Bonsoir Margo,
Ah que voici un thème d'actualité ! On met décidément Voltaire à toutes les sauces…
Non, Voltaire n'était pas végétarien.
En fait il n'avait presque plus de dents, donc il mangeait peu de viande, plutôt des pâtés (on a ses menus à la cour de Prusse, il mangeait autre chose que les hôtes, du fait de l'état de sa dentition).
Dans un ouvrage consacré au thème alimentaire dans l’œuvre du philosophe, Christiane Mervaud évoque à son tour l’hypothèse d’un végétarisme voltairien. Mais elle l’écarte nettement à la faveur d’une lecture croisée des Lettres d’Amabed et de Candide.
À l’époque où il écrit Le Chapon et la poularde, les livres de compte de Ferney témoignent des quantités considérables de viande et de poisson qu’il achetait. L’enquête que mène l’auteur de Voltaire à table donne en outre une idée assez précise du service dispendieux qu’il offrait à ses hôtes de Ferney et qui consistait souvent en des viandes recherchées. Malgré ce faste, on sait par ailleurs que le philosophe était réduit à une diète frugale en raison de ses douleurs au ventre. Il se résignait le plus souvent à regarder ses hôtes jouir de la bonne chère prodiguée . Et lorsque ses maux devenaient trop intolérables, il s’imposait un végétarisme strict avec la bénédiction de Tronchin. Il était très partisan des régimes, mais de façon temporaire !
Il passe pour être l'ami des animaux, ce qui est vrai à certains égards, mais sa défense des animaux, de leur sensibilité, sa critique des animaux-machines (Descartes) est aussi un moyen pour lui de condamner la thèse du spiritualisme qui attribue à l'homme un statut particulier du fait de l'âme immatérielle, immortelle dont il jouirait. Il défend, après Locke, l'hypothèse de la "thinking matter". La conception que Voltaire a des animaux doit énormément à Locke, ce qui lui permet de critiquer durement les théories de Descartes.
Ajoutons que sa valorisation de sociétés comme celle de l'Inde (contre Israël, coupable d'avoir donné naissance à la Bible) peut l'amener à valoriser certaines pratiques de cette aire géographique, qu'il ne connaît que très superficiellement.
N'oublions pas que Voltaire ne prend pas très au sérieux les considérations métaphysiques, selon son habitude. La parodie n'est jamais loin…
Le végétarisme lui permet une fois de plus de trouver une nouvelle source d'inspiration antichrétienne. Mais, de grâce, ne faisons pas de Voltaire un "vegan" moderne !
A bientôt !
Christiane Mervaud, Voltaire à table,Paris, Desjonquères, 1998
Ah que voici un thème d'actualité ! On met décidément Voltaire à toutes les sauces…
Non, Voltaire n'était pas végétarien.
En fait il n'avait presque plus de dents, donc il mangeait peu de viande, plutôt des pâtés (on a ses menus à la cour de Prusse, il mangeait autre chose que les hôtes, du fait de l'état de sa dentition).
Dans un ouvrage consacré au thème alimentaire dans l’œuvre du philosophe, Christiane Mervaud évoque à son tour l’hypothèse d’un végétarisme voltairien. Mais elle l’écarte nettement à la faveur d’une lecture croisée des Lettres d’Amabed et de Candide.
À l’époque où il écrit Le Chapon et la poularde, les livres de compte de Ferney témoignent des quantités considérables de viande et de poisson qu’il achetait. L’enquête que mène l’auteur de Voltaire à table donne en outre une idée assez précise du service dispendieux qu’il offrait à ses hôtes de Ferney et qui consistait souvent en des viandes recherchées. Malgré ce faste, on sait par ailleurs que le philosophe était réduit à une diète frugale en raison de ses douleurs au ventre. Il se résignait le plus souvent à regarder ses hôtes jouir de la bonne chère prodiguée . Et lorsque ses maux devenaient trop intolérables, il s’imposait un végétarisme strict avec la bénédiction de Tronchin. Il était très partisan des régimes, mais de façon temporaire !
Il passe pour être l'ami des animaux, ce qui est vrai à certains égards, mais sa défense des animaux, de leur sensibilité, sa critique des animaux-machines (Descartes) est aussi un moyen pour lui de condamner la thèse du spiritualisme qui attribue à l'homme un statut particulier du fait de l'âme immatérielle, immortelle dont il jouirait. Il défend, après Locke, l'hypothèse de la "thinking matter". La conception que Voltaire a des animaux doit énormément à Locke, ce qui lui permet de critiquer durement les théories de Descartes.
Ajoutons que sa valorisation de sociétés comme celle de l'Inde (contre Israël, coupable d'avoir donné naissance à la Bible) peut l'amener à valoriser certaines pratiques de cette aire géographique, qu'il ne connaît que très superficiellement.
N'oublions pas que Voltaire ne prend pas très au sérieux les considérations métaphysiques, selon son habitude. La parodie n'est jamais loin…
Le végétarisme lui permet une fois de plus de trouver une nouvelle source d'inspiration antichrétienne. Mais, de grâce, ne faisons pas de Voltaire un "vegan" moderne !
A bientôt !
Christiane Mervaud, Voltaire à table,Paris, Desjonquères, 1998
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)