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Éphéméride 3 février 1874 naissance de Gertrude Stein

Gertrude Stein, née le 3 février 1874 à Allegheny en Pennsylvanie et morte le 27 juillet 1946 à l’Hôpital américain de Neuilly sur Seine, est une poétesse, écrivain, dramaturge et féministe américaine.

Elle passa la majeure partie de sa vie en France et fut un catalyseur dans le développement de la littérature et de l’art moderne. Par sa collection personnelle et par ses livres, elle contribua à la diffusion du cubisme et plus particulièrement de l’œuvre de Picasso, Matisse et de Cézanne.

Elle naît en Pennsylvanie, dans une famille d’émigrants juifs allemands et passe la plus grande partie de son enfance en Californie. Attirée par la philosophie, les sciences et la psychologie, elle est étudiante en psychologie, puis, commence, en 1897, des études de médecine, qu’elle interrompt en 1901.
C’est à cette époque qu’elle fait la rencontre du psychologue William James, le frère du romancier Henry James.

Attirée aussi par l’étranger, l’étrangeté, « ce qui n’est pas la vie américaine bourgeoise à laquelle sa naissance l’avait destinée », elle vient rejoindre son frère Leo à Paris, en 1903, après avoir terminé un premier roman
Things as they are (qui ne sera publié qu’après sa mort), et choisit définitivement la France, pour terre d’accueil et d’écriture.

Leo, qui a voulu devenir historien d’art et artiste, qu’elle admire, l’a initiée à la peinture. Ils vivent des dividendes provenant des placements financiers de leur père défunt. Ils entreprennent une collection des plus riches, devenant mécènes de Cézanne, Matisse, Picasso… Entre 1905 et 1920, près de 600 tableaux vont passer entre leurs mains. Gertrude côtoie notamment Henri-Pierre Roché, marchand d’art, et Francis Picabia. Elle ne fréquente pas particulièrement les dadaïstes, mais considère Tristan Tzara comme un cousin.
Son appartement du 27 rue de Fleurus devient un lieu de rencontre pour l’avant-garde du monde entier.

En 1907, elle rencontre Alice B. Tolkias, la secrétaire de Leo, avec qui elle partagera sa vie de 1909 jusqu’à sa mort. Cette relation et le soutien au mouvement Cubiste brouillent définitivement Leo et sa sœur.

Entre 1906 et 1908, elle écrit les mille pages de
The Making of the Americans, qu’elle considère comme sa grande œuvre, mais qui est l’objet d’un différend avec son frère Leo, qui n’approuve pas cette écriture.
Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, Stein et Toklas, par fidélité à la France, leur patrie d’adoption, participent à l’approvisionnement des hôpitaux de campagne et au transport des blessés avec leur propre voiture. Elles seront récompensées par le gouvernement pour cet engagement.
Après la guerre, le salon de la rue de Fleurus a moins de succès, mais elle a le plaisir de voir paraître
The Making of Americans en 1925 aux éditions Contact. Elle poursuit sa collection mais, ses moyens ne lui permettant plus de s’offrir des Picasso, elle jette son dévolu sur Juan Gris et Masson, puis sur Balthus et Picabia.
Le succès ne vient qu’avec l’
Autobiographie d’Alice B. Tolkias en 1933, son œuvre la plus connue et la plus facile d’accès, qui lui vaudra une tournée de conférences aux États-Unis. L’œuvre raconte l’aventure de la collection, en éliminant Léo et en s’attribuant le premier rôle. Le public découvrait une Gertrude Stein que ses œuvres antérieures avaient cantonnée dans le champ plus étroit de l’avant-garde.

Stein et Toklas quittent Paris pour échapper aux persécutions. Gertrude Stein meurt en 1946, d’un cancer de l’estomac. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise.

C’est elle qui qualifie les jeunes auteurs, parmi lesquels Hemingway et Fitzgerald de « lost generation »: « Vous autres, jeunes gens qui avez fait la guerre, vous êtes tous une génération perdue », rapporte Hemingway dans Paris est une fête).