08/02/2015, 16:43
"castigat ridendo mores", est-ce "que l'on corrige ses mœurs par le rire !" ? Est-ce l'équivalent de la catharsis en tragédie ? Merci.
tragédie comédie
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08/02/2015, 16:43
"castigat ridendo mores", est-ce "que l'on corrige ses mœurs par le rire !" ? Est-ce l'équivalent de la catharsis en tragédie ? Merci.
11/02/2015, 23:04
Bonsoir,
D'après la "Bible" (Jacques Morel, La tragédie, collection U) je dirais : la comédie a une fonction morale alors que la tragédie - selon Aristote - a une fonction thérapeutique. La catharsis est pour lui une conséquence nécessaire de la mimésis tragique : en passant de l'épopée à la tragédie, du récit à la représentation, les Grecs ont trouvé l'art de faire vivre au spectateur des passions qui ne sont pas les siennes; la terreur et la pitié relèvent d'un mécanisme d'identification sympathique, c'est à dire finalement d'une contamination du premier par le second. La tragédie commence par rendre le spectateur malade, ce qui nécessite ensuite la recherche d'un soulagement pathologique : la tragédie "par un spectacle qui éveille la pitié et l'horreur provoque la purgation de ces mêmes passions" (Poétique d'Aristote). Par quel mécanisme ? En lui administrant le spectacle des risques encourus, on dissuade finalement le spectateur de céder aux "passions", à l'ubris. Telle est du moins l'interprétation de nos théoriciens classiques (abbé Du Bos). Processus un peu mystérieux tout de même qui fait dire à Saint-Evremond qu'il n'a jamais très bien compris en quoi consiste la catharsis, et qu'il soupçonne Aristote lui-même de n'en avoir pas eu une idée très précise (Morel, p.129). Dans la comédie, par contre, le rire n'est pas un processus d'identification. Le rire est distanciation, il ébauche une prise de conscience des ridicules, un jugement moral, il exerce spontanément une fonction didactique. La comédie n'a pas besoin de catharsis.
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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