Begnini La Vie est belle
#1
j'aimerais faire étudier le scénario et l'adaptation de La Vie est belle
de Begnini. L'avez-vous déjà fait, cela a-t-il marché et y aurait-il des
pistes essentielles à aborder en classe ?
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#2
Bonsoir,

Je crois que je l'ai déjà écrit — ici ou ailleurs. Ce film me paraît profondément obscène et scandaleux. Je ne comprendrai jamais que des enseignants emmènent leurs élèves voir en groupes une telle infâmie.

Transformer la Shoah en conte de fée, avec fin heureuse, il faut le faire...

On ne cesserait d'énumérer les "erreurs" scandaleuses et incongruités de ce film : un enfant allait directement à la chambre à gaz, à peine descendu du train… Montrer cela à des élèves, sans qu'ils soient préparés, pour moi c'est presque du négationnisme.

Je t'invite à lire ce que Claude Lanzmann a écrit là dessus (en particulier son interview par le Washington Post). On trouve tout cela sur le net.

Une petite citation :

"A une époque où un comique italien peut faire un film tragi-comique à propos de l'holocauste et rafler des oscars, où l'auteur d' E.T. et du Parc jurassique peut recevoir des félicitations dans le monde entier pour un film mettant en scène un Gentil qui sauve les Juifs du feu, où les mémoires et les histoires orales et les spectacles muséographiques et les pièces de théâtre sur l'holocauste visent à la réconciliation et même à des «happy ends», Lanzmann reste ferme sur ses positions. 

«Non» , dit-il, dans un grondement à peine audible.
«On construit tous ces ponts maintenant. Très bizarre. Un film comme La Liste de Schindler construit un pont. C'est une distortion absolue de la vérité historique, en dépit du fait que l'histoire d'Oskar Schindler est vraie. Ce n'est pas ce qui est arrivé à la grande majorité des Juifs. La vérité est l'extermination. C'est la mort qui gagne.» 

J'ai retrouvé un article paru dans l'Humanité du 18 mai 1998.

Le voici, car il ne figure plus sur le site du journal.

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Du rire jaune à la nausée 

LA VITA E BELLA Roberto Benigni 

Italie 1 h 54 

Peut-on faire n'importe quoi au nom du devoir de mémoire ? Le réalisateur et acteur italien Roberto Benigni a voulu s'attaquer à l'impossible : représenter la Shoah et ce, sous la forme d'une fable comique. Au mieux c'est raté, au pire c'est obscène. Un libraire (Benigni) part à l'assaut de Rome en 1939. Il ravit à un petit fonctionnaire fasciste sa promise, en fait sa "princesse", et de leur union naîtra un petit Josué. Cinq ans plus tard, direction Auschwitz pour toute la famille. 

Le réalisateur, sous prétexte d'interpréter, à sa manière de cabot, un des rôles de bouffon naïf qui ont fait sa réputation, transforme les camps d'extermination en usine de métallurgie à la discipline un peu rude, dans laquelle le libraire survit avec son fils (!), un médecin SS en pauvre bougre, les tatouages et tenues rayées en accessoires et en roman-photo l'extermination programmée, systématique, industrielle, de six millions de femmes, d'hommes et d'enfants envolés en fumée. 

On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui, disait Desproges. Précisons que n'est pas Chaplin qui veut. Encore que ce dernier a filmé "le Dictateur" et jamais "Charlot dans les chambres à gaz". Pour ajouter à la consternation - c'est un euphémisme -, il s'est trouvé des gens, lors de la projection de presse, pour nourrir d'applaudissements pareil ratage. Depuis Primo Levi et Lanzmann , on sait. 

De l'un de nos envoyés spéciaux
M. G.
Article paru dans l' édition du 18 mai 1998 .L'HUMANITE


Pour moi, il n'existe qu'un seul film dont le titre est "La Vie est belle" : celui de Frank Capra !

Cordialement.
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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