06/03/2015, 11:16
06/03/2015, 11:19
Bonjour
On peut trouver des éléments de réponse dans : Staloni, Les écoles et courants littéraires.
Il propose cinq critères pour définir "une école littéraire" :
- groupe homogène repérable chronologiquement,
- contiguïté chronologique,
- convergence d'inspiration et de forme,
- Elaboration théorique et conceptuelle (manifeste),
- Chef emblématique et lieu de rencontre.
Si le mouvement a été nommé a posteriori ou si tous les critères ne sont pas présents, il propose d'avoir plutôt recours à la notion de "courant littéraire"
Bien souvent les courants (et non pas les écoles) ne sont que des reconstructions a posteriori, que des découpages artificiels du réel qui correspondent plus à la sensibilité de ceux qui construisent ces découpages qu'à la sensibilité réelle de l'époque concernée.
En soulignant cet aspect, on peut peut-être montrer les limites de toute classification et amener à se méfier des tiroirs toujours trop réducteurs. La littérature est du côté de l'humain, elle ne se laisse pas circonscrire. Toute nouvelle classification permet d'approcher un peu plus de l'essence du texte étudié pourtant jamais elle n'arrive à atteindre sa spécificité, son unicité ; jamais une oeuvre d'art ne pourra se réduire à son courant littéraire et heureusement !
Cependant, la distinction est à mon avis essentielle pour l'appréhension du fait littéraire.
La notion de mouvement met en évidence le fait qu'il y ait des moments et des circonstances où un événement littéraire surgit, souvent dans l'opposition avec ce qui a précédé, pour tenter d'engager la littérature dans la modernité et ouvrir d'autres horizons esthétiques à l'expression des idées et /ou de la sensibilité.
La notion de courant fait émerger le sens des nuances en amenant à découvrir dans une oeuvre, avec l'aide du professeur, les premiers signes d'un mouvement en gestation ou les traces d'un autre apparemment frappé de caducité.
Ces deux notions, complémentaires et contradictoires, donnent tout son relief à l'histoire littéraire qui, au fil des lectures, se construit, les mouvements servant de repères à la perception des courants à l'oeuvre au fil des oeuvres.
Voilà un discours sensé qui contredit l'approche techniciste. A vouloir faire de nos lecteurs des entomologistes , chasseurs de registres et de courant nous risquons de perdre de vue la vraie sensibilité : l'homme complexe dans son époque. Le plus grave c'est que nous perdons aussi un caractère essentiel de l'homme : cette possibilité de déjouer ses propres attentes, de surprendre et de se contredire..Un grand artiste aura donné à son oeuvre , parfois malgré lui, ce caractère insondable qui déborde le moule de la conformité, de la thèse, du cliché. Le littérature digne de ce nom est inquiétante parce qu'elle nous oblige à creuser au-delà des classifications.
En résumé : si les courants et les mouvements apportent un éclairage , ils ne rendent pas compte de la complexité d'une oeuvre.
On peut trouver des éléments de réponse dans : Staloni, Les écoles et courants littéraires.
Il propose cinq critères pour définir "une école littéraire" :
- groupe homogène repérable chronologiquement,
- contiguïté chronologique,
- convergence d'inspiration et de forme,
- Elaboration théorique et conceptuelle (manifeste),
- Chef emblématique et lieu de rencontre.
Si le mouvement a été nommé a posteriori ou si tous les critères ne sont pas présents, il propose d'avoir plutôt recours à la notion de "courant littéraire"
Bien souvent les courants (et non pas les écoles) ne sont que des reconstructions a posteriori, que des découpages artificiels du réel qui correspondent plus à la sensibilité de ceux qui construisent ces découpages qu'à la sensibilité réelle de l'époque concernée.
En soulignant cet aspect, on peut peut-être montrer les limites de toute classification et amener à se méfier des tiroirs toujours trop réducteurs. La littérature est du côté de l'humain, elle ne se laisse pas circonscrire. Toute nouvelle classification permet d'approcher un peu plus de l'essence du texte étudié pourtant jamais elle n'arrive à atteindre sa spécificité, son unicité ; jamais une oeuvre d'art ne pourra se réduire à son courant littéraire et heureusement !
Cependant, la distinction est à mon avis essentielle pour l'appréhension du fait littéraire.
La notion de mouvement met en évidence le fait qu'il y ait des moments et des circonstances où un événement littéraire surgit, souvent dans l'opposition avec ce qui a précédé, pour tenter d'engager la littérature dans la modernité et ouvrir d'autres horizons esthétiques à l'expression des idées et /ou de la sensibilité.
La notion de courant fait émerger le sens des nuances en amenant à découvrir dans une oeuvre, avec l'aide du professeur, les premiers signes d'un mouvement en gestation ou les traces d'un autre apparemment frappé de caducité.
Ces deux notions, complémentaires et contradictoires, donnent tout son relief à l'histoire littéraire qui, au fil des lectures, se construit, les mouvements servant de repères à la perception des courants à l'oeuvre au fil des oeuvres.
Voilà un discours sensé qui contredit l'approche techniciste. A vouloir faire de nos lecteurs des entomologistes , chasseurs de registres et de courant nous risquons de perdre de vue la vraie sensibilité : l'homme complexe dans son époque. Le plus grave c'est que nous perdons aussi un caractère essentiel de l'homme : cette possibilité de déjouer ses propres attentes, de surprendre et de se contredire..Un grand artiste aura donné à son oeuvre , parfois malgré lui, ce caractère insondable qui déborde le moule de la conformité, de la thèse, du cliché. Le littérature digne de ce nom est inquiétante parce qu'elle nous oblige à creuser au-delà des classifications.
En résumé : si les courants et les mouvements apportent un éclairage , ils ne rendent pas compte de la complexité d'une oeuvre.