent avoir repris une vie normale après l’aventure : de hautes protections s’étaient probablement exercées…

Résumé


L’École des filles est divisée en deux parties ou Dialogues. L’action se déroule sous le règne du Louis XIII.
L’ouvrage s’ouvre sur une
Épître invitatoire aux filles ; ensuite un Argument des deux dialogues résume les circonstances de l’action. Une Table mystique allégorique selon le sens moral et littéral de l’Escole des filles présente les différents sujets traités dans le roman.
L’
Épître invitatoire aux filles présente l’ouvrage comme un manuel d’éducation destiné à procurer le bonheur, un bonheur hédoniste immédiat, parfaitement contraire à toutes les valeurs chrétiennes qui préconisent la chasteté avant le mariage.

Premier dialogue

L’initiation sexuelle de Fanchon, jeune fille simple et naïve, débute par une leçon de langage : sa cousine Suzanne, plus délurée, lui apprend à appeler les choses par leur nom.
« Cet engin, donc, avec quoi les garçons pissent s’appelle un
vit, et quelquefois il s’entend par le membre, le manche, le nerf, le dard et la lance d’amour. »
Une énumération pittoresque s’autorise de nombreuses métaphores. Suzanne poursuit par la description de tous les attraits de la volupté. Fanchon est alors prête à passer à l’acte, malgré la crainte de perdre sa réputation et sa virginité. Suzanne la rassure et lui promet des moyens de déguiser son état à son futur mari. Tout scrupule et tout principe moral sont ici bannis. Mais il n’est pas possible aux femmes d’afficher ce comportement au grand jour, à l’encontre du XVIIIe siècle : il faut se cacher et tromper, de peur d’enfreindre les interdits de l’Église.
Quant à Dieu… Quand Fanchon, un peu inquiète de la nécessité de cacher à sa mère les plaisirs qu’elle compte prendre avec un amant, demande à sa cousine s’il n’y a rien à craindre de « Dieu qui sait tout », Suzanne n’hésite pas à lui répondre que « Dieu qui sait tout ne le viendra pas dire et ne découvre rien aux autres » !
Le jeune Robinet, fils d’un marchand de Paris, fait opportunément la cour à Fanchon ; l’obligeante Suzanne poursuit ses leçons en décrivant en termes crus les plaisirs qu’elle-même tire de son amoureux. La jeune fille est dès lors décidée à passer à l’acte.

Second dialogue


Fanchon revient quelque temps après raconter à Suzanne qu’elle a mis ses leçons en pratique avec Robinet. Elle s’inquiète des moyens de ne pas être engrossée. Les réponses de Suzanne nous renseignent sur les précautions anticonceptionnelles des femmes du XVIIe siècle et sur leurs ressources en cas de grossesse non voulue.
Le second dialogue se fait plus « philosophique » : son discours sur les différentes manières de susciter et prolonger le plaisir érotique est tout à fait révolutionnaire au XVIIe siècle si pudibond.
Les travaux pratiques auxquels s’est livrée Fanchon ne tardent pas à lui éveiller l’esprit. Sa libération sexuelle s’accompagne d’un éveil intellectuel et d’une meilleure connaissance de soi :
«… l’esprit commence à me venir et je mets mon nez dans les affaires où à peine aurais-je pu rien connaître auparavant… »
On pense presque à l’Agnès de
l’École des femmes

Dernières remarques

À la différence des romans libertins du XVIIIe siècle, le roman L’École des filles ne met pas en scène les milieux aristocratiques : nous sommes aux antipodes des libertins de cour de Crébillon fils et de leur langage. Les personnages appartiennent au peuple : une seule servante, des pièces mal éclairées propices aux jeux amoureux, un jupon providentiellement brûlé par un fer à repasser, dessinent un cadre populaire auquel s’ajoute un langage direct, cru, peu apte au discours intellectuel.
Autre différence avec la tradition libertine du Siècle des Lumières : la hiérarchie entre les sexes est nettement dessinée et jamais remise en question. À la différence de la marquise de Merteuil qui se veut égale ou supérieure à l’homme, les héroïnes de
L’École des filles demeurent soumises. Certaines affirmations de Suzanne sont parfaitement sexistes :
« Je veux que la fille soit un peu honteuse à certaines choses et que l’homme soit plus hardi… Il faut que le garçon ose tout car la fille n’a pas bonne grâce de tout oser et est bien aise d’être prévenue dans le choix des plaisirs ».
Quoi qu’il en soit, presque contemporain de la Carte du Tendre et des
Précieuses Ridicules (1659), L’École des filles ou la philosophie des dames marque une étape importante dans l’histoire des mentalités : la culpabilité chrétienne est évacuée, tout est permis, naturel, sans perversion.


Le dossier téléchargeable de 180 pages en pdf contient
:
- l'introduction complète au roman évoquée ci-dessus
;
- le texte intégral du roman avec l'orthographe et la ponctuation actuelles
;
- 65 notes de bas de page expliquant les mœurs, les lieux évoqués, les mots ayant changé de sens, les termes érotiques, les mots difficiles
.


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