27/10/2014, 21:39
Bonsoir,
Un commentaire composé permet d'approfondir la lecture d'un extrait de roman, en privilégiant deux ou trois axes de lectures qui permettent d'aller le plus loin possible dans la compréhension de l'œuvre.
L'introduction résume rapidement le passage et le situe dans le roman.
Pour les trois parties, voici ce que je vous suggère :
1. la peinture du réel
Une coupure de presse (journal "L'Evénement") conservée dans le dossier de L’Assommoir, retrace l’histoire réelle de Lalie Bijard.
Cette histoire, même si elle est rare, est bien réelle : Zola peut la raconter sans être accusé de mensonge ou de noircissement du réel, et le faire en utilisant, voire en accentuant les procédés d’écriture du fait divers, qui se présente déjà, sous la plume du journaliste, comme une scène mélodramatique, avec dialogue.
Comme sa mère, Lalie meurt sous les coups de son père fou d’alcool.
2. Les ravages de l'alcoolisme dans le milieu ouvrier
C'est le grand thème de L'Assommoir : il faut le développer, en rattachant cet horrible "fait-divers" à la déchéance de Coupeau, puis de Gervaise elle-même. Il ne faut pas les condamner, même le père de Lalie.
C'est pour Zola l'exploitation de la classe ouvrière, les bas salaires, la misère, l'abrutissement des conditions de travail, joint à l'alcool bon marché, qui réduit les ouvriers à l'état de bêtes, et c'est ce que le roman de Zola dénonce.
3.La valeur symbolique et morale :
L’héroïsme de Lalie est une leçon pour Gervaise, et pour le lecteur. Elle devrait servir d'avertissement pour Gervaise, mais malheureusement, celle-ci ne comprend pas, tant chaque porte de l'immeuble cache de misères différentes (cf. le père Bru). Ce stade, les jalousies se sont transformées en haine, les envieux se sont fait la malle, les enfants sont livrés à eux mêmes, la dignité n'existe plus. C'est une lutte solitaire pour la survie, menée sans aucun moyen et avec cet alcoolisme fossoyeur (les Coupeau ont d'ailleurs un fossoyeur alcoolique pour voisin).
Loin de la vision politique du monde ouvrier de Germinal, L'Assommoir nous présente donc la vie quotidienne de prolétaires dans un Paris en pleine transformation, à l'époque d'Haussmann, et qui laisse sur la touche toute une classe séparée du statut d'esclave ou d'animaux par la seule liberté de se noyer dans l'alcool. L'individualisme et l'opportunisme, valeurs du capitalisme Second Empire par excellence (c'est l'époque où la bourgeoisie l'emporte définitivement sur la noblesse, entassant le capital lié à l'industralisation), sont en réalité les seules armes dans ce monde ouvrier, le divisant par là même. Un portrait social très peu reluisant, organisé autour d'un alambic, machine créatrice et exploiteuse de misère.
La conclusion de votre commentaire doit mettre en perspective la mort de Lalie avec cette leçon d'ensemble du roman.
Bon courage !
Un commentaire composé permet d'approfondir la lecture d'un extrait de roman, en privilégiant deux ou trois axes de lectures qui permettent d'aller le plus loin possible dans la compréhension de l'œuvre.
L'introduction résume rapidement le passage et le situe dans le roman.
Pour les trois parties, voici ce que je vous suggère :
1. la peinture du réel
Une coupure de presse (journal "L'Evénement") conservée dans le dossier de L’Assommoir, retrace l’histoire réelle de Lalie Bijard.
Cette histoire, même si elle est rare, est bien réelle : Zola peut la raconter sans être accusé de mensonge ou de noircissement du réel, et le faire en utilisant, voire en accentuant les procédés d’écriture du fait divers, qui se présente déjà, sous la plume du journaliste, comme une scène mélodramatique, avec dialogue.
Comme sa mère, Lalie meurt sous les coups de son père fou d’alcool.
2. Les ravages de l'alcoolisme dans le milieu ouvrier
C'est le grand thème de L'Assommoir : il faut le développer, en rattachant cet horrible "fait-divers" à la déchéance de Coupeau, puis de Gervaise elle-même. Il ne faut pas les condamner, même le père de Lalie.
C'est pour Zola l'exploitation de la classe ouvrière, les bas salaires, la misère, l'abrutissement des conditions de travail, joint à l'alcool bon marché, qui réduit les ouvriers à l'état de bêtes, et c'est ce que le roman de Zola dénonce.
3.La valeur symbolique et morale :
L’héroïsme de Lalie est une leçon pour Gervaise, et pour le lecteur. Elle devrait servir d'avertissement pour Gervaise, mais malheureusement, celle-ci ne comprend pas, tant chaque porte de l'immeuble cache de misères différentes (cf. le père Bru). Ce stade, les jalousies se sont transformées en haine, les envieux se sont fait la malle, les enfants sont livrés à eux mêmes, la dignité n'existe plus. C'est une lutte solitaire pour la survie, menée sans aucun moyen et avec cet alcoolisme fossoyeur (les Coupeau ont d'ailleurs un fossoyeur alcoolique pour voisin).
Loin de la vision politique du monde ouvrier de Germinal, L'Assommoir nous présente donc la vie quotidienne de prolétaires dans un Paris en pleine transformation, à l'époque d'Haussmann, et qui laisse sur la touche toute une classe séparée du statut d'esclave ou d'animaux par la seule liberté de se noyer dans l'alcool. L'individualisme et l'opportunisme, valeurs du capitalisme Second Empire par excellence (c'est l'époque où la bourgeoisie l'emporte définitivement sur la noblesse, entassant le capital lié à l'industralisation), sont en réalité les seules armes dans ce monde ouvrier, le divisant par là même. Un portrait social très peu reluisant, organisé autour d'un alambic, machine créatrice et exploiteuse de misère.
La conclusion de votre commentaire doit mettre en perspective la mort de Lalie avec cette leçon d'ensemble du roman.
Bon courage !
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)