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LE RUT
ou
LA PUDEUR ÉTEINTE

Pierre-Corneille BLESSEBOIS

Leyde, 1676.

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PRÉSENTATION DU DOSSIER


Curieux ouvrage, auteur plus curieux encore… Vaurien, escroc, faux monnayeur en littérature. Un de ces auteurs libertins ayant recours à l’obscénité, à la description sans filtre de la sexualité la plus débridée.
Paul-Alexis Blessebois est un écrivain obscur qui raconte à la première personne, et avec excès, la bassesse, la vilenie d’un personnage qui a fait de nombreux séjours en prison, avant d’être envoyé aux galères, puis dans les plantations de la Guadeloupe où il est déporté comme beaucoup de galériens. On y perd sa trace après un dernier procès où il est (s’il s’agit du même) condamné à la pendaison par contumace.
Pierre Corneille Blessebois a été redécouvert au XIXe siècle et édité à partir de 1862 pendant la période de censure du Second Empire.

L’auteur

Pierre-Corneille Blessebois, paradoxal contemporain de Racine, appartenait à une famille protestante normande de petite noblesse. Son père, Paul Blessebois, exerçait les fonctions de receveur des tailles à Verneuil sur Avre, petite ville située à quinze kilomètres d’Alençon. À sa mort, en 1657, sa femme, qui dirigeait une manufacture de fils, conserva la charge.
Il se nomme donc Alexis-Pierre-Comeille Blessebois, sans qu’on sache de quelle fantaisie lui est venu ce prénom ou ce pseudonyme emprunté à l’auteur du Cid.
Il avait une sœur et cinq frères dont trois embrassèrent la carrière des armes et un autre devint avocat. On ignore la date exacte de naissance de Pierre Corneille, car n’étant pas catholique, il n’est pas inscrit sur les registres de catholicité qui servaient de registres d’état civil à l’époque. Cependant, d’après les différents actes qui le concernent et que l’on a retrouvés, on peut la situer entre 1647 et 1648.

Il fit certainement de solides études, comme en témoignent ses écrits où abondent les références classiques et mythologiques, mais nous ignorons s’il les fit à Paris ou à Alençon. Probablement, il apprit jeune le maniement des armes, ce qui expliquerait sa carrière militaire.
C’est en 1668 que nous trouvons sa première trace à Alençon : ville assez importante, siège de l’Intendance, réputée pour son industrie de la dentelle mais aussi ville assez libertine où le souvenir de Marguerite de Valois, Duchesse d’Alençon, la fameuse reine Margot, qui y fit séjour avec ses dames d’honneur et qui n’était pas oubliée, ce dont témoignent les vers suivants du XVII
e siècle :

Alençon
Petite ville, grand renom ;
Autant de putains que de maisons,
Et si elles étaient bien comptées,
Autant que de cheminées
.

Blessebois y était alors étudiant, il commençait à taquiner la muse et surtout, coqueluche des Alençonnaises, il collectionnait les bonnes fortunes comme en témoigne le portrait qu’il trace de lui-même sans fausse modestie.
« Céladon n’était pas d’une beauté commune, et la régularité de ses traits l’avait rendu tout à fait charmant. Il avait l’esprit agréable, son courage était connu, et si son acquis n’avait pas les pères de famille pour partisans, du moins les jeunes gens de la première volée le regardaient comme l’un des principaux membres de leurs corps. Il avait le secret de s’insinuer dans le cœur des plus farouches, et j’ose dire, sans crainte d’être dédit par ceux qui savent l’histoire de sa vie, qu’il a vu plus de quarante filles, en une demi-année, combattre les premières places de sa chaîne. Il composait des vers avec une facilité admirable, et ses billets étaient ordinairement semés de tant de galanteries

« Que les beautés, à leur lecture,
Passaient souvent et la nuit et le jour,
et glissaient dans l’appas de la douce torture
Par l’enjolivement qu’il donnait à l’amour ».

Il écrivit alors un premier petit ouvrage intitulé : « Le Parc d’Alençon » qui circula dans la ville sous forme de manuscrit où il rapportait les amours de différentes personnes de la cité qu’il était facile de reconnaître. Parmi elles, l’Intendant Hector de Maries à qui il avait pris sa maîtresse et qu’il poursuivait de ses épigrammes. La plaisanterie fut très mal appréciée du haut personnage qui ne tarda pas à trouver sa vengeance. Colbert ayant ordonné une vérification des comptes de tous les receveurs d’impôts, Hector de Maries ordonna celle de la recette des tailles de Paul Blessebois dont la femme avait gardé la charge. Blessebois vivant surtout de l’argent qu’il recevait de sa mère, le vindicatif intendant ne pouvait lui jouer un plus mauvais tour que de hâter, en observance des instructions de Colbert, la vérification de ces livres.
C’est certainement pour soustraire à la vérification les livres de comptes que Pierre Corneille et son jeune frère Philippe, un autre vaurien, décidèrent de mettre le feu à la maison de sa mère. Ils exécutèrent leur projet le 30 juillet 1670 et postés à l’étage supérieur, menacèrent de leurs fusils toute personne essayant d’éteindre l’incendie. Ils prirent ensuite la fuite : Philippe demeura introuvable, mais Pierre Corneille est arrêté à Montreuil-sur-Mer au moment où il allait s’embarquer pour l’Angleterre.
De Maries poursuivit de sa vindicte notre héros et, sur sa requête, le 16 août 1670, le conseil du Roi siégeant à Saint- Germain décide de l’enfermer.

