Ah Dieu que la guerre est jolie
#1
Bonjour,
Est-ce que Guillaume Apollinaire adorait la guerre ?
Merci de me répondre
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#2
Bonjour,

 Ce vers a décidément fait couler beaucoup d'encre !

Ce fameux vers est le premier de L'Adieu du cavalier, un court poème d'août 1915 sur la désillusion, la nostalgie et la fatalité amoureuse. C'est tout le contraire d'un éloge de la guerre. Qui prend la peine de le lire jusqu'au bout voit qu'il finit par la mort. 
À la tonalité élégiaque, suscitée par la désillusion et les regrets, se superpose une ironie tragique, dont l'une des sources pourrait être cette chanson britannique de la guerre des Boers, What a lovely war. 
D'un côté, Marie Laurencin a demandé à Apollinaire de lui envoyer des poèmes à illustrer pour une œuvre charitable. Ils ont rompu en 1912 mais vivent dans le regret. En 1914, Marie a épousé un Allemand qui refuse de porter les armes contre la France et s'est exilé en Espagne avec elle. Là-bas, elle est triste et malheureuse – Apollinaire le sent. 
De l'autre côté, le poète s'est engagé en décembre 1914 par un mélange d'idéalisme et de pragmatisme. Il s'enfonce dans la guerre en Champagne et vient de se fiancer par lettre avec Madeleine Pagès. Dans ses vers se concentrent toute sa gaîté et toute sa mélancolie, toute l'ambivalence des sentiments humains. Il a toujours accueilli la nouveauté mais celle de la guerre le déchire : sans jamais renier son engagement, il éprouve de grandes souffrances qu'il espère dépasser.

Cordialement.
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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