définition du fantastique
#1
J'ai parfois l'impression que la définition du fantastique que j'utilise, dans les textes classiques, paraît un peu dépassée, qu'elle est un peu "datée", qu'elle retarde de 50 ans. Qu'en pensez-vous? Y-a-t-il des ouvrages nouveaux sur la question ?
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#2
Bonjour,

En matière de fantastique, il est vrai que les écrits théoriques sur la question ont profondément évolué depuis quelques années.


Tout le monde s’accorde à penser que l’ouvrage structuraliste de Todorov est dépassé ou inadapté (on se demande sil a été victime de son corpus, ou sil n’a pas, plus perversement, choisi son corpus pour coller à une théorie préétablie).

Les critiques de son livre ne sont plus à faire. Je puis vous indiquer tout un dossier, mais en anglais (un anglais très facile à comprendre), en particulier une critique très connue de Stanislas Lem, qui a fait grand bruit :

(en anglais)

http://www.depauw.edu/sfs/backissues/4/lem4art.htm


http://www.depauw.edu/sfs/backissues/6/l...6forum.htm

[/url]Une critique en français de Todorov : Comment les idées de Todorov ont obscurci l'étude du récit fantastique de 1970 jusqu'à nos jours :


[url=http://theadamantine.free.fr/todorov.htm]http://theadamantine.free.fr/todorov.htm


(je cède au plaisir de citer la conclusion :

En conclusion, dans "Introduction à la littérature fantastique", Todorov part d'une définition manifestement fausse qu'il étaye ensuite au moyen d'un bricolage conceptuel sans grand intérêt. C'est cependant le moindre de ses défauts, car la démarche structuraliste amène des résultats beaucoup plus problématiques. L'affirmation du caractère inconciliable de certaines catégories littéraires (poésie, allégorie) avec le fantastique repose soit sur des lubies théoriques (la référence aux Formalistes russes, pour la poésie), soit sur des considérations stratégiques (Todorov se débarrasse de l'allégorie pour se débarrasser du conte de fées, oubliant que tous les contes de fées ne sont pas des contes moraux). Des catégories bien distinctes sont par contre confondues (merveilleux et surnaturel). Le différentialisme amène l'auteur à multiplier arbitrairement les catégories et empêche toute analyse nuancée. L'analyse thématique, interdite a priori dans le structuralisme, est réintroduite par un biais présenté comme hautement spéculatif et ostensiblement inspiré du distributionnalisme. Mais cette analyse thématique est réduite à sa plus simple expression et ramène à des considérations quasi-psychanalytiques à la mode du temps. Enfin, le principe structuraliste d'une révélation de type gnostique (du plus caché vers le plus apparent) produit des affirmations parfois complètement fantaisistes.

Vlan ! Dire que c’est ça qui a vitrifié l’enseignement du fantastique en France depuis 30 ans...)

Les meilleurs spécialistes du fantastique actuellement sont Denis Mellier (prof à l’université de Poitiers) et Roger Bozzetto (prof à l’université de Provence Aix Marseille)
A. MELLIER

1. La thèse de Mellier est éditée sous le titre : l’Écriture de l'excès , Fiction fantastique et poétique de la terreur.

2. Pour Mellier, un petit livre absolument précieux, et très bon marché, présenté ici :

http://rernould.club.fr/IMAGINAIRE/MellFant.html

3. le compte rendu d’un autre de ses livres Textes fantômes :

http://www.fabula.org/revue/cr/288.php

Denis Mellier s’intéresse au cinéma fantastique, et également au récit policier.

R. BOZZETTO

1. son site, à consommer sans modération :

http://www.noosfere.org/Bozzetto/index.asp

2. Des articles :

http://revel.unice.fr/cycnos/personne.ht...ype=auteur

3. Tous ses articles dans la revue Otrante sont en ligne.



Bon travail.
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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