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Jean Bellemin-Noël, Les contes et leurs fantasmes




Introduction

Conte, cf rêve : remarquable que tout y soit placé sous le signe de l’évidence
Suite de « 
il était une fois » = succession de « il y a » ; évacue tout mystère posé au narrateur, tout secret à découvrir, toute enquête véritable à mener à bien pour les personnages.
= des quêtes, des étapes, mais pas d’enquête – pas de distance non plus : ni humour, ni ironie.

Dans les contes, on dirait qu’il n’existe pas de « narration » : le discours se fait tout seul, vient de « nulle part ».
« 
La fiction des contes ne met en scène aucune interrogation d’aucune sorte parce qu’elle est elle-même tout entière interrogation ».
« 
Le conte, pas plus que le rêve, ne nous présente des évènements qui font problème à leurs acteurs ou à un personnage qui travaille à comprendre ce qui se passe : du coup, nous soupçonnons que tout est à interpréter, et que c’est à nous, au-dehors, de le faire ».


Grimm, Les douze frères (Gallimard, Folio)

Principe :

Quelle que soit la version d’un conte, il faut la suivre à la lettre.

Cadre relativement simple – complexe d’Œdipe.
Père de la « horde primitive » : veut évincer et tuer ses fils au profit d’une fille.

Labdacos — > Œdipe — > 
Étéocle et Polynice : chaîne de haines réciproques des pères aux fils.

Mais ne jamais oublier que ces récits-fantasmes se superposent en couches comme un feuilleté.
Père acharné à détruire ses fils = envers exact du souhait de mort que le fils éprouve pour le père.
Structure de réciprocité :
Labdacos vs Œdipe
Abraham vs Isaac : mythes réversibles et soumis à la loi de l’ambivalence : « 
Tu ne me tuerais point si tu ne me désirais pas si fort »

Chez Grimm, dans le recueil des
Contes, pas une seule fois il n’est fait état des sentiments qui unissent mari et femme, pas plus l’harmonie que la mésentente.
Pareille instance est suspecte a priori.
Ici : la quadrature même de la famille est atteinte. Famille = cadre des contes

Deux types de personnages dans les contes :

- un quidam caractérisé par sa fonction (bûcheron, meunier), phénomène magique qui innervent pour introduire le privilège porteur d’exemplarité.
- De grands personnages situés d’emblée au-dessus du commun (souveraineté sur les choses et les gens)


Le langage des contes, cf celui des jeunes enfants, ignore l’ironie (assument sereinement les contradictions).
Le nombre 12 a une valeur magique : il équivaut à l’unité (mois, maisons zodiacales, heures, apôtres, tribus d’Israël, chevaliers de la Table Ronde- sonnet de Nerval (les
Chimères)

Dans les contes : éventuel = comme déjà réel. La mort du Fils est déjà quasi réalisée : douze cercueils préparés
> castration, puis retour au ventre maternel.

Rôle ambigu de la reine, qui séduit le petit dernier.
Le désir incestueux du père pour sa fille se dit sans ambages : faire d’elle « son unique héritière » (jamais, dans les contes, de désir explicite d’une mère pour son fils : répression féroce).

> sa propre mort est impensable pour l’inconscient : cela revient à affirmer dès ici-bas une prise de possession.
La reine va se donner à Benjamin par un détour significatif : en lui révélant le secret du Roi.

Mais n’oublions pas que ces comportements de parents sont la projection de l’attente des enfants.
B. Bettelheim a raison de souligner que chaque enfant, garçon ou fille, trouve son compte : le lecteur n’est pas sexué.
Tous les enfants éprouvent, plus ou moins, les deux œdipes, visant tour à tour l’amour exclusif de chaque parent.

1e degré :
la Mère découvre un secret répondant à l’angoisse de l’origine chez Benjamin
> mécanisme primaire du renversement substitue le berceau au cercueil : l’inconscient remet les choses en place.
2e degré : visite en fantasme du corps maternel
> évoque la « scène primitive »

« retour au sein maternel » <—> » castration »
tout cela sous le signe de la « séduction »
= donc les quatre fantasmes fondamentaux sont présents.


Duplicité : la Reine ne dit pas le secret, elle montre. Benjamin usurpe ici le rôle paternel.
Le Père prohibe, la Mère exhibe, le Fils s’en trouve inhibé !

Séduction : va au-delà d’une séduction érotique : c’est une captatio totale, un anéantissement.
Il réclamait des mots pour fantasmer ; elle lui montre le réel. Il ne sera plus jamais le même. Il ne sera même plus un garçon.
Dans la forêt, existence dérisoire avec ses frères.
Les 12 attendent dans l’angoisse. Nous, nous savons bien que ce sera une fille, sinon l’histoire s’annulerait.
Drapeau rouge (fille) danger – blanc (paix) revenez
B Bettelheim interprète le rouge cf féminité, automatiquement.

Benjamin : singulier

- reste à la maison
- voit le drapeau de la Reine
- reconnait sans hésiter sa petite sœur et ne la massacre pas
- invente un stratagème pour épargner l’innocente.

Il est changé en fille – s’est rendu maître de la différence des sexes. Il soulève un baquet pour la dévoiler : fantasme de maternité masculine.
Avec sa sœur, il peut reconstituer le couple des parents pour les onze autres.
Mais métamorphose en corbeaux et rédemption : commence au paragraphe 8. le conte ne se réduit pas à cette aventure magique et initiatique – les 2 premiers tiers ont apporté leur pesant de satisfactions libidinales.

Désormais, le personnage central sera la jeune sœur.
La construction des contes merveilleux n’est pas aussi simplette qu’on imagine.
La fillette découvre la vérité vers « ses dix ans » — invraisemblance d’une lessive – mais c’est par les vêtements que les enfants apprennent la différence des sexes
Cf « bijou » au front de la fillette = son sexe.

L’histoire peut se suffire à elle-même jusque-là ; on peut même imaginer que l’inceste a été doublement accompli sur le mode fantasmatique.

Pour un structuraliste, les 2 parties du conte se répondent dans un rapport d’équivalence !
Pour Jean Bellemin-Noël : cette correspondance est superficielle.

- couple royal ≠ du couple princier ; =  différence entre l’Imaginaire et le symbolique.


(…)

Notes de lecture de l'ouvrage suivant :
Jean Bellemin-Noël, Les contes et leurs fantasmes, PUF, coll Écriture, 1983.

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