Sade Les infortunes de la vertu
#2
Bonsoir,
1.Versions de la Justine de Sade

Oui, il existe plusieurs versions (trois versions, dont la première Les Infortunes de la vertu est un conte voltairien), et on peut même parler de tout un cycle.

Je vais consulter mon édition de la Pléiade pour vous répondre plus longuement, mais pas ici, il faudra faire une longue fiche dans le site.

2. Mon avis sur Sade

Pareil, cela mérite plusieurs pages pour faire une synthèse satisfaisante sur cet écrivain majeur. Promis, je m'y emploie, dès que j'ai fini ce qui est en cours.

Sade est un auteur majeur, et terriblement prolifique (40 ans de prison !). Tous les écrivains du XIXe siècle l'ont lu sous le manteau et en ont été profondément marqués (Flaubert, Baudelaire, Lautréamont, etc).

Quand j'étais jeune, il fallait prouver avoir 25 ans pour acheter l'édition Pauvert (je n'avais ni l'âge ni les moyens…). Sa lecture était un interdit sulfureux, à l'ombre d'un recoin des bibliothèques universitaires. Je ne suis même pas sûre qu'il fût en rayon, et oser le demander au cerbère du guichet... Maintenant, on le trouve dans les supermarchés !

Mon maître Henri Mitterand a été le seul à faire figurer Sade dans une anthologie de littérature pour les lycées (collection "Littérature", Nathan, XVIIIe s). Évidemment, un extrait philosophique, et non "sadique".

Mon point de vue est que la lecture de Sade est profondément perturbante, même pour un adulte cultivé. Alors, pour des ados, il vaut mieux éviter, pour les protéger. On n'en sort pas indemne.

Si vous avez vu le film de Pasolini, Salo ou les 120 journées de Sodome, vous saurez ce que je veux dire.

En outre, Sade est un "bloc d'abîme" : la portée philosophique est immense ; le "sadisme" (qui fait à juste titre vomir Élisabeth Badinter) n'est qu'une partie d'un immense ensemble, de toute une vision de l'homme et de la société, impossible à étudier au lycée en quatre heures hebdomadaires pour l'épreuve du bac... Et il faut beaucoup de maturité pour saisir cela. Toute une vie n'y suffit pas.

Mais, promis, je m'attelle à la tâche !

Un dernier mot sur la langue : c'est la belle langue du XVIIIe siècle, mais sans recherche particulière (longs et pénibles passages de ressassement). Il ne faut pas s'y tromper : les passages "sadiques" sont perdus au milieu d'interminables dissertations philosophiques.

Bien à vous.
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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Messages dans ce sujet
Sade Les infortunes de la vertu - par Gideon - 09/02/2015, 17:05
RE: Sade Les infortunes de la vertu - par Annasoror - 10/02/2015, 22:53

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