Voltaire Le Taureau blanc

Un article de revue de Marie-Hélène Cotoni

« Intertextualité et humour dans
Le Taureau blanc de Voltaire »,

Cahiers de Narratologie N° 13 Nouvelles approches de l’intertextualité

Résumé
:

Jugeant que l’intertextualité et l’humour impliquent l’un et l’autre une hétérogénéité discursive, nous avons choisi de les analyser dans un conte où Voltaire a emprunté à
l’Ancien Testament son bestiaire et une partie de ses personnages pour suggérer, en jouant avec le merveilleux, que la Bible n’est qu’une fable parmi d’autres.

Mais à côté de l’intention satirique et polémique, de la désacralisation par le travestissement burlesque, il y a place pour le dérèglement ludique et la féerie. À côté du message explicite de l’énoncé se fait jour le charme discret de l’énonciation.

La fantaisie du conteur s’exerce sur des réminiscences bibliques en produisant de constants décalages qui, pour un lecteur complice, sont source d’humour
: situations inattendues, comportements surprenants, dérapages chronologiques, pastiches insolites, paralogismes, disparates stylistiques, jeu entre le dit et le non dit.
Quand le conteur brode sur le canevas d’un imaginaire ancien des aventures cocasses, quand il tient avec impassibilité un discours incongru, en mimant le plus grand naturel malgré la présence d’incompatibilités arbitraires et de décrochages, il crée, par l’alliance de la virtuosité et de la feinte naïveté dans l’usage des allusions intertextuelles, un univers étrange, d’une poésie surréelle.