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Charles BAUDELAIRE

biographie en lien avecl’œuvre

Dossier établi d’après l’ouvrage de Claude Pichois et Jean Ziegler, dont la première version était parue chez Julliard en 1987. Réédition Fayard en 2005.

Claude Pichois a publié avec Jean Ziegler les
Œuvres complètes de Baudelaire en 4 volumes dans la collection Pléiade chez Gallimard.

Il dirige aux États-Unis le Centre Baudelaire de l’Université Vanderbilt, le seul centre de ce genre qui existe au monde.

Ce dossier retient de la vie de Baudelaire ce qui peut aider à la compréhension de son œuvre. Il semble en effet nécessaire de situer Les Fleurs du Mal dans la vie du poète, ainsi d’ailleurs que par rapport à la légende que celui-ci en a faite. Il ne s’agit pas de se perdre dans la critique biographique, mais de retenir le minimum de faits solidement établis et utiles pour expliquer Les Fleurs du Mal et pour ne pas répéter sur Baudelaire des lieux communs sans fondement.

I. La famille

Baudelaire s’était imaginé une ascendance extrêmement tragique: cf. Fusées feuillet 12, cité par Cl. Pichois, page 19, et Pléiade, tome I, p. 661: « Mes ancêtres, idiots ou maniaques, dans des appartements solennels, tous victimes de terribles passions. » Cette vision ne correspond en rien à la réalité: la famille de Baudelaire représente le type même de la lente ascension du peuple à la bourgeoisie et Baudelaire va être celui qui, se voulant poète, choisit de briser cette ascension. Alors que la poésie était à l’époque classique une promotion sociale pour le « clerc » (cf. Voltaire), Baudelaire se représente la poésie comme le choix de la déchéance, de la marginalité.


A. Le père

François Baudelaire: patronyme à l’étymologie intéressante: on appelait « baldelaire, baudelaire, badelaire » un sabre court, dont la lame droite et à deux tranchants était recourbée et élargie à la pointe. Baudelaire, lui, donnait à son nom une autre étymologie: « baltearis », lié au baudrier; mais il s’agit d’une étymologie fantaisiste.

François Baudelaire était issu d’une famille de la Marne, vignerons, petits artisans, dont l’ascension sociale est typique sous l’Ancien Régime: promotion par l’instruction et par l’Église. Né en 1759, il fait des études de philosophie à la Sorbonne et est ordonné prêtre en 1784. « Choisir le noir », Stendhal le dira plus tard, était sous l’Ancien Régime un moyen de réussite sociale pour le peuple. Mais Baudelaire gardera toujours à l’esprit le sentiment d’être un « fils de prêtre », c’est-à-dire quelqu’un d’un peu diabolique (cf. Barbey d’Aurevilly, Un Prêtre marié).

Homme d’esprit, François Baudelaire va être précepteur dans la famille des Choiseul-Praslin. C’est un homme qui, toute sa vie, s’intéressera aux travaux intellectuels de son époque et Baudelaire aura donc, par son père, le sentiment de côtoyer le XVIIIe siècle des Idéologues (groupe de philosophes de la fin du XVIIIe siècle début XlXe qui essayait d’établir des lois de l’esprit
; cf. Cabanis, Helvetius, Condorcet, Destutt de Tracy) et des peintres (François Baudelaire était lui-même un peintre de talent moyen).

Pendant la Révolution, François Baudelaire aide ses anciens maîtres arrêtés et cherche à éviter l’échafaud à Condorcet.

Il se marie une première fois en 1797 avec Rosalie JANIN, dont il a un premier fils, Alphonse, né en 1805, qui fera une carrière de petit magistrat personnage prudhommesque, et qui sera comme la conscience moralisante et ridicule de son demi-frère Charles.

Sous l’Empire, François Baudelaire mène une carrière de fonctionnaire au Sénat et, comme tel, a joué un rôle dans le choix des peintres dont les œuvres pouvaient être introduites dans les musées. En 1814, sa femme meurt et François Baudelaire démissionne deux ans plus tard de toutes ses fonctions administratives
: retraité, aisé, il s’installe 13 rue Hautefeuille et se remariera en 1819, à l’âge de soixante ans, avec Caroline DUFAŸS.


B. La mère

La famille maternelle était également de l’Est (Marne et Haute-Saône). La grand-mère maternelle de Charles, Julie FOYOT, fille d’un procureur au Parlement de Paris et émigrée en Angleterre en 1792, a sans doute épousé là-bas un certain Archenbaut Dufaÿs ou Defayis (orthographe incertaine), probablement officier, et tué à l’Affaire de Quiberon (tentative de débarquement des émigrés royalistes, juillet-août 1795).

