Histoire de l'accord du participe passé avec COD 
#1
comment justifier l'accord du participe passé employé avec l'auxiliaire avoir ? Pourquoi cet accord avec le COD ? Y at-il une explication historique ? (sans parler de l'accord du participe passé des verbes pronominaux...)
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#2
Bonjour Sidocolette,

Au Moyen-Âge, le participe passé pouvait se placer avant l’auxiliaire, et tout spécialement en début de vers :
Assemblet s’est as sarrazins messages. (Roland, vers 367)

Cette caractéristique fréquente a contraint à l’accord, afin de renforcer le lien.

En ce qui concerne le participe passé construit avec l’auxiliaire être, il s’accorde, dès l’origine de la langue, avec le sujet.

En ce qui concerne le participe passé construit avec l’auxiliaire avoir, je me permets quelques étapes historiques (rapides !)

Ancien français :
L’accord peut ou non avoir lieu avec le régime direct (COD) : plus fréquemment mais non systématiquement quand le COD précède le participe,
En sun visage sa culur ad perdue (Roland, vers 2299)
et possible aussi mais encore moins fréquemment si le COD est placé après :
De ma maisnee ad faite traïsun (Roland, vers 1820)

Renaissance :
C’est le poète Marot qui, au XVIe siècle, formule la règle d’accord moderne, par analogie avec l’italien (accord si le COD est placé devant, pas d’accord s’il est placé après).

XVIIe siècle
Vaugelas et les grammairiens qui suivent acceptent cette règle tout en la complexifiant.
Au long des siècles l’hésitation persiste, d’autant plus que dans la plupart des cas, à l’oral, l’accord ne s’entend pas :
le journal/les journaux/ l’affiche/les affiches qu’il a lu (e)(s)

Avec les verbes factitifs laisser et faire, les verbes de perception voir, entendre, écouter, sentir construits avec un infinitif, le français classique ne fait pas l’accord.

Cependant, le français moderne a, encore une fois, tout compliqué en distinguant :
• le cas où le complément antéposé est agent de l’infinitif : accord[/i]
les bombes que j’ai entendues tomber ; elles se sont laissées mourir ;
• le cas où le complément antéposé est régime de l’infinitif : pas d’accord :
La chanson que j’ai entendu chanter; la chanson que j’ai fait chanter

Arrêté de 1901:
Cet “édit de tolérance”, beaucoup trop oublié, a permis de neutraliser certaines règles d’accord trop compliquées, mais cette tolérance n’est appliquée ni par les professeurs, ni par les jurys, ni par les éditeurs, ni par les usagers ! (même chose pour les rectifications de 1990).
Quel masochisme…

Cordialement.
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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