Rousseau et Montaigne
#1
Rousseau connaissait-il Montaigne ?  j'ai des doutes, lorsque je lis le début des Confessions, "entreprise qui n'eut jamais d'exemple" et que je le compare avec l'avis adressé au lecteur  par Montaigne au début de ses Essais : Rousseau n'est pas le premier à écrire une autobiographie…
Répondre
#2
Bonjour,
Ce que Rousseau inaugure c'est l'autobiographie rationaliste, la recherche de la connaissance de soi par l'art littéraire, mais un art littéraire empreint d'un souci philosophique d'objectivité sur soi, d'objectivité sur la subjectivité, sans romancer quoi que ce soit (pas d'intrigue ni de trame narrative). 
Ceci, ni Saint Augustin dans ses Confessions (qu'il ne pouvait ignorer) ni Montaigne ne l'avaient fait avant lui. 
Enfin, Montaigne est très loin d'être autobiographique ; lorsqu'il parle de lui, dans ses Essais, c'est le plus souvent selon un "je" universel ou pour évoquer la nécessité du scepticisme en toute conduite honnête de la pensée.
Le scepticisme est une démarche intellectuelle qui a cette particularité de correspondre à un état psychique. Mais Montaigne ne s'étend pas sur l'état psychique du doute, puisqu'il se donne par ailleurs une morale stoïcienne qui consiste à taire les "passions" qui nous animent: il serait, dès lors, très malvenu de sa part de s'étendre en une quelconque confession.
Enfin, Rousseau, bien au contraire tente de fonder en raison les passions humaines, d'y trouver un sens à travers sa propre expérience et son histoire. 
Travail qui sera largement repris par Hegel, mais sous l'exclusive forme philosophique et non plus sous la forme littéraire à travers le concept de ruse de la raison (la raison utilise les passions humaines pour développer son contenu qu'est la liberté).  
Cordialement. 
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
Répondre


Atteindre :


Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)