Caroline Dufaÿs est née en Angleterre (inscrite dans le registre des baptêmes sous le nom de Archenbaut-Dufaÿs) le 27 septembre 1793 et y reste jusqu’en 1800, date à laquelle Napoléon permet aux émigrés de rentrer. Julie Foyot meurt dès 1800 et Caroline est recueillie et élevée bourgeoisement par la famille Pérignon (avocat très riche), qui avait sans doute une dette de reconnaissance à l’égard du grand-père procureur et chez qui elle fait connaissance de François Baudelaire et de sa femme. Veuf en 1814, François Baudelaire épousera Caroline, âgée de vingt-six ans, le 9 septembre 1819.

9 avril 1821: naissance, au 13 rue Hautefeuille, de Charles Pierre Baudelaire.


II. La vie jusqu’aux Fleurs du Mal

A. Les premières années.

Parmi les souvenirs qui vont marquer ses six premières années, notons les promenades au Luxembourg, les spectacles à l’Odéon et l’appartement très artistiquement décoré de la rue Hautefeuille (cf. Cl. Pichois, p. 52-53). Son père meurt le 10 février 1827 et l’enfant va être très heureux quelque temps, seul avec sa mère. cf. le rappel de l’été à Neuilly, 3 rue de Seine, dans un poème des Tableaux parisiens « Je n’ai pas oublié, voisine de la ville… » Ce sera le « bon temps » pour Charles.

Assez rapidement cependant, sa mère fait la connaissance d’un officier, AUPICK, né en 1789. Personnage qui n’est pas du tout la « brute » que suggérera Baudelaire, mais plutôt un homme qui sera toujours très protégé, très « adapté », très souple devant des situations nouvelles, d’où sa carrière jusqu’aux postes d’ambassadeur et de sénateur à travers les régimes les plus différents. Il est d’origine irlandaise, fils d’officier et sorti lui-même de Saint-Cyr, chef de bataillon quand il rencontre Caroline. Le mariage est conclu en hâte le 8 novembre 1828: Caroline était enceinte d’un enfant d’Aupick et elle accouche le 4 décembre 1828 d’un enfant mort-né. En l’état actuel des connaissances, Baudelaire ignora toute sa vie cette affaire, mais n’en eut-il pas quelque soupçon?


B. La scolarité.

Octobre 1831: lycée Charlemagne. Mais Aupick est nommé à Lyon: Charles et sa mère le rejoignent en février 1832, c’est-à-dire à l’époque de l’émeute des Canuts dont le lieutenant-colonel Aupick est chargé d’organiser la répression.

1832-1836: Charles est au Collège Royal de Lyon. Baudelaire semble garder un très mauvais souvenir de ses années lyonnaises, mais il a sans doute exagéré: il était alors considéré comme un élève doué, travaillant assez peu et jouant le jeu au minimum. Il semble surtout s’ennuyer.

Janvier 1836: retour à Paris où Aupick est nommé à l’État-major. Baudelaire termine ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand. Un professeur va le marquer, M. RINN, qui l’initie à la littérature moderne (Hugo, Sainte-Beuve). Mais à Paris comme à Lyon, Baudelaire, bon élève sans plus, refuse sans révolte de s’intégrer au monde du lycée: ses professeurs notent ses manières affectées, ses « bizarreries » et sa forte tendance à la « procrastination ».

Baudelaire fait en 1838-1839 son année de philosophie, (« des idées, mais peu d’ordre », telle est l’appréciation de ses maîtres). Il a pour ami Émile Deschanel qui partage ses goûts pour la littérature contemporaine et atteste d’ailleurs les débuts de l’activité littéraire de Baudelaire (cf. Cl. Pichois, p. 108109) En avril 1839 (quelques mois avant son baccalauréat), Baudelaire est renvoyé de Louis-le-Grand pour une affaire de discipline sans importance, mais il est admis au collège Saint-Louis et prend pension près de la place Saint-Sulpice Cf. Cl. Pichois, p. 116, pour la lettre à sa mère du 16 juillet qui témoigne pour la première fois de son sentiment de l’ennui, « 
indolence maussade et niaise », qui est indiscutablement une des constantes du caractère du poète.

Baudelaire est bachelier le 12 août 1839
: ses résultats sont moyens, mais Baudelaire esquissera toute une légende autour de ce bac; il fera croire qu’il a été recommandé auprès du jury par la propriétaire de sa pension de famille comme « enfant idiot », mais bien pensant.

