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Bonsoir,
J'accueille cette année en 6ème un élève en échec complet sur le plan de la lecture et de l'écriture et ce depuis le CP. La cause serait sûrement un traumatisme d'ordre psychologique, difficile d'en savoir plus. Hier, il n'a même pas réussi à écrire son nom de famille correctement et au niveau de la graphie c'est une catastrophe.
De surcroit, il n'entend plus d'une oreille. En tant que PP et prof de français je vais le prendre 1h par semaine pour tenter de l'aider, mais comment ? J'ai l'impression d'être face à une falaise à escalader sans les outils pour.
Avez-vous des idées sur la question ?
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Bonjour,
Pour faire une réponse nuancée et si possible efficace, je me permets quelques précisions préliminaires.
Il faut distinguer, comme on le fait maintenant, la dyslexie proprement dite et les "TALE" (troubles de l'apprentissage du langage écrit).
On fait cette distinction dans les milieux médicaux et scientifiques car la dyslexie est une maladie, probablement génétique, hélas souvent héréditaire, et que les TALE (j'écris ainsi pour que cela aille plus vite), qui l'englobent, sont souvent le résultat d'un mauvais apprentissage à des étapes clefs.
1. Pour les TALE, c'est, jusqu'à un certain degré, notre boulot, et il y a des outils informatiques que je puis vous indiquer.
2. Pour la dyslexie proprement dite, je vous dis tout net ce que disent les neurologues et les orthophonistes : la rééducation ne relève pas du travail du professeur. Lui, il dépiste, et s'occupe des élèves «tout venants» auprès desquels il enseigne un programme. Point. La rééducation est une démarche scientifique, qui nécessite une méthode complexe, adaptée au cas particulier. Il y en a plusieurs. C'est le domaine de l'orthophoniste.
Et cela ne guérit JAMAIS ! L'élève apprend à compenser, plus ou moins.
Dur, n'est-ce pas ? Attendez la suite...
Le problème est que, pour être pris en charge par la Sécu, c'est un luxe et un privilège en France. La législation actuelle s'appuie sur une définition américaine de la dyslexie qui date de 1978, et elle est très restrictive.
Sinon, pas de remboursement !
Je me permets de rappeler ici les critères, car peu de collègues les connaissent dans toute leur horreur. Ce sont des critères d'exclusion :
Pour une prise en charge médicale il faut :
• avoir un QI dans la norme (donc, par définition un dyslexique est intelligent. Un QI de 70 n'est pas considéré comme dyslexique. Il n'y en a donc aucun en SEGPA…)
• avoir un retard d'apprentissage de la lecture d'au moins deux ans sur son âge réel (exclut un gamin jeune, ne prend en compte qu'à partir de 8 ans au mieux, ce qui n'est pas loin de la 6e ; cela exclut le CP-CE1.)
• n'avoir aucune perturbation majeure dans le milieu familial (chômage, alcoolisme et autre : cela exclut tous les gamins de ZEP !!!)
• absence de troubles psychologiques (psychose, névrose, dépression (or l'échec scolaire entraîne souvent de la dépression, dépression qui se manifeste le plus souvent par de l'agitation...)
• absence d'atteintes sensorielles et neurologiques (un enfant sourd n'est pas dyslexique)
Bref, comme ton petit bonhomme semble sourd et qu'il a subi un trauma psychologique, il ne sera jamais remboursé des soins, car les normes françaises sont beaucoup trop restrictives. Mais tu peux essayer de faire une demande si cela n'a pas déjà été fait : il faut tout d'abord obtenir un certificat médical qui réclame un bilan complet.
Bon courage à vous et au petit bonhomme !
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)