08/02/2015, 17:03
Parmi les "grands romanciers" du 19ème, où trouver un vrai réaliste ? Merci
Romanciers réalistes du XIXe siècle
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08/02/2015, 17:03
Parmi les "grands romanciers" du 19ème, où trouver un vrai réaliste ? Merci
11/02/2015, 23:09
Bonsoir,
Il me semble que Stendhal, même Balzac sont des précurseurs mais ne font pas réellement partie du mouvement. Et puis La Peau de Chagrin, le plus abordable à mon avis de Balzac, est fantastique, alors... Flaubert paraît inclassable, même si ses romans ont des aspects réalistes, j'estime difficile de les envisager sous cet angle en classe. Hugo, hors de question. Zola, naturaliste. Reste Maupassant, peut-être le plus abordable en 2nde (je pense à Bel-Ami), mais j'ai l'impression qu'on a plutôt tendance à le rattacher lui aussi au naturalisme (curieusement, il semble qu'on qualifie souvent ses romans de naturalistes et ses nouvelles de réalistes...). Le réalisme me paraît exclu de fait de l'étude d'un mouvement littéraire en 2nde... Les oeuvres phares du réalisme sont Le Malheur d'Henriette Gérard d'Edmond Duranty (coll. L'Imaginaire) et les romans des frères Goncourt (Germinie Lacerteux, Madame Gervaisais, Manette Salomon, etc: Folio ou GF), mais je les ai lus il y a longtemps et je n'en ai qu'un lointain souvenir... En fait le "réalisme" ne s'est jamais vraiment constitué comme un groupe organisé avec chef de file (malgré Edmond de Goncourt qui aspirait plus ou moins à jouer ce rôle, mais l'écrivain le plus en vue du mouvement était Flaubert, à son corps défendant puisqu'il déclarait écrire "en haine du réalisme" !), manifeste (malgré le recueil tardif des Préfaces littéraires des Goncourt), cénacle (malgré les dîners Magny), etc. Mais peut-être l'absence d'oeuvre majeure fausse-t-elle notre optique ? Cet inaboutissement du réalisme n'est à mon avis pas le fait du hasard (voilà une problématique intéressante): pouvait-il y avoir une doctrine réaliste ? Il y a une veine réaliste qui court depuis le Moyen Âge (et avant ! Le Satiricon...): Jean de Meung, Rabelais, les burlesques, Diderot, Rétif, etc jusqu'aux "populistes" et Simenon. Cette veine a été particulièrement illustrée au XIXème par Balzac, Stendhal, Flaubert, Zola et Maupassant (cf Jacques Dubois: Les Romanciers du réel, Points-Seuil), mais il lui manquait une philosophie pour se constituer en école littéraire autonome. Ce que Zola a pu faire en revanche pour son "naturalisme" grâce à l'apport théorique de Comte, Taine, Claude Bernard. Relativement à nos élèves, je ne vois aucun inconvénient à étudier synthétiquement le "réalismo-naturalisme-maupassanto-zolien", en présentant le réalisme comme un mouvement diffus donnant lieu à l'excroissance naturaliste avec ses prétentions scientifiques, son dogmatisme d'école, son radicalisme un peu puéril. Bon travail.
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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