Au cours de ses années d’étude, Baudelaire ne marque donc pas de révolte contre le système de valeurs impliquées dans l’enseignement reçu, mais se caractérise plutôt par une précoce et profonde défaillance de la volonté.


C. Le choix d’une destinée
(entre 1839 et 1841
; il a 18-20 ans)

Ce choix s’exprime d’abord paradoxalement par le refus de décider d’une carrière
: ne voulant être ni officier ni diplomate, Baudelaire se fait inscrire à l’Université de Droit, études qui ne le mèneront pas bien loin. Même dans le domaine littéraire, Baudelaire ne voudra pas être auteur dans l’acception professionnelle du terme, créateur à la Balzac par exemple.

Il voit, à cette époque, dans la littérature un monde de relations
: il habite à ce moment-là la pension Bailly, à l’angle de la rue Saint-Jacques et de la rue de l’Estrapade, et fréquente le groupe de jeunes écrivains appelé « École normande », car beaucoup d’entre eux venaient de l’Ouest; cf. Le Vavasseur, Prarond, etc. Ce groupe se caractérisait par le goût de la virtuosité technique (cf. leur admiration pour Les Cariatides de Banville). Ils étaient politiquement ralliés « au juste milieu » et Baudelaire se sentait très à l’aise parmi eux. Peut-être rencontre-t-il aussi alors Hugo et Balzac.

En 1841, Baudelaire se voit dans l’obligation de demander de l’argent à son frère Alphonse pour payer ses dettes dont le total atteignait la somme de trois mille francs (un salaire de magistrat était de quinze cents francs par an). Dès 1840 Baudelaire s’oppose à Aupick moins à cause de sa vocation littéraire que parce que, refusant de prendre un métier, il veut néanmoins vivre en dandy fastueux. Alphonse interviendra pour que Baudelaire puisse entamer son héritage afin de payer ses dettes. C’est également au cours des années 1840-1841 que Baudelaire, fréquentant les prostituées (cf. Sara (h) dite « Louchette »), contracte une première maladie vénérienne (blennorragie). Le bilan de ces deux années semble donc bien correspondre à la vision que Baudelaire voulait donner de lui-même: un malade, un coupable…, un poète. La nouvelle poésie est à ce prix, cf. Cl. Pichois, p. 142143.


D. Le voyage (juin 1841-février 1842)

Soucieux de la vie que Charles menait, ses parents décident de lui faire faire un voyage de formation afin de l’écarter de Paris: Baudelaire, recommandé au capitaine Saliz, est embarqué sur le Paquebot-des-Mers-du-Sud à destination de Calcutta. Mais Baudelaire, indifférent à l’aventure du voyage, refuse de dépasser La Réunion (alors île Bourbon) et repart le 4 novembre 1841 sur l’Alcide. S’opposent ainsi l’ennui (dont souffrait Baudelaire à bord, dont le capitaine Saliz sera témoin et qu’il relatera dans sa correspondance avec les parents de Baudelaire) et le thème, voire le « mythe » de l’exotisme que Baudelaire rapportera de ce voyage, et dont les images et les sensations viendront nourrir Les Fleurs du Mal (notons cependant que dans sa « légende » Baudelaire prétend être allé en Inde). À l’île Maurice, Baudelaire avait fait la connaissance de Mme Autard de Bragard à qui il dédiera le premier poème des futures Fleurs du Mal, « À une dame créole ».


E. Les années 1842-1844

Baudelaire est de retour à Paris vers le 23 février 1842. Majeur le 9 avril suivant, il réclame les comptes de tutelle et s’installe dans 1’Île Saint-Louis, à l’actuel 22 quai de Béthune. Il a, pour vivre, mille huit cents francs de rente, ce qui représente l’aisance à l’époque. Mais il va vivre très au-dessus de ses moyens et le malheur voulait qu’il eût pour voisin l’antiquaire Arondel et le restaurant de la Tour d’Argent à qui il devra respectivement quinze mille et deux mille cinq cent vingt-trois francs à sa mort. Face à cette situation qui ne fait qu’empirer, un conseil de famille est réuni le 27 août 1844: il s’agit de donner à Baudelaire un conseil judiciaire en la personne de maître Ancelle. Baudelaire, furieux, ne se présente pas au conseil de famille, mais ne va pas non plus faire appel en justice, comme si, une fois de plus, il acceptait, voire recherchait, ce nouveau déshonneur. Cf. la thèse de Sartre: Baudelaire a mérité, il a voulu mériter sa vie.

On date de mai 1842 la rencontre avec Jeanne Duval (ou Jeanne Lemer ou Jeanne Prosper, on ne connaît pas son nom avec certitude), dont on peut dire seulement qu’elle était métisse et actrice.
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