Voltaire conte philosophique
#1
Bonjour,
Pourquoi Voltaire a choisi le conte philosophique ?
Merci.
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#2
Bonsoir,

Voltaire a choisi d'exprimer ses idées les plus hardies par le conte philosophique, parce que la censure était telle qu'il n'avait pas du tout le droit d'écrire ce qu'il voulait.

Dans la vie et la carrière de Voltaire, le recours au conte se fait à différentes périodes, et souvent pour des raisons différentes.

Voltaire a touché à tous les genres : la poésie épique, la tragédie, l'histoire, la poésie scientifique, etc. 

Pour lui, en ce qui concerne Zadig et Candide (les plus connus) le conte a une valeur pédagogique : Voltaire est un militant !

En ce qui concerne l'aspect plus proprement littéraire, le conte philosophique, que Voltaire invente sans jamais le théoriser, utilise les genres à la mode : le roman picaresque, le récit de voyage dans Candide (1759-1761), le roman par lettres dans Les Lettres d’Amabed (1767), le conte oriental dans Zadig (1747), le récit larmoyant dans L’Ingénu (1767), le voyage interplanétaire à la façon de Cyrano de Bergerac dans Micromégas (1752). 

L’absence de règles, de définition même du genre laisse libre cours à l’inventivité et à la fantaisie du conteur pour rendre la leçon accessible à tous. Le message est simple et souvent réitératif, comme ce refrain de Pangloss : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes » (Candide), que ne cessent de démentir les épreuves qu’affrontent les héros. Les ennemis sont traditionnels : gens d’Église, hommes de préjugés, vaniteux, imbéciles, commis de ministère, baillis de province, vizirs ambitieux et cruels, militaires bornés, amateurs de massacres, esprits intolérants, voleurs de grand chemin et brigands légaux. Les marionnettes du théâtre du monde sont interchangeables, qu’on soit en Perse, sur Sirius, en Basse-Bretagne, en Amérique espagnole, dans l’Égypte et la Grèce d’hier ou l’Europe d’aujourd’hui.

Chaque conte est ainsi une espèce de variation sans cesse reprise d’une idée-force ou d’une critique que Voltaire juge essentielle. 

La pédagogie est simple : il faut répéter, amuser, varier le ton, faire de l’esprit, trouver la formule qu’on retient, le trait caricatural qu’on n’est pas près d’oublier, savoir mêler à la fantaisie la plus débridée de fréquentes références à l’actualité. Ainsi la question janséniste, l’exil protestant, la critique du despotisme ministériel dans L’Ingénu ; le tremblement de terre de Lisbonne, la réduction des Jésuites au Paraguay, l’affaire de l’amiral Bing en Angleterre dans Candide ; les querelles scientifiques dans Micromégas ; les débats sur la physiocratie dans L’Homme aux quarante écus. On peut même admettre que c’est de ce mélange subtil de la fantaisie la plus débridée et de ces références à l’actualité que se construit l’efficacité militante du conte.
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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