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Jean RICHEPIN

MIARKA LA FILLE
À L’OURSE






Avec ce roman, nous voici en Thiérache, « humide région de bois, de sources et de marécages, voisine de la Belgique et peu gâtée par le soleil ».


Les Bohémiens, que l’on désigne dans le patois local sous les noms de « merlifiches » ou de « merligodgiers » y venaient souvent, — et surtout dans la petite vallée des sources de l’Oise, « sur la grand-route qui porte à ses flancs les deux villages d’Ohis et de Wimy ». Sauf les enfants, qui n’ont pas peur et que divertit le spectacle de l’ours bateleur et de la forge en plein vent, les gens détestent ces nomades
« qui passent pour jeteurs de sorts, empoisonneurs peut-être, et surtout voleurs de poules ». Non seulement les paysans, mais aussi les vanniers. Or, d’après Richepin, les vanniers seraient les descendants de nomades qui se seraient fixés jadis. « Ils en ont gardé les goûts de travail artistique, la passion des cantilènes, l’horreur de la culture, la peau basanée et le poil noir ».


L’histoire commence de façon tragique. Arrive dans le village d’Ohis une roulotte cahotante tirée par un cheval poussif, avec une femme âgée, « la Vougne », à la figure sinistre, un cadavre, celui de son fils Tiarko, la femme de ce Tiarko qui meurt après avoir donné le jour à une fille qu’on appellera Miarka. Il y a encore une ourse, POUZZLI, et son ourson. La Vougne ne se soucie nullement de sa bru, qu’elle n’a jamais aimée et qu’elle ne regrette pas : ce n’était pas une Bohémienne de naissance, et son mariage avait valu à son mari d’être chassé de la tribu dont il était le chef.

Mais il faut que ce Tiarko, dans son cercueil, soit vêtu de son ancien costume de chef, avec un manteau rouge, un bonnet d’astrakan cocardé d’une aigrette de plumes de héron. La courte bière convient « à un Bohémien qu’on doit enterrer en lui ployant les jarrets, afin de figurer la marche incessante qui a caractérisé sa vie et qui est l’orgueil de sa race ».

À l’ourse Pouzzli, la Vougne arrache l’ourson ; la petite fille sera nourrie de son lait. D’où le nom qui lui sera donné : Miarka, la fille à l’ourse.

Le cheval, à bout de souffle, s’écroule. Il faut demeurer dans un village, mi-hostile, mi-hospitalier…


À suivre…






La haute vallée de l’Oise était le pays des vanniers.
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Peu après la guerre de 1870, où Jean RICHEPIN a servi, non dans une armée régulière, mais aux francs-tireurs de Bourbaki, peu après sa sortie de l’École normale, renonçant aux carrières professorales, incapable de se fixer, il se fait, le long des routes, des compagnons de hasard, des lutteurs, des dompteurs, des acrobates.

Dans un article du Figaro illustré, en 1890, repris dans un chapitre de Truandailles en 1891, il raconte comment, à la Foire au pain d’épices il fit la connaissance d’une famille de Romanichels, dont le chef s’appelait Rasponi. Merveilleuse occasion pour lui, très bohème de tempérament, de se familiariser avec de vrais Bohèmes. Durant trois semaines, il accompagna la famille, à petites étapes, depuis Paris, jusqu’aux alentours de Fontainebleau. Il passait ses nuits dans des auberges, et rejoignait ses nouveaux amis durant la journée, ne manquant pas « de fournir son écot à la popote ambulante ». Popote qu’il n’appréciait pas toujours : ainsi « une terrible ratatouille cuisinée par la sorcière, une sorte de pilaw, diaboliquement épicée ».

Des peintres de Barbizon furent enchantés de prendre tous ces gens pour modèles (y compris Richepin qui avait, disait-on, « l’air le plus bohémien de la troupe ») moyennant dix sous par personne et par jour. Mais Richepin se lassa de ce rôle, d’autant que les peintres venaient de plus en plus nombreux. Il se querella violemment avec le chef. Les deux hommes en vinrent aux mains. Laissant son adversaire, le visage ensanglanté, Richepin s’éloigna. La jeune belle-sœur du chef, Makidza, le rejoignit, lui demanda de l’épouser. « Mon amour des Romanichels, écrira-t-il dix-huit ans plus tard, n’allait pas jusque-là. Je partis pour Paris, le lendemain, tout seul. Et de mon aventure, il ne me resta qu’un très curieux et très exquis souvenir, et la joie de retrouver assez souvent, encore aujourd’hui, mon portrait dans des tableautins intitulés
Halte de Bohémiens ».

L’aventure eut pour épilogues le roman célèbre de Miarka, la fille à l’ourse, et une pièce de théâtre jouée en 1900, La gitane. Le roman fut publié pour la première fois en 1893 et souvent réédité. Miarka est une Tsigane et non pas, comme d’autres héroïnes de romans, comme Préciosa ou Esméralda, une fille volée par des Tsiganes et retrouvée un beau jour dans des circonstances extraordinaires.




PREMIÈRES PAGES DU ROMAN

Le village semblait dormir, désert et morne, sous le poids de cet après-midi d’août, sous cette flambloyante chaleur qui avait éparpillé tout le monde aux champs.

C’est qu’il faut profiter vite des belles journées, au pays de Thiérache, humide région de bois, de sources et de marécages, voisine de la Belgique et peu gâtée par le soleil. Un coup de vent soufflant du nord, une tournasse de pluie arrivant des Ardennes, et les buriots de blé ont bientôt fait de verser, la paille en l’air et le grain pourri dans la glèbe. Aussi, quand le ciel bleu permet de rentrer la moisson bien sèche, tout le monde quitte la ferme et s’égaille à la besogne. Les vieux, les jeunes, jusqu’aux infirmes et aux bancroches, tout le monde s’y met et personne n’est de trop. Il y a de la peine à prendre et des services à rendre pour quiconque est à peu près valide. Tandis que les hommes et les commères ahanent aux rudes labeurs, les petits et les marmiteux sont utiles pour les oeuvres d’aide, étirer les liens des gerbes, râteler les javelles éparses, ramoyer les pames cassées par la corne des fourches, ou simplement émoucher les chevaux, dont le ventre frissonne et saigne à la piqûre des taons et dont l’oeil est cerclé de bestioles vrombissantes.

Ces jours-là, il ne demeure au logis que les très vieilles gens, les impotents qui ne sauraient plus même aller jusqu’aux premières haies derrière les granges. Chacun chez soi, devant l’âtre toujours braisillant malgré l’été, ils chauffent silencieusement leurs maigres carcasses. Les anciens fumaillent à petits coups leurs petites pipes coiffées d’une calotte de cuivre. […]




ci-contre : Miarka illustrée par Pierre Morel



pour obtenir le fichier électronique complet de 230 pages
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• le texte complet du roman
Miarka, la fille à l’ourse
• 180 notes de vocabulaire expliquant les notions culturelles, les mots savants,
les mots d’argot, les mots de patois picard traduits


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