La situation d'énonciation  
#3
Je suis si soulagée de vous lire ! Vous ne saurez jamais à quel point je me sens entendue dans ce que je ne parvenais pas à dire clairement.
Et d'apprendre que les nouveaux programmes ont exclu la situation d'énonciation au collège est une excellente nouvelle ; reste maintenant à (re)trouver des supports d'apprentissage qui proposent un niveau de français conforme à l'idée que je m'en fais ... 
Je cherche partout, depuis longtemps ... Nous fonctionnons encore avec nos Lagarde & Michard, malgré l'iconographie un peu triste ...
Nos enfants sont scolarisés hors de l'école jusqu'à leur entrée en seconde ; lorsque de nouvelles rencontres génèrent des questions, on nous demande toujours : "Mais alors, comment sont-ils socialisés ?"
Constat terrible : on ne considère l'école aujourd'hui que comme un lieu de vie, mais jamais comme un lieu de transmission et d'apprentissage.
Personne, depuis tant d'années, ne nous a jamais demandé "Mais comment faite-vous pour qu'ils apprennent les maths, la grammaire ou les sciences ?"
Une fois quelques explications fournies sur les motivations d'une déscolarisation, le soin apporté aux contacts avec ses pairs, les activités sportives, artistiques, les sorties et la joie d'apprendre ou de ne rien faire du tout, vautré dans un canapé en pyjama, arrive le temps de l'agressivité.
L'agressivité des parents qui, conscients du bonheur que nos résolutions engendrent et du bon niveau intellectuel de nos mioches, perçoivent nos choix comme un désaveu, une condamnation des leurs.
On perd un temps fou à expliquer que l'école n'est pas obligatoire, et que les murs d'un établissement scolaire ne sont pas forcément une garantie de qualité d'enseignement.

Je suis auteure littéraire.
Depuis quelques années, on me demande de changer des mots dans mes textes, afin de les remplacer par d'autres, qui ne nécessiteront pas l'usage d'un dictionnaire ! 
En résumé, pour gagner ma vie, plaire à mes lecteurs et satisfaire mon éditeur, je devrais niveler le vocabulaire de mes écrits à celui d'un berger allemand bien dressé.
Mais je résiste !
Par le biais de récit historiques, l'argument de mots nouveaux qui enrichissent un ouvrage et illustrent avec exactitude une pensée ou un contexte, je maintiens mes mots et m'agrippe à mes convictions.

Hier, j'ai lu dans le petit magazine "La classe" un article de l'affligeant Henri Philibert, osant dire que "L'orthographe est une exigence des parents d'élèves, alors qu'elle représente la partie la moins importante dans une production d'écrit". 

Concernant Philippe Mérieu, dont vous citez la pensée, je m'étais déjà révoltée de lire, dans les manuels du Cned classe de CM1 des pages entières de délires sur les affiches publicitaires, les recettes de cuisine et les modes d'emploi d'appareils ménagers, alors utilisés comme supports de lecture (sans parler des fautes de type "malgré que" relevées dans les consignes destinées à l'élève !)
J'ai tout fichu aux ordures, et nous avons alors commencé à travailler selon quelques vieilles méthodes ... qui n'ont pas fait de nous des individus étanches à la pensée d'autrui ni à la grammaire qui permet de la faire rayonner.

Internet fait également beaucoup de mal aux enfants ; peut-être devrais-je dire qu'internet est une richesse, mais les parents, première génération confrontée à cette marée de connaissances, ne savent pas organiser ni régenter son usage. Mes neveux, entrés dans de grandes écoles, sont 6 heures par jour devant un écran, alors qu'ils sont totalement incapables d'écrire une phrase en accordant ses verbes autrement qu'en phonétique.
Je n'aime pas parler ainsi, on dirait une vieille râleuse.
Mais j'ai peur pour eux.
Les employeurs de demain, tiendront-ils compte du fait que toute une génération ignore l'usage correct du français ?

Enfin, pour moi, la meilleure nouvelle du jour, demeure l'abandon des programmes stupides ; au CRDP, je pense que les manuels de français contenant ces aberrations sont encore en rayon pour longtemps.
Je pensais me procurer le vieux manuel de grammaire et analyse de A. Hammon.
Nous avons bien travaillé l'année de la 6e, avec les textes de "Littérature de l'Europe médiévale" de Michèle Gally.
Qu'en pensez-vous ?
Ma petite dernière entre "en 5ème" cette année.
Une 5ème à ma sauce. Détail du programme des années passées à votre disposition, si cela vous intéresse.
Je cherche à présent les ouvrages qui l'accompagneront dans son étude de la fin du Moyen Age et le début de la Renaissance ...

Elle lit la nuit en cachette, sous sa couette ; j'ai trouvé sous son lit la lampe frontale du cellier et un livre : Antigone (celle d'Anouilh) ainsi qu'une liste de questions "à poser à maman".
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Messages dans ce sujet
La situation d'énonciation   - par Milena - 20/01/2015, 22:32
RE: La situation d'énonciation   - par Milena - 20/01/2015, 22:40
RE: La situation d'énonciation   - par Milena - 20/01/2015, 22:45

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