Écroué à la prison d’Alençon, il est condamné le 15 novembre 1670, au bannissement perpétuel, à 500 livres d’amende et à la confiscation de ses biens. Mineur, l’amende est à la charge de sa mère qui refuse de l’acquitter et il devra donc rester en prison. Mais il va organiser son séjour pour continuer sa vie de débauche dans cette prison étrangement mondaine et facile : à défaut d’en sortir, on y entre comme dans un moulin, les dames en premier lieu, et c’est le point de départ du récit largement autobiographique qui nous occupe, Le Rut ou la pudeur éteinte.

[…]




L’ŒUVRE

En fuite aux Pays-Bas où, à force d’intrigues il fut le protégé de Guillaume d’Orange, Blessebois fréquente différents imprimeurs hollandais qui, au XVIIe siècle assuraient l’impression de nombreux ouvrages français, tous ceux notamment que la censure royale interdisait.
Toutes ses œuvres vont paraître en Hollande entre 1676 et 1679 et seront réunies sous le titre d’Œuvres Satiriques de Pierre Corneille Blessebois.
Ce sont : une comédie,
L’Eugénie qui raconte les aventures d’une dame romaine voulant défendre sa vertu, œuvre dédiée au Sthatouder Guillaume d’Orange (cette préface lui rapportant ainsi quelques subsides dont il a tant besoin), l’Almanach des Belles pour l’année 1676, ou pour chaque mois est contée une histoire parmi lesquelles le récit de ses amours et du meurtre de M. de Verdin ; surtout Le Rut et la Pudeur éteinte, roman où il raconte en détails ses souvenirs de la prison d’Alençon et ses amours avec Marthe le Hayer. Le Temple de Marsias et Le Lion d’Angélie deux petites œuvres sans grand intérêt. Sous le manteau, il fait aussi éditer deux œuvres obscènes. Le B. de Mlle de Scay et un dialogue Filon réduit à mettre cinq contre un, œuvres auxquelles s’ajoutent, plus surprenant, Les Palmes du Fils de l’Homme ou la Vie de Jésus-Christ (1674) qu’il est difficile de lui attribuer. On ne peut lui attribuer avec certitude Alosie ou les Amours de Mme de M.T.P., paru clandestinement à Cologne en 1680. Mais Mme de M.T.P. étant très évidemment Mme de Montespan, il est permis de penser que c’est ce crime de lèse-majesté, beaucoup plus que sa désertion, qui le fera condamner aux galères à perpétuité, en août 1681.


LE TEXTE

Pierre Corneille Blessebois a bien failli rester toujours ignoré de la postérité.
Au XVIIIe siècle, son roman  Le Zombi du Grand Pérou, paru en 1697, est passé complètement inaperçu.
Dans diverses histoires du théâtre français au XVIIIe, on cite le nom des pièces de Blessebois, mais sans indications biographiques.
En 1829, Charles Nodier, l’auteur romantique, grand bibliophile, le premier, dans un ouvrage intitulé
Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, consacre un article au roman du Zombi du Grand Pérou.
En 1912, Guillaume Apollinaire publie, dans la collection les « Maîtres de l’Amour », un volume consacré aux œuvres de Blessebois. Dans la préface, il n’apporte pas de grandes précisions biographiques.
Le Rut est le récit des débordements sexuels auxquels se livrent les personnages quand toute pudeur est éteinte et qu’ils sont donc rendus à la vérité sans fard de leurs corps et de leurs désirs.

Le Rut, si bien nommé, comporte trois parties, avec trois dédicaces qui sont des lettres d’injures à Mlle de Sçay.


Ses livres clandestins ne furent, semble-t-il, jamais interdits, sans qu’on puisse dire quel pouvait en être le lectorat. Le Rut n’a sans doute pas été interdit parce qu’il recourt surtout à l’invective personnelle qui n’intéresse pas la censure publique, comme le montrent encore les Mémoires sur la librairie et sur la liberté de la presse de Malesherbes. Si son œuvre ne manque pas d’impiétés, elles ne font pas non plus l’essentiel de ses textes. Il reste que ces ouvrages republiés au XIXe siècle sont condamnés, par exemple en mai 1868 par le Tribunal correctionnel de la Seine et en décembre 1876.

[…]

Sommaire du fichier de 180 pages en pdf

PRESENTATION GENERALE

BIOGRAPHIE p. 1

Réception de l’œuvre p. 14
Présentation et analyse du texte p. 17

Bibliographie p. 22
Introduction de Guillaume Apollinaire p. 23
Essai bibliographique p. 29
Le texte : p. 36


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AVERTISSEMENT

Certaines scènes de ce texte, particulièrement brutales, ne sont pas destinées aux âmes sensibles.