Quelle traduction des 1001 nuits ?
#1
Je souhaite étudier quelques passages des 1001 Nuits, l'an prochain, en début de 5e. Auriez-vous une édition à me recommander ?
(J'ai celle qui est sortie il y a quelques années chez Payot mais, en 5e, j'hésite... Peut-être en regard avec le film de Pasolini ? Non ?)
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#2
Bonjour,

Parmi les traductions, c’est celle d’Antoine Galland qui me paraît la mieux adaptée en 5e. 

Personnellement, je ne me hasarderais pas à projeter Pasolini en classe, malgré la somptuosité de l’oeuvre...

Pour mémoire :

Traduction Galland (Paris, 12 vol., 1704-1717)

La première de toutes les traductions en langue européenne et qui a fait connaître à l'Occident les Mille et une nuits. En réalité, elle a fabriqué un recueil à part, en ajoutant de nombreux contes d'un autre genre comme Aladdin, Ali Baba, Le prince Ahmad et la fée Pari Banou, Les deux soeurs jalouses de leur cadette, Zayn al-Asnam (introduit par l'éditeur à l'insu de Galland lui-même), Codadad (id.), etc. contes qui, pour la plupart, ne se trouvent dans aucun manuscrit arabe et ont été racontés à Galland ou pris à d'autres sources.

Nombreuses rééditions,  en livre de poche, Garnier-Flammarion, 3 vol., Paris, 1965 (régulièrement réimprimée). 

Traduction Mardrus (Paris, 16 vol.,1899-1904)

Ajouts de contes qui n'ont pas de lien avec les 1001 nuits et reprise de ceux introduits par Galland. La traduction est parfois excessivement orientalisante, mais est encore la seule à fournir en français certains contes de l'édition Bûlâq. Cette traduction est disponible aujourd'hui chez Robert Laffont, col. Bouquin, 2 vol., Paris, 1985 (régulièrement réimprimée). La traduction est un peu “coquine”, en réaction à Galland qui est un peu pudibond.

Traduction Khawam (Paris, 3 vol., 1965-67)


Publiée d'abord chez Albin Michel en 3 vol., puis reprise avec quelques modifications par Phébus, 4 vol., en 1986-7. L'édition reprend en gros le manuscrit Galland, c'est-à-dire celui édité par Mahdî avec quelques adjonctions de manuscrits de la B. N. de F. En poche, elle est publiée chez Pocket.

Traduction Bencheikh et Miquel (Paris, 3 vol.,1991-96)

La plus récente des traductions françaises, elle utilise l'édition dite de Calcutta II, semblable à celle de Bûlâq, à laquelle elle ajoute des éléments pris dans un texte semblable à celui de l'éd. Mahdî. Publiée d'abord en livre de poche, dans la collection Folio (Gallimard), elle offre une traduction complète des Nuits dans la Bibliothèque de la Pléiade. 

Traduction Burton (The Book of the Thousand Nights and a Night, Bénarès (Londres), 10 vol., 1885 ; Supplemental Nights to the Book of the Thousand Nights and a Night, 6 vol., 1886-88, nombreuses rééditions). Peut-être l'une des plus complètes et des plus utiles aux chercheurs. Le traducteur n'hésite pas à donner deux fois le " même " conte, lorsque d'une version à l'autre les différences le justifient. De même, il est le seul à offrir certains contes directement extraits des manuscrits.

Cordialement.
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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#3
Pour compléter vos informations :
Etude comparative d’un même passage (in Conte du roi Shâhriyâr et de son frère le roi Shâh Zamân) :

- Version Antoine Galland : «La pudeur ne me permet pas de raconter tout ce qui se passa entre ces femmes et ces Noirs, et c’est un détail qu’il n’est pas besoin de faire ; il suffit de dire que Schahzenan en vit assez pour juger que son frère n’était pas moins à plaindre que lui».

- Version Joseph-Charles Mardrus : «Ils se dévêtirent tous et se mêlèrent entre-eux. Et soudain la femme du roi s’écria ‘O Massaoud !Ya Massaoud !’, et aussitôt accourut vers elle un solide nègre noir qui l’accola ; et elle aussi l’accola. Alors le nègre la renversa sur le dos et la chargea.»

- Version Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel : «Ils se déshabillèrent. Les dix couples se formèrent et la reine appela Mas’ûd qui descendit d’un arbre en disant : ‘Que me veux-tu, petite maquerelle, mon petit trou, je suis Sa’d le baiseur, Mas’ûd le fortuné’. La reine éclata de rire, se jeta sur le dos et se fit monter par l’esclave».
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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