Recueil de poésie symboliste
#1
Pour étudier le symbolisme : quel recueil de poésie choisir ? Verlaine ? Rimbaud ?
merci.
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#2
Bonsoir,


Qu'appelle-t-on symbolisme ? Ni Verlaine, ni Mallarmé, ni Rimbaud n'ont jamais dit, à ma connaissance, "Je suis symboliste" - à la différence de Jean Moréas, de René Ghil qui ont essayé de définir le mouvement. Verlaine et Mallarmé semblent plutôt être des décadents et on les classe ainsi dans plusieurs anthologies. 


Le terme décadent désigne une renonciation à l'idéal civilisateur et progressiste de la poésie - et de l'art en général - issu du romantisme : "I shut the door on myself" dit  le peintre F. Knofft. Il me semble qu'en matière d'album purement symboliste je citerais Serre chaude de Maeterlinck ou Les villes tentaculaires de Verhaeren, quant à Valéry (celui de Album de vers anciens) il n'a pas publié avant 1905 et ne s'inscrit donc pas directement dans le mouvement ; de plus sa poésie est inspirée d'un esprit de clarté latine et classique fort éloigné des influences nordistes et des légendes celtes qui inspirèrent nombre d'écrivains, notamment les symbolistes belges. Le symbolisme est tellement divers qu'il vaut peut-être mieux ne pas se limiter à un seul recueil. 


Il existait une fort intéressante anthologie de la poésie symboliste chez Seghers, peut être est-elle encore publiée.



une anthologie symboliste : Poètes symbolistes, anthologie de Bernard Delvaille, La Table ronde, coll. « Petite vermeille », 2003.


 - par ailleurs, en ce qui concerne le passage symboliste-naturaliste ; il ne faut pas oublier que des points communs unissaient les membres des 2 mouvements en matière de goûts picturaux par exemple : les impressionnistes sont défendus par Zola et Mallarmé (celui-ci est plutôt un précurseur du mouvement).


D’autre part, nombre de symbolistes étaient engagés politiquement, pas mal de Français étaient attirés par l’anarchisme ; les sympathies de Verhaeren étaient nettement socialistes : il a donné des cours à l’Université populaire de la Maison du Peuple de Bruxelles ; même les symbolistes catholiques en Belgique étaient plutôt démocrates-chrétiens, c’est-à-dire qu’ils défendaient par exemple le suffrage universel.
Verhaeren a défendu une forme de symbolisme qu’on appelle « l’art social » ; on peut comparer ainsi sa vision de l’usine à celle de Zola : un monstre qui dévore les malheureux qui y travaillent (image que l’on retrouve d’ailleurs également chez Hugo et Verlaine, par exemple dans Charleroi). On pourra comparer la fin du Voreux dans Germinal, aux Usines de Verhaeren.



Enfin, Zola lui-même n’a-t-il pas écrit Le Rêve qu’il est difficile de classer dans le naturalisme pur et dur…



Tous ces artistes vivaient à la même époque et fréquentaient les mêmes lieux ; ils se rencontraient : les influences existaient donc.A lire : P. Aron, Les écrivains belges et le socialisme.



 - « Le » roman symboliste selon moi : Bruges-la-morte de Rodenbach (Actes Sud, Babel) et sur l'internet (lien dans "Passion Lettres")


Une mise au point utile et agréable à lire : JP Bertrand P. Durand, Les poètes de la modernité, Points Essais.



Cordialement.

Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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