Beaumarchais

Le vrai nom de Chérubin


« Un certain Léon d’Astorga, qui fut jadis mon page, et que l’on nommait Chérubin… » Quoi de si émouvant que ces simples paroles ? Il n’avait donc pas seulement un prénom, ou un surnom, un nom de guerre et un nom d’amour. Il était comme tout le monde. Il avait un nom de famille […] Il était donc situé, ce Chérubin. Il avait un état civil. Il était donc esclave. Il était donc lié. Il était donc saisissable au vieillissement » […] J’avais peut-être raison de vous dire que pour bien saisir dans toute sa mélancolie cette romance de Chérubin, pour en savourer toute la mélancolie, l’unique mélancolie, il fallait lire cette Mère Coupable.
Sur la romance de Chérubin, (air de
Malbrough), Beaumarchais a fait une danse et une ronde, non pas une marche, il en a fait un cortège et toute une cérémonie de peine. Une sorte de ronde de grâce, de tristesse et de peine.

Charles Péguy, Clio, Dialogue de l’histoire et de l’âme païenne

Œuvres en prose, 1909-1914, Pléiade