23/06/2019, 18:27
Bonjour,
j'ai lu il y a quelques années une étude de Didier Souiller qui s'intitule La littérature baroque en Europe (Puf, 1988). J'aurais voulu savoir si quelqu'un avait également lu/parcouru cet ouvrage fort intéressant, qui permet d'entrevoir la "crise" profonde de l'époque (1580-1640) qui a vu émerger en littérature le "courant" baroque.
Pour l'auteur, les crises multiples de cette fin de XVIe siècle (crises politique, économique, voire même climatique, mais surtout intellectuelle) peuvent s'incarner dans trois hommes : Galilée-Montaigne-Machiavel. L'époque est en profonde mutation, pour ne dire pas "agitation". La Moyen Âge n'est plus, la Renaissance s'achève, le temps est dorénavant à l'"angoisse" et au doute : époque charnière où le basculement vers la "modernité" n'est pas encore tout à fait acté, une hésitation se fait sentir doublée d'une pointe de nostalgie pour les grands thèmes (notamment chevaleresques avec le Don Quichotte de Cervantes) d'un Moyen Âge que l'on rêve désormais à défaut de l'avoir vécu.
L'ouvrage est dense et les références nombreuses. Surtout, ce qui m'amène à en parler ici, c'est l'intuition que cette période dite "baroque" ne s'est jamais réellement achevée jusqu'à nos jours. Je lisais encore récemment dans l'Anti-manuel de littérature de F. Begaudeau cette "sentence" au sujet du classicisme :
"Prodigues en tournures paradoxales propres à épouser [...] les contours estompés d'un monde voué à la mobilité et donc à la réversibilité [...], les classiques sont des baroques inavoués. Ils édifient un ordre perclus d'impuissance." (p. 49, éd. poche)
Si le baroque se perpétue derrière le besoin d'ordre du classicisme, j'ai comme le sentiment (appréciation certainement très personnelle) qu'il se maintiendra également aux époques suivantes. Le romantisme en sera une manifestation renouvelée et le XXe siècle avec ses "crises" récurrentes m'apparaît souvent comme une époque fondamentalement baroque. Cette "agitation" ne nous a jamais vraiment quitté et est devenue comme "consubstantielle" à la littérature moderne et contemporaine.
J'aurais souhaité avoir différents avis sur le sujet et me renseigner si, à votre connaissance, cette "thèse" avait déjà été envisagée, voire traitée.
En vous remerciant d'avance.
j'ai lu il y a quelques années une étude de Didier Souiller qui s'intitule La littérature baroque en Europe (Puf, 1988). J'aurais voulu savoir si quelqu'un avait également lu/parcouru cet ouvrage fort intéressant, qui permet d'entrevoir la "crise" profonde de l'époque (1580-1640) qui a vu émerger en littérature le "courant" baroque.
Pour l'auteur, les crises multiples de cette fin de XVIe siècle (crises politique, économique, voire même climatique, mais surtout intellectuelle) peuvent s'incarner dans trois hommes : Galilée-Montaigne-Machiavel. L'époque est en profonde mutation, pour ne dire pas "agitation". La Moyen Âge n'est plus, la Renaissance s'achève, le temps est dorénavant à l'"angoisse" et au doute : époque charnière où le basculement vers la "modernité" n'est pas encore tout à fait acté, une hésitation se fait sentir doublée d'une pointe de nostalgie pour les grands thèmes (notamment chevaleresques avec le Don Quichotte de Cervantes) d'un Moyen Âge que l'on rêve désormais à défaut de l'avoir vécu.
L'ouvrage est dense et les références nombreuses. Surtout, ce qui m'amène à en parler ici, c'est l'intuition que cette période dite "baroque" ne s'est jamais réellement achevée jusqu'à nos jours. Je lisais encore récemment dans l'Anti-manuel de littérature de F. Begaudeau cette "sentence" au sujet du classicisme :
"Prodigues en tournures paradoxales propres à épouser [...] les contours estompés d'un monde voué à la mobilité et donc à la réversibilité [...], les classiques sont des baroques inavoués. Ils édifient un ordre perclus d'impuissance." (p. 49, éd. poche)
Si le baroque se perpétue derrière le besoin d'ordre du classicisme, j'ai comme le sentiment (appréciation certainement très personnelle) qu'il se maintiendra également aux époques suivantes. Le romantisme en sera une manifestation renouvelée et le XXe siècle avec ses "crises" récurrentes m'apparaît souvent comme une époque fondamentalement baroque. Cette "agitation" ne nous a jamais vraiment quitté et est devenue comme "consubstantielle" à la littérature moderne et contemporaine.
J'aurais souhaité avoir différents avis sur le sujet et me renseigner si, à votre connaissance, cette "thèse" avait déjà été envisagée, voire traitée.
En vous remerciant d'avance.