La jeune fille, la mort et la poupée

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La plus belle poupée du monde a été découverte le 1er mai 1889 à Rome, dans le quartier des Prati, par des archéologues.
Ils découvrirent le sarcophage de Creperia Tryphaena, une jeune Romaine qui avait vécu au IIe siècle après J.C., morte à l’âge de quatorze ans.

À côté des bijoux précieux avec lesquels elle avait été enterrée, on découvrit une poupée avec son trousseau composé de trois petites bagues en or, de deux perles percées, de boucles d’oreilles, de deux petits miroirs d’argent, de deux peignes en os, et d’une petite boîte à bijoux en os et ivoire dont la clef était ajustée sur une bague que la poupée portait encore au pouce de la main gauche le jour de sa découverte…
D’une hauteur de 23 cm, exécutée en ivoire, la poupée comporte une articulation complexe des membres (épaules, coudes, hanches, genoux), grâce à des pivots, alors que la tête et le buste sont sculptés en un seul bloc.
Sa chevelure est tressée en une coiffure compliquée, à la mode sous le règne d’Antonin le Pieux, inspirée des impératrices Faustina et Faustina la jeune, ce qui permet de la dater autour des années 150-160 après J.C.

Plus encore que la virtuosité de la technique, c’est la pleine maturité d’expression artistique, cette tristesse profonde, cette nostalgie accumulée dans la douceur des traits de son visage qui font de la poupée de Triphaena un véritable chef-d’œuvre.
La poupée dévoile tout un univers de tendresse et d’amour dans les relations parents enfants au sein de la famille romaine, peu avant le déclin de l’Empire.








Le corps de la poupée a été beaucoup discuté, avec un accent sur les caractéristiques anatomiques telles que les hanches et les seins qui ont été interprétées comme impliquant que la poupée a été conçue pour préparer une fille romaine à son rôle d'épouse et de mère.



Le fait que la poupée puisse être ornée ou décorée est également suggéré par le fait qu'elle porte à la main gauche une bague en or tordu, avec d'autres objets funéraires suggérant un embellissement ou un habillage supplémentaire.

Pour une étude fascinante de celle-ci et d'autres poupées anciennes, voir: Fanny Dolansky. "Jouer avec le genre : les filles, les poupées et les idéaux des adultes dans le monde romain." Antiquité classique, vol. 31, non. 2, 2012, pp. 256-292.
https://www.jstor.org/stable/10.1525/ca.2012.31.2.256?seq=1